mercredi 9 décembre 2015

MINISTRES DE LA DEFENSE , PUIS MARCHANDS DE TOURELLES DE CHAR AUX SAOUD !!! ET SI ON ESSAYAIT LA PAIX ?



Je reviens sur cet épisode hallucinant de la réunion du CONSEIL REGIONAL de LORRAINE
du 2/10/2015 .Le conseil régional de LORRAINE en FRANCE a accordé un budget de 600 millions d'€ pour l'installation de bâtiments devant servir dans les années qui viennent - 7 ans ?- à la formation de militaires d' ARABIE SAOUDITE; formation au maniement de tourelles de char..Ce centre doit être installé à COMMERCY dans la MEUSE (55)Le vote a été le fait du seul groupe socialiste , les écolos EELV bien que dans la majorité, votant contre , le groupe communiste s'abstenant. (!!). Le fn a voté contre et le groupe UMP s'est abstenu.
Quand un parti, le PS bafoue aussi ouvertement les valeurs qu'il prétend défendre, la paix et la fraternité, qu'on ne s'étonne pas par la suite que la porte soit grande ouverte à l'extrême droite.
C'est d'ailleurs le FN qui a diffusé largement l'information...

L'extrême droite, depuis MUSSOLINI -1922, a toujours prospéré sur les échecs ou les abandons de la gauche...
 http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/12/08/formation-de-militaires-saoudiens-600-000-euros-d-aide-de-la-lorraine-qui-derangent

CMI = COCKERILL MAINTENANCE INGENIERIE ou
CMI = COMPLEXE MILITARO INDUSRIEL

CAMPUS COCKERILL  à COMMERCY
L'entreprise en question, qui va recevoir les 600 millions €de le région lorraine pour assurer la formation de militaires saoudiens, c'est CMI Defence qui est spécialisée en tourelles de chars etc. Son siège est en région liégeoise à Loncin.
Ici, il s'agit de la filiale française, située dans le 57 (Moselle) :


« Le Groupe CMI et la Codecom du Pays de Commercy ont signé ce vendredi 27 février les actes notariés relatifs au transfert de propriété d’une partie du « Quartier Oudinot », la base militaire de Commercy occupée jusqu’en 2013 par le 8e Régiment d’Artillerie de l’Armée française. Le Groupe CMI en est désormais officiellement propriétaire. Son projet est de convertir les lieux en un centre de formation international : le Campus Cockerill.
...Le Campus Cockerill devrait accueillir ses premiers formateurs en 2016 et ses premiers stagiaires en 2017. Parmi ces derniers figureront les utilisateurs des systèmes CMI Defence, dans le cadre d’un contrat de longue durée obtenu par le Groupe CMI en 2014.
 Sur le "Campus Cockerill", voir:

"Dans trois ans, les premiers utilisateurs devraient être un constructeur canadien de véhicules militaires, auquel CMI  fournit des tourelles de chars, et son principal client un pays du Moyen-Orient dans le cadre d’un marché remporté par le groupe belge cette année. » 
Qu'en termes élégants, ces choses là sont dites ;
En fait le marché remporté par le groupe belge consiste à livrer des tourelles de char conçues et équipées par CMI à un voiturier canadien – un producteur de matériel militaire canadien filiale de GENERAL DYNAMICS , un des plus grands fabricants d'armes au monde.
Basil  Bazaroff marchand d'armes - L'Oreille cassée Hregé
Cette entreprise produira les véhicules équipés des tourelles COCKERILL , et les vendra à l' ARABIE SAOUDITE.                                       
 C'est un marché de 10 à 13 milliards de $ pour l'entreprise canadienne et de 4,5 milliards pour
CMI.
La composition du Conseil d'Administration de CMI ne cessera pas de nous étonner : on y retrouve 2 anciens ministres de la défense : GERARD LONGUET, ancien ministre de Nicolas Sarkozy jusqu'en 2012 , et l'ancien ministre belge Jean Pol Poncelet, ministre de la Défense Nationale PSC dans le gouvernement DEHAENE.
On le voit CMI DEFENCE a su se procurer les bons carnets d'adresse et les bonnes relations , obtenues pourtant dans le cadre de fonctions publiques au service de l'état et de l'intérêt général.
N' y voyez pas malice ; ni problème éthique, ami lecteur..
Simplement une question d'efficacité : c'est tellement plus facile de vendre des armes avec une casquette , parfois toute fraîche d'ancien Ministre de la Défense !!!

