jeudi 26 novembre 2015

1914-1918 : COMMENT LES SAOUD ONT GAGNE LA GUERRE AU MOYEN ORIENT.

                                                                                                                                                       

CHURCHILL et IBN SAOUD 1950
ROOSEVELT et IBN SAOUD  sur le QUINCY 1945
La dynastie des Saoud a conquis une première fois, au XVIIIème siècle, la péninsule arabique -partie de l'Empire Ottoman-  sur la base d'une alliance entre son bras armé - la famille Saoud, et son  bras religieux  Abdelwahab, partisan d'un Islam purifié.
Ecrasés par les troupes au service de l'Empire Ottoman, ils remettront ça au XXème siècle.
De 1900 à 1934, ce n'est pas moins de 10 guerres de conquête qui leur permettront d'éliminer leurs  rivaux féodaux, dont le plus important, le chérif hachémite Hussein de la Mecque, et de mettre la main sur la péninsule arabique. 
Restés au balcon pendant la 1ère guerre mondiale et la grande révolte arabe, ils utiliseront habilement    la duplicité britannique pour s'imposer : 
Ils seront les vrais vainqueurs de la capitulation de l'Empire Ottoman. 
Là aussi, ils s'appuieront sur une milice religieuse , les IKHWAN, qui sèmeront sur leur passage, crimes et destructions, avant d'être - devenus trop dangereux pour son alliance avec l'Occident, et pour la domination britannique sur la région - écrasés par le roi lui même.
Et aujourd'hui ?

Suite aux criminels attentats de Paris de ce 13 novembre , je me replonge dans mon blog datant de janvier 2015 «  1914- 1918 GRANDE REVOLTE ARABE, GRANDE TRAHISON DE L'OCCIDENT » où j'avais crié ma peine et ma colère suite aux assassinats à CHARLIE HEBDO et au SUPER KASHER. 
Ce blog historique voulait porter la réflexion sur le terreau géostratégique du jihadisme et la responsabilité historique de l'Occident :
1. Que les Français et les Anglais ont promis en 1916 au chérif de LA MECQUE, HUSSEIN, la, création d'un état arabe indépendant en échange de sa participation à la lutte contre l' EMPIRE OTTOMAN , allié des EMPIRES ALLEMAND et AUSTRO HONGROIS.
2. Que, en même temps ils trahissaient cette promesse en se partageant le LEVANT et la MESOPOTAMIE c'est à dire la SYRIE, le LIBAN, la PALESTINE, la TRANSJORDANIE et le futur IRAK par l' accord secret SYKES PICOT, révélé en 1917 par le gouvernement bolchévik.
3. Que, en même temps, (déclaration BALFOUR 1917) ils ouvraient la voie à le création d 'un FOYER NATIONAL JUIF en PALESTINE.
Et qu' après les traités de VERSAILLES – 1919 et de SAN REMO -1920, il ne restait rien de la promesse d'un quelconque état arabe indépendant.

Mais je m'aperçois qu' il y a un grand oublié dans l'histoire de la Grande Guerre . On a oublié un participant très peu présent, sur les champs de bataille d' Akaba, Jérusalem ou Damas, mais bien présent par contre au festin appelé :« partage du Moyen Orient » .
 HUSSEIN , Grand Chérif de LA MECQUE
Dites moi...
La Péninsule Arabique dans tout ça. ? Qu'est elle devenue ?
HUSSEIN, grand chérif de LA MECQUE, entraîné par LAWRENCE D'ARABIE , l' homme des services secrets de Sa Majesté, dans la grande bataille, qu'est il devenu ?
En « dédommagement » du parjure anglo-français, « on » a nommé deux de ses fils – roi ou émir, non pas de la SYRIE ou du LIBAN colonisé  ; non là, c'était la « REPUBLIQUE FRANCAISE »qui colonisait
mais bien des territoires sous mandat britannique, la TRANSJORDANIE et l' IRAK. ( Les Britanniques, eux , aiment les rois !)
Mais HUSSEIN  , lui même , 37ème descendant du grand père du prophète ( Hachem) , gardien des lieux saints de l'Islam, roi du HEJAZ, qu' était il devenu  ?
Et les SAOUD , cette noble dynastie d' ARABIE , comment se fait- il qu'ils règnent sans partage depuis près de 100 ans. ?
Les SAOUD ont ils participé à LA GRANDE REVOLTE ARABE ?
Etaient - ils présents au traité de VERSAILLES ?

NENNI VALET !
En fait , la guerre 14-18 s'est prolongée dans la PENINSULE ARABIQUE jusqu'en 1925.

