mercredi 1 octobre 2014

1914-1918 UOMINI CONTRO : C' EST ALORS QUE LIEBKNECHT VINT NOUS VOIR

« Ta voix n'est plus LIEBKNECHT. Ton exemple demeure,

Au seuil des temps nouveaux, grand parmi les plus grands.

La foule qui te suit, te comprend et te pleure,

Qui la tiendra demain ?.. A Berlin même , l'heure

Sonne mort aux tyrans.

Les Hohenzollern sont à l'état de relique.

Au trône resté libre, EBERT semble enchaîné !

Que vaut-il ce pouvoir, qui sur la route oblique,

Mobilise le meurtre en pleine République,

Et fait assassiner ?

Ils sont trente trois dans un coin de cimetière,

Coude à coude, le chef et ses fiers paladins.

Ils font plus pour ta gloire, Allemagne guerrière,

Que les millions de fils couchés dans la poussière

De tes sombres destins

Ne t'apportaient-ils pas des promesses d'aurore ?

Ils semaient des clartés dans ton ciel menaçant.

Tu viendras Allemagne, -à l'heure où on implore-

Sur leur fosse, à genoux, voir l'olivier éclore,

Tout rouge de leur sang.

                                                                         
                                                                        CAMILLE FABRY  « LE PEUPLE »
                                      (SERAING) - 2 MARS 1919

 Avec ce post , je veux faire entrer l' ALLEMAGNE , LE PEUPLE ALLEMAND - dans notre commémoration de la guerre 14-18 .
Il n'y est en effet présent que sous l'appellation de   "boches", avec leur état major de massacreurs et leurs casques à pointe ; parfois, dans un rare sentiment de fraternité, par ses dépouilles dans les cimetières militaires.Jamais pour sa propre résistance au militarisme
Quand dit on que c'est la révolution allemande qui a chassé le KAYSER et mis fin à la guerre? Même bien sûr si la situation militaire a évidemment catalysé la défaite du militarisme allemand.

Allons donc aujourd'hui , 100 ans après, à la rencontre d'un parmi les plus grands représentants du peuple allemand : KARL LIEBKNECHT.


L'occasion, pour moi est la découverte, dans une bibliothèque, d'un petit livre de CAMILLE FABRY (1) publié en 1921 :
« KARL LIEBKNECHT EN BELGIQUE PENDANT LA GUERRE »
Relation inédite, d'après les notes fidèles de LEON TROCLET , député belge et conseiller communal de LIEGE, et les renseignements donnés par JOSEPH BOLOGNE, député belge et conseiller communal de LIEGE, V. SERWY,, président de la Fédération des Coopératives, C. HUYSMANS, secrétaire de l'INTERNATIONALE, A DENEE et G ; RONGY , militants socialistes

Début septembre 1914 : depuis le 4 août, la BELGIQUE est envahie ; LIEGE est tombée, les troupes allemandes ont pris NAMUR, CHARLEROI , pénètrent en FRANCE où MAUBEUGE  capitule le 8.
Le pays est à feu et à sang.
« C'est alors que LIEBKNECHT vint nous voir. »
Député de POTSDAM du parti social démocrate allemand SPD, il y avait été élu en janvier 1912
Le SPD était le plus important parti en ALLEMAGNE représentant 39% de l'électorat, avec 110 députés au REICHSTAG.
On aurait pu imaginer qu'avec cette force parlementaire, et la force de ses organisations, il aurait joué un rôle décisif dans la crise internationale de juillet - août 1914.
Mais le 4 août, le groupe social démocrate au grand complet , s'alignant derrière le KAYSER , son Quartier Général et la bourgeoisie allemande, vote les crédits de guerre ;le jour même où les troupes allemandes envahissent la BELGIQUE!
14 députés dans le groupe parlementaire y étaient opposés, dont LIEBKNECHT et HAASE , le chef de groupe, mais tous votent pour, par discipline de parti...

Du 4 au 13 septembre, en vertu de son mandat parlementaire, LIEBKNECHT effectue une tournée en BELGIQUE  occupée.

