Plus j'avance dans la
découverte de ces «HOMMES CONTRE» , révolutionnaires
internationalistes ou pacifistes qui se sont dressés contre la
guerre impérialiste de 1914-1918, plus je découvre une face
cachée : c'est la campagne hargneuse menée par les
nationalistes chauvins et « patriotards » pendant et
après la guerre , campagne qui nourrira la répression judiciaire et
administrative.
Qui a frappé jusqu'aux
plus grands de nos artistes et écrivains...
Nous venons de le voir
dans l'affaire EEKHOUD.
http://rouges-flammes.blogspot.be/2014/10/1914-1918-uomini-contro-georges-eekhoud.html
http://rouges-flammes.blogspot.be/2014/10/1914-1918-uomini-contro-georges-eekhoud.html
Place aujourd'hui à FRANS
MASEREEL, artiste belge mondialement connu , maître de la gravure sur bois
Le livre de JORIS VAN PARYS (AML EDITIONS 2008), a été le passionnant et riche guide dans ma découverte de FRANS MASEREEL et dans la rédaction de ce post |
-http://www.frans-masereel.de/15161_Notice_biographique.html
http://www.solidaire.org/index.php?id=1340&tx_ttnews[tt_news]=38966&cHash=1d192c99ed4ba009e66053282ced86b3
mais d' approfondir son engagement internationaliste entre 1914 et 1918, avec l'espoir d'aider modestement à ce que dans son propre pays, on le considère, tels ROMAIN ROLLAND et HENRI BARBUSSE, parmi les plus grands « UOMINI CONTRO », opposants à la guerre , à la « guerre de classe ».
MASEREEL
, jeune , a été influencé à la fois par son beau père LAVA,
libre penseur, féru de liberté et de solidarité , propagées par
la revue d'art « VAN NU EN STRAKS » fondée par AUGUST
VERMEYLEN (1) et HENRY VAN DE VELDE ( 2) d'idéologie
plutôt anarchiste ; par sa tante FANNY, traductrice en
néerlandais des oeuvres de KROPOTKINE , théoricien anarchiste
russe ;
Et
par EDUARD ANSEELE (3), fondateur du PARTI SOCIALISTE FLAMAND
et puis du POB , et ses plaidoyers pour la justice sociale et contre
l'exploitation éhontée.
Il
participe aux grandes manifestations pour le suffrage universel et
contre le travail des enfants.
« Chaque
matin, il voit passer cette foule anonyme , se dirigeant vers
l'usine, où jour après jour, de six heures du matin jusqu'à sept
heures du soir, l'on travaille aux métiers à tisser pour un salaire
de famine de 2,5F par jour » « Ca me révoltait »
dira t' il.(voir VAN PARYS p27-30)
MASEREEL ET LE SERVICE
MILITAIRE
D'entrée de jeu citons
ses ennemis :
« Toute une colonie littéraire — avons-nous dit dans le premier cahier — s'était formée, dès 1915, autour de Romain Rolland, sur les bords du Léman.
C'étaient des libertaires plus ou moins réfractaires.(...)
Une des particularités de « la Feuille » fut le dessin journalier de Franz Masereel, déserteur belge. Né à Gand, il arrivait fort misérable à Genève au cours de 1915. « Ce que fut là sa vie pendant des années, ses propres amis peuvent seuls en témoigner... Dès 1916, il appartenait au travail corps et âme » Effectivement, il devint le dessinateur au service des membres de la colonie rollandienne soulevée contre l'Europe »
Jean MAXE : « Les cahiers de l'ANTI -
FRANCE » (II) L'Alliance du défaitisme et du
Bolchevisme en
Suisse (1914-1919) EDITIONS BOSSAHD PARIS 1922 p 122
L'éditeur présente ainsi
l'auteur Jean Maxe: « Seul, il est remonté à la source
intellectuelle et occulte de la trahison, du défaitisme, des
doctrines révolutionnaires du bolchevisme bolchevisant. »(!!!)
JORIS VAN PARYS écrit : « C'est
aussi A CAUSE de sa remarquable activité journalistique que
MASEREEL est convoqué en automne 1917 , au consulat belge à GENEVE.
