mercredi 9 décembre 2015

MINISTRES DE LA DEFENSE , PUIS MARCHANDS DE TOURELLES DE CHAR AUX SAOUD !!! ET SI ON ESSAYAIT LA PAIX ?



Je reviens sur cet épisode hallucinant de la réunion du CONSEIL REGIONAL de LORRAINE
du 2/10/2015 .Le conseil régional de LORRAINE en FRANCE a accordé un budget de 600 millions d'€ pour l'installation de bâtiments devant servir dans les années qui viennent - 7 ans ?- à la formation de militaires d' ARABIE SAOUDITE; formation au maniement de tourelles de char..Ce centre doit être installé à COMMERCY dans la MEUSE (55)Le vote a été le fait du seul groupe socialiste , les écolos EELV bien que dans la majorité, votant contre , le groupe communiste s'abstenant. (!!). Le fn a voté contre et le groupe UMP s'est abstenu.
Quand un parti, le PS bafoue aussi ouvertement les valeurs qu'il prétend défendre, la paix et la fraternité, qu'on ne s'étonne pas par la suite que la porte soit grande ouverte à l'extrême droite.
C'est d'ailleurs le FN qui a diffusé largement l'information...

L'extrême droite, depuis MUSSOLINI -1922, a toujours prospéré sur les échecs ou les abandons de la gauche...
 http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/12/08/formation-de-militaires-saoudiens-600-000-euros-d-aide-de-la-lorraine-qui-derangent

CMI = COCKERILL MAINTENANCE INGENIERIE ou
CMI = COMPLEXE MILITARO INDUSRIEL

CAMPUS COCKERILL  à COMMERCY
L'entreprise en question, qui va recevoir les 600 millions €de le région lorraine pour assurer la formation de militaires saoudiens, c'est CMI Defence qui est spécialisée en tourelles de chars etc. Son siège est en région liégeoise à Loncin.
Ici, il s'agit de la filiale française, située dans le 57 (Moselle) :


« Le Groupe CMI et la Codecom du Pays de Commercy ont signé ce vendredi 27 février les actes notariés relatifs au transfert de propriété d’une partie du « Quartier Oudinot », la base militaire de Commercy occupée jusqu’en 2013 par le 8e Régiment d’Artillerie de l’Armée française. Le Groupe CMI en est désormais officiellement propriétaire. Son projet est de convertir les lieux en un centre de formation international : le Campus Cockerill.
...Le Campus Cockerill devrait accueillir ses premiers formateurs en 2016 et ses premiers stagiaires en 2017. Parmi ces derniers figureront les utilisateurs des systèmes CMI Defence, dans le cadre d’un contrat de longue durée obtenu par le Groupe CMI en 2014.
 Sur le "Campus Cockerill", voir:

"Dans trois ans, les premiers utilisateurs devraient être un constructeur canadien de véhicules militaires, auquel CMI  fournit des tourelles de chars, et son principal client un pays du Moyen-Orient dans le cadre d’un marché remporté par le groupe belge cette année. » 
Qu'en termes élégants, ces choses là sont dites ;
En fait le marché remporté par le groupe belge consiste à livrer des tourelles de char conçues et équipées par CMI à un voiturier canadien – un producteur de matériel militaire canadien filiale de GENERAL DYNAMICS , un des plus grands fabricants d'armes au monde.
Basil  Bazaroff marchand d'armes - L'Oreille cassée Hregé
Cette entreprise produira les véhicules équipés des tourelles COCKERILL , et les vendra à l' ARABIE SAOUDITE.                                       
 C'est un marché de 10 à 13 milliards de $ pour l'entreprise canadienne et de 4,5 milliards pour
CMI.
La composition du Conseil d'Administration de CMI ne cessera pas de nous étonner : on y retrouve 2 anciens ministres de la défense : GERARD LONGUET, ancien ministre de Nicolas Sarkozy jusqu'en 2012 , et l'ancien ministre belge Jean Pol Poncelet, ministre de la Défense Nationale PSC dans le gouvernement DEHAENE.
On le voit CMI DEFENCE a su se procurer les bons carnets d'adresse et les bonnes relations , obtenues pourtant dans le cadre de fonctions publiques au service de l'état et de l'intérêt général.
N' y voyez pas malice ; ni problème éthique, ami lecteur..
Simplement une question d'efficacité : c'est tellement plus facile de vendre des armes avec une casquette , parfois toute fraîche d'ancien Ministre de la Défense !!!