LIEGE 
« Ce matin là, LEON TROCLET, (2) un des élus socialistes de LIEGE, revenait de l'Hôtel de Ville vers les 10 heures. Arrivé en face de l' INNOVATION, il voit dans la foule venant de la place du Théâtre, une personne qu'il croit reconnaître. : LIEBKNECHT.
Les deux hommes font quelques pas encore, et LIEBKNECHT, qui était en civil, dit textuellement , en mauvais français, : « Tiens , camarade LEON TROCLET... »
Celui- ci répond : « C'est notre ami LIEBKNECHT ! », serrant la main qui lui était tendue .
Les deux députés s'étaient rencontrés maintes fois, notamment au CONGRES INTERNATIONAL DE LA JEUNESSE SOCIALISTE , en août 1907 ,tenu à STUTTGART. »
1907, c'est l'année où LIEBKNECHT a publié sa brochure « MILITARISME ETANTIMILITARISME », analyse et dénonciation du militarisme germano - prussien , bras armé de la bourgeoisie, non seulement contre l'ennemi extérieur, mais aussi contre celui de l'intérieur .
La brochure sera saisie et, en octobre 1907, il sera condamné pour HAUTE TRAHISON , au procès de LEIPZIG à un an et demi de forteresse !!

La conversation entre les 2 députés socialistes, à une table du CAFE ANGLAIS est assez froide et distante.
TROCLET , tout empreint des scènes d' exaction de l'armée du KAYSER se fait accusateur :
« VOS soudards dans plusieurs de nos bourgs, ont massacré les bourgmestres, les échevins, les prêtres, les citoyens...
VOS protestations, où sont elles ? »
LIEBKNECHT fermant nerveusement le poing droit , répondit :  « Difficile de protester, ils ont établi une censure de fer...Difficile en ALLEMAGNE... »
TROCLET : » Et puis, il y a quelque chose qui nous déroute... votre peuple s'est fait immédiatement et tout d'un coup à la guerre ?"
LIEBKNECHT : « Je n'ai jamais vu l'opinion publique se retourner ainsi...A la mi-juillet, on nous acclamait quand nous parlions contre la guerre.
Mais une fois l'ultimatum jeté à la SERBIE, un vent de folie sembla soulever ce peuple ; il se sentait fort, sans doute très fort sous le poids de ses armes redoutables...
...C'est une terrible machine le militarisme allemand! Il est dangereux de se heurter à cette formidable organisation... »

La presse avait parlé de la fusillade du 20 août de la PLACE DE L'UNIVERSITE
Ils s'y rendent tous les deux, mais une sentinelle interdit à TROCLET d'accompagner sur les lieux , le député du REICHSTAG, qui refuse ce « privilège »...






C'est là qu'il prend connaissance d'une affiche de menaces de la KOMMANDANTUR.




Le lendemain, plus cordialement, les 2 députés continuent leur échange :
TROCLET : « Tous les socialistes allemands resteront ils passifs, sans protester ?"
LIEBKNECHT : « Ils seront peu nombreux, ceux qui agiront dans ce sens , les premiers temps, mais il y en aura, ayez confiance ! L'heure de la Justice n'oublie jamais de sonner ...
...Nos voix, soutenues par ce qu'il y a de plus pur dans la conscience humaine seront entendues
Il y aura de nombreuses scissions dans la Social-Démocratie, des tiraillements et des heurts violents. Et que de responsabilités !... et que de troubles !...
Mais le salut en sortira... »

ANDENNE
"Les jours suivants, LIEBKNECHT insiste pour visiter les villes martyres d' ANDENNE, et de LOUVAIN. Il fit apposer un nouveau visa sur son passeport et partit en auto avec le député POB Joseph BOLOGNE (3) et le dirigeant syndical JEAN CLAJOT (4) ;
« Quand nous arrivâmes à ANDENNE, ce fut la consternation, ce fut la révélation des horreurs de la guerre.
Environ 300 maisons détruites.
Des femmes, des enfants et des vieillards avaient été fusillés, massacrés par une soldatesque en délire.
On avait compté sur le pavé rouge plus de 266 victimes, et parmi celles-ci, le bourgmestre CAMUS, âgé de 70 ans.
La plupart des façades des maisons étaient criblées de trous faits par les balles.
A certains endroits, les briques, les pierres de taille obstruaient les chemins.
Dans les tas, on voyait des lits tordus, un portrait déchiré, le bois ouvragé, bleu-pâle d'un berceau.
LIEBKNECHT examina bien, silencieusement, puis pleura.
Sa douleur intérieure semblait immense;sa poitrine se soulevait, oppressée ; mais il ne voulait pas afficher son chagrin.
C'est à l'hôpital d' ANDENNE , que le tribun vit ARMAND DENEE, directeur de la coopérative socialiste et GERARD RONGY.
Celui ci raconta avec fièvre , mais sans exagération, le drame atroce qu'ils avaient du subir.
Des détails précis parce que vécus dans uns détresse qui nous semble aujourd'hui surhumaine, furent jetés dans une conscience allemande, qui les retint pour une noble cause...
On sait que RONGY remit une relation écrite du massacre, à LIEBKNECHT, à la demande de celui ci."