Se considérant comme objecteur de
conscience ,il refuse formellement de se mettre à la disposition des
autorités militaires belges.
Toutes les tentatives de le ramener à
des sentiments meilleurs restent vaines.
Après la guerre, il apparaîtra que la
Police des Etrangers suisse l'avait enregistré comme « réfractaire
aux lois militaires de son pays depuis 1917 »(voir VAN PARYS p 66)
Déserteur, réfractaire
aux lois militaires...
Voilà le portrait que le
pouvoir et ses partisans chauvins tracèrent ,après la guerre, de
celui qui fut un des plus grands artistes belges du 20èmme siècle.
Et jusqu'en 1929, privé
de passeport belge, il lui fut à la fois interdit de voyager, et
, tel un banni, de revenir dans son pays.
En 1909, MASEREEL doit
participer au tirage au sort, obligatoire pour tous les hommes âgés
de 20 ans, en vertu de la loi sur la conscription, appelée aussi la
loi sanguinaire.
La classe de MASEREEL sera
la dernière à être désignée par le tirage au sort.
Les suivantes
seront basées sur l'enrôlement d' un fils de 20 ans par famille
( en vertu d'une loi signée le 14 décembre 1909 par le
roi Léopold II, trois jours avant sa mort.
En 1913, se préparant
quand même ,un peu à la guerre le gouvernement DE BROQUEVILLE
instaurera le service militaire obligatoire pour tous les hommes de
âgés de 20 ans.
Le film « DE
LOTELING » a admirablement décrit( d'après le roman d'HENDRIK CONSCIENCE) le tirage au sort et a
montré comment les fils de la bourgeoisie échappaient au service
militaire en payant un remplaçant.
Quant à MASEREEL, il tire
un bon numéro et est exempté du service militaire.
Comme tous les fils de la
bourgeoisie, il est incorporé automatiquement à la GARDE CIVIQUE ,
les parents payant les frais d'uniforme. (voir VAN PARYS p p 37-38)
La GARDE CIVIQUE est une
milice bourgeoise en charge du maintien de l'ordre dans les villes
( notamment contre les grèves et manifestations) et aussi de la
défense nationale.
En 1911, MASEREEL
s'installe à PARIS et, le 15 juillet 1911, il est rayé des
registres de la population de GAND.
LA FAMILLE A GAND- 1913 |
En août 1914, il est en
BRETAGNE , en vacances dans la presqu'île de CROZON.
Le 5 août il se présente
au consulat belge de BREST et obtient un certificat « manifestant
sa ferme intention de regagner la BELGIQUE ( GAND) par les voies les
plus rapides. »
« Trois jours plus
tard , il est à GAND, mais son nom ayant été rayé des registres
de la population, personne ne peut lui dire exactement ce qu'il en
est de ses obligations militaires. »
Sa famille lui conseille
de ne pas tarder à requitter la BELGIQUE.
Néanmoins MASEREEL reste
au pays et réalise , en septembre plusieurs esquisses sur la ville
de TERMONDE , en ruines.
Il quittera GAND ,
pour rejoindre PARIS et sa compagne, avant l'occupation par les
troupes du KAYSER le 12 octobre .Il ne verra plus ses
parents pendant six ans et ne remettra les pieds à Gand que
quinze ans plus tard. (voir VAN PARYS p 46-47)
Il décrira cette période
"Quand
la guerre éclata et que la Belgique fut occupée, je ne savais pas,
si j'avais, alors , des obligations militaires à l'égard de la
BELGIQUE.
Je
croyais devoir rejoindre la GARDE CIVIQUE, car, avant que je quitte
le pays, j'avais été incorporé à cette formation ; j'avais
tiré l'un des plus hauts numéros au tirage au sort de la ville , ce
qui me libérait du service militaire (...)
Je
ne savais pas , quand j'arrivai là, si j' avais été rayé ou
non.
Au cours de trois jours passés à où j'étais à
Gand, on me dit que j'étais rayé comme résident...
« Vous
n'avez plus rien à chercher ici , disparaissez... » ( sans
doute les paroles de son beau père ??)
