mercredi 10 décembre 2014

1914 - 1918 - UOMINI CONTRO: KAMERAAD JEF VAN EXTERGEM,  PRESENTE ! ANVERS – JUIN 1920 LE PROCES D'UN REVOLUTIONNAIRE

Ce 8ème article de la série « UOMINI CONTRO » rencontre une des plus grandes figures, oubliée parce que controversée, de la résistance à la grande guerre impérialiste, JEF VAN EXTERGEM , militant et secrétaire des JGS d' ANVERS à laquelle il avait adhéré à 13 ans !
                                  1946: REUNION D'HOMMAGE A JEF VAN EXTERGEM ASSASSINE PAR LES NAZIS:                                        "car il y a quelque chose au dessus de tout, c'est de vivre pour un grand idéal et de  lui avoir  tout donné           jusqu'a la fin"
Il avait 16 ans en 1914.
Fondateur en 1916 avec la JGS du VLAAMSCHE SOCIAAL DEMOCRATISCHE ARBEIDS GEMEENSCHAP ( VSDAG) et d'un journal « DE SOCIALISTISCHE VLAMING), il se ralliera en 1917 à la fraction minoritaire au sein du POB qui publiera dés juin 1917 le journal «  DE NIEUWE TIJD »
Partisans comme leurs camarades de GAND de la paix immédiate et de la conférence de STOCKHOLM, sympathisants comme eux de la révolution russe, ils mêleront ,eux, à ce combat le combat flamand. C'est pourquoi, on les qualifiera de « socialistes activistes ».
Dans ce post, je me contenterai de vous livrer ma traduction - bien imparfaite sans doute – de larges extraits du compte rendu du procès de JVE à la COUR D'ASSISES d' ANVERS du 14 au 16 juin 1920.
Sa découverte en néerlandais sur le net m'a bouleversé, et je ne sais si il a jamais existé en français.
Et si vous trouvez ce texte trop long et fastidieux, il suffit de lire le réquisitoire du substitut pour réaliser qu'on a là le procès politique d 'un internationaliste communiste, flamand, condamné à 20 ans de prison, parce que révolutionnaire.
La place centrale accordée à la lutte pour la FLANDRE dans son combat socialiste , puis communiste, , fait partie de l'histoire des communistes et du mouvement démocratique de ce pays et de leurs débats, et doit être traitée comme tel et certainement pas comme une « trahison de la patrie. »
EMILE VANDERVELDE, qui,lui, avait trahi pour de bon en 1914 les idéaux du socialisme , était ministre de la Justice en 1920 et a accepté que se déroule ce genre de procès, que CAMILLE HUYSMANS a appelé « la furia fransquillonne »
Remarquons d'ailleurs – est ce un hasard ? - que nombre de jusqu' auboutistes pour la guerre ont été
CELESTIN DEMBLON
aussi de farouches adversaires de tout mouvement flamand - le plus célèbre est JULES DESTREE , encore lui !- , et que d'autre part un antimilitariste comme CELESTIN DEMBLON , député de LIEGE, a , avant et après la guerre , fait preuve de la plus grande ouverture à cette question. De même, CAMILLE HUYSMANS, initiateur de la CONFERENCE DE STOCKHOM pour la paix .
JEF VAN EXTERGEM sera libéré en 1921, contre signature d'un engagement à ne plus avoir d'activités politiques qu'il signa.
En fait , cette libération sous condition parmi d'autres, résultaient de la pression des partisans de l'amnistie exercée sur VANDERVELDE par des socialistes anversois, dont CAMILLE HUYSMANS et WILLEM EEKELEERS, et de façon plus générale par l'aile gauche du POB dont JOSEPH JACQUEMOTTE et par tous les progressistes.
VANDERVELDE lui même était opposé à une loi d'amnistie.
JVE sera à nouveau emprisonné de 1925 à 1928 (il avait continué à s'engager politiquement)
Il rejoint le Parti Communiste à sa libération en 1928 . Fondateur au sein du PCB du « VLAAMSE KOMMUNISTISCHE PARTIJ »en 1937, il le dirigera ,dés 1940 dans la clandestinité.
Il sera arrêté par la GESTAPO en avril 1943, détenu et torturé à BREENDONCK, puis déporté en décembre 1943 en ALLEMAGNE .Il mourra de faim au camp de ELLRICH en mars 1945.
L' écrivain flamand LOUIS PAUL BOON a écrit en 1945 :
LOUIS PAUL BOON
« Cela ne peut pas être que JEF VAN EXTERGEM soit seulement connu comme un
communiste et que la grande figure flamande qu'il a été soit perdue de vue.

Nous devons voir en lui l'idéaliste, le résistant qui dans son dernier adieu disait : « C'est un sentiment magnifique que de mourir pour son idéal. »
Nous devons voir en lui l'homme qui a voulu développer le mouvement flamand à un niveau plus élevé, qui l'a placé sur une base sociale et essayait de l'élargir aux masses populaires »

Quelle plus belle réponse, en 2014 , aux nationalistes de la NVA ,- la droite la plus libérale et anti populaire qui soit - et à leur « compréhension » pour la collaboration avec les nazis, que la figure du camarade JEF VAN EXTERGEM .
Quand même une question : Y a t' il quelque part dans ce pays un monument, une plaque commémorative, un nom de rue, de place ou d'école , ne fut ce qu'une tombe qui lui soient
dédiés ?



PORTRAIT DE JVE par le peintre J. VAN RIET

14 juin 1920 :COUR D'ASSISES D'ANVERS

Le président , le comte de LICHTERVELDE  : Vous vous êtes depuis le début jetés dans l'activisme ?
JVE :Qu'entendez vous par activisme ? Parlez vous de l'activisme de BRIJS, de TACK, de BORMS
Le président : Pour que MM les jurés aient une claire idée de ce qu'est réellement l'activisme, je vais donner un aperçu de tout ce mouvement
L'activisme est né en 1916, avec le mouvement pour obtenir de l'occupant, la néerlandisation de l' UNIVERSITE DE GAND.
Le 4 février 1917, un CONGRES FLAMAND a été convoqué où fut constitué le RAAD van VLAANDEREN (RvVl).
Peu après, il y a eu le voyage à BERLIN - à la suite duquel l' ADMINISTRATION SEPAREE fut instaurée.
Rapidement, le RvVl évolue vers la séparation politique, laquelle fut proclamée le 22 décembre 1917.
En juin 1918, il y a eu la « PROCLAMATION AU PEUPLE ALLEMAND » etc.

JVE Votre court aperçu sur l'activisme est non seulement incomplet, mais il n'est pas correct
L'activisme n'est pas né en 1916, mais bien en décembre 1914, avec la parution du « VLAAMSCHE POST »
Vous ne parlez uniquement que de l'activisme bourgeois- mais ne consacrez aucun mot à ce que fut l'activisme de mes camarades socialistes et le mien.
Notre travail était indépendant complètement du RvVl.
C'est tellement vrai que dans aucun journal « activiste-bourgeois » nos idées ne pouvaient circuler.
C'est pourquoi, nous avons créé le « SOCIALISTISCHE VLAMING »
J'ai par la suite été rattaché à la fraction anversoise de la « minorité socialiste », laquelle a systématiquement refusé de nommer des représentants au RvVl.
Le président : Après l'Armistice, vous êtes allés en HOLLANDE
JVE : Non , en ALLEMAGNE !
Puis je vous donner quelque explication, Mr le président ?
Et bien, à travers mon dossier, vous pouvez constater que j'étais un révolutionnaire passionné.
J'ai vu éclater la révolution en ALLEMAGNE, et comme j'étais certain, que si je restais ici , je serais arrêté, j'ai décidé d'aller d'abord étudier la révolution allemande ;
J'y ai , comme socialiste beaucoup appris.
Il y avait aussi une deuxième raison pour mon départ, c'était mon pressentiment qu'il y aurait ici, au début, une inquisition militaire.
Le président : Inquisition militaire ! Quels mots ! Mais vous n'en avez aucune preuve, et je vous interdit d'utiliser de telles expressions !!