Le Conseil d'Administration (au 31 décembre 2014)

Bernard Serin Président Administrateur Délégué (Exécutif)
Auris Finance SA Représentée par Pierre Meyers, Vice-Président
Libert Froidmont Administrateur indépendant
Albert Henon Administrateur indépendant
Gérard Longuet Administrateur indépendant
Poncelet MC2 Représentée par Jean-Pol Poncelet, Administrateur indépendant
S2M Productions SPRL Représentée par Maurice Semer, Administrateur indépendant
Nicolas Serin Administrateur
Louis Smal Consulting SPRL Représentée par Louis Smal, Administrateur indépendant
 
GERARD LONGUET :2011-2012 :Ministre de la Défense et des Anciens combattants
21e ministre de la Défense de la Ve République

On comprend mieux le choix de COMMERCY ( département de la Meuse - 55) pour le Campus Cockerill, quand on connaît l'itinéraire politique de G. LONGUET, qui est sénateur de la Meuse , et qui depuis 1978 a été LA personnalité politique de la droite française pour ce département et la Région Lorraine : député, président de conseil général, président de région, sénateur , ministre à plusieurs reprises.
Rappelons en passant son passé d'extrême droite, qu'il assume toujours d'ailleurs. « J'assume avoir été d'extrême droite. On s'est simplement trompé sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer » (Le Monde, 13 février 2005.)
« Simplement trompé... »
Fondateur du groupe fasciste OCCIDENT en 1964, il fera le coup de poing dans les universités contre la gauche- il sera d'ailleurs condamné en 1967.
Après 68, il fondera « ORDRE NOUVEAU » dont il sera un dirigeant. Il participera à la rédaction du programme économique du Front National créé par LE PEN en 1972.
En 1973, sorti de l'ENA, il entame son irrésistible ascension au sein de la droite française dans les allées du pouvoir , qui le mènera aux sommets.

JEAN –POL  PONCELET
Ministre de la Défense
1995-1999
Ministre de l'Énergie
1998-1999
Aujourd'hui , depuis 2011 , il est président de FORATOM, qui est l'association européenne qui regroupe les producteurs d'énergie nucléaire. Il a été de 2006 à 2011 un dirigeant de haut niveau d' AREVA.
Il illustre la porosité , la proximité, qui existe en Belgique, et dans toute l'Union Européenne entre les plus hautes fonctions publiques, (serviteurs de l'état et  de l'intérêt général), et le secteur des grandes sociétés multinationales privées, ( serviteurs d'intérêts particuliers fondés sur le profit).
Non , non ! N' y voyons surtout pas de conflit d'intérêt...



UNE POLITIQUE DE GUERRE  :

"Pourquoi vous opposer à des livraisons d'armes à l' ARABIE SAOUDITE  ?
Ca crée des emplois, à Liège et dans la Meuse , régions qui en ont tellement besoin..."
Sauf que c'est favoriser une politique de guerre dans une région qui est une poudrière.
Armer l'Arabie Saoudite, c'est vouloir  éteindre un incendie en l'arrosant de pétrole ( c'est le cas de le dire...)
L'ARABIE SAOUDITE n'est pas un pays pacifique qui ne pense qu'à se défendre...
Elle est au Moyen Orient , une puissance régionale surarmée- en disproportion avec sa population et avec le niveau de son économie .
En 2010, elle était n°1 mondial du budget militaire en % du PIB (11,2%) - USA 4,7 ; Russie 4,3 ; Chine 2,2, Israël 6,4%
Son histoire est d'ailleurs fondée sur la guerre et l'écrasement de tout qui s'oppose à son hégémonie. voir ROUGEs FLAMMEs 1914-1918 : "COMMENT LES SAOUD  GAGNERENT LA GUERRE"
Et les dernières années ont montré que cette sur- militarisation débridée du pays , cet arsenal de guerre démesuré devait servir à établir son rôle de gendarme régional, portant la guerre ici et là pour assurer son hégémonie , et remodeler un Grand Moyen Orient d'où aurait disparu toute trace de panarabisme , toute velléité d'indépendance nationale et d' universalisme de la pensée ( chrétiens, juifs, chiites, sunnites, athées, tous unis dans la nation arabe)
On présente cela comme une guerre religieuse, mais tout comme les conquistadors du Mexique, ou les missionnaires du Congo, la religion - ici le wahhabisme-  sert  de nécessaire ciment idéologique pour enrober  des buts purement politiques et économiques .On a toujours fait la guerre au nom de Dieu!
Mais le Grand Moyen Orient , réserve de pétrole du monde , doit être américano - israëlo - saoudien .Point