Ouvrons les yeux : les sonneries de cloches et de clairons du 11 novembre 1918 à 11h n' ont pas mis fin à la guerre mondiale, loin de là .
Comme les tremblements de terre, elle a connu ses répliques : intervention militaire contre la Russie Soviétique (1918-1922) , guerre d'indépendance en Irlande , guerre gréco- turque (1919-1922) , intervention franco belge dans la RUHR (1923-1925) et... la guerre des SAOUD pour conquérir la Péninsule arabique ou, si possible, plus que la Péninsule(1920-1925)



UNE DYNASTIE THEOCRATIQUE ET GUERRIERE
La dynastie des SAOUD a régné sur le premier royaume saoudien – état féodal théocratique - de 1744 à 1818, fondé sur l'alliance militaro -religieuse entre la dynastie SAOUD , (l'émir de DARIIYA) bras militaire et son bras religieux, Mohammed ben Abdelwahab prônant le retour à la base d'un l'islam purifié .
 le premier royaume saoudien 1744-1818
Depuis leur capitale DARIYA, près de RYIAD, les deux chefs unissent les tribus du NEJD (partie centrale de la péninsule) prennent le contrôle de Riyad en 1773, et leurs successeurs étendent leur pouvoir à une grande partie de la péninsule arabique en 1806 qui était sous souveraineté ottomane.
Ils poussent leur conquête jusqu'aux lieux saints chiites en Irak ( Kerbala) qu'ils mirent à sac et où ils feront régner la terreur .Ils prennent LA MECQUE et MEDINE où ils détruisent différentes idoles et les tombeaux de saints .
Ébranlé par le pouvoir grandissant des SAOUD, l' Empire Ottoman ne tarde pas à réagir et confia à MEHMET ALI, vice roi d'Egypte et vassal de la Sublime Porte et à son fils de libérer les villes saintes et d'anéantir le royaume, en détruisant en 1818 leur capitale Dariya.
Abdallah ben SAOUD ben Abdelaziz sera décapité à ISTANBUL.
Le but de la dynastie des SAOUD sera toujours de restaurer ce royaume et leur pouvoir absolu théocratique sur l'ensemble de la péninsule , voire plus loin si possible.

Dans les années d'avant guerre, la péninsule est le centre de rivalités et de combats incessants de 1900 à 1914 entre potentats féodaux ennemis , les Hachémites (contrôlent le HEJAZ- côte de la MER ROUGE) ,les Al RACHID ( le HAIL – au Nord) les SAOUD ( le NEJD au Centre ) ,l'émir du KOWEIT, l'émir du YEMEN et quelques autres.

Le tout sous un fond de rivalités entre les puissances impérialistes : les Anglais établissent le contrôle maritime du Golfe persique ( ADEN, OMAN, BAHREIN) pour en faire une mer britannique et les Allemands entreprennent de participer à la construction de chemins de fer DAMAS - MEDINE et BERLIN - BAGDAD.
L'enjeu est stratégique, le contrôle de la route des Indes, et économique, les premiers puits de pétrole sont découverts en Iran.


1914-1918 :  DOUBLE JEU DES ANGLAIS, DOUBLE JEU DES SAOUD

Quand éclate la guerre, l'Empire ottoman, allié des Allemands, demande à l'émir Abdel Aziz SAOUD de l’appuyer. 
Ce dernier se dérobe , et promet de ne pas empêcher de fournir de la nourriture aux troupes turques et laisse les caravanes militaires turques traverser son territoire depuis la Syrie vers l ‘Asir et le Yémen ;
En même temps, un traité est signé avec les Anglais à DARIN le 26 décembre 1915  : les Anglais s’engagent à protéger les territoires des SAOUD contre la promesse de ce dernier qu’il aiderait les Alliés .Le Nejd va recevoir des subsides mensuels d’une valeur de 5 mille Livres Sterlings et des armes .
Néanmoins, Abdelaziz ben SAOUD refusera de déclarer la guerre aux Ottomans, et louvoiera entre les 2 belligérants., maintenant contacts et visites aux 2 camps.
Les Anglais ( jouant sur tous les tableaux) scellent une alliance avec le chérif de la Mecque de la dynastie hachémite Hussein, ennemi des Saoud , qui lancera la grande révolte arabe contre l'Empire Ottoman.avec en échange, la promesse de régner sur un grand état arabe.... resté il est vrai indéfini.
Mais ils avaient déjà reconnu et aidé le pouvoir saoudien sur le NEJD !
On comprend bien là ce que signifie l'expression «  la perfide Albion » !!
De son côté, le chérif Hussein invite à se battre à ses côtés contre l’ennemi commun, les Turcs. Abdel Aziz répond positivement. mais, ....
ses troupes ne s'affronteront qu' épisodiquement en 1915 de temps à autre aux AL RACHID – au Nord - valets des Ottomans., mais sans résultat.
... « ce qui va dissuader l’émir de Riyad pendant deux ou trois ans de s’engager dans de grands conflits. »
Le temps sans doute que les Ottomans capitulent en novembre 1918 sous les coups des troupes anglaises et arabes – et qu' il puisse passer aux choses sérieuses , réaliser SES PROPRES objectifs.
Double, voire triple jeu donc dans la Grande Guerre
  • des Alliés de l'Entente et en particulier de l'Angleterre, qui jouent toutes les cartes en même temps  , et compte bien de la confusion ainsi installée , tirer les marrons du feu . - promesses et soutien aux Saoud – émir du NEJD (RYADH)
- promesses et soutien à Hussein - émir de La Mecque
- promesses et soutien aux sionistes - ( déclaration Balfour)
- traité secret Sykes Picot avec les Français
  •  des Saoud ,qui restent au balcon et ne s'engagent  aux côtés d'aucun des deux  camps; Ils  signent un traité avec les Anglais contre monnaie sonnante et trébuchante, sans néanmoins se joindre à la grande bataille contre l'empire ottoman et même en maintenant avec celui ci des contacts d'allégeance .
    LES 10 GUERRES DES SAOUD

En fait, les SAOUD ont leurs propres objectifs :
 - conquérir au moins toute la péninsule arabique

- établir le wahhabisme comme seule interprétation de l'Islam

- et à cette fin , s'emparer des lieux saints. 