JVE donne l'exemple de 2 citoyens d' ANVERS, membres du conseil provincial (Gouwraad ) , qui pour cette raison uniquement seront arrêtés après l'armistice, jugés par un conseil de guerre, et sont toujours 19 mois après en prison !
Son père, par contre, membre du même conseil, est parti après l' ARMISTICE . Rentré au pays, il na pas été poursuivi- le ministre VANDERVELDE ayant exprimé sa volonté de ne plus poursuivre les membres des conseils provinciaux. (Gouwraad)
C'est ça la justice en BELGIQUE.
(....)
JVE : Je serai calme, mais pense quand même pouvoir dire la vérité !
Le président : Vous avez déjà dit tout ça pendant la guerre, sous l'occupation ennemie.C'était toujours POUR les Allemands.
JVE : ( très vif, malgré sa promesse de de rester calme)
POUR les Allemands ? Moi ? Jamais ! Jamais !, Jamais !
AVEC les Allemands, c'est possible, car rien ne pouvait se faire ici ; tout devait avoir l'autorisation des Allemands.
Le COMITE NATIONAL devait aussi travailler AVEC les Allemands pour le ravitaillement de la population. Ce n'était cependant pas POUR les Allemands.
Je connais toutefois, des gens, qui ont non seulement agi AVEC , mais aussi, POUR les ALLEMANDS, et qui circulent maintenant librement, ont même été décorés, et occupent de hautes fonctions ! »
Il cite l'exemple de l' écrivain flamand HERMAN TEIRLINCK qui en publiant son roman « JOHANN DOXA » d'abord en Allemagne, puis en Flandre, en retira des centaines de marks,. Il est maintenant précepteur de la Cour !
« ANSEELE et E. BRAUN ont, en 1914 - alors que le sang des martyrs belges était encore chaud à LOUVAIN , AERSCHOT, VISE etc .- écrit au noble officier allemand VON ARDENNE :
« Mes félicitations pour votre noble avancement, mes regrets pour votre départ »
Cela , c'était AVEC et POUR les Allemands.
Le député BUISSET à demandé VON DER der GOLTZ d'instaurer le Français comme seule langue officielle en BELGIQUE :c'était AVEC et POUR les Allemands.
Le député VERSTEYLEN s'est fait photographier , en compagnie de ses chères filles, lesquelles étaient accompagnées d'officiers allemands en « uniforme d'assassin » :c'était AVEC et POUR les Allemands ;
VAN EXTERGEM est si en colère, qu'il ne peut plus s'exprimer)
Le président :( après quelques instants de silence pénibles) Vous avez édité un journal appelé «  DE SOCIALISTISCHE VLAMING »
JVE ( revenu au calme) : Oui, j'en étais l'éditeur . J'ai donc signé comme éditeur responsable en cas de poursuites, à la demande de l'imprimeur .
L'éditeur, les rédacteurs et les collaborateurs n'en ont jamais retiré un sou.Quand nous avions rendu nos articles, nous allions nous mêmes le diffuser aux meetings et fêtes.
DE SOCIALISTISCHE VLAMING n'a jamais eu plus de 50 à 60 francs en caisse.
La feuille était enregistrée auprès de la la censure comme tract – donc nous ne devions pas accepter les communiqués allemands.
Il était imprimé à 1500 exemplaires et coûtait 37,5 francs de frais d'impression.
Je suis poursuivi pour ce journal, mais VOORUIT, le journal du ministre ANSEELE qui avait l'autorisation « d'être vendu et diffusé dans toute la BELGIQUE », autorisation que même «  LA BELGIQUE » ou « LE BRUXELLOIS » n'avaient pas, ne fut pas poursuivi.
(...)
JE SUIS REPUBLICAIN
Le président :Vous avez dans vos meetings attaqué violemment le Roi.
A GAND, vous l'avez insulté de « lange zwibzwab » et de « gaillard aux longues pattes qui a besoin tous les ans de de 2,5 millions ».
A LAKEN, vous l'avez appelé « le garde champêtre de LA PANNE »
Le président s'étend très longuement sur ce point.
JVE :... J'ai toujours été fortement républicain. C'est donc compréhensible que je ne porte pas le roi dans mon coeur . Mais, jamais je ne l'ai attaqué par
..MM les jurés, je veux surtout parler à vos sentiments.
Vous avez tous reçus une éducation bourgeoise.
Vous êtes éduqués dans l'amour de la patrie, l'amour des lois, l'amour du Roi.
J'ai été élevé dans la haine de la patrie ( de l'état), dans la haine des lois, dans la haine du Roi.
Les premiers mots de L'INTERNATIONALE sont « L'état opprime et la loi triche »
Voyez ce que j'ai écrit dans « LE JEUNE SOCIALISTE » en juin 1914
« ... l'amour de la patrie n' existe pas, cela , nous les ouvriers devons le comprendre, le ressentir
... l'amour de la patrie est un mensonge »  etc .
Ne pensez pas, MM les jurés que je fus le seul à le dire ou à l'écrire ?
Le député TROCLET a écrit dans son « Catéchisme pour le conscrit socialiste » : «  C'est très simple : la patrie représente un patrimoine ; moi, je n'ai pas de patrimoine, puisque je n'ai rien !; je n'ai donc pas de patrie ! »
Voyons maintenant ce que les socialistes disaient du Roi :
Ferdinand Hardijns l'appelait «Luppe Kaneel» dans VOORUIT.
Dans chaque manifestation socialiste, on chantait : «  Vive la grève générale, nous tordrons le cou de LEOPOLD »
Une chanson socialiste bien connue : « A bas la guerre, sabres et canons – Vive la République, à bas le roi de carton» !
Louis BERTRAND a écrit une brochure sous le titre : « Saligaud II» etc. etc .
J'ai appris tout cela de mon enfance ; mon père m'emmenait dés l'âge de 4 ans dans les « Maisons du Peuple »
Quand vous soupesez tout cela, MM les jurés, je suis intimement convaincu que vous ne me déclarerez pas coupable d'avoir soutenu « avec intention de nuire » la politique de l'ennemi , mais vous direz : « ce garçon a agi en toute fidélité à ses principes, que lui avaient inculqués les dirigeants socialistes .» 
Ces principes, jamais je ne les ai désavoués, et jamais je ne les désavouerai.
(...)
UNE REPUBLIQUE DE FLANDRE
Le président : Mais vous vouliez réaliser tout ça avec l'aide de l'ennemi. Vous suiviez la politique du « RAAD VAN VLAANDEREN» ( RvVl) et vous agissiez pour la séparation administrative.
PROCLAMATION DU RvVl , allié au militarisme allemand
JVE :Nous étions en dehors du RvVl, et allions beaucoup plus loin que la séparation administrative.
Nous voulions une REPUBLIQUE DE FLANDRE.
Notre seul objectif était d'apporter une solution socialiste et internationale à la question flamande.
Alors que que nous nous dressions comme socialistes pour la liberté de tous les peuples, nous ne pouvions pas quand même pas omettre la liberté de notre propre peuple !
(...)
Le président :Vous êtes partisan d'une « REPUBLIQUE DE FLANDRE ». Qu'entendez vous par là ?
Jusqu'en 1918, nous étions, nous les JGS partisans d'une BELGIQUE fédérale, persuadés que nous étions qu'une paix négociée se ferait ;
Si les Allemands gagnaient la guerre ,ce serait la germanisation ; si l' ENTENTE la gagnait , ce serait - c'est aujourd'hui clairement prouvé – l'âge d'or de la francisation .
Le chemin du milieu était donc une paix négociée, comme les stockholmistes la voulaient.
Alors, les Allemands auraient évacué la BELGIQUE, mais sous la condition que la BELGIQUE devienne réellement impartiale, ce qui n'est réalisable que si les éléments germain et latin sont équilibrés, avec une FLANDRE et une WALLONIE libres dans une BELGIQUE libre.
Lentement, il est devenu de plus en plus clair qu'il ne pouvait être question d'une paix négociée.
La grande offensive de printemps des EMPIRES CENTRAUX avait échoué, et nous avions la conviction que la grande contre-offensive de l' ENTENTE échouerait aussi.
GRAVURE DE FRANS MASEREEL
Nous prévoyions, que si c'était le cas, les prolétaires en auraient assez de se faire massacrer et que la révolution mondiale serait inévitable. Avec comme conséquence naturelle, un soviet mondial ( « Wereld Soviet »)
Alors, nous nous posions la question, nous les JGS, : « Comment la FLANDRE et la WALLONIE doivent elles se rattacher à ce Soviet mondial ? Comme une BELGIQUE unitaire et centralisée, ou bien , chacun séparément comme une WALLONIE des conseils et une FLANDRE des conseils.
C'est cette dernière solution que nous avons estimé la meilleure, et nous avons voté une motion en faveur d'une REPUBLIQUE de FLANDRE.
Tout cela peut paraître maintenant dérisoire, parce que la révolution mondiale n'a pas éclaté ;
Au contraire, l'offensive de l'été 1918 de l' ENTENTE a réussi.
En a résulté la paix de VERSAILLES, qui est la « paix »  la plus honteuse qui ait jamais été conclue !