2011 : INVASION DU BAHREIN
«C'est un tournant dans la crise», avertit un expert militaire occidental dans le Golfe. Pour la première fois, en effet, depuis la création du CCG, (Conseil de Coopération du Golfe) en 1981, des troupes issues d'un de ses pays pénètrent dans un autre pays membre de l'organisation. Qui plus est pour mater sa propre population. L'opposition bahreïnienne a immédiatement dénoncé «un complot». «Nous considérons l'entrée de tout soldat, de tout véhicule militaire dans les espaces aérien, terrestre ou maritime comme une occupation flagrante», a souligné un communiqué de plusieurs formations d'opposition, dont le Wifaq, le principal parti chiite. - Le Figaro 14/03/2011

2011-2015 : LA GUERRE EN SYRIE :
« En trois ans de crise et de guerre en Syrie, la stratégie saoudienne est passée du « soft power » et de la wahhabisation rampante à la guerre directe.
Les Saoud ont commencé par saboter toute perspective de réforme, de démocratisation et de réconciliation en Syrie. Ils ont ensuite poussé les Syriens à s’entre-tuer en dressant face aux forces loyalistes des groupes armés créés de toutes pièces à leur image. Voyant leur projet de renversement de régime échouer, ils ont décidé de tenter le tout pour le tout, quitte à réduire la Syrie en poussière avec l’aide d’Al Qaïda. »
« La guerre du royaume d’Arabie saoudite contre la Syrie »
Par Bahar Kimyongür

2015 :GUERRE CONTRE LE YEMEN
« Des milliers de soldats sont arrivés en renfort au Yémen en provenance notamment du Qatar et d' Arabie Saoudite, pour combattre les rebelles chiites houthistes qui contrôlent une partie du pays, rapportent plusieurs médias internationaux, lundi 7 septembre.
Alors que ce mouvement de troupes a été rapporté par plusieurs médias, le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat affirme en outre que l’Arabie saoudite a déployé dimanche à Marib d’importantes forces de ses unités d’élite. Une information rapportée aussi par l’agence officielle des Emirats arabes unis, Wam. Des sources militaires yéménites à Marib ont cité le chiffre de 1 000 soldats saoudiens arrivés dans la province avec des blindés et des chars de combat. » Le Monde 07/09/2015

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/09/07/l-arabie-saoudite-et-le-qatar-deploient-des-troupes-au-yemen_4748062_3218.html#WbiB2DOloPtbQjEm.99

LES DRONES WALLONS, 7 MILLIONS D'ARGENT PUBLIC AUSSI POUR LA GUERRE DES  SAOUD ?

Voilà donc le nom de COCKERILL, qui a été en quelque sorte, le deuxième nom de générations entières de travailleurs, ouvriers, techniciens, employés, ingénieurs, sous traitants , commerçants, etc., voilà ce nom qui leur appartient , associé à une entreprise de guerre et de conquête au Moyen Orient .
Nos gouvernements -, fédéral et wallon-  en accordant les licences , en octroyant des aides, s'inscrivent en connaissance de cause dans cette politique , qui nous mène au désastre, au Moyen Orient , chez nous et dans le monde entier. Les risques de conflit généralisé sont réels.
Mais ce n'est pas fini.
Il y a dans les projets du Plan Marshall de la Région Wallonne parmi les 7 pôles de compétitivité un projet XUAS associé aux tourelles de char.

« XUAS » porté par CMI Defence : il vise à développer un système de drone, porteur aérien doté de capteurs/senseurs déportés qui permettront de fournir un ensemble de services et d’informations complémentaires par rapport à ce qu’offrent les moyens traditionnels actuellement utilisés dans les tourelles. Le budget est de 7.011.636 euros. · http://www.wallonie.be/fr/actualites/poles-de-competitivite-du-plan-marshall-7-projets-dampleur-selectionnes-dans-le-cadre-du

Serait il étonnant, s'il n'est pas mis un arrêt à la politique de guerre actuelle de nos gouvernements ,de voir dans quelques mois  les drones COCKERILL accompagner les chars COCKERlLL quelque part entre le Tigre et l'Euphrate  pour semer la mort et la destruction.