Pierre Vorms: Gespräche mit Frans Masereel. Dresden 1967,
Ajoutons
que la GARDE CIVIQUE
est
congédiée officiellement par décision gouvernementale le 14
octobre 1914.
Mais, en avril 1915, les autorités belges de PARIS le
considèrent comme « mobilisable » et lui refusent un
visa pour la SUISSE.
Et donc,en 1917 , a cause de son activité journalistique ( J. VAN PARYS) il sera convoqué pour mobilisation par le consulat de GENEVE
Ce qui est obscur, c'est pourquoi en 1917, il est déclaré "bon pour le service", alors qu'il en avait été libéré en 1909. Travail pour les historiens de demain , de dénouer ces fils...
Ce qui est obscur, c'est pourquoi en 1917, il est déclaré "bon pour le service", alors qu'il en avait été libéré en 1909. Travail pour les historiens de demain , de dénouer ces fils...
Me
basant sur ces faits, et sans connaître les détails des dossiers
d'archives et notamment du dossier militaire, je ne peux qu'être
interpellé par les accusations portées par la suite, contre
MASEREEL et trouver que il y a là un curieux comportement pour un
« réfractaire » et un « déserteur.. »
La version, commune est aujourd'hui 100 ans après, de le glorifier comme "pacifiste, objecteur de conscience »; C'est tordre la vérité et occulter son véritable engagement.(J'ai même lu sur un site " il a fui GAND, juste avant la guerre")
La version, commune est aujourd'hui 100 ans après, de le glorifier comme "pacifiste, objecteur de conscience »; C'est tordre la vérité et occulter son véritable engagement.(J'ai même lu sur un site " il a fui GAND, juste avant la guerre")
Personnellement
, je le considèrerais plutôt comme un internationaliste
révolutionnaire, qui sera d'ailleurs, toute sa vie, proche du
communisme dans les combats du XXème siècle ( antifascisme, Front
populaire, Guerre d'Espagne, Résistance) , tout en gardant dans un
coin de lui même l'idéal « socialiste libertaire » de
sa jeunesse .
DE
PARIS A GENEVE , CONTRE LA GUERRE IMPERIALISTE.
De
retour à PARIS, en octobre 1914, il se sent extrêmement concerné
par les destructions qu'il a vues en BELGIQUE et « ses
sentiments s'apparentent à ceux de VERHAEREN », c'est à dire plutôt chauvins anti allemands.
Il
participera donc à une revue bimensuelle « LA GRANDE GUERRE
PAR LES ARTISTES » qui consacrera un numéro à « LA
GUERRE EN BELGIQUE » qui parait en janvier 1915
Mais
cette revue , selon VAN PARYS, s'apparente à une « littérature
primaire des bellicistes de BERLIN ou de PARIS. »
ROMAIN
ROLLAND la définira comme « laboratoire de propagande
nationaliste »
Très
vite ,sous l'influence aussi de son ami GUILBEAUX (4 ),
un des plus déterminés parmi les rares internationalistes
français, il comprendra la véritable nature de cette guerre ( au
bénéfice des marchands de canon et des usuriers).
Il
se rangera dés lors sous la bannière de ROMAIN ROLLAND (5),
qui de SUISSE, dénonce les politiciens et les militaires qui, en
FRANCE, comme en ALLEMAGNE, ont été les fauteurs de guerre et
appelle la jeunesse européenne à mettre fin au fratricide. ( ROMAIN
ROLLAND : Au dessus de la mêlée) http://centenaire.org/fr/texte-1-romain-rolland-au-dessus-de-la-melee
L'écrivain
deviendra l'ennemi public n°1, traité de « défaitiste »,
de « traître à la patrie » .
Mais,
il sera proclamé prix NOBEL de littérature 1915.
MASEREEL
dira « J'éprouvai le besoin de me tenir à l'écart ,de ne
participer en aucune manière à ce carnage ,et de combattre la
guerre. » (voir VAN PARYS p 49)
Masereel
se déplace avec sa famille en Suisse et s'installe à Genève pour
exercer une activité pacifiste et révolutionnaire.