UNE PAIX NEGOCIEE
Le président : Vous avez aussi agi fortement pour une paix négociée.
JVE : Oui et j'en suis fier
Le président : MM les jurés, notez que l'action pour une paix négociée a été entreprise après la bataille de CAPORETTO, donc, quand c'était le mieux pour les Allemands.
JVE : ... Je me suis dressé, dés le 1er jour de la guerre, contre le carnage ; En décembre 1914, je tenais déjà à l'école un discours internationaliste .
Voyez mon article «  HAUT LES COEURS » dans VOORUIT – qui a été écrit en décembre 1915 et il n'était pas alors question de la défaite de CAPORETTO.
Durant toute la guerre, je suis resté fidèle à mes principes socialistes de haine contre les massacres inhumains des peuples .
STOCKHOLM 1917 MANIFESTATION SOCIAL DEMOCRATE POUR LA PAIX
Jamais, je n'ai pris en compte que le combat pour ces principes, serve aujourd'hui la boutique des EMPIRES CENTRAUX, ou demain la boutique de l' ENTENTE.
Mon grand effort visait à ce que les soldats , sur tous les fronts , retournent leurs armes pour les diriger vers les poitrines des exploiteurs et des capitalistes .
Contre l'Internationale du capital qui envoie au feu les travailleurs , les uns contre les autres, devait se dresser l' INTERNATIONALE du prolétariat, qui aurait écrasé le monstre capitaliste.
Le président : Mais les dirigeants socialistes, ont dit quand même, durant toute la guerre, que les intérêts de la patrie passaient avant tout.
JVE : En effet, dans tous les pays les sociaux patriotes ont choisi le côté des gouvernements bourgeois;ce sont les plus grands hypocrites et traîtres qui courent sous le soleil !
En temps de paix, ils sont contre le carnage, mais quand la guerre est là, quand les travailleurs , qui devraient tous être frères, se massacrent par millions, alors, les dirigeants socialistes se taisent; pire, ils crient :« jusqu'au bout ! »
Seul CAMILLE HUYSMANS a en partie, compris son devoir socialiste. Il est le seul parmi tous les chefs socialistes de BELGIQUE !  
Je suis heureux d' avoir, pas seulement en temps de paix, mais surtout en temps de guerre, d'avoir crié : « A BAS LA GUERRE, SABRES ET CANONS »...


NI LE HAVRE, NI BERLIN
Le président : Oui, oui , mais cela a servi la politique de l'ennemi ;
JVE Moi, servi la politique de l'ennemi ? Jamais, mes mains sont pures, ma conscience est tranquille.Je suis un internationaliste et voulait, aussi vite que possible l'internationalisation de la question flamande....
(...)
Pour vous le prouver, je vais vous lire l'article que j'ai publié le 30 août dans « HET VLAAMSCHE NIEUWS »  sous le titre :  « le seul et grand projet »:
(...)
Nous , passivistes et activistes sommes flamands et avons à peu près les mêmes buts, mais une mise en oeuvre différente..
... Ce n'est pas en restant aveugles, chacun dans son propre camp - les uns et les autres espérant ici et là voir se lever le salut de notre peuple que nous sauverons la FLANDRE.
Mais bien en tenant tête consciemment à tout ce qui nous nuit, en faisant connaître nos revendications au monde , à la place d'essayer , par la flatterie d'arriver , les uns au HAVRE, les autres à BERLIN.
Les Flamands doivent se libérer des connexions qui les lient et être indépendants dans leurs actions.
Le président :J ' ai sous les yeux un article paru dans « HET VLAAMSCHE NIEUWS, adressé au citoyen HAASE ; Vous y attaquez violemment le gouvernement belge et la BELGIQUE centralisatrice, que vous qualifiez de prison, dans laquelle les Flamands sont enfermés, sans pouvoir faire entendre leur voix dans le monde.
(...)
JVE : J'ai écrit au citoyen HAASE  (*): « Vous pouvez être notre meilleur allié, vous devez mettre un contre poids à la politique des « ALL-DEUTSCH » ( les nationalistes pangermanistes) qui appliquent leur « FLAMENPOLITIK » avec des intentions cachées.
Mon but était donc d'obtenir que HAASE soutienne les internationalistes flamands .
Je le répète ,... je voulais une solution socialiste, internationaliste au problème flamand ;
Notre politique apparaît une fois de plus tout à fait différente de celle des activistes bourgeois
* HAASE dirigeant des socialistes indépendants allemands, qui avaient rompu avec le SPD . Les spartakistes avaient rallié ce parti , avant de fonder en déc 1918 le KPD
Le Ministère Public : Evidemment , nous savons déjà cela.
Aucun d'entre eux n'allait aussi loin que vous . Vous vouliez la REPUBLIQUE DE FLANDRE.
C'est compréhensible que le RvVlv. ne puisse pas être d'accord avec ça !
Le président : Vous avez tenu beaucoup de meetings ?
JVE Oui , et à ces meetings, je parlais des voleurs des « comités », et j'y disais que notre peuple n'était pas seulement plumé par les barbares allemands , mais aussi -,et ce qui est plus grave- par les « grands patriotes de la bande de voleurs qui s'est substituée au « COMITE NATIONAL »

TEMOIGNAGES
De nombreux témoins défilent à charge ou à décharge ;
Certains ont vu JVE protégé par des soldats allemands lors de ces meetings, d'autre protégés par un groupe de la JGS.
Certains enquêteurs font état de rumeurs- sans en avoir la preuve -sur une visite de JVE à des camps de prisonniers flamands à GOTTINGEN, où il aurait eu une activité pro allemande ; « Il devait être en liaison avec l'ennemi »
BORMS ,(*) dirigeant du RvVl , condamné à la peine de mort témoigne entre 2 gendarmes .;
Le président : « Vous avez souvent entendu JVE parler
AUGUSTE BORMS(*)
BORMS : Oui, le plus souvent c'était contre les Allemands. Il prônait surtout la révolution, et souvent,  il rejetait le travail du RvVl. Il nous mettait des bâtons dans les roues.
JVE : Vous souvenez vous d'une réunion Prinsesstraat, où j'ai proposé de rompre toute relation avec les Allemands ?
BORMS : ... je trouvais cette proposition dangereuse ; cela aurait représenté la destruction de tout ce qu'on avait construit...
JVE était très socialiste, je peux même dire bolchévik ; Il était donc constamment plus radical que nous , en révolte contre les pratiques du militarisme allemand.
Il disait que nous ne devions pas seulement être révolutionnaires contre LE HAVRE, mais aussi contre BERLIN
nait surtout la révolution, et
(....)
Les minoritaires socialistes n'ont jamais voulu nommer de délégués au RvVl, nous n'avons jamais pu les faire bouger de cette position cela, malgré que nous les ayons sollicité à plusieurs reprises.