« SI ON ESSAYAIT LA PAIX ? »

En devenant leader mondial des tourelles de char,  CMI a  montré que, bien plus que le carnet d'adresses de MM LONGUET et PONCELET, c'est le savoir faire , l' excellence de ses travailleurs ,ingénieurs, techniciens, ouvriers spécialisés qui est à l'honneur.
Ne serait il pas temps de changer de cap , et de renforcer tous nos efforts , tous nos investissements , tout notre savoir faire vers des projets de paix, de mieux être pour l'homme, de transition énergétique , de sauvetage de la planète , et de se retirer des projets de guerre et de destruction.

mercredi 2 décembre 2015

1914-1918 - JUILLET 1916 : LA REVOLTE DU BEURRE EN PROVINCE DE DE LIEGE ." LE BEURRE A 3 FRANCS/Kg ! "




Je reviens , dans ce blog, sur LA RESISTANCE SOCIALE dans notre pays pendant la guerre 1914-1918.
Sur la résistance des travailleurs contre l'insupportable vie chère , la faim et la misère.

En fait , j'ai le sentiment que cette  résistance a été permanente, et souvent radicale ; on l'a vu lors de la grève du pain dans la région liégeoise en mai 1915 .Mais qu'on n' en a pas écrit l'histoire...- (en Wallonie du moins)
voir http://rouges-flammes.blogspot.be/2015/11/1914-1918-mai-1915-la-greve-du-pain-des.html

Il suffit de fouiller un tout petit peu dans les journaux qu'ils aient paru en exil  à Londres, Amsterdam ou en pays occupé sous la censure allemande, et on trouve en permanence ,en page intérieure, parmi les faits divers, de petits billets de correspondants locaux qui ne parlent que d'alimentation, de disette et de prix, de troubles sur les marchés.(voir  par exemple sur le site http://het archief.be)
C'est ainsi qu'on apprend que en juin1916, ça bouillonne aussi bien à Gand qu' à Liège ou à Anvers.



LE PRIX DES PRODUITS LAITIERS
La cause  , dans la région de Liège, c'est le prix des produits de grande valeur nutritive , le beurre, le lait, les oeufs– absolument nécessaires à l'alimentation des enfants et bien sûr aussi des ouvriers mineurs astreints à un travail lourd.
BRUXELLES 1914 : LA QUEUE  POUR LE BEURRE
En particulier, la matière grasse comme le beurre , le lard, la viande de porc qui avait dans les années avant guerre gagné une place de choix dans l'alimentation des ouvriers, preuve aussi d'un certain mieux être social.
Avec le déclenchement de la guerre, les quantités disponibles se sont effondrées,et les prix se sont emballés ; la consommation de lait a chuté de 40% ( entre août 14 et le printemps 1915).
Le beurre est devenu dés lors un produit de luxe rare, mais un produit de première nécessité.
La consommation des oeufs à chuté de 50%, due à la rareté  et au prix; les importations ont été stoppées par la guerre.

Voici, à propos du prix des denrées, un tableau comparatif des prix des 1914 et de 1916 :
  1.       1 kilo de viande ………………… fr   3.00       fr   9.00
  2.       1 kilo de lard …………………… fr   2.00       fr  16.00
  3.       1 kilo de graisse ………………... fr   1,60       fr  12.00
  4.       1 kilo de beurre ………………....  fr   3.00       fr  8,50
  5.      10 litres de pétrole ……………....   fr  1,50       fr  75.00
  6.       1 kilo de café …………………...   fr   2,40      fr  16.00
  7.      10 œufs ………………………….   fr   1,50      fr  5,50
  8.      10 kilos de farine ……………......   fr   2,80      fr  32.00
  9.      10 kilos de pommes de terre .........   fr  1.00       fr  8,50
  10.       1 kilo de sucre ………………......   fr  0,60       fr  6.00
  11.       1  kilo de riz ……………………..  fr  0,40       fr  12.00

En ce qui concerne le beurre, on signale qu'on le vend dans certaines crèmeries jusqu'à 7,75f/kg, et au marché d' Aubel à 6,5f/kg.
Malgré tous les règlements édictés par l'autorité occupante, le beurre faisait défaut et fera défaut toute la guerre, sur les marchés, et quand il y en avait , il était vendu parcimonieusement (60 ou 100g/personne) et le plus souvent, sur la vitrine, était affiché : « PAS DE BEURRE »
Bien sûr, on pouvait en trouver, mais à des prix exorbitants , 16 f/kg au début 1917 et jusqu'à 40f/kg en 1918 !!