LES FRANC - TIREURS DE TIRLEMONT
« LIEBKNECHT voulait voir LOUVAIN, il en parlait constamment.
On décida de s'y rendre, puis de là, on regagnerait BRUXELLES.
A une dizaine de kilomètres de TIRLEMONT , en direction de LOUVAIN,la voiture stoppa.
Cinq autos militaires étaient arrêtées au même endroit. Une douzaine de soldats allemands, la rage dans les yeux , gesticulaient et menaçaient.
Que se passait-il exactement ?
LIEBKNECHT s'approcha.On nous montra alors trois cadavres chauds encore, ceux d'un lieutenant, d'un feldwebel et d'un chauffeur.
BOLOGNE entendait répéter avec insistance « civilisten ». Il  comprit.
On accusait de nouveau les « franc-tireurs » de la légende...
On amenait deux malheureux civils, l'un âgé d' une cinquantaine d'années, l'autre de 35 ans.
Jamais, m'affirme notre concitoyen je n'aurai ce vivant tableau hors de ma mémoire.
Nous étions à 7 mètres du groupe au milieu duquel LIEBKNECHT discutait et essayait de savoir exactement.
On entendait très nettement les coups de fusil de l'infanterie ; un sous officier, révolver au poing,
s'agitait fébrilement.
Les deux paysans restaient abasourdis, sous l'emprise d'une crainte excessive.
... BOLOGNE conduisit les malheureux auprès des cadavres et leur demanda : « Wie heeft dat gemaakt ? » « Dat zijn soldaten . »
« Welke soldaten ? » ... Le plus jeune se met à imiter le mouvement de la jambe qui pédale.
« Ce sont des sodats cyclistes » dit BOLOGNE ;
« Welke kleuren aan hun hoeden ? »  « Geel... »
Nul doute possible .C'étaient nos carabiniers cyclistes qui avaient surpris et cerné l'automobile. Le coup avait donc été accompli par des militaires.
Un officier survint. LIEBKNECHT lui montra son étonnement ;
Et le lieutenant , calme, répondit : « Nos soldats sont tous comme ça ; devant des morts, ils accusent toujours les civils sans raison sérieuse »
Dans l'automobile, qui reprenait le chemin de BRUXELLES, par JODOIGNE et WAVRE, BOLOGNE dit à LIEBKNECHT : " ... Vous avez vu que le coup porté à l'officier en plein coeur, était un coup de baïonnette ?
Quant au sous officier, c'est bien un coup de crosse de fusil qu'il porte au front.
Ces constatations prouvent les faits et nos protestations."
... il approuvait silencieusement, et semblait souffrir de toute sa pensée meurtrie et bouleversée.

A LA MAISON DU PEUPLE DE BRUXELLES 
A BRUXELLES – nous sommes le 16 septembre 1914- il rencontra à la MAISON DU PEUPLE , CAMILLE HUYSMANS, dirigeant du POB et secrétaire du BUREAU SOCIALISTE INTERNATIONAL
« Il monta immédiatement au 5ème étage où trône C. HUYSMANS.
 KARL LIEBKNECHT dut subir une réception froide ;
Ils échangent en allemand : HUYSMANS , incisif et tranchant, exprime d'amers reproches ; il condamnait les faiblesses du début.
LIEBKNECHT fit un exposé de la situation du groupe parlementaire social démocrate, et renouvela ses idées sur le premier vote des crédits de guerre.*

CAMILLE HUYSMANS, secrétaire de l'INTERNATIONALE aux funérailles de JAURES
CAMILLE HUYSMANS résumera ainsi cette rencontre ,dans une lettre à RENAUDEL, qui avait succédé à JAURES à la direction de « L' HUMANITE », qui ne sera publiée que le 4 juin 1915

« Liebknecht ne .savait rien de ce qui s' était passé en Belgique quand il est venu voir notre pays.
Il a emporté l'impression que les Belges n'étaient pas vendus à la Grande-Bretagne, qu'ils n'ont pas organisé des bandes de francs-tireurs et aussi qu'ils n'ont pas assassiné les blessés allemands, et que les exécutions, allemandes en Belgique sont injustifiables.. ̃̃
Il est venu en Belgique pour se documenter loyalement.
Le reste est. de la calomnie.
Les Belges qui regardaient comme un acte de trahison (!!!) le fait de recevoir un Allemand lui ont serré la main avec effusion quand ils ont appris qu'il était ̃venu pour ̃découvrir et dire la vérité.
Bien à toi.
Camille HUYSMANS.»