De 1900 à 1934 , ils mèneront systématiquement une dizaine de guerres – toujours sanglantes – et on l' a vu parmi elles , la grande guerre 1914-1918 ne sera qu'un intermède et peu de coups de feu furent tirés contre les Ottomans.
Guerre pour conquérir le NEJDJ, partie centrale de la péninsule, 2 ou 3 guerres de conquête du Nord , guerre à l'Est ,vers le Golfe Persique, pour soumettre par le feu et le sang, la région chiite ( AL HASA), guerre au Koweit, conquête de l'Asir,( sud de la Mer Rouge) guerre contre le Yemen (1934)
Mais les conflits décisifs seront les 2 guerres du HEJAZ  (1919 et 1924): conquérir et arracher à son rival HUSSEIN, chérif de LA MECQUE, cette région riche, stratégique ( contrôle de la Mer Rouge – avec un grand port Djeddah) et surtout région des lieux saints de l'Islam- MEDINE et LA MECQUE.
Le drapeau de l'ARABIE SAOUDITE ( un message de paix?)
Les Anglais- qui avaient tous les fers au feu ,choisiront comme vassal les SAOUD et envoyèrent HUSSEIN , descendant d'Hachem le grand père du prophète, gardien reconnu depuis 10 siècles des lieux saints , l'inspirateur arabe de la grande révolte de 1916-1919 en exil à Chypre.
Il avait refusé, semble t-il ,à la fois de reconnaître – en échange d' aides militaires - les intérêts de Londres dans son fief du  Hejaz , et le mandat britannique sur la Palestine, incluant la création d'un Foyer National juif .

C'est cette  imposture militaro- religieuse dont la roublardise et l'ardeur guerrière ,étaient dirigées non pas tant contre l' occupant ottoman, que contre les autres royaumes féodaux de la péninsule, et contre tout mouvement de libération arabe, toute libération de l'esprit aussi,  qui eut  les faveurs du nouveau maître des lieux : l'Empire Britannique.
La conquête des lieux saints , avec l'appui britannique, donna de facto aux SAOUD et à leur idéologie wahhabite une place de choix dans le monde musulman.
Le statut de "premier état arabe indépendant "(!!) au Moyen Orient lui créera aussi un certain prestige
Remarquons que la conquête saoudienne est préalable à la découverte du pétrole 1938 , et que ce sont bien les Britanniques qui ont été l' appui déterminant à cette conquête.
Puis fut découvert le pétrole , et ... les SAOUD, protégés depuis 1945 par la puissance militaire américaine sont toujours là, plus que jamais, pouvoir théocratique, policier , absolutiste d'un pays
Manifestation pour défendre le bloggeur RAIF condamné au fouet
semi colonial et semi féodal , à la fois profondément féodal dans ses structures de pouvoir politique mais à la pointe dans la gestion du capitalisme semi colonial.
Les SAOUD en 2015, à Riyad, c'est un peu comme les CAPET et l'Inquisition installés à l' Elysée , avec un mélange d' Edit de Nantes, de procès à la Jean CALAS ( protestant assassiné pour hérésie par le supplice de la roue en place de Toulouse . (1762)  d'une part et d'autre part les tours  de BOUYGUES , de GOLDMAN SACHS  et  de TOTAL à La Défense .
C'est bien un mélange de féodalisme et de capitalisme mondialisé


LES IKHWAN  :UNE MILICE RELIGIEUSE PARAMILITAIRE

Cette conquête fulgurante de la Péninsule fut possible bien sûr en louvoyant entre les intérêts des puissances impérialistes pendant la 1ère guerre mondiale s'accommodant de l'un, pour ensuite se rallier à l'autre .
Toujours du côté du manche, les SAOUD ne seront néanmoins pas une simple carpette de l'impérialisme.
Ils poursuivront toujours leur propre but d'hégémonie politique et de conquête idéologique sur la région, s'affrontant si nécessaire, juste ce qu'il faut pour ne pas rompre le fil, aux nouveaux maîtres.
Pour ce faire, ils s'appuieront de 1913 à 1927 sur une milice religieuse paramilitaire les « IKHWAN », qui seront les supplétifs des troupes «  régulières » et précisément tireront la ficelle des conquêtes militaires et de la dictature religieuse le plus loin possible, jusqu'à devenir un monstre incontrôlable par le roi lui même qui les avait pourtant enfanté et chéri.
Ca ne vous fait penser à rien , ami lecteur... ?