« NOUS VOULONS LE BEURRE A 3 FRANCS.. »

A Liège, c'est dans la banlieue Est cette fois , du côté de JUPILLE, BELLAIRE, QUEUE DU BOIS
et RETINNE que les mineurs toujours à la pointe du combat social et les femmes de mineurs entreprennent les premières actions : les 26 et 27 juin 1916, « indignés de se voir refuser du lait dans les fermes , ils se postèrent sur les routes et renversèrent sur la route le contenu des cruches , » de même que des cargaisons entières d'oeufs.
Certains charbonnages , d'autre part étaient en grève ( grève démarrée à Batterie sur un problème de licenciement, et qui s'était étendue, en solidarité 
à d'autres puits)
Le 2 juillet , c'est à BEYNE HEUSAY : dés 3h du matin, des groupes d'hommes et de femmes se mobilisent par le porte à porte .Ils arrêtent un transport de lait, et le renversent sur la chaussée.
Dans la matinée, c'est au centre de LIEGE , au MARCHE DE LA BATTE que ça bouge.
Une centaine de personnes sont descendues d'abord Place Cockerill exigeant le pain à 0,55f/kg. Refus des marchands, les pains et les étalages furent jetés à La Meuse!  De même sur la Batte.
La police intervient et arrête une quinzaine de manifestants.
Un groupe de femmes marcha alors vers les commissariats rue Soeur des Hasques, et rue Hullos qui furent caillassés à coups de pierres.Une patrouille allemande arrive et disperse la foule.
A SAINT NICOLAS, des groupes de manifestants pénètrent dans les magasins , et imposent le prix de 3f/ kg de beurre.

ACTIONS POUR LE PRIX DU BEURRE(juin-juil1916-provLIEGE)
Les jours suivants, les mouvements se développent dans le PAYS DE HERVE – toujours avec les mineurs et les femmes, à AUBEL et BATTICE où des échoppes sont renversées.
A HERVE , une centaine de mineurs se rassemblent.
Le bourgmestre de Herve Mr Cayot, avait lancé un appel aux paysans pour s'en tenir au prix maximum  : tous les agriculteurs sont appelés à signer une déclaration respectant le prix demandé : 3f/kg de beurre.
Des délégués ouvriers sont présents.
De même à Vaux sous Chèvremont, Grâce Berleur , Huy plus tard, les fermiers signent une déclaration sous l'autorité du bourgmestre, se conformant aux desiderata de la population : vendre le beurre à 3f et le lait à 0,18-0,20 ct/litre .

A NAMUR même, « les 3 journées de marché furent troublées ; une bande assez nombreuse attendait les marchands à la descente du tram, obligeant la vente du beurre et des oeufs à leur prix ». La police fut huée, arrestation du meneur . Le bourgmestre interdit toute manifestation, et le conseil communal vota une réglementation des prix.
On le voit, la colère ouvrière, des plus justifiées, dirigée au départ contre les marchands et les agriculteurs , conduisit à des négociations structurées et victorieuses dans un rapport de force basé sur la mobilisation et l'action radicale.
Les travailleurs imposaient le respect de prix qui leur permette au moins de survivre.
Les agriculteurs l'acceptaient. Les autorités communales patronnaient les accords.


« FEMMES EN FUREUR, BANDE DE CITADINS », OU TRAVAILLEURS EN LUTTE ?
LOUIS BERTRAND , député socialiste de Bruxelles relatera comme suit cet épisode dans son « Occupation allemande en Belgique »


« Il faut dire que « des émeutes s'étaient produites dans un grand nombre de villes du pays, les jours de marché.
Des femmes en fureur forcèrent les marchands à céder leur marchandise à un prix raisonnable et ceux qui refusaient voyaient renverser leur étalage, piétiner leur marchandise, et souvent ils reçurent des coups !
Au pays de Liège, des bandes d'ouvriers se rendirent dans les fermes à plusieurs lieues à la ronde, réclamer des fermiers la livraison de leur beurre à 3 otu 4f/kg.
Ces clients indésirables visitaient les coins et recoins de la ferme pour y découvrir le beurre et ils le prenaient de force en payant le prix indiqué.
On nous a cité que ces bandes de citadins, rencontrant sur leur route des gens porteurs de paquets de beurre demandaient à quel prix ils l'avaient payé ; Et si le prix était trop élevé, ils se rendaient chez le fermier, et lui faisaient rembourser la différence. »

« femmes en fureur, bandes de citadins, clients indésirables », ce n'est pas une manière très socialiste de raconter l'histoire  d'une juste colère populaire  pour un député du POB.
Mais il y a pire.