Le Conseil d'Administration (au 31 décembre 2014)

Bernard Serin Président Administrateur Délégué (Exécutif)
Auris Finance SA Représentée par Pierre Meyers, Vice-Président
Libert Froidmont Administrateur indépendant
Albert Henon Administrateur indépendant
Gérard Longuet Administrateur indépendant
Poncelet MC2 Représentée par Jean-Pol Poncelet, Administrateur indépendant
S2M Productions SPRL Représentée par Maurice Semer, Administrateur indépendant
Nicolas Serin Administrateur
Louis Smal Consulting SPRL Représentée par Louis Smal, Administrateur indépendant
 
GERARD LONGUET :2011-2012 :Ministre de la Défense et des Anciens combattants
21e ministre de la Défense de la Ve République

On comprend mieux le choix de COMMERCY ( département de la Meuse - 55) pour le Campus Cockerill, quand on connaît l'itinéraire politique de G. LONGUET, qui est sénateur de la Meuse , et qui depuis 1978 a été LA personnalité politique de la droite française pour ce département et la Région Lorraine : député, président de conseil général, président de région, sénateur , ministre à plusieurs reprises.
Rappelons en passant son passé d'extrême droite, qu'il assume toujours d'ailleurs. « J'assume avoir été d'extrême droite. On s'est simplement trompé sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer » (Le Monde, 13 février 2005.)
« Simplement trompé... »
Fondateur du groupe fasciste OCCIDENT en 1964, il fera le coup de poing dans les universités contre la gauche- il sera d'ailleurs condamné en 1967.
Après 68, il fondera « ORDRE NOUVEAU » dont il sera un dirigeant. Il participera à la rédaction du programme économique du Front National créé par LE PEN en 1972.
En 1973, sorti de l'ENA, il entame son irrésistible ascension au sein de la droite française dans les allées du pouvoir , qui le mènera aux sommets.

JEAN –POL  PONCELET
Ministre de la Défense
1995-1999
Ministre de l'Énergie
1998-1999
Aujourd'hui , depuis 2011 , il est président de FORATOM, qui est l'association européenne qui regroupe les producteurs d'énergie nucléaire. Il a été de 2006 à 2011 un dirigeant de haut niveau d' AREVA.
Il illustre la porosité , la proximité, qui existe en Belgique, et dans toute l'Union Européenne entre les plus hautes fonctions publiques, (serviteurs de l'état et  de l'intérêt général), et le secteur des grandes sociétés multinationales privées, ( serviteurs d'intérêts particuliers fondés sur le profit).
Non , non ! N' y voyons surtout pas de conflit d'intérêt...



UNE POLITIQUE DE GUERRE  :

"Pourquoi vous opposer à des livraisons d'armes à l' ARABIE SAOUDITE  ?
Ca crée des emplois, à Liège et dans la Meuse , régions qui en ont tellement besoin..."
Sauf que c'est favoriser une politique de guerre dans une région qui est une poudrière.
Armer l'Arabie Saoudite, c'est vouloir  éteindre un incendie en l'arrosant de pétrole ( c'est le cas de le dire...)
L'ARABIE SAOUDITE n'est pas un pays pacifique qui ne pense qu'à se défendre...
Elle est au Moyen Orient , une puissance régionale surarmée- en disproportion avec sa population et avec le niveau de son économie .
En 2010, elle était n°1 mondial du budget militaire en % du PIB (11,2%) - USA 4,7 ; Russie 4,3 ; Chine 2,2, Israël 6,4%
Son histoire est d'ailleurs fondée sur la guerre et l'écrasement de tout qui s'oppose à son hégémonie. voir ROUGEs FLAMMEs 1914-1918 : "COMMENT LES SAOUD  GAGNERENT LA GUERRE"
Et les dernières années ont montré que cette sur- militarisation débridée du pays , cet arsenal de guerre démesuré devait servir à établir son rôle de gendarme régional, portant la guerre ici et là pour assurer son hégémonie , et remodeler un Grand Moyen Orient d'où aurait disparu toute trace de panarabisme , toute velléité d'indépendance nationale et d' universalisme de la pensée ( chrétiens, juifs, chiites, sunnites, athées, tous unis dans la nation arabe)
On présente cela comme une guerre religieuse, mais tout comme les conquistadors du Mexique, ou les missionnaires du Congo, la religion - ici le wahhabisme-  sert  de nécessaire ciment idéologique pour enrober  des buts purement politiques et économiques .On a toujours fait la guerre au nom de Dieu!
Mais le Grand Moyen Orient , réserve de pétrole du monde , doit être américano - israëlo - saoudien .Point