Les IKHWAM sont à l'origine des guerriers bédouins sédentarisés afin de pratiquer un islam pur et rigoureux, se basant sur la doctrine wahhabite ,chose incompatible selon eux avec la vie nomade.
Le mouvement est basé sur la stricte observance des cinq piliers de l’Islam, l’obéissance absolue au chef et l’entraide totale entre les frères. Il prohibe tout contact avec les étrangers européens.. Le nombre de communautés augmente rapidement. Estimées à 52 en 1920, elles sont 120 en 1929.
En 1913, ils participent à la conquête de l'Asir où ils massacrent la population chiite.
En 1920 , dans la guerre contre le Koweit, plusieurs milliers d'Ikhwan mirent en déroute la cavalerie koweiti et l'annexion ne fut empêchée que par l'intervention d'avions et chars britanniques.
Après la bataille ils exigèrent que «  le Koweit suive les règles suivantes:évincer les chiites, adopter leur doctrine , considérer les Turcs comme hérétiques, interdire de fumer , la prostitution ... et détruire l'hôpital américain »
Ils furent le fer de lance des 2 guerres contre le Hejaz, anéantissant en 1920 l'armée hachémite, dont le régime ne fut sauvé que par les Britanniques , et en 1925, ils entrèrent , animés par la ferveur religieuse d'occuper les lieux saints, dans la LA MECQUE .


ATTAQUES CONTRE l'IRAK , TRANSJORDANIE, le KOWEIT

Mais les IKHWAM ne se contentèrent pas de conquérir , pour les SAOUD, la péninsule.                  Ils lancèrent à plusieurs reprises des raids contre la TRANSJORDANIE , sous mandat britannique, et en 1924 leurs milliers de guerriers à dos de chameau étaient à 15 km de la capitale AMMAN .
Ils ne furent arrêtés que par l'aviation anglaise.
De même en 1921, ils lancèrent un raid contre la région chiite d' IRAK, sous mandat britannique. massacrant plusieurs centaines de personnes.
Ils renouvelèrent des raids contre l' IRAK et le KOWEIT en 1928, tout en s'opposant à toute occidentalisation du royaume.
Les Britanniques, en représailles bombardent le NEJD...
 Là la corde des SAOUD peut se rompre...Le roi, après avoir ainsi tendu la corde de ses conquêtes politico- idéologiques le plus loin possible, mit fin au pouvoir de sa milice en la détruisant militairement,soutenu par l'aviation et les blindés anglais, satisfaisant ainsi ses nouveaux amis anglais et américains , mais ayant aussi montré sa puissance.

L'HISTOIRE POUR COMPRENDRE LE PRESENT : UN ETAT SEMI COLONIAL , SEMI FEODAL
Intéressant pour l'histoire est sans doute d'analyser comment ce pouvoir théocratique et féodal a pu engendrer  et instrumentaliser une milice religieuse para militaire pour assurer son hégémonie à la fois politique et idéologique.
Et de comprendre que la destruction par le bon roi IBN SAOUD lui même des IKWHAN en 1929 n'est que le reflet d'une contradiction interne à la société entre le féodalisme et le développement de la domination coloniale de type capitaliste..
Mais est ce seulement de l'histoire ?
C'est aussi un sujet de réflexion pour comprendre les évènements actuels : 
 
le pacte  ROOSEVELT - IBN SAOUD sur le QUINCY  en 1945

Deux guerres mondiales menées pour "la liberté et la démocratie" ont permis à la GRANDE BRETAGNE, pour la 1ère , et aux ETATS UNIS pour la 2ème d'installer , de protéger et de renforcer un régime féodal, théocratique, expansionniste, et qui, protecteur des lieux saints de l' ISLAM, en diffuse dans le monde entier sa propre conception, la plus sectaire et obscurantiste, la plus guerrière, la plus antipopulaire ( le roi et le chef religieux se portant garant de la tradition), le wahhabisme.
Qui sera lui même à la base du vernis idéologique , dés les années 80 et jusqu'à aujourd'hui, de tous les terrorismes dits djihadistes.
Ce régime est expansionniste et guerrier  ( ce sont ses racines mêmes) et tantôt par l'armée régulière comme au BAHREIN ou au YEMEN, tantôt par la pression politique (QATAR), tantôt par les "IKHWAN" aux différentes époques , il veut étendre son hégémonie régionale., entrant  aussi parfois en contradiction avec l'impérialisme.
Il aime aussi se targuer de sa puissance économique, principal producteur de pétrole.
Ce régime pourtant porte en lui une grande contradiction : avoir un ciment idéologique  ultra- féodal  ( qu'il diffuse et permet de diffuser dans le monde entier) et avoir une structure de classe semi féodale et semi coloniale , qui l'ancrent dans le sillage de l'impérialisme occidental.
Les fractions de la bourgeoisie compradore ( directement liée à l'impérialisme et au pétrole ) et de la bourgeoisie capitaliste bureaucratique , tantôt s'opposent et, tantôt se plient devant le féodalisme pur et dur.
Ce qui permet à nos beaux esprits tantôt de se réjouir du vote des femmes aux élections municipales(« le régime évolue  positivement») , tantôt de s'indigner des décapitations, des supplices du fouet et des interdits religieux.
Cette contradiction, évoluera mais il la portera toujours en lui , et de son sein ressusciteront toujours aussi de nouvelles forces  obscurantistes et ultra féodales (celles des IKHWAN des années 20, ou celles du djihadisme des années 2000 - AL QAIDA,  DAESH  etc. ), jamais éradiquées, toujours régénérées   , qu'un temps  il utilise pour élargir  son hégémonie régionale, et qu'ensuite il combat quand elles se  se retournent contre lui même , "valet du Grand Satan américain".