*(Dés le 21 septembre ,de retour en ALLEMAGNE, il déclara  dans une réunion à STUTTGART : « vous me reprochez... mon indécision...J'aurais dû en plein REICHSTAG crier mon « NON »)

A près une nouvelle vaine tentative, de voir, avec HUYSMANS, la ville de LOUVAIN, interdite d'accès par l'armée, on rentre à LIEGE  ;
« Je vais retrouver nos amis
Je vais revoir ROSA LUXEMBOURG, CLARA ZETKIN, MEHRING.
Nous essaierons de parler, d'écrire.
Nous ferons l'impossible pour ouvrir les yeux .
Notre devoir est tout tracé. Il faut un monde meilleur et nouveau. »

JOSEPH BOLOGNE et CLAJOT, convaincus de la sincérité et de la foi de KARL LIEBKNECHT, émus encore jusqu'aux larmes de l'attitude courageuse et de la bonté naturelle de celui qu'ils ne reverraient plus jamais lui serrèrent les mains affectueusement, sans réserve aucune.

 
Voilà quelle fut la démarche d'un député socialiste du peuple allemand , internationaliste convaincu:
voir de ses propres yeux, comprendre, rencontrer et des témoins des exactions du militarisme germano – prussien, et des camarades belges, connaître la vérité, cachée par la presse allemande , y compris la presse social démocrate .
Ah! Il le connaissait bien ce militarisme , pour en avoir étudié et dénoncé les mécanismes ; il avait subi 18 mois de forteresse, accusé de haute trahison.
Mais il lui fallait voir , comprendre et aussi pleurer.
Il lui fallait « souffrir de toute sa pensée meurtrie et bouleversée »
Il lui fallut aussi subir « l'accueil froid », accusateur de ses camarades belges.



 

Suivons dés lors le parcours des uns et des autres, KARL LIEBKNECHT, le député allemand , d'une part, et les « camarades belges » d'autre part.


PAROLES ET ACTES D'UN INTERNATIONALISTE ALLEMAND
  
  
* 2 DECEMBRE 2014, au Reichstag, LIEBKNECHT, seul, vote contre les crédits de guerre.



" Nous protestons contre la violation de la neutralité de la BELGIQUE et du LUXEMBOURG, violation de traités solennels, invasion d'un peuple pacifique....
Nous condamnons le traitement cruel infligé à la population civile des territoires occupés. La dévastation de localités entières, l'arrestation et l'exécution d'innocents pris comme otages, le massacre d'individus désarmés, sans égard à l'âge, ni au sexe qui ont eu lieu en représailles d'actes de désespoir et de légitime défense, justifient la plus sévère condamnation.
La même faute commise par d'autres armées ne peuvent servir d'excuses "
"Il s'agit d'une guerre impérialiste
Le mot d'ordre allemand : " Contre le tsarisme " tout comme le mot d'ordre anglais et français : " Contre le militarisme ", a servi de moyen pour mettre en mouvement les instincts les plus nobles, les traditions et les espérances révolutionnaires du peuple au profit de la haine contre les peuples.
Seule une paix, basée sur la solidarité internationale de la classe ouvrière et sur la liberté se tous les peuples peut être une paix durable"
Ce texte de motivation de son vote sera censuré, refusé dans le sténogramme parlementaire , mais diffusé par tracts et publié dans le journal socialiste suisse BERNER TAGWACHT.
Il sera exclu du groupe social démocrate au REICHSTAG le 2 février 1915, et le 7 février mobilisé dans l'armée comme artilleur.