* AUGUSTE BORMS était le principal dirigeant du RvVl; Il fut condamné à mort en 1919, mais maintenu en prison. En 1940, il se mit au service des nazis. Fusillé à ETTERBEEK en 1946

Les directeur et professeur de l' ECOLE MOYENNE I de OUDAEN témoignent
Avant la guerre, JVE refusait de participer au cortège du 21 juillet ; Il était très révolutionnaire.
En décembre 1914, il tint dans ma classe un discours internationaliste.
Les autres élèves parlaient tous de « Notre Roi », « Notre Patrie », « La Belgique ». JVE parlait dans un sens pacifiste et antimilitariste
JVE au professeur RULLENS : Vous souvenez vous de la conclusion de mon speech ?:
« A bas le patriotisme !
Vive l'Internationalisme !
A bas la guerre si cruelle et si barbare !
Vive la Paix universelle !
Vive la République mondiale !

16 juin 1920 ,  REQUISITOIRE : « IL VOULAIT  ALLUMER  LA REVOLUTION »

Mr DE VOOGHT , substitut du procureur du Roi:
Ce procès est important à plu sieurs points de vue . En général, on qualifie les faits dont VAN EXTERGEM est accusé d' « activisme » et aussi de « défaitisme ».
L'activisme est un mot, par lequel on veut dire : action effective contre la patrie et ses intérêts, contre le gouvernement légal et les lois, au bénéfice de l'ennemi.
Vous avez entendu , MM les jurés, ce que JVE écrivait, peu avant la guerre dans un article : « L'amour de la patrie n'existe pas, c'est un leurre. » Ces idées, l'accusé les a conservées durant toute la guerre. JVE porte le mépris sur les institutions de la patrie.
Le directeur de l' ECOLE MOYENNE est venu témoigner que JVE ne voulait jamais participer aux
cortèges patriotiques du 21 juillet.
Malgré l'invasion étrangère, malgré l'occupation allemande, il n' a jamais voulu prendre ses distances par rapport à ses pensées pernicieuses.
Déjà en décembre 1914, il tint , au cours de Mr RULLENS un discours contre le patriotisme et pour l'internationalisme .
Ne pensez pas que JVE soit allé dans le mouvement activiste pour soutenir les activistes flamands dans leurs revendications.Personne n'est allé aussi loin que lui : il voulait une REPUBLIQUE DE FLANDRE ! Cela n'était seulement qu'une petite composante de son programme ; qu'il a utilisée pour militer pour son grand objectif : allumer la révolution.
Regardez Messieurs son travail : les 9/10 de ses meetings sont dirigés contre les comités.
Il essayait d'exciter le peuple ; La population était très mécontente contre les comités, et JVE a encouragé ce mécontentement par la dénonciation publique d' irrégularités réelles ou imaginaires.
Ce faisant, il voulait attiser la haine parmi les assistés et les moins favorisés, encourager la lutte entre les pauvres et et les mieux nantis.
Que voulait l'accusé ? Le seul but de ses faits et gestes , son grand idéal, était le renversement de toute autorité légale...
JVE OUI !
Mr DE VOOGHT ,substitut: IL VOULAIT LA REVOLUTION
JVE :OUI , OUI
Mr DE VOOGHT , substitut : A partir du moment où il pensait ne plus pouvoir exploiter la politique allemande, pour ses buts révolutionnaires, et bien , alors MM les jurés, il change de cap et dit : « Ca ne va pas AVEC les Allemands, , alors CONTRE les Allemands » , et il met sur pied un mouvement révolutionnaire.
Il voulait l'internationalisation , la transformation révolutionnaire de tout !
Il a lui même établi le résumé de la première partie de mon acte d'accusation : JVE ne nie pas qu'il veut renverser le pouvoir légal de l' Etat.
Ainsi , permettez moi de ne pas m'étendre sur la question de sa culpabilité pour les actes visés par l'article 115 du Code Pénal, et c'est là la première inculpation pour laquelle je vous demande le jugement de l'accusé.
Pour cette infraction, je ne dois pas démontrer l'intention de nuire , car cela n'est pas demandé par la loi.
Venons en maintenant à la deuxième accusation : «  avec l' intention de nuire, avoir soutenu la politique de l'ennemi, en sapant, en période de guerre, la confiance dans le ROI et dans l'ETAT, des soldats, matelots, ou d'autres citoyens.
Messieurs, dois je prouver qu'il a sapé cette confiance? Ne l'avez vous pas lui même entendu attaquer le roi de la façon la plus violente ?
Un témoin à décharge n'est il pas venu déclarer ici  : «  être sorti de l'enfer du militarisme belge, pour être rentre dans l'enfer du militarisme allemand »
Le militarisme allemand, il pouvait l'attaquer, c'était même louable, mais, en temps de guerre, attaquer nos institutions militaires, c'était malfaisant et doit être puni !
Tout ce qu'il a dit et écrit peut se résumer en 3 mots d'ordre :
A bas le militarisme !
A bas le Roi !
A bas la Belgique !
Allumer la révolution en temps de guerre, c'est soutenir la politique de l' ennemi ! Il n'y a aucun doute possible.
Il me faut encore prouver l'intention de nuire.
Mais Messieurs c'est JVE qui dans chaque article a voulu clairement montrer qu'il agissait « avec l'intention de nuire »
Voyez son article du 16 mai 1916 intitulé « VLAANDEREN VRIJ »
Nous y lisons : «  D'où que nous en soit accordé le droit, nous l'acceptons, et si besoin est , SANS ou CONTRE LE GOUVERNEMENT BELGE ! »
Dans son article « HAUTE TRAHISON » dans « ONS LAND » il ne voit rien d'autre et dit que « la trahison contre la BELGIQUE, est un devoir pour les Flamands »
L'intention de nuire, est clairement prouvée . D'ailleurs , il a parlé à SINT NIKLAAS, sous la protection des Allemands !
Le jury ne laissera pas un tel dangereux idéaliste revenir dans la société tant qu'il ne s'est pas calmé et qu'il n'a pas purgé la peine qu'il mérite.