Tant qu'il n'aura pas été abattu par la lutte  démocratique des peuples arabes, avec notre soutien pour  l'isoler.











dimanche 15 novembre 2015

1914 – 1918: MAI 1915 - LA « GREVE DU PAIN » des MINEURS de LIEGE (De Ste MARGUERITE, à SERAING, HERSTAL et HUY)

En poursuivant mes investigations sur ces hommes (et femmes !) « CONTRE », ceux et celles qui se sont dressées contre la guerre de 1914-1918, une question lancinante me poursuit : mais le peuple, les travailleurs , au passé de lutte syndicale et socialiste tellement affirmé  - depuis plus de 30 ans , l'insurrection ouvrière de 1886- comment ont ils réagi à la guerre, au régime d'occupation et à la dégradation incommensurable de leurs conditions de vie ?
Le mouvement de résistance sociale est il lui aussi devenu « passiviste » attendant la fin de la guerre pour se manifester. ?
La lutte de classe a t-elle été « éteinte »  comme le disait Rosa Luxembourg ?
Les travailleurs ont ils courbé l'échine devant à la fois la diminution de leur salaire, la hausse vertigineuse des prix , le rationnement , la misère pour leur famille , et aussi la dictature militaire?
C'est l'image qui s'impose si on suit l'histoire officielle, et les émissions commémoratives.
On ne parle de grève que pour célébrer « les 51 braves » , ouvriers ajusteurs de l'arsenal de Cuesmes qui refusèrent de travailler pour l'armée allemande et condamnés à la déportation en Allemagne, entonnèrent la Brabançonne. Ils méritent, certes,  notre respect.
On ne parle de misère que pour louer l' oeuvre charitable du Comité National  de Secours et d'Alimentation, mis en place par Franki et Solvay- deux figures dominantes de la banque et de l'industrie.
On ne parle de résistance que en allusion à la résistance « patriotique », au service, par exemple, des services de renseignement anglais et les noms de Edith Cavell, Gabrielle Petit ou la hiercheuse socialiste Lucie Dejardin ont baigné mon enfance, mêlés dans mes souvenirs aux vers de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie »
Des hôpitaux et des écoles portent leur nom.
Leur héroïsme fut sans nul doute admirable. Et les nombreux civils fusillés portent à jamais le témoignage de la barbarie des guerres impérialistes.


LA RESISTANCE SOCIALE A T ELLE EXISTE ?
Mais la résistance sociale, le mouvement pour le pain, contre la vie chère, le chômage et la misère , imposés aux travailleurs par la « grande guerre de classe » dans toute l'Europe, en France comme en Allemagne, en Russie comme en Italie, a t-il seulement existé dans notre pays ?
La réponse est OUI , mais il a été et est toujours occulté.

Qui a entendu , en ces années du centenaire parler des mineurs de Liège en grève pour le pain et des femmes de mineurs du Centre,  en marche vers la Kommandantur à Mariemont en 1915, et, en 1916,  des marches de la faim des femmes d' ouvriers chômeurs de Gand , des ménagères d'Anvers , des actions pour imposer les prix du beurre et du lait à Liège , Beyne Heusay  ou Verviers , des blocages des convois de vivres vers l'Allemagne ?

Deux professeurs de l'Université de Gand , qui étudient la question expliquent :
« ... Bien que il existe des monographies sur Gand et Courtrai sous l'occupation, ces événements sont complètement frappés par l'oubli...
La pauvreté fut bien suivie par toute une série d'autorités, mais elles ont préféré n'en laisser aucune trace .
Les archives du bourgmestre Braun ... s'étendent sur les manifestations mémorables ( dignes de mémoire ? ) les agitations anti allemandes et les manifestations flamingantes .
Pourtant c'eut été une importante priorité que d'archiver celles des travailleurs affamés »
« Durant les quatre années de l'occupation allemande , le citoyen ordinaire devait soudain mettre au frigo toute revendication sur le travail, une alimentation satisfaisante et ses droits politiques »
(Giselle Nath)(*)


« Concernant la Belgique pendant la 1ère guerre mondiale, il y a le cliché d'une nation unie qui a
substitué à toutes ses contradictions internes la résistance à l'envahisseur détesté.
Mais en réalité, le pays , occupé, restait sous haute tension, du fait de la pénurie de vivres.
Cela a mené à des protestations actives , qui sont restées dissimulées dans les replis de l'histoire » (Antoon Vrints)(**)

Avec mes modestes moyens d'historien amateur , mais curieux et passionné , je dévore la toile et essaie d 'apporter ma petite contribution pour défaire ces replis volontairement refermés sur une page de l'histoire, essentielle pourtant, de notre mouvement ouvrier.
Et les résultats sont du plus grand intérêt- pour vous aussi, je l'espère-  ami lecteur.
En espérant que demain,  les historiens du peuple détricotent le voile qui depuis 100 ans occulte cette page d'histoire.