Il
expliquera dans cet entretien :
"Vorms
: Pourtant, il devait y avoir un prétexte plausible pour ce voyage
en Suisse.
Masereel : le prétexte était une promesse de Guilbeaux de me mettre en rapport avec Romain Rolland qui acceptait ma collaboration au comité international de la croix rouge.
Vorms : une collaboration déjà organisée ?
Masereel : Oui, Guilbeaux avait déjà tout combiné. Je pouvais passer en bonne et due forme la frontière franco -suisse, et quand j'arrivai à Genève, j'ai fait immédiatement au siège du Comité International de la Croix Rouge la connaissance de ROMAIN ROLLAND.
Masereel : le prétexte était une promesse de Guilbeaux de me mettre en rapport avec Romain Rolland qui acceptait ma collaboration au comité international de la croix rouge.
Vorms : une collaboration déjà organisée ?
Masereel : Oui, Guilbeaux avait déjà tout combiné. Je pouvais passer en bonne et due forme la frontière franco -suisse, et quand j'arrivai à Genève, j'ai fait immédiatement au siège du Comité International de la Croix Rouge la connaissance de ROMAIN ROLLAND.
J 'ai travaillé
pendant un certain temps comme traducteur des lettres flamandes,
allemandes et autres , écrites par des prisonniers de guerre.
(...)
Vorms : Quels étaient vos moyens d'existence matériels à Genève ? Etiez- vous rétribué par le CICR ?
Masereel : Non, je travaillais là volontairement. Mais , j'avais néanmoins quelques moyens personnels "
Vorms : Quels étaient vos moyens d'existence matériels à Genève ? Etiez- vous rétribué par le CICR ?
Masereel : Non, je travaillais là volontairement. Mais , j'avais néanmoins quelques moyens personnels "
Pierre Vorms: Gespräche mit Frans Masereel. Dresden 1967,
http://www.frans-masereel.de/15184_1916.html
VAN
PARYS écrit :«C'est à GENEVE que MASEREEL fait pour la
première fois de sa vie l'expérience de la pauvreté ;
Son
activité à la Croix Rouge étant bénévole, il doit assurer sa
subsistance par toutes sortes de petits travaux
Il gagne un maigre salaire, entre autres comme garçon de café, et jusqu'en mai 1919, il vit avec PAULINE et PAULE , sa compagne et la fille de celle ci, sous les combles d'une ferme croulante en pleine ville , avec un jardin à l'abandon.
Il gagne un maigre salaire, entre autres comme garçon de café, et jusqu'en mai 1919, il vit avec PAULINE et PAULE , sa compagne et la fille de celle ci, sous les combles d'une ferme croulante en pleine ville , avec un jardin à l'abandon.
Pendant
4 ans, son atelier ne sera rien d'autre qu'une petite table devant la
fenêtre. »(VAN PARYS p56)
DEBOUT LES MORTS- RESURRECTION INFERNALE 1917 |
A
GENEVE, Il retrouve HENRI GUILBEAUX qui l'introduit dans les
cercles littéraires et politiques des adversaires de la guerre .
Il
coopérera à "DEMAIN", la revue
internationaliste de Guilbeaux qui parait en janvier 1916;
Cette
revue publiera des oeuvres de R. ROLLAND, P.J JOUVE (6), S. ZWEIG
(7) et aussi des prises de position contre tous les chauvinismes,
français, allemand, italien ou turc.., des articles aussi des
bolchéviks dont GUILBEAUX en SUISSE est très proche.
.Lire en partculier le très bon texte de R. ROLLAND ,"Aux peuples assassinés" paru dans "DEMAIN" en novembre 1916
:http://dormirajamais.org/rolland/
.Lire en partculier le très bon texte de R. ROLLAND ,"Aux peuples assassinés" paru dans "DEMAIN" en novembre 1916
:http://dormirajamais.org/rolland/
Avec
CLAUDE LE MAGUET ( JEAN SALIVES - 8) il participera aussi à
la fondation de la revue dirigée contre la guerre "LES
TABLETTES" pour lequel il réalisera 47 gravures sur bois de
octobre 1916 jusqu'à 1919.