DECLARATION DE JEF VAN EXTERGEM
Il remercie son avocat, commis d'office Me RADAMAECKER , qui l' a assisté dans sa défense.
Il remercie le jury et la Cour qui lui ont donné les moyens de se défendre.Il s'émerveille lui même d'avoir pu parler si vertement sans avoir dû quitter la salle d'audience.
Il remercie même le Ministère Public :
« En effet, les 3/4 de son réquisitoire me seront concédés par 90% des socialistes anversois , non comme une honte, mais comme un honneur .
Je ne sais pas MM les jurés quel sera votre verdict, mais j'ai l'intime conviction d'avoir toujours été fidèle à mes idéaux, même si on m'accuse de trahison !!
Et je veux vous dire que ces idéaux, je ne les renierai jamais !
C'est beau de pouvoir lutter en pleine liberté pour son idéal, mais c'est encore mille fois plus beau, mille fois plus noble de pouvoir souffrir pour lui.
Depuis 9 mois complets, je suis enfermé entre 4 murs blancs . Jour après jour, j'ai pu soupeser ce que j'ai fait et quelles en étaient les motivations.
Et bien, Messieurs, à aucun moment, je n'ai eu le sentiment d'être un judas, un traître.
La trahison signifie de subordonner les valeurs les plus élevées aux intérêts les plus bas ; par exemple, vendre son idéal pour de l'argent, des honneurs ou des avantages.
Jamais je n'ai eu la tentation de servir «  avec l'intention de nuire » la politique de l'ennemi.
J'ai seulement et simplement servi mon idéal socialiste, , et je me fiche de qui aurait pu en tirer avantage.
Ou vous me renvoyez dans ce tombeau de briques qu'est la prison de la « Begijnenstraat », où vous me rendez la liberté - cela n'aura pas la moindre influence sur ma façon de penser.
Votre réponse aux questions sera t - elle affirmative, alors je sacrifierai à mes idées, avec bonheur et fierté , la plus belle partie de ma jeunesse; votre verdict sera t- il négatif, alors je me battrai après ma libération avec encore plus d'enthousiasme et d'ardeur que jamais.
Fidèle à mes principes socialistes et à la lutte pour l'avenir de mon peuple opprimé,ma devise sera toujours : Vive le Socialisme International ! Vive la Flandre !
( Contrairement à l'habitude, VAN EXTERGEM s'est exprimé cette fois très calmement ; il est néanmoins très ému)

Son avocat Me RADEMAECKER insiste que ce jeune homme a cru dans les paroles de ses aînés proférées dans les Maisons du Peuple, les VANDERVELDE, ANSEELE, CAMILLE HUYSMANS, Dr TERWAGNE etc.
Il a appris de ces orateurs que la propriété est un vol, que l'ouvrier est insatisfait dans tous ses besoins, et qu'il lui reste un seul moyen pour mettre fin à cela : le renversement révolutionnaire de l'ordre existant .
Que les guerres sont seulement les conséquences des rivalités entre les capitalistes des différents pays, dans lesquelles les prolétaires n'ont rien à voir ; qu'un socialiste doit donc toujours combattre de toutes ses forces le militarisme et le massacre des peuples.
Tels sont les principes qui lui ont été inculqués.
MAI 1944 lettre de JVE à sa soeur depuis le camp nazi
Sachant cela, Messieurs, ne vous étonnez vous pas de trouver ici sur les bancs de la Cour d'Assises ce jeune homme, qui pendant la guerre était encore un enfant ?
JEF VAN EXTERGEM, un gamin exceptionnellement doué, a cru les leaders socialistes ....
vous savez comment il s'est jeté dans la lutte et quels effets cela a eu sur lui quand il a appris que ses maîtres s'asseyiaient à la table du Roi, s'installaient dans les hôtels ministériels, acceptaient la fonction de chef des renseignements etc. etc.
Et si à un certain moment , il est entré en contact avec BORMS, qui lui a appris que les Flamands étaient opprimés et rejetés, et si il lui a apporté sa collaboration, ce n'est pas pour « l' activisme », mais pour mettre fin à l'injustice infligée aux Flamands par le gouvernement belge.
L'avocat de la défense demande en conclusion de sa plaidoirie que JVE retrouve la liberté, 9 mois de détention préventive étant déjà une « beaucoup trop lourde peine pour ce jeune idéaliste. »

Après délibération, le jury répond affirmativement aux principales questions posées.
La Cour condamne alors JEF VAN EXTERGEM à 20 ans de détention, à la privation à vie de ses droits civils et aux frais du procès.

 1939 JVE  ,près de 20 ans après son procès, actif contre les nationalistes fascistes du VNV



voir en néerlandais  le rapport stenographique du procès publié par VLAAMS MARXISTISCH TIJDSCHRIFT n°1 1976

voir aussi  sur cette période, la vie de P DE GROOT, camarade hollandais  de JVE. Expulsé de BELGIQUE en 1923, il sera dirigeant du PC des PAYS BAS

voir aussi  Het socialistisch aktivism tijdens de Eerste wereldoorlog  Mieke SERTYN
 BTNG-RBHC, 07, 1976, 1-2, pp 169-196.pdf

jeudi 4 décembre 2014

1914 -1918 : UOMINI CONTRO : LES JGS – SJW DE GAND, LE « VREDESGROEP » , RICHARD MINNE ...ET LES AUTRES.



Je continue ici ma découverte des « HOMMES CONTRE » , de ceux qui d'une manière ou une autre ont protesté dans notre pays contre la guerre impérialiste de 1914-1918.

Sur le mouvement socialiste, LENINE écrivait :
« La lutte des deux tendances essentielles dans le mouvement ouvrier, le socialisme révolutionnaire et le socialisme opportuniste, remplit toute la période qui va de 1889 à 1914. Et aujourd'hui il existe de même dans tous les pays deux courants principaux en ce qui concerne l'attitude envers la guerre...
Prenons dix États européens : l'Allemagne, l'Angleterre, la Russie, l'Italie, la Hollande, la Suède, la Bulgarie, la Suisse, la Belgique, la France. Dans les huit premiers pays, la division en opportunistes et en radicaux correspond à la division en social  chauvins et en internationalistes.
...Seuls deux pays font exception : la France et la Belgique dans lesquelles cependant l'internationalisme existe aussi, mais très faible »

L'opportunisme et la faillite de la II° Internationale - Publié en janvier 1916 dans le Vorbote n°1.

LENINE -il faut insister - n'est pas une citation obligée, mais certainement le témoin -direct ou via son parti - qui a laissé le plus d'analyses et de commentaires sur toute cette période au sein du mouvement socialiste international

CHARLES MASSART confirmera
« ... nous pouvons dire qu'en Belgique, sauf une minorité infime, les socialistes furent tous victimes de la psychose de guerre. »
Parlant du POB, il précise :  « Le conseil général était dans son UNANIMITE chauvin et nationaliste , ce qui ne doit nullement nous étonner, le nationalisme étant une des conséquences inévitables du réformisme. »....
« En fait jusqu'à la fin de la guerre, VANDERVELDE et DE BROUCKERE luttèrent pour le jusqu'au boutisme le plus effréné et, à tous les moments de la guerre , combattirent toute tentative de rapprochement avec « les socialistes «ennemis »
Evoquant la conférence de STOCKHOLM de septembre 1917  : 
« Enfin STOCKHOLM,vint et ce fut le point de de discrimination entre « jusqu'au boutistes » et « pacifistes » , entre «  majoritaires » et « minoritaires » ; il écrira en note « si je ne parle pas des réunions de KIENTHAL et de ZIMMERWALD, c'est qu 'elles furent relativement peu connues en BELGIQUE, et que les minoritaires tout au moins n'eurent pas l'occasion de prendre position. »

Ch. MASSART -  La Belgique socialiste et communiste – 1922 - Librairie de l'Humanité pp 120-128
CHARLES MASSART, camarade de JACQUEMOTTE était pendant la guerre enseignant à la CENTRALE D'EDUCATION OUVRIERE et, membre des « Amis de l'Exploité », il fut un des fondateurs du PCB.

Voilà donc le mouvement socialiste belge qui a ,lui aussi, enfin ses « minoritaires » !


LES « JEUNES GARDES »

Mais aujourd'hui, je découvre que les premiers et les plus importants groupes internationalistes « minoritaires »sont nés en FLANDRE ( GAND et ANVERS) et qu'ils se sont développés à partir de la JGS– SJW (JEUNES GARDES SOCIALISTES – SOCIALISTISCHE JONGE WACHTEN ).