Régalons nous avec l'article suivant : « La Belgique «  du 8 juillet 1916
« Nos houilleurs »
"LA BELGIQUE" du 8 juillet 1916
Ils se sont mis en grève, mardi, nos houilleurs, histoire de se dégourdir les jambes.
Rester sur le dos ou sur le ventre entre deux pierres, depuis 6 heures du matin, jusqu'à 3 h de l'après midi n'est guère amusant.
Les promenades à la campagne, sous le soleil plutôt tiède de ces jours derniers offraient incomparablement plus de charme.
C'est pourquoi, profitant de l'émotion causée par la vie chère, ils ont décidé de faire une randonnée dans nos campagnes afin de rendre une petite visite aux fermiers pour leur demander s'ils n'avaient pas du beurre à vendre à 3f/kg , et des oeufs à 2,6 f le quarteron....
Naturellement, les femmes étaient de la partie : dans les choses importantes, un houilleur ne part jamais sans femme ;[...]
Nos braves fermiers signèrent de la meilleure grâce du monde l'engagement de vendre désormais leur beurre, leur lait, et leurs oeufs aux prix fixés par Messieurs les houilleurs »[...]

Quand le professeur PAUWELS (*)vous disait que c'était une guerre de classes ! Quel mépris pour les  "houilleurs"  suinte de chaque ligne de cet entrefilet perdu en page intérieure dans la rubrique « TOUT LIEGE " 
* voir Jacques PAUWELS: "La Grande Guerre des classes -EPO 1914


CREER UNE INTERCOMMUNALE ...

Manifestement inquiets de poussées ouvrières révolutionnaires , les partis de l'Union Sacrée ( catholiques, libéraux et socialistes ) s'associeront pour créer une nouvelle structure qui dépassera le seul CNSA , consacré aux chômeurs et indigents et ouvriront les " Magasins communaux de l'arrondissement de Liège ", La première priorité de la société est de s'occuper du ravitaillement en beurre, lait et œufs .  Ces denrées sont achetées aux producteurs de l'arrondissement en leur laissant un bénéfice équitable. La deuxième vise à procurer aux fermiers les produits nécessaires à l'alimentation du bétail. »
Le 30 octobre 1916, les Magasins communaux sont remplacés par la « Société intercommunale de Ravitaillement de la Province de Liège » (société coopérative, gérée par un conseil d'administration, composé de membres appartenant aux trois grandes familles politiques).
La révolte du beurre aura eu ce résultat : une victoire institutionnelle des travailleurs dont les revendications ont été prises en compte.
Reste à étudier (par les historiens du peuple) comment cette nouvelle institution du type « union nationale » aura pu sur le long terme ( 1917-1918)  juguler la vie chère.

VERVIERS 4 et 5 JUILLET : JUSTICE POPULAIRE CONTRE LES TRAFIQUANTS,
Un autre article "ROUGEs FLAMMEs" détaillera  particulièrement ce qui fut le sommet des actions contre les prix exorbitants du beurre et des produits laitiers : les manifestations des 4 et 5 juillet 1916 à Verviers.
ROUGEs FLAMMEs :"1914-1918 -VERVIERS, 4 et 5 JUILLET 1916 :  LA REVOLTE  POPULAIRE CONTRE LES AFFAMEURS ET LES  « PUDDINGS"
http://rouges-flammes.blogspot.be/2016/07/1914-1918-verviers4-5-juillet-1916-la.html
 
La flambée brutale des prix ne plaît pas à la population qui s'inspire des échauffourées survenues la veille  à Liège pour exprimer sa révolte.
La colère ouvrière se dirigeait aussi contre les trafiquants, gros producteurs et négociants, profiteurs de guerre qui traditionnellement dans cette région, vendaient aussi en Allemagne.
Dés le 3 au soir s'étaient formés à SOUMAGNE, FLERON et MICHEROUX, , tous villages de mineurs, un cortège qui se rendit de nuit vers VERVIERS..