* Décembre 1914, aussi, il réaffirma dans une lettre à un journal anglais « LABOUR LEADER » son ENGAGEMENT INTERNATIONALISTE.
"Je suis heureux et fier de de vous adresseer mon salut, à vous , Independant Labour Party, qui dans le délire de la tuerie générale, avez sauvé avec nos frères russes et serbes, l'honneur du socialisme.
Paillettes trompeuses sont les phrases sur la défense de la Patrie et la libération des peuples dont l'impérialisme orne ses instruments de meurtre.
Seul l'aveuglement peut exiger la continuation du massacre jusqu'à la défaite des « ennemis"


* Mai 1915  L 'ITALIE ENTRE EN GUERRE
Mais ce qu'il faut apprendre et ne pas oublier , c'est aussi et surtout la lutte héroïque de nos camarades italiens  contre la guerre.. Qu'ils mènent dans la presse, dans les réunions publiques, les manifestations de rue...en défiant au risque de leur vie l'assaut furieux des vagues nationalistes déchaînées.
"C'en est fini du mot d 'ordre absurde : « JUSQU'AU BOUT»dont l'effet n'est que de nous enfoncer de plus en plus profondément dans le... carnage universel.
Lutte de classe prolétarienne internationale contre la tuerie impérialiste tel est le commandement de l'heure
L'ENNEMI PRINCIPAL DE CHAQUE PEUPLE EST DANS SON PROPRE PAYS"   


voir : K. LIEBKNECHT: MILITARISME, GUERRE , REVOLUTION - MASPERO 1970 

* JANVIER 1916 , aussi ,devant le REICHSTAG, il avait réaffirmé sa solidarité avec le peuple
En uniforme  au REICHSTAG




belge en interpellant le gouvernement :
Dr K. LIEBKNECHT :  « Le gouvernement est il prêt , très rapidement, à présenter au REICHSTAG les données de son action sur la situation des populations dans les territoires occupés? Et des informations sur les mesures prises... concernant leur alimentation, leur moyens de s'habiller et de se loger ; des informations  sur leur condition sanitaire, leur droit, leur nombre ?
Concernant le type et la raison des punitions et des mesures de représailles, infligées au peuple dans ces territoires par les autorités allemandes, le nombre de personnes exécutées, de confiscations militaires de propriété ...particulièrement pour le peuple belge.


Dr K. LIEBKNECHT : « Une question supplémentaire :
Combien de places et bâtiments ont ils été détruits par les autorités allemandes depuis le début de la guerre dans le but de représailles et combien de personnes ont été arrêtées et tuées dans le même but? »  

 voir  K. LIEBKNECHT : THE FUTURE BELONGS TO THE PEOPLE
 http://www.gutenberg.org/files/39023/39023-h/39023-h.htm



* 1er MAI 1916 : BERLIN POTSDAMER PLATZ



Et voilà qu'à BERLIN, le 1er mai fut mise sur pied une imposante manifestation.
« La police avait peur et elle avait pris des mesures importantes.
Dés 7h les rues débouchant sur la POTSDAMER PLATZ elle-même, étaient bourrées d'agents à pied et à cheval.
A 8h précises une foule d'ouvriers- au milieu de laquelle , on remarquait beaucoup de jeunes et de femmes- se rassembla sur la place ; elle était si dense qu'aussitôt commencèrent les habituelles escarmouches avec la police.
Les « bleus » étaient si énervés qu'ils se mirent à taper dans la foule à coups de poing
A ce moment , au milieu de la place, au coeur de cette foule, retentit la voix sonore de KARL LIEBKNECHT : «  A BAS LA GUERRE ! A BAS LE GOUVERNEMENT »
Liebknecht le 1er mai 1916, Potsdamer Platz à Berlin (H.Mocznay, 1952)
Aussitôt, un groupe de policiers se jeta sur lui et le conduisirent au commissariat...
Après qu'on l'eut emmené ,les policiers , excités par leurs officiers , qui faisaient preuve de la plus grande brutalité, se mirent à repousser les manifestants dans les rues adjacentes.
C'est ainsi que se formèrent 3 cortèges...
On entendit crier : A BAS LA GUERRE, VIVE LA PAIX.
Mais c'était « VIVE LIEBKNECHT » que la foule criait le plus. » 

voir: GILBERT BADIA  - LE SPARTAKISME - L'ARCHE  1967 pp102-104


                               POTSDAMER PLATZ: "Von dieser Stelle aus rief Karl Liebknecht am 1.Mai 1916                                               zum Kampf  gegen den imperialistischen Krieg und für den Frieden auf"