2011 : INVASION DU BAHREIN
«C'est un tournant dans la crise», avertit un expert militaire occidental dans le Golfe. Pour la première fois, en effet, depuis la création du CCG, (Conseil de Coopération du Golfe) en 1981, des troupes issues d'un de ses pays pénètrent dans un autre pays membre de l'organisation. Qui plus est pour mater sa propre population. L'opposition bahreïnienne a immédiatement dénoncé «un complot». «Nous considérons l'entrée de tout soldat, de tout véhicule militaire dans les espaces aérien, terrestre ou maritime comme une occupation flagrante», a souligné un communiqué de plusieurs formations d'opposition, dont le Wifaq, le principal parti chiite. - Le Figaro 14/03/2011

2011-2015 : LA GUERRE EN SYRIE :
« En trois ans de crise et de guerre en Syrie, la stratégie saoudienne est passée du « soft power » et de la wahhabisation rampante à la guerre directe.
Les Saoud ont commencé par saboter toute perspective de réforme, de démocratisation et de réconciliation en Syrie. Ils ont ensuite poussé les Syriens à s’entre-tuer en dressant face aux forces loyalistes des groupes armés créés de toutes pièces à leur image. Voyant leur projet de renversement de régime échouer, ils ont décidé de tenter le tout pour le tout, quitte à réduire la Syrie en poussière avec l’aide d’Al Qaïda. »
« La guerre du royaume d’Arabie saoudite contre la Syrie »
Par Bahar Kimyongür

2015 :GUERRE CONTRE LE YEMEN
« Des milliers de soldats sont arrivés en renfort au Yémen en provenance notamment du Qatar et d' Arabie Saoudite, pour combattre les rebelles chiites houthistes qui contrôlent une partie du pays, rapportent plusieurs médias internationaux, lundi 7 septembre.
Alors que ce mouvement de troupes a été rapporté par plusieurs médias, le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat affirme en outre que l’Arabie saoudite a déployé dimanche à Marib d’importantes forces de ses unités d’élite. Une information rapportée aussi par l’agence officielle des Emirats arabes unis, Wam. Des sources militaires yéménites à Marib ont cité le chiffre de 1 000 soldats saoudiens arrivés dans la province avec des blindés et des chars de combat. » Le Monde 07/09/2015

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/09/07/l-arabie-saoudite-et-le-qatar-deploient-des-troupes-au-yemen_4748062_3218.html#WbiB2DOloPtbQjEm.99

LES DRONES WALLONS, 7 MILLIONS D'ARGENT PUBLIC AUSSI POUR LA GUERRE DES  SAOUD ?

Voilà donc le nom de COCKERILL, qui a été en quelque sorte, le deuxième nom de générations entières de travailleurs, ouvriers, techniciens, employés, ingénieurs, sous traitants , commerçants, etc., voilà ce nom qui leur appartient , associé à une entreprise de guerre et de conquête au Moyen Orient .
Nos gouvernements -, fédéral et wallon-  en accordant les licences , en octroyant des aides, s'inscrivent en connaissance de cause dans cette politique , qui nous mène au désastre, au Moyen Orient , chez nous et dans le monde entier. Les risques de conflit généralisé sont réels.
Mais ce n'est pas fini.
Il y a dans les projets du Plan Marshall de la Région Wallonne parmi les 7 pôles de compétitivité un projet XUAS associé aux tourelles de char.

« XUAS » porté par CMI Defence : il vise à développer un système de drone, porteur aérien doté de capteurs/senseurs déportés qui permettront de fournir un ensemble de services et d’informations complémentaires par rapport à ce qu’offrent les moyens traditionnels actuellement utilisés dans les tourelles. Le budget est de 7.011.636 euros. · http://www.wallonie.be/fr/actualites/poles-de-competitivite-du-plan-marshall-7-projets-dampleur-selectionnes-dans-le-cadre-du

Serait il étonnant, s'il n'est pas mis un arrêt à la politique de guerre actuelle de nos gouvernements ,de voir dans quelques mois  les drones COCKERILL accompagner les chars COCKERlLL quelque part entre le Tigre et l'Euphrate  pour semer la mort et la destruction.