C'EST DANS LA RUE QU'ON GAGNE
Quelle belle page d'histoire écrite par les travailleurs et les femmes de la région liégeoise, dans des ,ô combien, conditions difficiles, de 1916 : l'effacement des organisations syndicales, la dictature militaire et l' état de guerre.
Femmes, mineurs , simples citadins ont osé se dresser contre la vie chère, ont imposé leur prix , acté dans de nombreuses conventions avec les agriculteurs et les autorités communales, ont puni les fraudeurs et trafiquants.
Ils  ont gagné dans la rue. Belle leçon de lutte, encore aujourd'hui.Et insistons tout particulièrement sur le rôle des femmes .
Mais , il n' y avait à l'époque, à ma connaissance du moins , aucune force politique  à gauche capable de relayer dans un combat politique  cette énergique résistance populaire, et d'unir autour des travailleurs toutes les couches du peuple.
Le POB  donnait , lui, systématiquement à  toute question du monde du travail, une réponse basée sur l' Union Sacrée et  la collaboration avec les partis bourgeois.



L' ENJEU ALIMENTAIRE ETAIT DEVENU UNE QUESTION POLITIQUE
 
On sait que la lutte pour le pain et les vivres indispensables furent des éléments déterminants dans l' émergence des révolutions russe en 1917 et allemande en 1918, et donc dans la fin de la guerre.
EN RUSSIE,
L'événement déclencheur de la révolution de février à PETROGRAD, en Russie a été le rationnement du pain ( la ville n'ayant plus de farine que pour quelques jours), combiné avec le chômage dans les grandes usines.  Le 8 mars (23 février) 1917, proclamée en 1910, "Journée Internationale des Femmes pour l'égalité des droits"  , plusieurs cortèges de femmes (étudiantes, employées, ouvrières du textile des faubourgs ) manifestent dans le centre-ville de Petrograd pour réclamer du pain.
 « Du travail et du pain » étaient les premiers mots d'ordre de cette révolte populaire . Appuyée immédiatement par les ouvriers des grandes usines, cette révolte du pain se transforme en grève générale , et  le passage des soldats dans le camp du peuple, exigeant la paix , emportera le tsar .

En ALLEMAGNE,
Dès la fin 1915, des émeutes de la faim sont attestées dans plusieurs villes du pays.
Le 15 octobre 1915, dans le quartier berlinois de Lichtenberg, quelques femmes protestent contre le prix du beurre. Le soir, ce sont 5 à 6000 personnes qui se sont rassemblées, protestant, lançant des pavés, poussant des slogans hostiles à la guerre, obligeant la police à intervenir. 
ALLEMAGNE 1917: la queue pour  la nourriture
À Freiburg, à l’été et à l’automne 1916, sont également observés des incidents violents (bris de vitrines, blessés) devant des magasins d’alimentation. Le rationnement est de plus en plus mal vécu, au fur et à mesure que les pertes deviennent massives, que la guerre n’en finit pas de durer. Les femmes avec leurs enfants protestent, s’agitent, manifestent. Elles vont même jusqu’à pénétrer de force dans l’hôtel de ville. L’enjeu alimentaire était ainsi devenu une question politique.


Sur la faim en Allemagne:   http://centenaire.org/fr/une-societe-lepreuve-de-la-guerre

sur la vie à liège en 1916 :blog ma nouvelle vie à Lidge    http://catinus.blogspot.be/2014/09/liege-en-1916.html
La presse  :voir infos dans Le Bruxellois  de juin juillet 1916: https://hetarchief.be/nl/media/le-bruxellois-journal-quotidien-independant/z2hOAYUbnXpWNTLOEUhPRZyj

(très intéressant en nl) :Antoon Vrints : « Sociaal protest in een bezet land -Voedseloproer in Belgiê tijdens de Eerste Wereldoorlog » Tijdschrift voor Geschiedenis- 124e jaargang, nummer1 pp30- 47
http://www.ingentaconnect.com/content/aup/tg/2011/00000124/00000001/art00003?crawler=true

sur Verviers  "L’insurrection des affamés saccage le centre de Verviers"
  http://lesresistantsdelamemoire.be/forum/topic-869+l-insurrection-des-affames-saccage-le-centre-de-verviers.php

et   http://www.lavenir.net/cnt/355251



jeudi 26 novembre 2015

1914-1918 : COMMENT LES SAOUD ONT GAGNE LA GUERRE AU MOYEN ORIENT.