LA LUTTE POUR LE PAIN
Les mineurs de Wallonie, avaient déjà une solide expérience d'organisation de la lutte sociale , avec une forte conscience de classe.
Leurs mouvements avaient jalonné les 30 ans d'essor du mouvement ouvrier depuis 1886, et ce y compris leur participation massive aux grèves générales politiques pour le suffrage universel.
De plus au terme de cette première année de guerre, ils étaient en position de force pour se battre pour les conditions de vie de tous les  travailleurs : la mine tournait – on avait besoin de charbon, et c'était même pour l'occupant d'une importance stratégique.
Contrairement aux autres industries, comme par exemple la sidérurgie, dont la production chutait et qui allait être entièrement démantelée par l'occupant allemand pour fournir de la mitraille à leur propre industrie- avec la mise au chômage de dizaines de milliers de sidérurgistes.
Les mineurs furent donc le fer de lance de la résistance sociale.
C'est le pain qui est au centre de la sous alimentation des familles ouvrières : il est rationné , et c'est le Comité National de Secours et d'Alimentation et  la Commission for Relief in Belgium, qui fixe le niveau des rations.
Créées par des représentants de la grande bourgeoisie Franki et Solvay, le CNSA regroupait les notables de l'élite politique d'avant guerre, de l'échelon national à l'échelon local.
Derrière la façade d'oeuvre paternaliste de bienfaisance il y avait chez eux la conscience qu' il fallait en gérant l'approvisionnement en vivres « maintenir le calme dans la population ouvrière »
Les représentants du POB, se rallièrent au CNSA.
Et le CNSA servira ainsi aussi de lieu de contact à la préparation de l'après guerre, et à l'intégration définitive du POB dans la gestion du pays.
 
La ration de pain a d'abord été fixée à 250g /jour/personne, puis au 1er mai 1915, elle est portée à 300g soit 3 pains/ personne tous les 10 jours.
Pour les travailleurs, c'est insuffisant, et s'ils veulent subvenir aux besoins de leur famille, ils doivent compléter par du pain acheté en boulangerie , où les prix ont flambé - ils doivent le payer 1,5 voire 1,9 f/kg- alors que le prix maximum fixé par l'autorité occupante avait été en août 14 de 0,30 f/kg !
Sources de ce blog : "la Metropole d'Anvers" et "l'Echo belge" mai - juin 1915
Le récit de ces journées est extrait des articles de "La Métropole d'Anvers" des 30/05, 8/06 et 15/06/1915 (avec toutes les réserves d'usage sur l'objectivité du récit et notamment sur la violence des grévistes)

« CREVER SOUS LES BALLES VAUT MIEUX QUE MOURIR DE FAIM »

puits Ste Marguerite aujourd'hui
Le 17 mai 1915 , ceux de Sainte Marguerite arrêtent spontanément le travail, et en une semaine, la grève s'étend aux autres puits : La Haye, Aumônier, Espérance, Bois d' Avroy, Val Benoît.
Les mineurs organisent à Hollogne une marche de la faim vers l'administration communale .
« Armés de pierres et de briques, les grévistes accueillirent durement les agents de police impuissants devant ce débordement de colère populaire ; les palissades du chemin de fer furent démolies .
L'équipe de nuit ne put se rendre à son travail.
« Crever sous les balles vaut mieux que mourir de faim »   criaient les mineurs
Et bientôt, dans le centre ville, l'émeute gronda.
Des boulangeries et des charcuteries furent saccagées et pillées . Le commissariat de la rue Hullos fut bombardé à coups de pierre.
Les agents firent usage de leur sabre et blessèrent assez sérieusement plusieurs manifestants.Un inspecteur de police et quelques subalternes durent être évacués vers un poste de secours voisin.
A Ans et à Glain, on se battit sérieusement , ainsi que dans quelques rues du centre, tel rue Sainte Marguerite.
Rue Ste Marguerite 1913
Des soldats,  (allemands évidemment) l'arme au pied,occupèrent les rues en effervescence.
Bref, un tableau mouvementé, des cris, des huées , des pierres lancées, des bagarres sanglantes, et bien entendu des arrestations.
Au charbonnage Sainte Marguerite, les ouvriers qui se rendaient à l'ouvrage furent molestés, et un porion dut être dégagé par la police , sabre au clair .
Quant aux magasins, si ils ont été pillés, c'est parce qu'ils avaient fixé des prix trop élevés»
Une délégation de mineurs fut reçue par le bourgmestre Kleyer, qui les appela au calme, et leur signifia que les prix des denrées alimentaires avaient été fixés en octobre 1914, par les autorités communales, mais que depuis, le prix des céréales fournies par le comité américain avait grimpé en flèche.
Elle fut aussi reçue par le président de la députation provinciale de la province de Liège, Mr Grégoire , qui rapidement se concerta avec patrons charbonniers  et  le CNSA.

plan des charbonnages de la région de Liège 1906

« A SERAING, CE FUT COMME UN SOULEVEMENT DE LA VILLE»
Ce récit , extrait de "La Métropole d'Anvers" du 15 juin 1915 s'inspire d'une interview de Isi Delvigne , échevin POB de Seraing,  au journal hollandais "Rotterdamsche Post"
Le 19 mai, la grève commença à Seraing au puits Many d'Ougrée- Maryhaie. Les mineurs se rendirent au puits Vieille – Marihaye, ensuite au puits Fanny, puis au Thiers Potet , tous puits de la société Ougrée - Marihaye. Ils descendirent dans le puits et ordonnèrent à leurs camarades de cesser l'ouvrage et de remonter immédiatement.