J'ai le souvenir des JGS de mon époque, le début des années 60, qui défilaient le 1er mai et aussi dans les marches anti atomiques. Uniforme bleu, cravates rouges, ils brandissaient le fusil brisé, et scandaient « L'ARMEE AU MUSEE » ou « CUBA SOCIALISTE » et surtout le fameux « QUITTONS L'OTAN » ponctué des 3 lettres « J.G.S ».
Sous la direction de la 4 ème Internationale trotskyste,  dans la ligne du journal « LA GAUCHE », ils apparaissaient comme plus anti impérialistes que nous, jeunesse et étudiants communistes à qui la direction du PC interdisait ce mot d'ordre , sans doute trop radical dans le cadre de la coexistence pacifique  américano-soviétique!
J'ai encore en mémoire le visage d'un MATHIEU D. , à la fois camarade et « adversaire » militant des plus convaincus et chaleureux.
On se retrouvait dans pas mal d'actions anti fascistes et anti où impérialistes,  malgré les opinions différentes sur tant de sujets.
Ils furent, d'ailleurs, comme les JGS internationalistes de GAND, 50 ans plus tôt, exclus du PSB en 1964.

Etonné et curieux , interpellé par HERWIG LEROUGE dans son article d E.M: « Le Groupe de la paix, de Gand, dont le poète Richard Minne était membre, exigea en 1918 la fin de la guerre et la solidarité avec la Révolution d’octobre. » 
je plonge sur « la toile » et découvre des dizaines de références en néerlandais !
Je mobilise ma connaissance de la langue et mon dictionnaire, et ...demande l'indulgence de mes camarades néerlandophones...
Je découvre un monde dont j' ignorais tout où se bousculent les noms OSCAR VAN SOMPEL, ouvrier du textile, le poète RICHARD MINNE, le peintre et sculpteur JOZEF CANTRE, le syndicaliste KAREL HUTSE, les ouvriers GASTON et ALFONS MATTHYS. etc. etc.
Ce sont ceux de GAND, mais il y a ceux d' ANVERS - qui mêlent combat flamand ,lutte pour la paix et la révolution – avec JEF VAN EXTERGEM, PAUL DE GROOT, etc., un groupe JGS à BRUXELLES , un groupe à HUY autour de JOSEPH THONET...
Il y a bien sûr aussi JOSEPH JACQUEMOTTE et ses camarades des « AMIS DE L'  L'EXPLOITE », la gauche syndicale bruxelloise du POB, mais leur histoire nous (m') est plus connue.

Je rêve qu' une exposition, une seule parmi les centaines, qui aux 4 coins du pays, commémorent la grande guerre, une exposition, célèbre un jour ces internationalistes du refus de la guerre , ceux qui , avec toutes leurs différences et leurs divergences , ont dit « NON,  GUERRE A LA GUERRE »
Fidèles en cela aux résolutions de l' INTERNATIONALE, au CONGRES DE BALE de 1912
Et cela aussi bien en FLANDRE qu'en WALLONIE, où je crois ne pas être le seul – 100 ans après (!) - à ignorer tout de cela.

Et si je poste ces quelques lignes, ce n'est pas pour m'ériger, moi en historien d'une période cruciale de mon pays, - je n'en ai ni les moyens, ni les compétences - mais pour , modestement, éveiller : avec l'espoir que des historiens progressistes s'emparent toujours plus de ce sujet et continuent à dire la vérité , non pas une vérité académique, pour les colloques et les revues, mais pour tous les militants, ouvriers, intellectuels, enfants des écoles et étudiants qui avalent jour après jour les vérités « officielles »  sur la grande guerre.

1916 DE ZIMMERWALD - KIENTHAL A GAND

https://archive.org/stream/SecondeConfrenceSocialisteInternationaleDeZimmerwaldTenueKienthal/Kienthal#page/n9/mode/2up
1916, c'est le tournant de la guerre, non pas militaire, mais idéologique : le chauvinisme patriotique commence à reculer. Les massacres au front, la faim et la misère à l'arrière réveillent les consciences . Grèves et mouvements de soldats se multiplient dans la plupart des pays.
En avril 1916 s'était tenue la 2ème conférence internationale des socialistes à KIENTHAL
Son appel du 1er mai 1916 «  AUX PEUPLES QU'ON RUINE ET QU'ON TUE » est un texte, en pleine guerre, d'une force révolutionnaire toute particulière.
Aucun représentant socialiste de BELGIQUE n'était présent ni à ZIMMERWALD, ni à KIENTHAL.
Le 1er mai 1916, c'est aussi la date de la manifestation contre la guerre à BERLIN, POTSDAMMER PLATZ, avec KARL LIEBKNECHT et ROSA LUXEMBOURG

Sur le POB, ZIMMERWALD, KIENTHAL , STOCKHOLM, voir
HERWIG LEROUGE  :ETUDES MARXISTES - 106 -2014: Le mouvement socialiste et la première guerre mondiale



Les JGS de GAND s'étaient reconstitués en janvier 1916 , et avaient été informés du mouvement ZIMMERWALD- KIENTHAL par un camarade hollandais, qui assurait la rubrique  « UIT HOLLAND » dans le journal JGS, et aussi par un militaire allemand.
Dés mai 1916, ils émettent une critique sur la position de ANSEELE concernant la participation du POB au gouvernement du HAVRE  (EMILE VANDERVELDE, ministre d'Etat depuis août 1914, est officiellement ministre du gouvernement en janvier 1916), critique que VOORUIT, le journal du POB, paraissant à GAND sous la censure allemande et sous la direction d' EDWARD ANSEELE, ne publie pas.
COMPTE RENDU DU MIDDENCOMITEIT 5/10/1916
ftp://digital.amsab.be/archives/BE_AMSAB_032_BWP_BSP_Gent-Eeklo/verslagboeken_middencomiteit_gent/verslagboek_middencomiteit_gent_1916-1917.pdf 
Mais en septembre 1916, ce sont leurs conférences marxistes à la BRUGSEPOORT qui sont remises en causes : ils y présenteraient des auteurs marxistes allemands, et la censure allemande leur impose son autorisation préalable ; de son côté, le MIDDENCOMITEIT du POB fait part du refus de ANSEELE de leur contenu qui favoriserait des minoritaires hollandais anti parti.
Ce comité était responsable de la direction journalière de POB de GAND et donc très important. Il regroupait des représentants des organisations et associations affiliées au parti , dont les JGS.
Le 14 janvier 1917, est publiée la motion sur LA PAIX ( VREDESMOTIE)
Le capitalisme est désigné comme cause de la guerre. Les travailleurs portent les plus lourds sacrifices humains.Il faut au plus vite baisser les armes. :

« LES JEUNES GARDES SOCIALISTES DE GAND, en assemblée générale ce 14 janvier 1917, sous la présidence de JOZEF CANTRE, vote dans l'unité la motion suivante et exprime le souhait qu'elle soit rendue publique au plus vite :
A ses différents congrès, l' INTERNATIONALE SOCIALISTE s'est déclarée de manière répétée contre la guerre ; toutes les guerres ayant seulement comme inévitable conséquence, le développement de la production capitaliste.
La classe ouvrière doit non seulement endurer les sacrifices humains les plus lourds sur les champs de bataille ; mais aussi dans les pays neutres, elle subit le plus dur, de par la crise économique, qui l 'accable aussi bien physiquement que moralement.
C'est pourquoi, l' INTERNATIONALE avait décidé, que si une guerre se déclenchait, malgré l'opposition du prolétariat, de renouer les liens internationaux et faire tout ce qui est possible pour au plus vite mettre fin à la guerre.
Dans tous les pays ravagés, grandit, jour après jour, nombre de voix socialistes, qui appellent les gouvernements à conclure la paix et d'arrêter au plus vite la massacre.
L' organisation des jeunes de l' INTERNATIONALE , ayant approuvé sans réserve les décisions de
l' INTERNATIONALE, c'est pourquoi, en ce qui les concerne, la JEUNE GARDE SOCIALISTE de GAND , réunie en assemblée générale de ce 14 janvier 1917, ensemble avec le mouvement pour la paix dans tous les pays, exprime sa volonté que les armes se taisent au plus vite. »