« SI ON ESSAYAIT LA PAIX ? »

En devenant leader mondial des tourelles de char,  CMI a  montré que, bien plus que le carnet d'adresses de MM LONGUET et PONCELET, c'est le savoir faire , l' excellence de ses travailleurs ,ingénieurs, techniciens, ouvriers spécialisés qui est à l'honneur.
Ne serait il pas temps de changer de cap , et de renforcer tous nos efforts , tous nos investissements , tout notre savoir faire vers des projets de paix, de mieux être pour l'homme, de transition énergétique , de sauvetage de la planète , et de se retirer des projets de guerre et de destruction.

mercredi 2 décembre 2015

1914-1918 - JUILLET 1916 : LA REVOLTE DU BEURRE EN PROVINCE DE DE LIEGE ." LE BEURRE A 3 FRANCS/Kg ! "




Je reviens , dans ce blog, sur LA RESISTANCE SOCIALE dans notre pays pendant la guerre 1914-1918.
Sur la résistance des travailleurs contre l'insupportable vie chère , la faim et la misère.

En fait , j'ai le sentiment que cette  résistance a été permanente, et souvent radicale ; on l'a vu lors de la grève du pain dans la région liégeoise en mai 1915 .Mais qu'on n' en a pas écrit l'histoire...- (en Wallonie du moins)
voir http://rouges-flammes.blogspot.be/2015/11/1914-1918-mai-1915-la-greve-du-pain-des.html

Il suffit de fouiller un tout petit peu dans les journaux qu'ils aient paru en exil  à Londres, Amsterdam ou en pays occupé sous la censure allemande, et on trouve en permanence ,en page intérieure, parmi les faits divers, de petits billets de correspondants locaux qui ne parlent que d'alimentation, de disette et de prix, de troubles sur les marchés.(voir  par exemple sur le site http://het archief.be)
C'est ainsi qu'on apprend que en juin1916, ça bouillonne aussi bien à Gand qu' à Liège ou à Anvers.



LE PRIX DES PRODUITS LAITIERS
La cause  , dans la région de Liège, c'est le prix des produits de grande valeur nutritive , le beurre, le lait, les oeufs– absolument nécessaires à l'alimentation des enfants et bien sûr aussi des ouvriers mineurs astreints à un travail lourd.
BRUXELLES 1914 : LA QUEUE  POUR LE BEURRE
En particulier, la matière grasse comme le beurre , le lard, la viande de porc qui avait dans les années avant guerre gagné une place de choix dans l'alimentation des ouvriers, preuve aussi d'un certain mieux être social.
Avec le déclenchement de la guerre, les quantités disponibles se sont effondrées,et les prix se sont emballés ; la consommation de lait a chuté de 40% ( entre août 14 et le printemps 1915).
Le beurre est devenu dés lors un produit de luxe rare, mais un produit de première nécessité.
La consommation des oeufs à chuté de 50%, due à la rareté  et au prix; les importations ont été stoppées par la guerre.

Voici, à propos du prix des denrées, un tableau comparatif des prix des 1914 et de 1916 :
  1.       1 kilo de viande ………………… fr   3.00       fr   9.00
  2.       1 kilo de lard …………………… fr   2.00       fr  16.00
  3.       1 kilo de graisse ………………... fr   1,60       fr  12.00
  4.       1 kilo de beurre ………………....  fr   3.00       fr  8,50
  5.      10 litres de pétrole ……………....   fr  1,50       fr  75.00
  6.       1 kilo de café …………………...   fr   2,40      fr  16.00
  7.      10 œufs ………………………….   fr   1,50      fr  5,50
  8.      10 kilos de farine ……………......   fr   2,80      fr  32.00
  9.      10 kilos de pommes de terre .........   fr  1.00       fr  8,50
  10.       1 kilo de sucre ………………......   fr  0,60       fr  6.00
  11.       1  kilo de riz ……………………..  fr  0,40       fr  12.00

En ce qui concerne le beurre, on signale qu'on le vend dans certaines crèmeries jusqu'à 7,75f/kg, et au marché d' Aubel à 6,5f/kg.
Malgré tous les règlements édictés par l'autorité occupante, le beurre faisait défaut et fera défaut toute la guerre, sur les marchés, et quand il y en avait , il était vendu parcimonieusement (60 ou 100g/personne) et le plus souvent, sur la vitrine, était affiché : « PAS DE BEURRE »
Bien sûr, on pouvait en trouver, mais à des prix exorbitants , 16 f/kg au début 1917 et jusqu'à 40f/kg en 1918 !!