« LES
TABLETTES » est surtout animé par l'idéal anarchiste , mais
se veut le porte parole du pacifisme internationaliste .
« Le
fait que nous ne prenions pas parti, ne signifie pas que le crime
laisse froid; nous ne faisons pas de distinction entre les criminels,
voilà tout » écrira JEAN SALIVES.
L'ARTISTE MILITANT : « LA FEUILLE »
C'est
dans ce bulletin quotidien édité à GENEVE, que MASEREEL va donner
toute la puissance de son engagement internationalise , engagement de
classe contre la guerre impérialiste.
« La
Feuille présentera un résumé de l'actualité quotidienne...
De
la sorte , la rédaction veut combattre la haine et les préjugés,
en essayant de révéler la vérité, et porter un jugement
impartial sur tous les peuples belligérants sans distinction »
Chaque
jour, MASEREEL produit un dessin de première page qui commente
l'actualité ;
« Ce
n 'est que tard le soir, vers 11 heures, qu'il arrive à la
rédaction. Il parcourt vite les journaux, les derniers communiqués
et dépêches et dispose alors de 2 heures pour faire son dessin.
La
plupart du temps, il s'inspire d'une citation tirée d'un communiqué
gouvernemental ou d'un titre de journal, mais il lui arrive aussi de
rédiger lui même la légende .
Il
devient maître dans l'art de trouver ce que HENRY VAN DE VELDE
appelle « une légende lapidaire, cruelle et foudroyante »
Il
décrira dans les détails sa technique , qui doit être ultra
rapide, puisque le journal doit paraître le lendemain : plaque
de zinc , vernie au dos, et plongée 3 à 4 secondes dans un bain
d'acide nitrique ; rinçage et séchage au buvard ; dessin
à l'encre lithographique plus ou moins épaisse .
Séchage
puis fixation par un nouveau bain acide, jusqu'à le dessin
apparaisse en relief;nettoyage final à l'essence qui dissout encre
et vernis.
« ...l'engagement au sein de « LA FEUILLE » n'est pas sans risque : la façon dont MASEREEL s'attaque aux gouvernements britannique et français parce qu'ils ont saboté la conférence internationale de STOCKHOLM (*) suffit à le faire soupçonner de sympathies pro- allemandes. » *(conférence organisée notamment par CAMILLE HUYSMANS pour rassembler les sociaux-démocrates des 2 camps ennemis)
« ...
on verra surgir bien vite des rumeurs selon lesquelles le journal
serait financé avec « des fonds boches »
En
fait , il s'agit d'une affirmation ridicule, puisque « LA
FEUILLE » est interdite aussi bien en ALLEMAGNE qu'en FRANCE. »
Militaristes,
nationalistes,colonialistes et fabricants d'armes, tous figureront
tour à tour à la Une de « LA FEUILLE »
La
ligne politique est très claire : « Pour DEBRIT (
le directeur ) et sa rédaction, la guerre n'est rien
d'autre qu'une crise sanglante du capitalisme où l'on sacrifie en
masse les ouvriers européens afin de préserver les intérêts de la
haute finance et des grands industriels
MASEREEL
lui aussi parle d'une affaire purement capitaliste, bien qu'il sache
qu'on n'en serait jamais arrivé à la guerre si , en 1914, la IIème
INTERNATIONALE avait comblé les espérances et si le réflexe
nationaliste des socialistes allemands ne s'était pas avéré plus
fort que leur solidarité de classe .»
Dans
la ligne radicale des « TABLETTES » et de « LA
FEUILLE », l'artiste entreprend alors au printemps 1918 la
confection d'un « roman en images » :« 25
images de la passion d'un homme «
très
probablement inspiré de la grève révolutionnaire – fin 1917-
dans les usines d'armement de SAINT ETIENNE et du département de la
LOIRE et de l'exemple de son dirigeant CLOVIS ANDRIEU (9)
25 images de la passion d'un homme |
« Nous
avons assez de la guerre, nous voulons la paix, et pour cela nous
n'avons qu'un seul moyen
gagner
tous les ouvriers à notre cause, arrêter de fait toutes les usines
de guerre et paralyser ainsi la production des outils servant depuis
4 ans à nous entretuer [...]