Cette AG des JGS s'est tenue à « ONS HUIS » la Maison du Peuple de GAND et a été annoncée par VOORUIT le journal du POB paraissant légalement sous l'occupation allemande.
Mais si la réunion en tant que telle ne dérangeait pas ANSEELE , seul maître après Dieu de la fédération de GAND, c'est le contenu , qu'il ne pouvait apprécier.
Le 21 janvier , VOORUIT publie un avis de la Direction du Parti : « un journal [De NIEUWE GAZET van GENT] parait avec une motion en faveur de la paix, votée dans une assemblée générale (...) à « ONS HUIS » (...) par des JEUNES GARDES, affiliées au parti .
Nous devons déclarer n'avoir rien su de cette assemblée, et encore moins être au courant de l'ordre du jour soumis à la discussion de cette soi-disant assemblée générale des JGS. »

On le voit , pour ANSEELE, les JGS devaient être remis à leur place.
Pourtant , leur manifeste n'appelait pas à la transformation de la guerre en révolution prolétarienne.
Mais, le 24 janvier 1917, l'accès à une séance du « MIDDENCOMITEIT » leur fut refusé.
L'accès aux locaux socialistes leur fut irrévocablement interdit.
ANSEELE déclara les JGS dissous et donna mission de créer un nouveau groupe « loyal ».
COMPTE RENDU DU MIDDENCOMITEIT

Les JGS de GAND avaient aussi reçu en décembre 1916 l'autorisation de publier un mensuel « ROODE JEUGD ».
Mais le premier numéro ne parut qu'en août 1917, d'abord suite à des problèmes d'organisation, mais il n'est pas impossible que ANSEELE, en personne soit intervenu directement auprès de la censure allemande et du major HEITZ, pour l'interdiction de la publication et qu'il ait trouvé là une oreille complaisante.
Mais ce n'était encore là que le début : fin mai 1917 , les JGS ont diffusé un manifeste dans la population, sur la base de la « VREDESMOTIE », mais qui , pour la première fois, portait une condamnation des socialistes des pays de L'ENTENTE .
VOORUIT a précisé que « cela n'avait rien à voit avec le parti» , de même lors de la parution du 1er numéro de « ROODE JEUGD » le 12 août 1917.
De même lors de la création du « VREDESGROEP » en janvier 1918.

ROODE JEUGD rendra compte de cette rupture radicale avec la direction gantoise du POB.
« Les JGS comptent 350 membres, malgré le bannissement infligé par une petite clique qui se proclame direction du Parti, qui traite tout dans le secret, qui n'ose pas une seule fois convoquer une réunion du parti pour parler de la paix , et qui trouve plus courageux de jeter la confusion dans les esprits au moyen de rumeurs mensongères au sujet de notre motion et de nos manifestes diffusés ici et à même l'étranger
(...)
Toutes les tentatives de contact, toutes les tentatives de courrier de la part des JGS seront sans réponse.
«  Pas de réponse. Ainsi, nous savions que ... « que clairement et au moins de manière non déguisée, LE CITOYEN ANSEELE NE VEUT PAS PARLER DE LA PAIX,  »

La direction socialiste essaiera de compromettre le groupe minoritaire, en les accusant d' orientation activiste. Cela dura jusqu'à décembre 1917 pour que ce soit clair parmi les jeunes, mais après, ils rejetèrent l'accusation : « ROODE JEUGD restera pure et rouge... » Pour eux le RAAD VAN VLAANDEREN est composé d'intellectuels flamands sans mandat, qui certes peuvent promettre de défendre les revendications prolétariennes, mais qui jamais ne les réaliseront. L''émancipation des travailleurs ne peut être que leur propre oeuvre.
Ces insinuations ont la vie dure ; à notre époque encore- ici en 2006- on trouve des petites phrases :
-la « Volks drukkerij » (imprimerie de VOORUIT) refusa d'imprimer ROODE JEUGD. On ne sait pas qui le fit. »
-« Les vendeurs du journal étaient accueillis avec hostilité par la population, qui trouvait louche que ces jeunes ne soient pas poursuivis par les Allemands »
-« Ce manifeste (ONS STANDPUNT) fut imprimé par SV MERCURIUS. Via PRIMO (FRANS PRIMO, activiste socialiste), les Allemands  payèrent la facture»
voir « Het activistisch avontuur »- Daniel VANACKER – Academia Press 2006 (pp 246-248)
 Toujours la même allégation qu'il y a 100 ans , aux 4 coins de l' EUROPE : les révolutionnaires internationalistes des pays de l'ENTENTE  sont accusés de trahison de la patrie!!
 LENINE fut traité d' "agent allemand", et LIEBKNECHT fut accusé d'être un "vulgaire traître à la solde de  l'ENTENTE" !

Je me permets d'insister sur les dates : le noyau internationaliste , « zimmerwaldien » de GAND s'est développé dans la foulée des conférences de ZIMMERWALD et KIENTHAL ; son acte de rupture politique – la motion sur la paix – est posé avant avant que n'éclate la révolution russe (mars 1917) et avant le projet de conférence de STOCKHOLM , initié par KAMIEL HUYSMANS.


1918 DE VREDESGROEP : PAIX IMMEDIATE, SOUTIEN A LA REVOLUTION D' OCTOBRE .
En janvier 1918 deux ans déjà après la reconstitution de la section gantoise des JGS, se crée le VREDESGROEP DER SOCIALISTISHE PARTIJ, qui élargit le mouvement aux camarades socialistes plus anciens qui s'étaient joints aux jeunes.
ROODE JEUGD explique :
« La direction du Parti boycotte toute expression pour la paix des membres du parti et refuse opiniâtrement, avec un zèle qui mériterait une meilleure cause de donner la parole aux camarades du parti, pour pouvoir ensuite dire que personne ne souhaite la paix.
Cette situation ne peut durer : la direction du parti fait un mauvais usage de son pouvoir du moment.
Le parti socialiste est un parti démocratique ; c'est à dire que tous les membres du parti, de toute orientation ont aussi le droit de donner leur opinion dans le parti.
....
Etant donné que beaucoup de membres du parti favorables à une paix immédiates se voient refuser de faire connaître leur opinion dans les organisations, les journaux et les locaux du parti, nombre de jeunes et d' anciens, parmi les plus expérimentés propagandistes, n'ont pas d'autre issue que de fonder un « VREDESGROEP DER SOC. PARTIJ »

Ecrit par K. HUTSE, R. MINNE et M . MACHTELYNK, ils publient un manifeste « ONS STANDPUNT »
Le groupe s'affirme radicalement en rupture avec la direction du parti ,  « devenue sourde, muette et aveugle» et qui « porte la responsabilité d' avoir abandonné le prolétariat en ces heures d'extrême besoin, ,où il s'agissait de transformer ses paroles en actes, où il s'agissait de la vie de dizaines de milliers de travailleurs. »
Le groupe se prononce pour une paix immédiate, :
....« ce que nous défendons, c'est la ligne socialiste de la paix.
Non pas AVEC, mais CONTRE le gouvernement belge.
A nos côtés nous avons les partis minoritaires dans tous les pays.
Le POB officiel, qui voit tout à travers les lunettes de l' ENTENTE, ne sait se situer que pour ou contre les intérêts de l' ENTENTE. Sa sagacité ne va pas plus loin.
Dans les partis minoritaires de l' ENTENTE, il ne voit que trahison ; dans la lute des « Indépendants » allemands contre l'impérialisme allemand, il ne voit que ralliement à l' ENTENTE !.....
Et, fait important, il proclame , sans réserves, « son soutien vigoureux aux courageux camarades bolcheviques, à leur niveau avancé dans le socialisme. A travers des difficultés jamais rencontrées, abandonnés et mêmes vilipendés par presque toute l'Internationale ouvrière, harcelés et pris à la gorge par tout le capitalisme international , ils ont transformé le régime sanguinaire de l'autocratie tsariste en une vraie république socialiste, communiste des travailleurs, avec l'égalité des hommes et des femmes, la liberté d'association, la journée des 8 heures, et la propriété collective des moyens de production, qui est le but final de notre combat socialiste. »