« NOUS VOULONS LE BEURRE A 3 FRANCS.. »

A Liège, c'est dans la banlieue Est cette fois , du côté de JUPILLE, BELLAIRE, QUEUE DU BOIS
et RETINNE que les mineurs toujours à la pointe du combat social et les femmes de mineurs entreprennent les premières actions : les 26 et 27 juin 1916, « indignés de se voir refuser du lait dans les fermes , ils se postèrent sur les routes et renversèrent sur la route le contenu des cruches , » de même que des cargaisons entières d'oeufs.
Certains charbonnages , d'autre part étaient en grève ( grève démarrée à Batterie sur un problème de licenciement, et qui s'était étendue, en solidarité 
à d'autres puits)
Le 2 juillet , c'est à BEYNE HEUSAY : dés 3h du matin, des groupes d'hommes et de femmes se mobilisent par le porte à porte .Ils arrêtent un transport de lait, et le renversent sur la chaussée.
Dans la matinée, c'est au centre de LIEGE , au MARCHE DE LA BATTE que ça bouge.
Une centaine de personnes sont descendues d'abord Place Cockerill exigeant le pain à 0,55f/kg. Refus des marchands, les pains et les étalages furent jetés à La Meuse!  De même sur la Batte.
La police intervient et arrête une quinzaine de manifestants.
Un groupe de femmes marcha alors vers les commissariats rue Soeur des Hasques, et rue Hullos qui furent caillassés à coups de pierres.Une patrouille allemande arrive et disperse la foule.
A SAINT NICOLAS, des groupes de manifestants pénètrent dans les magasins , et imposent le prix de 3f/ kg de beurre.

ACTIONS POUR LE PRIX DU BEURRE(juin-juil1916-provLIEGE)
Les jours suivants, les mouvements se développent dans le PAYS DE HERVE – toujours avec les mineurs et les femmes, à AUBEL et BATTICE où des échoppes sont renversées.
A HERVE , une centaine de mineurs se rassemblent.
Le bourgmestre de Herve Mr Cayot, avait lancé un appel aux paysans pour s'en tenir au prix maximum  : tous les agriculteurs sont appelés à signer une déclaration respectant le prix demandé : 3f/kg de beurre.
Des délégués ouvriers sont présents.
De même à Vaux sous Chèvremont, Grâce Berleur , Huy plus tard, les fermiers signent une déclaration sous l'autorité du bourgmestre, se conformant aux desiderata de la population : vendre le beurre à 3f et le lait à 0,18-0,20 ct/litre .

A NAMUR même, « les 3 journées de marché furent troublées ; une bande assez nombreuse attendait les marchands à la descente du tram, obligeant la vente du beurre et des oeufs à leur prix ». La police fut huée, arrestation du meneur . Le bourgmestre interdit toute manifestation, et le conseil communal vota une réglementation des prix.
On le voit, la colère ouvrière, des plus justifiées, dirigée au départ contre les marchands et les agriculteurs , conduisit à des négociations structurées et victorieuses dans un rapport de force basé sur la mobilisation et l'action radicale.
Les travailleurs imposaient le respect de prix qui leur permette au moins de survivre.
Les agriculteurs l'acceptaient. Les autorités communales patronnaient les accords.


« FEMMES EN FUREUR, BANDE DE CITADINS », OU TRAVAILLEURS EN LUTTE ?
LOUIS BERTRAND , député socialiste de Bruxelles relatera comme suit cet épisode dans son « Occupation allemande en Belgique »


« Il faut dire que « des émeutes s'étaient produites dans un grand nombre de villes du pays, les jours de marché.
Des femmes en fureur forcèrent les marchands à céder leur marchandise à un prix raisonnable et ceux qui refusaient voyaient renverser leur étalage, piétiner leur marchandise, et souvent ils reçurent des coups !
Au pays de Liège, des bandes d'ouvriers se rendirent dans les fermes à plusieurs lieues à la ronde, réclamer des fermiers la livraison de leur beurre à 3 otu 4f/kg.
Ces clients indésirables visitaient les coins et recoins de la ferme pour y découvrir le beurre et ils le prenaient de force en payant le prix indiqué.
On nous a cité que ces bandes de citadins, rencontrant sur leur route des gens porteurs de paquets de beurre demandaient à quel prix ils l'avaient payé ; Et si le prix était trop élevé, ils se rendaient chez le fermier, et lui faisaient rembourser la différence. »

« femmes en fureur, bandes de citadins, clients indésirables », ce n'est pas une manière très socialiste de raconter l'histoire  d'une juste colère populaire  pour un député du POB.
Mais il y a pire.