Nous
voulons parler aux Allemands . Nous voulons nous rencontrer avec
des délégations ouvrières ennemies et discuter »
Grève
politique donc , pour la fraternisation et la paix , durement
réprimée .(voir VAN PARYS pp 61-77)
A
l'été 1918 , après quelques semaines de repos, puis une très
éprouvante attaque de la grippe espagnole, il continue son activité
d'artiste révolutionnaire en défendant son ami GUILBEAUX. Proche
de LENINE, lui aussi exilé en SUISSE ,celui ci a défendu les bolchéviks
russes et est un des artisans de leur retour en RUSSIE en avril 1917
– la révolution vient d' éclater – en traversant l' ALLEMAGNE
en train.
Il
est arrêté à GENEVE en juillet 1918, et détenu 6 semaines comme
« représentant un danger pour la neutralité suisse »
D'après
R. ROLLAND, la vraie raison est de faire taire la seule voix
propageant à l'Ouest des informations pertinentes et fondées sur
les bolcheviks.
Le
15 novembre, il est à nouveau arrêté à GENEVE et en février
1919, il pourra quitter la SUISSE pour rejoindre l' UNION SOVIETIQUE.
Il y acquerra la nationalité russe .
La
justice française, quant à elle CONDAMNERA GUILBEAUX A MORT pour haute trahison sur
base de documents falsifiés « prouvant » ses contacts
avec l'ambassade allemande à BERNE . !!!
Ce n'est qu'en 1932 (!) que son procès sera révisé et qu'il sera acquitté
Ce n'est qu'en 1932 (!) que son procès sera révisé et qu'il sera acquitté
15 ANS DE BANNISSEMENT
Exilé,
de par la volonté du gouvernement belge, MASEREEL vivra à GENEVE, où il
passera , en 1919 , des moments difficiles : soucis personnels,
inquiétudes sur d'éventuelles suites de l'affaire GUILBEAUX ,
saisie par la police française de milliers d'exemplaires de « LA
FEUILLE comme propagande bolcheviste ,un sentiment d'isolement à
GENEVE , et aussi ...son pays la BELGIQUE :
« Il
ne peut éprouver que de la honte pour ses compatriotes lorsqu'il
apprend que la Belgique participe à l'occupation de la
Rhénanie,qu'elle a annexé les districts frontaliers germanophones
d'Eupen Malmedy et qu 'elle refuse de reconnaître l'Union
Soviétique.
Il
s'indigne de de la campagne de diffamation lancée à Bruxelles
contre HENRY VAN DE VELDE et il se révolte contre l'interdiction
d'enseigner prononcée à l'encontre de GEORGES EEKHOUD
...
« Mon
coeur belge est bien mort dit MASEREEL dans une lettre à ROMAIN
ROLLAND, » de temps en temps, il ressuscite et bat faiblement,
mais c'est de honte. (14/04/1920)
Il
écrit à EEKHOUD :
« Je
pense à vous ,quand je pense à mon pays, comme étant le vrai pays.
J'aime mieux ne pas parler de ce qu'il est aujourd'hui, c'est trop
triste, trop ridicule, et trop dégoûtant. » (20/04/1920)
voir VAN PARYS pp 124-125
voir VAN PARYS pp 124-125
A
la mi-février 1920, il revoit ,enfin, après 5 années de
séparation sa famille qui vient à GENEVE
« Cela
lui fait d'autant plus de bien qu'ils ne le considèrent pas comme
une brebis égarée et qu'ils partagent ses convictions pacifistes. »(voir VAN PARYS p127)
En
août 1920, « LA FEUILLE » devenue hebdomadaire, doit
arrêter de paraître.
Par
la suite, il s'installera en FRANCE
Concluons
par la confrontation finale avec le chauvinisme réactionnaire des
patriotards belges, telle que décrite dans l'ouvrage de VAN PARYS.