Voilà comment la promesse faite par LIEBKNECHT aux « camarades belges »a été tenue non seulement en paroles et discours, mais dans les actes, entre le front et la geôle.
Non de par son seul engagement personnel, mais de la décision politique collective de la gauche internationaliste allemande , qui deviendra SPARTAKUS, puis en décembre 1918 le KPD, avec les figures historiques , l'honneur du peuple allemand, que sont  : ROSA LUXEMBOURG, FRANZ MEHRING, CLARA ZETKIN et tant d'autres.
Il le paiera de sa personne, enrôlé dans l'armée, en 1915 ,exclu du SPD en janvier 1916, puis arrêté le 1er MAI 1916 et condamné à 4 ans de prison . Sorti de prison par la révolution le 23 octobre 1918, il dirigea les mouvements d'ouvriers et de soldats de 1918 , sera un fondateur du KPD en décembre, pour finir assassiné à BERLIN le 15 janvier 1919.
Assassiné , un peu avant ROSA, par la collusion entre les Corps francs , secteurs les plus extrêmes du militarisme allemand, et les sociaux démocrates. 
C'est GUSTAV NOSKE ministre SPD de la GUERRE qui commandera la contre révolution. Les VERSAILLAIS de LA COMMUNE DE BERLIN, étaient le SPD avec "les corps francs".
Et leur "Monsieur THIERS" s'appelait  GUSTAV NOSKE

LA DIRECTION DU POB : "LA GUERRE JUSQU'AU BOUT"  

Mais comment « les camarades belges » du POB ont - ils répondu à cet engagement internationaliste et révolutionnaire ?
SEPTEMBRE 1914 LIEGE
Lors de sa visite , LIEBKNECHT avait copié , dans les rues de LIEGE,  le texte d'une affiche de la Fédération liégeoise du POB:
 
A la population liégeoise
Concitoyens, tout espoir n'est pas perdu
Du calme, du sang froid des prolétaires, peut encore dépendre la paix.
La population liégeoise voudra faire preuve de raison et aider ceux qui, dans le monde entier, travaillent à la Paix et espèrent encore !
Il faut prendre les choses au sérieux mais non au tragique.
Profitant de la panique les spéculateurs cherchent à augmenter le prix des denrées et à trafiquer sur les billets de banque.
Ne cédons pas à ce courant d'effroi
Du calme donc...
Du sang froid
Tenons nous aux information du PARTI OUVRIER, et serrons nous dans nos organisations.
LE SOCIALISME, C'EST LA PAIX ! 
Le BUREAU FEDERAL
Valère HENAULT,Léon TROCLET, Léopold NICOLAI, Léon DEHASSE, Ferdinand DARDENNE, François VAN BELLE
 
Hélas, cette belle déclaration , qui n'est d'ailleurs pas datée, allait être remplacée pendant 4 ans par son contraire : « LE SOCIALISME, C'EST LA GUERRE »
Et tout le combat des internationalistes allemands sera qualifié avec une condescendante et paternaliste arrogance , bien sûr de « sincère »,bien sûr de « courageux », mais surtout de « inutile » , « sans importance », voire « néfaste » et « dangereux ».... pour la continuation de la guerre jusqu'au bout. Ne fut ce qu'une rencontre avec eux fut systématiquement refusée

* « Toute une argumentation aura été, par exemple, extrêmement précieuse : celle dans laquelle il (EMILE VANDERVELDE) a dénié toute importance actuelle aux manifestations en faveur de la paix qui se sont produites en Allemagne.
L' « AVANTI » journal du parti socialiste officiel (italien), n'avait cessé d'appeler sur celles-ci l'attention de ses lecteurs populaires, et l'effet de cette campagne ne pouvait qu' affaiblir déplorablement l'énergie nationale.
M. Emile Vandervelde a remis nettement les choses au point. I1 est persuadé de la sincérité de Liebknecht, Haase, Bernstein ou Kautsky, mais il est persuadé aussi de leur impuissance.
  
                                                             JULES DESTREE « EN ITALIE PENDANT LA GUERRE »

* « Il y a en Allemagne des camarades — comme Liebknecht, Rosa Luxembourg, Clara Zetkin — qui ont eu le courage d'avoir raison contre tout le monde. Il en est d'autres — tels que Bernstein, Haase, Kautsky — qui s'efforcent de réagir contre les tendances, plus inquiétantes, de la « majorité ».
Je ne crois pas, à vrai dire, que leur action puisse avoir des résultats immédiats.
Les peuples qui combattent en ce moment pour leur liberté et pour la liberté en Europe céderaient à la plus dangereuse, à la plus néfaste des illusions, s'ils venaient à compter sur d'autres qu'eux-mêmes.
La protestation de Liebknecht aujourd'hui n'aura pas plus de résultat apparent que, jadis, la protestation courageuse de son père et de Bebel contre l'annexion de l' Alsace-Lorraine ».