 Sans plus hésiter ils se rendirent au puits Collard dans l'enceinte des établissements Cockerill, aux Six Bonniers et à Ougrée Centre.
A quatre heures, ils se retrouvèrent devant l'hôtel de ville de Seraing.
Entretemps, la colonne des grévistes avait pénétré dans les fabriques d'Ougrée et en avait chassé tous les ouvriers ; ils avaient franchi les murs entre Ougrée et Cockerill, chassa tout le monde hors des usines Cockerill, et se répandirent dans la ville , par la rue Cockerill qui fut bientôt remplie de grévistes.
La tempête se déchaîna : un groupe d'ouvriers brisa une vitrine en miettes.
Les boulangeries, les boucheries, les épiceries furent assaillies, ainsi que certains magasins d'étoffes et de confection.
Ceci se produisit vers 4 heures ; les magasins fermèrent boutique .
Les patrouilles allemandes étaient présentes, mais ne savaient pas comment agir dans ces circonstances extraordinaires en temps de guerre, et elles n'intervinrent qu'à quelques endroits sans suite à déplorer.
Une délégation de grévistes rencontra à l'hôtel de ville le bourgmestre Putzeys et l'échevin – POB- Isi Delvigne .
3 revendications sont présentées :
  • diminution du prix du pain et d'autres vivres essentiels
  • augmentation des salaires
  • suspension de l'exécution des jugements par lesquels on retenait une partie du salaire à des locataires indigents qui ne payaient pas
Remarquons que ces revendications sont des revendications pour toute la classe ouvrière – la ration de pain- et expriment la solidarité de classe de ceux qui ont gardé leur travail avec les travailleurs pauvres .
Le lendemain, le conseil communal, de Seraing ,
«  réuni d'urgence le 20 mai 1915, en présence de l'effervescence qui s'est manifestée la veille et de la série de desiderata déposés par plusieurs délégations de la population
émet le voeu de voir :
c
  • 1) le Comité National de Secours et d'Alimentation intervenir auprès de la Commission hispano - américaine pour qu'elle étudie le moyen de majorer la ration journalière en pain , tout au moins pour la population ouvrière
  • 2) les autorités supérieures ( les allemands ndlr) de prendre des mesures pour diminuer le prix des denrées de première nécessité vendues par le commerce libre
  • 3) le conseil estime en outre que la suspension pendant la durée de guerre de l'exécution des jugements portant expulsion des locataires nécessiteux s'impose
Le conseil croit de son devoir de signaler que les difficultés actuelles ne pourraient que s'aggraver si les déprédations déplorables qui se sont produites hier se renouvelaient.
Il fait appel au sang froid de la population pour qu'elle reste digne dans les circonstances tragiques que traverse la Patrie.


Le 20 mai, la grève s'étend à Herstal – le travail est arrêté aux puits Bacnure et Gerard Cloes (un des puits de Grande Bacnure )

La grève de Seraing eut aussi des répercussions dans la région de Huy : des cortèges de grévistes ont parcouru le Condroz et surtout la Hesbaye, jusqu'à Warnant, Couthuin, Hannut. Ici et là, ils sollicitent du pain, du lait, des pommes de terre
Les mineurs de  Flone et de Halbosart à Villers le Bouillet avaient aussi débrayé .
 Pour prouver que rien n'a vraiment évolué depuis 100 ans, par belles ou par laides, en temps de guerre ou en temps de paix,  dans la tentative de criminaliser les grèves,  savourez cher lecteur ce commentaire de la Meuse l' Echo de Liège, journal paraissant sous la censure allemande en date 31/05/1915.


HUY  - De notre correspondant

« La Hesbaye et le Condroz ont reçu la visite de nombreuses bandes de grévistes venues de la banlieue de Liège.

Leur arrivée semant la terreur parmi les populations rurales, se répandit dans nos campagnes comme une trainée de poudre.

Dans quelques villages, les habitants organisèrent même la résistance, décidés à protéger leurs biens.

Dans la plupart des communes, fermes et magasins, furent mis à contribution et durent souvent abandonner aux chômeurs les vivres et l'argent qu'ils réclamaient. ( chômeurs ou grévistes ? ndlr)

A Abbée Scry notamment , une bande  composée de 47 grévistes , armés de gourdins,  s'installe dans la cour de la ferme D.  , et réclame impérieusement du fermier,  du pain, du beurre, du lait et de l'argent.

Après s'être copieusement restaurés, ils s'apprêtaient à visiter d'autres communes quand l'annonce d'une patrouille allemande vint les disperser et mis fin à des scènes aussi regrettables .


VICTOIRE DE LA GREVE !