MASEREEL et l'architecte HENRY VAN DE VELDE |
Il
la doit à CAMILLE HUYSMANS, ministre socialiste des Sciences et des
Arts qui lui demande d'enseigner à la nouvelle section
néerlandophone de l'Université de GAND, et de fonder un Institut
Supérieur des Arts décoratifs à BRUXELLES ( ISAD)
La
presse bruxelloise cocardière déclenche une campagne de diffamation
pour empêcher sa nomination, le considérant comme « un ami
des pacifistes et un collaborateur. », et oubliant que sa
famille avait été retenue en otage jusqu'en 1918 en ALLEMAGNE , où
on jetait des pierres à ses enfants
C'est ALBERT I qui tranche , en lui confiant les plans de la villa royale de LOMBARDSIJDE.
Mais en ce qui concerne MASEREEL, l'establishment tient bon:
C'est ALBERT I qui tranche , en lui confiant les plans de la villa royale de LOMBARDSIJDE.
Mais en ce qui concerne MASEREEL, l'establishment tient bon:
« A
BRUXELLES, on lui tient fortement rigueur de son
insubordination vis à vis du consul belge de GENEVE et de ses
satires pacifistes dans « LA FEUILLE »
Preuve
à mon sens, que l' accusation de désertion , en 1917 – 3 ans
après ses démarches à GAND était avant tout une punition politique
pour son activité internationaliste.
"Sans
doute, ses sympathies communistes compliquent elles les choses ,
puisque dans la BELGIQUE des années 20, l'anticommunisme acharné
empêche jusqu'à la reconnaissance de l'Union Soviétique , demandée
pourtant par par le ministre socialiste VANDERVELDE au Parlement."
En
1927, VANDERVELDE ne voit qu'une possibilité pour permettre à
MASEREEL de retrouver un passeport et le droit de revenir au pays :
SE LAISSER CONDAMNER COMME REFRACTAIRE, tout en recevant la garantie,
que par la suite l'affaire s'arrangera. !!!
C!'est
en 1929 – plus de 10 ans après l'Armistice, que sera adoptée la
loi du 19 janvier 1929, sur « l'extinction des poursuites
répressives et des peines relatives à certains crimes et délits
commis entre le 4 août 1914 et le 4 août 1919 »
Cette
loi s'applique également aux « récalcitrants et réfractaires
faisant partie des contingents appelés pendant la guerre ».
MASEREEL
a son passeport en poche !!! Mais on lui fait comprendre de ne
pas faire de publicité à ce « non lieu » pour éviter
les réactions des patriotards ; le triomphalisme cocardier ne
s'est pas encore apaisé.
La
bourgeoisie francophone, en particulier, multiplie les manifestations
de patriotisme grotesque.
En
plus, le gouvernement belge peut encore limiter sa liberté de
voyager pendant 5 ans.
C'est
ainsi qu'en 1934, alors qu'il voulait aller en UNION SOVIETIQUE « la
douce et bête BELGIQUE » lui refusera l'autorisation !!
Enfin
une semaine après avoir obtenu son passeport , il passe 15 jours à
GAND ; et il y reviendra deux fois en 1929.
Après
toutes ces années – 15 ans – il ressentira le besoin de
s'immerger dans les paysages printaniers et automnaux de sa jeunesse,
la région de la LYS, la vallée de l' ESCAUT , le littoral flamand.
( voir VAN PARYS pp 248-250)
(1) AUGUST VERMEYLEN ( Bruxelles 1872 - Uccle 1945,) homme politique socialiste, historien de l'art et écrivain belge d'expression néerlandaise.
http://www.dbnl.org/tekst/_jaa003194601_01/_jaa003194601_01_0015.php
(2) HENRY VAN DE VELDE peintre, architecte, décorateur et enseignant des Arts belge, considéréc, avec HORTA, comme un des pères de l'ART NOUVEAU (1863- 1957)
http://www.kmkg-mrah.be/sites/default/files/files/vdv_edu_fr_20_corr.pdf
(3) EDUARD ANSEELE
http://www.ateliers-memoire-roubaix.com/pour-aller-plus-loin-avec-edouard-anseele/
(4) HENRI GUILBEAUX ami de MASEREEL et parmi les rares internationalistes français en 1914, ami de LENINE, puis virera dans les années 30 à l'anticommunisme..