                                 EMILE VANDERVELDE " LA BELGIQUE ENVAHIE ET LE SOCIALISME INTERNATIONAL"
https://archive.org/stream/labelgiqueenvahi00vanduoft/labelgiqueenvahi00vanduoft_djvu.txt



* « Le POB se refuse à collaborer à une action en faveur d'une paix immédiate ... Le POB considère comme dangereuse toute agitation en faveur d'une paix prématurée » ... la minorité socialiste allemande (LIEBKNECHT, HAASE etc..) .... exige des négociations de paix immédiates. Le POB se refuse catégoriquement à entrer actuellement dans cette voie illusoire et dangereuse.
... C'est par la continuation de la guerre que – du dehors ou du dedans- seront brisées les dernières résistances au triomphe de la démocratie et du droit 
Le POB refuse donc comme tout à fait inutile et impossible toute rencontre avec les groupes se réclamant de ZIMMERWALD,...de même qu'il se refuse à discuter avec les maximalistes de RUSSIE ( les bolcheviks) »

                 MEMOIRE DU PARTI OUVRIER BELGE –JUILLET 1917


Et voilà , en 1914-1918, le POB en s'identifiant aux buts de guerre de l' ENTENTE (ANGLETERRE, FRANCE, RUSSIE, puis ITALIE), présentés comme le combat pour le droit et la démocratie a écrit une des pages les plus noires de son histoire.
En se rangeant du côté des  puissants,en proclamant L'UNION SACREE, il connaîtra la gloire du pouvoir : VANDERVELDE au gouvernement ,dés 1914 ; plusieurs ministres en 1918 ; VANDERVELDE sera au TRAITE DE VERSAILLES , pour représenter la BELGIQUE etc. etc.
Alors que LIEBKNECHT, en se plaçant aux côtés à la fois du peuple allemand qui mourrait au front, qui avait faim et voulait la paix, et du côté des peuples des pays occupés, connaîtra la prison et la mort.
Bien sûr, comme si de rien n'était, les camarades belges voteront au congrès de PAQUES 1919 la résolution suivante
« Le Congrès du POB , réuni à la MAISON DU PEUPLE de BRUXELLES , le 20 avril 1919, salue la mémoire des grands socialistes ROSA LUXEMBOURG, KARL LIEBKNECHT, KURT EISNER
et JEAN JAURES , tombés pour la défense du prolétariat, et souhaite que celui ci s'inspirera toujours de l'exemple de leur lutte héroïque »
                                                                                        POB XXXème congrès annuel - PAQUES 1919
EMILE VANDERVELDE au 1er rang de la délégation belge à VERSAILLES


 2014   LA "BURGFRIEDE" (UNION SACREE) DU XXIème SIECLE.

S'inspirer de leur exemple ?
Les ennemis de naguère ( le SPD de EBERT, NOSKE et SCHEIDEMANN) redeviendront bien vite , en 1923, les amis du POB (de VANDERVELDE, DESTREE, HUYSMANS ,DE BROUCKERE et DE MAN) . 
Aujourd'hui encore, par exemple, ils se sont tous retrouvés à LEIPZIG le 23 MAI 2013 pour célébrer les 150 ans du SPD : HOLLANDE, DI RUPO, LETTA avec , SCHUTZ, SCHRÖDER , HELMUT SCHMIDT, et même ANGELA MERKEL et bien sûr le président GAUCK.
C'est la « BURGFRIEDE » (UNION SACREE) de notre époque, on devrait dire aujourd'hui « EUROPÄISCHE BURGFRIEDE. »
Le journaliste VERNET du «  Monde » exprimera bien le consensus général sous le titre 

              « LE SPD, UN PASSE HONORABLE... » :
« Non sans avoir dénoncé les préparatifs de la «guerre impérialiste »,  le SPD se rallia en 1914 à la mobilisation générale, à l’instar de la plupart des partis socialistes européens dans leurs pays respectifs. Après avoir subi la répression des lois anti-socialistes, il en espérait la reconnaissance de son intégration dans la nation allemande.
Et de fait, il joua un rôle déterminant à la fin de la Première guerre mondiale dans la chute de l’empereur Guillaume II et l’avènement de la République de Weimar, contre les communistes et les groupuscules de l’extrême gauche. »