LE DOUBLE VISAGE DU PERE ANSEELE
STATUE DE ANSEELE PAR JOZEF CANTRE. .LE SCULPTEUR ETAIT  LUI MEME UN ANCIEN DES  JGS
Au moment de l'invasion allemande , GAND est classé par l'occupant dans l' ETAPPENGEBIED       ( arrière proche du front qui est sur l' YSER) qui est placée sous administration militaire.
EDWARD ANSEELE, la légendaire figure du POB , un des pères fondateurs , celui qui fut en 1894 le 1er député socialiste en BELGIQUE (élu à LIEGE) est resté à GAND où il est échevin, veillant à l approvisionnement surtout en alimentation et en charbon de la population et à ses conditions de vie, gérant les coopératives etc.
VOORUIT, le journal socialiste continua à paraître, dirigé par ANSEELE, sous la censure allemande.
Ses déplacements étant limités du fait du statut militaire de la région, il se distinguait ainsi ,des VANDERVELDE,  DESTREE,  DE MAN , qui furent, du HAVRE à MILAN et a MOSCOU, les porte voix de l' UNION SACREE et du jusqu'au boutisme.
Il était lui le gestionnaire pragmatique, l'homme du terrain.
Au moment où , sous la pression de la révolution russe, il fut question , à l'initiative de CAMILLE HUYSMANS, de la réunion internationale de STOCKHOLM, où se rencontreraient les socialistes de tous les pays ( ENTENTE, EMPIRES CENTRAUX et NEUTRES) pour discuter de la « paix », ANSEELE  se prononça POUR .
Il fut décidé au MIDDENCOMITEIT de GAND que la zone occupée de la BELGIQUE devait y être représentée par 6 délégués.
Mais le CONSEIL GENERAL du POB, plus jusqu' auboutiste que jamais, refusa toute discussion avec l'ennemi, fut il « socialiste » ; et ANSEELE, bien sûr, s'inclina .
Et même temps qu'il s'était ainsi forgé une image de « pacifiste », il pourchassait, nous l'avons vu d'une main de fer la gauche internationaliste anti guerre des JGS et du VREDESGROEP .
Et en novembre 1918, c'est EDWARD ANSEELE, qui sera l'homme de confiance à la réunion de LOPPEM avec le roi ALBERT I , qui instaurera un gouvernement d' UNION NATIONALE, proclamera le suffrage universel immédiat – toutes mesures prises pour contrecarrer toute menace révolutionnaire, et assurer la paix sociale. Il sera nommé ministre des Travaux Publics.
En 1919, Monsieur le ministre fera le ménage chez lui et fera exclure du POB les membres du VREDESGROEP . 


Sur l'ensemble de ce post sur le groupe de GAND voir:
« De Groote Oorlog bekeken door een pince-nez 

Edward Anseele, het socialisme en de bezetting van Gent » (pp 130-139)

WILLEM DEDOBBELEER   -Academiejaar 2006-2007 – Universiteit GENT
Eindverhandeling voorgelegd tot het behalen van de graad van Licentiaat in de Geschiedenis 
 

LEO MICHIELSEN: DE INTEGRATIE VAN DE BWP   
http://www.marxists.org/nederlands/michielsen/1976/geschied/18.htm


RICHARD MINNE
Parmi les responsables du VREDESGROEP, un poète RICHARD MINNE .
Né en 1891 dans une famille petite bourgeoise de GAND, sa passion pour la poésie,lui fut transmise par son professeur de néerlandais de l' Athénée de GAND ,RENE DE CLERCQ, lui même poète de langue flamande, qui l'encourageait déjà à faire des rimes...
Quelques professeurs de l'Athénée assuraient leurs leçons en néerlandais ; mais beaucoup de cours étaient donnés en français.
"C'était fifty-fifty " raconte MINNE  "Nous avions la moitié des cours en néerlandais. A côté de cela , il y avait évidemment la section unilingue francophone  où les fils de la grande bourgeoisie y recevaient leur savoir.Ils nous manifestaient le plus grand mépris; pour eux, nous n' éxistions pas."
L' ATHENEE DE GAND fut en fait , dans les années d'avant-guerre un creuset d' idées contestataires, socialistes et flamingantes, parfois en mélange.
Prise de conscience des discriminations sociales dés l'école, mais c'est surtout le développement du mouvement ouvrier à GAND, et les luttes sociales dans la MANCHESTER flamande qui renforcèrent les convictions de RICHARD MINNE.
A 20 ans il, rejoint la JEUNE GARDE SOCIALISTE ( SJW) ,groupe antimilitariste, marxiste,qui mena campagne notamment contre le système du tirage au sort pour désigner les conscrits.
La suite on la connaît : la guerre, le VREDESGROEP, l'exclusion du POB.
Cet internationaliste combattif aurait aussi été un certain temps  membre de la section gantoise des "Amis de l'Exploité" ( voir De vrijheid nog veroveren) qui sera une des composantes du futur Parti Communiste.
MINNE n' alla pas plus loin dans l'engagement révolutionnaire., et se plongea dans la poésie.
En 1931, il retrouva la route de VOORUIT où il tint une rubrique « In 20 lijnen ». , puis  dans KOEKOEK, le magazine satirique de VOORUIT : « Les lettres DE PIERKEN »
Dans ces lettres, un gamin du peuple KIEKJE, présente son regard sur la société flamande, et attire surtout l'attention sur l'église catholique et la montée du fascisme.

Son professeur de l'Athénée, RENE DE CLERCQ, qui avait choisi l' activisme se rangea derrière le RAAD  VAN VLAANDEREN et se réfugia aux Pays-Bas en 1918.
Il fut condamné à mort par contumace , par la Cour d'Assises du Brabant  le 17 avril 1920...
Son camarade VAN SOMPEL fonda le PARTI COMMUNISTE et fut un des accusés du procès du "grand complot" en 1923, contre la direction du tout jeune PC. Ils seront acquittés.
Quant à Jozef CANTRE , sculpteur renommé, c'est lui qui conçut la statue à GAND de son ancien adversaire EDWARD ANSEELE...  

sur RICHARD MINNE 


VRIJHEID (R. MINNE)
Wanneer uit bange - wreede nachten,
eens lichten zal de zonne - lach;
wanneer uit bittre menschenklachten,
eens dagen zal de vrijheidsdag,

en geestdrift in de morgen - luchten
van vrijheid zwanger – hangen zal,
bij 't luid gegalm der strijdgeruchten,
uit schaamle hut, en krot en stal...

Dan zal, o licht, o vrijheid - zegen;
Dan zal uw naam niet meer een schijn,
maar vrijheid uit den nood gestegen,
dan zal de vrijheid, vrijheid zijn!

Je me suis permis (!) ici une traduction des plus libres libre de mon crû ( n'ayant pas trouvé de traduction autorisée) Elle ne demande bien sûr qu'à être corrigée.  Je ne sais pas trop si je suis resté fidèle à la fois, à ce que le poète a voulu exprimer et à la langue néerlandaise( M T)

Quand de la cruelle et terrible nuit
 Jaillira l'éclaircie,
Quand des amères complaintes des hommes
Se lèvera  un jour libre

Et quand la ferveur, porteuse de liberté,
Se mêlera  , dans la brise du matin,
Aux puissants cris de lutte montant
Des baraques , des taudis , des étables...

Alors,sois bénie, ô lumière, ô liberté.
Ton nom ne sera plus illusion.
Mais ,liberté issue de la misère,
Tu seras alors LA LIBERTE