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Dictionnaire/Jouve-G/Jouve-Dictionnaire-Gu-Henri_Guilbeaux.html
(5)ROMAIN ROLLAND 1886-1944 écrivain français (Prix NOBEL 1915), l'âme intellectuelle de la lutte contre la guerre , sera proche du parti communiste dans les années 20-30
http://www.universalis.fr/encyclopedie/romain-rolland/1-une-dimension-interieure/
(6) PIERRE JEAN JOUVE écrivain, poète, romancier et critique français (1887-1976).
voir dans biographie ci jointe: "1914-1918 LA GUERRE ET LE PACIFISME"
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Biographie/Jouve-Un_Parcours_biographique-1887-1920-Premiere_vie.html
(7)STEFAN ZWEIG: écrivain autrichien, 1881 -1942 proche de MASEREEL et de R. ROLLAND, pacifiste à partir de 1915
http://www.utb-chalon.fr/media/files/Groupes_de_travail/Goupe_litterature/BIOGRAPHIE%20DE%20STEFAN%20ZWEIG%20%20%20%20ld.pdf
(8)JEAN SALIVES
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Dictionnaire/Jouve-T/Jouve-Dictionnaire-Ta-Les_Tablettes.html
(9) CLOVIS ANDRIEU leader anarcho -syndicaliste des usines de la LOIRE, un prochain "UOMINI CONTRO ?
http://www.forez-info.com/encyclopedie/histoire-sociale-de-la-loire/15896-lhistoire-de-clovis-andrieu.html
( voir VAN PARYS pp 248-250)
(1) AUGUST VERMEYLEN ( Bruxelles 1872 - Uccle 1945,) homme politique socialiste, historien de l'art et écrivain belge d'expression néerlandaise.
http://www.dbnl.org/tekst/_jaa003194601_01/_jaa003194601_01_0015.php
(2) HENRY VAN DE VELDE peintre, architecte, décorateur et enseignant des Arts belge, considéréc, avec HORTA, comme un des pères de l'ART NOUVEAU (1863- 1957)
http://www.kmkg-mrah.be/sites/default/files/files/vdv_edu_fr_20_corr.pdf
(3) EDUARD ANSEELE
http://www.ateliers-memoire-roubaix.com/pour-aller-plus-loin-avec-edouard-anseele/
(4) HENRI GUILBEAUX ami de MASEREEL et parmi les rares internationalistes français en 1914, ami de LENINE, puis virera dans les années 30 à l'anticommunisme..
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Dictionnaire/Jouve-G/Jouve-Dictionnaire-Gu-Henri_Guilbeaux.html
(5)ROMAIN ROLLAND 1886-1944 écrivain français (Prix NOBEL 1915), l'âme intellectuelle de la lutte contre la guerre , sera proche du parti communiste dans les années 20-30
http://www.universalis.fr/encyclopedie/romain-rolland/1-une-dimension-interieure/
(6) PIERRE JEAN JOUVE écrivain, poète, romancier et critique français (1887-1976).
voir dans biographie ci jointe: "1914-1918 LA GUERRE ET LE PACIFISME"
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Biographie/Jouve-Un_Parcours_biographique-1887-1920-Premiere_vie.html
(7)STEFAN ZWEIG: écrivain autrichien, 1881 -1942 proche de MASEREEL et de R. ROLLAND, pacifiste à partir de 1915
http://www.utb-chalon.fr/media/files/Groupes_de_travail/Goupe_litterature/BIOGRAPHIE%20DE%20STEFAN%20ZWEIG%20%20%20%20ld.pdf
(8)JEAN SALIVES
http://www.pierrejeanjouve.org/Jouve-Dictionnaire/Jouve-T/Jouve-Dictionnaire-Ta-Les_Tablettes.html
(9) CLOVIS ANDRIEU leader anarcho -syndicaliste des usines de la LOIRE, un prochain "UOMINI CONTRO ?
http://www.forez-info.com/encyclopedie/histoire-sociale-de-la-loire/15896-lhistoire-de-clovis-andrieu.html
Lol. Wallah, you les cocos, vous êtes loin.
RépondreSupprimerTa mère sait mieux.
Kiss