Des réunions eurent lieu entre les patrons charbonniers- dont Gustave Trasenster, directeur général de la Société anonyme d'Ougrée-Marihaye, le CNSA ( Paul Van Hoegarden, sénateur libéral et président de la section provinciale du Comité National de Secours et d’Alimentation) et les autorités communales et provinciales
Ils décidèrent de s'approvisionner en Hollande, à Maastricht, de 30000 pains par jour pour fournir aux mineurs dans chaque entreprise une quantité supplémentaire de 300g /journée de travail au prix coûtant.
Mineurs de sainte Marguerite  années 1890
Première victoire de la grève
Deuxième victoire : le 5 juillet, la ration de pain fut portée pour tout le monde à 330g/jour/habitant- un pain tous les 3 jours, et le 6 août à 400g.
Mais le 27/8/1915, le CNSA la diminue à nouveau à 330g !
Troisième victoire : l'administration allemande fixe un prix maximum de vente pour les boulangers à 0,50f/kg.
Des incidents eurent encore lieu ici et là des boulangers refusant le nouveau prix de vente. Certains refusèrent de cuire le pain, produisant uniquement de la pâtisserie. Inévitablement, quelques pavés volèrent encore dans les vitrines, même si les boulangers eux mêmes pouvaient être victimes de la spéculation sur le prix de la farine.


LE POB : « AJOURNER  TOUTE  IDEE  DE REVENDICATION ET DE LUTTE »

Le 1er Mai 1915, les « syndicalistes socialistes » avaient annoncé la couleur, en droite ligne dans l'orientation de la direction unanime du POB : l'Union Sacrée .

« Dés le début de la guerre, les syndicats socialistes sont intervenus pour que « fut ajournée momentanément toute idée de revendication et de lutte »
A l'occasion du 1er Mai, ... ils estiment qu'il ne peut être question de chômer à l'occasion de la fête traditionnelle su travail.
En conséquence, les syndicats socialistes et indépendants croient devoir modifier leur mot d'ordre habituel et conseiller le travail à tous les ouvriers . »              Affiche rouge placée le 27 avril 1915


Et le 21 mai 1915, une affiche rouge de la Commission syndicale des syndicats socialistes et indépendants  est apposée :

«  Le travail à la suite d' événements déplorables vient d' être interrompu dans beaucoup d'établissements de notre région.
Toutes les organisations ouvrières regrettent vivement ces grèves désordonnées qui sévissent actuellement.
Elles prient les autorités communales patronales, commerciales et privées de mettre d'urgence en pratique ... la réduction du prix des denrées alimentaires : le pain, les pommes de terre, le lard, et tout ce qui est de première nécessité à l'alimentation de la classe ouvrière.
Les patrons charbonniers s'engagent à faire l'impossible pour fournir300g de pain par jour à leurs ouvriers
Nous pouvons encore espérer qu'ils examinent la question du point de vue des des salaires et du nombre de journées de travail à faire, si la situation actuelle s'améliorait ;
Les délégués des organisations ouvrières font appel au sang froid, à la raison, au bon sens des ouvriers e à leur amour du pays pour qu'ils réfléchissent à la situation malheureuse et déplorable qui peut leur être faite par ces troubles et qu'ils reprennent le chemin du travail .
Ils conjurent les ouvriers, les patrons et tout le monde de mettre tout en oeuvre pour que tous conflits et malheurs soient évités .»

Peu à peu, désavoués par ceux qui auraient dû les soutenir et  se porter à  leur tête, les courageux mineurs de la région de Liège reprirent le travail , forts quand même de leur  victoire sur la ration de pain et forts de la démonstration, que , même sous l'occupation militaire, avec les baïonnettes allemandes dans les rues, avec l'interdiction  des  rassemblements de plus de 3 personnes, SEULE LA LUTTE PAIE.
N'ont ils pas été aussi des héros ?

AOUT 1915
A CHARLEROI AUSSI , LES MINEURS EN GREVE POUR LEUR SALAIRE     Dans VOORUIT, journal du POB de Gand,  du 23/08/1915, on peut lire :

«  Cette semaine les mineurs des puits St Charles et St André – charbonnages du Poirier à Montigny sur Sambre sont partis en grève.Ils se sont ensuite rendus aux puits St Zoé et autres pour appeler au débrayage. ;
Quand ils sont allés vers les charbonnages du Mambourg, ils firent face à 150 soldats allemands , qui gardaient l'entrée de la mine et leur en interdisaient l'accès. Suivant les puits, la grève est plus ou moins répandue.
Les mineurs réclament une hausse des salaires , semblable à celle obtenue dans les bassins du Centre et du Borinage : 30 à 40 centimes en plus ( par heure ou par jour?)
Un meeting s'est tenu à la Ville – Basse à Charleroi, mais la police et les soldats allemands ont dispersé la foule . On parle de grève aussi à Marcinelle . »


- Sur la résistance sociale en 1914-1918 voir
 (*)Giselle Nath : »Stad in de storm- Arbeidersvrouwen en het hongerjaar 1916. Ugent 2011 http://ojs.ugent.be/hmgog/article/view/1063/1069

 (**)Antoon Vrints : « Sociaal protest in een bezet land -Voedseloproer in Belgiê tijdens de Eerste Wereldoorlog » Tijdschrift voor Geschiedenis- 124e jaargang, nummer1 pp30- 47

Sur le passé charbonnier de Herstal, voir
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/balade-au-bernalmont-sur-le-sentier-des.html

- affiches de Liège de 1914-1915 Ville de Liège et autorités allemandes                                                                                        http://dgtl.kbr.be:8881//exlibris/dtl/d3_1/apache_media/L2V4bGlicmlzL2R0bC9kM18xL2FwYWNoZV9tZWRpYS8xMDM0MTk=.pdf