                                                                                       Passé honorable, en effet, quand on lit ceci :
Gustav Noske im Januar 1919 beim Besuch der Truppen
14 janvier 1919:
« Aux habitants de Berlin!
À l'occupation effectuée hier, du quartier de Moabit, succède aujourd'hui à grande échelle l'entrée de masses de troupes considérables dans la ville. Toutes les banlieues à l'ouest sont également occupées ou protégées par des gardes civiles et populaires.
Travailleurs, soldats, citoyens! Les divisions que je dirige ne sont pas des instruments de la contre - révolution, ne servent pas à l'oppression, mais apporteront la libération de la pression terroriste inouïe sous laquelle la masse de la population de Berlin devait souffrir. Je veux assurer impérativement la sécurité de la personne et de la propriété, la liberté de la presse et l'exercice sans entrave du droit citoyen suprême, l'élection à l'assemblée nationale.
Il faut prévenir par la force des armes, des nouveaux actes de violence de la part des gens de Spartakus et d'éléments criminels. J'appelle la population de Berlin à appuyer les troupes au mieux de ses forces et de se plier aux instructions des dirigeants militaires.
Pour cela est requis:


1. La remise des armes ordonnée par le conseil des mandatés du peuple sera effectuée par les troupes et gardes entrant à Berlin respectivement déjà présentes sur place en liaison avec la police. Pour cela auront lieu des perquisitions de maisons et d'habitations.


2. Tout attroupement dans la rue est interdit. Il faut impérativement suivre les instructions des postes et patrouilles de rue en vue du dégagement des espaces traversés par ces postes et des rues empruntées par des unités de troupes entières. »
GUSTAV NOSKE - SPD - ministre de la GUERRE
voir http://histmove.ouvaton.org/pag/chr/pag_009/fr/chro_1919_01_b.htm#TOC_1919
Le lendemain de cette proclamation KARL et ROSA étaient assassinés !
Et aujourd'hui, en 2014 quel témoignage sur la guerre en BELGIQUE a l' honneur du blog « SOZIALDEMOKRATIE 1914 » de ce 23 septembre 2014 de la FONDATION EBERT du SPD ?
KARL LIEBKNECHT, pleurant devant ANDENNE ??
Mais non, voyons ! le même GUSTAV NOSKE, NOSKE le boucher de BERLIN, l'assassin de KARL et ROSA.Il était responsable en 1914 des relations du SPD avec l' Etat- Major , a visité LOUVAIN avec le social démocrate KOSTER et 100 ans après , c'est leur vérité que nous transmet SON parti : « LA VERITE SUR LOUVAIN » !!



Ma connaissance de l'allemand en écriture gothique ne me permet pas , cher lecteur, de déchiffrer cet article du "LUBECKER VOLKSBOTEN" du 1er octobre 1914. Et GOOGLE ne capte pas l'allemand gothique....
Je n'ai pas le moindre doute cependant qu'il n'y défende le point de vue de l' Etat Major de son KAYSER.
En tout cas la fondation EBERT commente, le 23 septembre 2014 dernier :

 " Leur rapport « LA VERITE SUR LOUVAIN », publié dans beaucoup de journaux sociaux- démocrates ...  exprimait clairement la conviction de NOSKE que au sujet des reproches contre les soldats allemands, il s'agit d' " histoires de frisson »("Schauergeschichten"), comme on dirait "des histoires pour faire peur" ou des "histoires de fantôme", ou aujourd'hui un "film d'horreur."!!! Hallucinant non? En 2014 !!!

http://blog.sozialdemokratie1914.de/Archive/735


(1)Sur CAMILLE FABRY, voir
      http://www.wallonie-en-ligne.net/Encyclopedie/Biographies/Notices/Fabry-C.htm
et   http://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_Fabry 
(2)sur LEON TROCLET,  voir
http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/wallons-marquants/merite/troclet-leon#.VCwVQhZ3urU
(3)sur JOSEPH BOLOGNE, (personnalité socialiste écartée de toute activité politique en 1945, accusé d' avoir , comme maieur de LIEGE, fourni des listes de communistes à l'occupant nazi)
et http://hachhachhh.blogspot.be/2014/04/liege-cite-docile.html
(4) JEAN CLAJOT conseiller communal de LIEGE en 1912, sera échevin des travaux publics et conseiller provincial.
Travaillait à la mine dés 14 ans et était président de la CENTRALE DES MINEURS de NAMUR
voir MICHEL DUSART: SAINTE WALBURGE : De rue en rue



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