Régalons nous avec l'article suivant : « La Belgique «  du 8 juillet 1916
« Nos houilleurs »
"LA BELGIQUE" du 8 juillet 1916
Ils se sont mis en grève, mardi, nos houilleurs, histoire de se dégourdir les jambes.
Rester sur le dos ou sur le ventre entre deux pierres, depuis 6 heures du matin, jusqu'à 3 h de l'après midi n'est guère amusant.
Les promenades à la campagne, sous le soleil plutôt tiède de ces jours derniers offraient incomparablement plus de charme.
C'est pourquoi, profitant de l'émotion causée par la vie chère, ils ont décidé de faire une randonnée dans nos campagnes afin de rendre une petite visite aux fermiers pour leur demander s'ils n'avaient pas du beurre à vendre à 3f/kg , et des oeufs à 2,6 f le quarteron....
Naturellement, les femmes étaient de la partie : dans les choses importantes, un houilleur ne part jamais sans femme ;[...]
Nos braves fermiers signèrent de la meilleure grâce du monde l'engagement de vendre désormais leur beurre, leur lait, et leurs oeufs aux prix fixés par Messieurs les houilleurs »[...]

Quand le professeur PAUWELS (*)vous disait que c'était une guerre de classes ! Quel mépris pour les  "houilleurs"  suinte de chaque ligne de cet entrefilet perdu en page intérieure dans la rubrique « TOUT LIEGE " 
* voir Jacques PAUWELS: "La Grande Guerre des classes -EPO 1914


CREER UNE INTERCOMMUNALE ...

Manifestement inquiets de poussées ouvrières révolutionnaires , les partis de l'Union Sacrée ( catholiques, libéraux et socialistes ) s'associeront pour créer une nouvelle structure qui dépassera le seul CNSA , consacré aux chômeurs et indigents et ouvriront les " Magasins communaux de l'arrondissement de Liège ", La première priorité de la société est de s'occuper du ravitaillement en beurre, lait et œufs .  Ces denrées sont achetées aux producteurs de l'arrondissement en leur laissant un bénéfice équitable. La deuxième vise à procurer aux fermiers les produits nécessaires à l'alimentation du bétail. »
Le 30 octobre 1916, les Magasins communaux sont remplacés par la « Société intercommunale de Ravitaillement de la Province de Liège » (société coopérative, gérée par un conseil d'administration, composé de membres appartenant aux trois grandes familles politiques).
La révolte du beurre aura eu ce résultat : une victoire institutionnelle des travailleurs dont les revendications ont été prises en compte.
Reste à étudier (par les historiens du peuple) comment cette nouvelle institution du type « union nationale » aura pu sur le long terme ( 1917-1918)  juguler la vie chère.

VERVIERS 4 et 5 JUILLET : JUSTICE POPULAIRE CONTRE LES TRAFIQUANTS,
Un autre article "ROUGEs FLAMMEs" détaillera  particulièrement ce qui fut le sommet des actions contre les prix exorbitants du beurre et des produits laitiers : les manifestations des 4 et 5 juillet 1916 à Verviers.
ROUGEs FLAMMEs :"1914-1918 -VERVIERS, 4 et 5 JUILLET 1916 :  LA REVOLTE  POPULAIRE CONTRE LES AFFAMEURS ET LES  « PUDDINGS"
http://rouges-flammes.blogspot.be/2016/07/1914-1918-verviers4-5-juillet-1916-la.html
 
La flambée brutale des prix ne plaît pas à la population qui s'inspire des échauffourées survenues la veille  à Liège pour exprimer sa révolte.
La colère ouvrière se dirigeait aussi contre les trafiquants, gros producteurs et négociants, profiteurs de guerre qui traditionnellement dans cette région, vendaient aussi en Allemagne.
Dés le 3 au soir s'étaient formés à SOUMAGNE, FLERON et MICHEROUX, , tous villages de mineurs, un cortège qui se rendit de nuit vers VERVIERS..


C'EST DANS LA RUE QU'ON GAGNE
Quelle belle page d'histoire écrite par les travailleurs et les femmes de la région liégeoise, dans des ,ô combien, conditions difficiles, de 1916 : l'effacement des organisations syndicales, la dictature militaire et l' état de guerre.
Femmes, mineurs , simples citadins ont osé se dresser contre la vie chère, ont imposé leur prix , acté dans de nombreuses conventions avec les agriculteurs et les autorités communales, ont puni les fraudeurs et trafiquants.
Ils  ont gagné dans la rue. Belle leçon de lutte, encore aujourd'hui.Et insistons tout particulièrement sur le rôle des femmes .
Mais , il n' y avait à l'époque, à ma connaissance du moins , aucune force politique  à gauche capable de relayer dans un combat politique  cette énergique résistance populaire, et d'unir autour des travailleurs toutes les couches du peuple.
Le POB  donnait , lui, systématiquement à  toute question du monde du travail, une réponse basée sur l' Union Sacrée et  la collaboration avec les partis bourgeois.



L' ENJEU ALIMENTAIRE ETAIT DEVENU UNE QUESTION POLITIQUE
 
On sait que la lutte pour le pain et les vivres indispensables furent des éléments déterminants dans l' émergence des révolutions russe en 1917 et allemande en 1918, et donc dans la fin de la guerre.
EN RUSSIE,
L'événement déclencheur de la révolution de février à PETROGRAD, en Russie a été le rationnement du pain ( la ville n'ayant plus de farine que pour quelques jours), combiné avec le chômage dans les grandes usines.  Le 8 mars (23 février) 1917, proclamée en 1910, "Journée Internationale des Femmes pour l'égalité des droits"  , plusieurs cortèges de femmes (étudiantes, employées, ouvrières du textile des faubourgs ) manifestent dans le centre-ville de Petrograd pour réclamer du pain.
 « Du travail et du pain » étaient les premiers mots d'ordre de cette révolte populaire . Appuyée immédiatement par les ouvriers des grandes usines, cette révolte du pain se transforme en grève générale , et  le passage des soldats dans le camp du peuple, exigeant la paix , emportera le tsar .

En ALLEMAGNE,
Dès la fin 1915, des émeutes de la faim sont attestées dans plusieurs villes du pays.
Le 15 octobre 1915, dans le quartier berlinois de Lichtenberg, quelques femmes protestent contre le prix du beurre. Le soir, ce sont 5 à 6000 personnes qui se sont rassemblées, protestant, lançant des pavés, poussant des slogans hostiles à la guerre, obligeant la police à intervenir. 
ALLEMAGNE 1917: la queue pour  la nourriture
À Freiburg, à l’été et à l’automne 1916, sont également observés des incidents violents (bris de vitrines, blessés) devant des magasins d’alimentation. Le rationnement est de plus en plus mal vécu, au fur et à mesure que les pertes deviennent massives, que la guerre n’en finit pas de durer. Les femmes avec leurs enfants protestent, s’agitent, manifestent. Elles vont même jusqu’à pénétrer de force dans l’hôtel de ville. L’enjeu alimentaire était ainsi devenu une question politique.


Sur la faim en Allemagne:   http://centenaire.org/fr/une-societe-lepreuve-de-la-guerre

sur la vie à liège en 1916 :blog ma nouvelle vie à Lidge    http://catinus.blogspot.be/2014/09/liege-en-1916.html
La presse  :voir infos dans Le Bruxellois  de juin juillet 1916: https://hetarchief.be/nl/media/le-bruxellois-journal-quotidien-independant/z2hOAYUbnXpWNTLOEUhPRZyj

(très intéressant en nl) :Antoon Vrints : « Sociaal protest in een bezet land -Voedseloproer in Belgiê tijdens de Eerste Wereldoorlog » Tijdschrift voor Geschiedenis- 124e jaargang, nummer1 pp30- 47
http://www.ingentaconnect.com/content/aup/tg/2011/00000124/00000001/art00003?crawler=true

sur Verviers  "L’insurrection des affamés saccage le centre de Verviers"
  http://lesresistantsdelamemoire.be/forum/topic-869+l-insurrection-des-affames-saccage-le-centre-de-verviers.php

et   http://www.lavenir.net/cnt/355251