                                                                                                                                                       

CHURCHILL et IBN SAOUD 1950
ROOSEVELT et IBN SAOUD  sur le QUINCY 1945
La dynastie des Saoud a conquis une première fois, au XVIIIème siècle, la péninsule arabique -partie de l'Empire Ottoman-  sur la base d'une alliance entre son bras armé - la famille Saoud, et son  bras religieux  Abdelwahab, partisan d'un Islam purifié.
Ecrasés par les troupes au service de l'Empire Ottoman, ils remettront ça au XXème siècle.
De 1900 à 1934, ce n'est pas moins de 10 guerres de conquête qui leur permettront d'éliminer leurs  rivaux féodaux, dont le plus important, le chérif hachémite Hussein de la Mecque, et de mettre la main sur la péninsule arabique. 
Restés au balcon pendant la 1ère guerre mondiale et la grande révolte arabe, ils utiliseront habilement    la duplicité britannique pour s'imposer : 
Ils seront les vrais vainqueurs de la capitulation de l'Empire Ottoman. 
Là aussi, ils s'appuieront sur une milice religieuse , les IKHWAN, qui sèmeront sur leur passage, crimes et destructions, avant d'être - devenus trop dangereux pour son alliance avec l'Occident, et pour la domination britannique sur la région - écrasés par le roi lui même.
Et aujourd'hui ?

Suite aux criminels attentats de Paris de ce 13 novembre , je me replonge dans mon blog datant de janvier 2015 «  1914- 1918 GRANDE REVOLTE ARABE, GRANDE TRAHISON DE L'OCCIDENT » où j'avais crié ma peine et ma colère suite aux assassinats à CHARLIE HEBDO et au SUPER KASHER. 
Ce blog historique voulait porter la réflexion sur le terreau géostratégique du jihadisme et la responsabilité historique de l'Occident :
1. Que les Français et les Anglais ont promis en 1916 au chérif de LA MECQUE, HUSSEIN, la, création d'un état arabe indépendant en échange de sa participation à la lutte contre l' EMPIRE OTTOMAN , allié des EMPIRES ALLEMAND et AUSTRO HONGROIS.
2. Que, en même temps ils trahissaient cette promesse en se partageant le LEVANT et la MESOPOTAMIE c'est à dire la SYRIE, le LIBAN, la PALESTINE, la TRANSJORDANIE et le futur IRAK par l' accord secret SYKES PICOT, révélé en 1917 par le gouvernement bolchévik.
3. Que, en même temps, (déclaration BALFOUR 1917) ils ouvraient la voie à le création d 'un FOYER NATIONAL JUIF en PALESTINE.
Et qu' après les traités de VERSAILLES – 1919 et de SAN REMO -1920, il ne restait rien de la promesse d'un quelconque état arabe indépendant.

Mais je m'aperçois qu' il y a un grand oublié dans l'histoire de la Grande Guerre . On a oublié un participant très peu présent, sur les champs de bataille d' Akaba, Jérusalem ou Damas, mais bien présent par contre au festin appelé :« partage du Moyen Orient » .
 HUSSEIN , Grand Chérif de LA MECQUE
Dites moi...
La Péninsule Arabique dans tout ça. ? Qu'est elle devenue ?
HUSSEIN, grand chérif de LA MECQUE, entraîné par LAWRENCE D'ARABIE , l' homme des services secrets de Sa Majesté, dans la grande bataille, qu'est il devenu ?
En « dédommagement » du parjure anglo-français, « on » a nommé deux de ses fils – roi ou émir, non pas de la SYRIE ou du LIBAN colonisé  ; non là, c'était la « REPUBLIQUE FRANCAISE »qui colonisait
mais bien des territoires sous mandat britannique, la TRANSJORDANIE et l' IRAK. ( Les Britanniques, eux , aiment les rois !)
Mais HUSSEIN  , lui même , 37ème descendant du grand père du prophète ( Hachem) , gardien des lieux saints de l'Islam, roi du HEJAZ, qu' était il devenu  ?
Et les SAOUD , cette noble dynastie d' ARABIE , comment se fait- il qu'ils règnent sans partage depuis près de 100 ans. ?
Les SAOUD ont ils participé à LA GRANDE REVOLTE ARABE ?
Etaient - ils présents au traité de VERSAILLES ?

NENNI VALET !
En fait , la guerre 14-18 s'est prolongée dans la PENINSULE ARABIQUE jusqu'en 1925.

Ouvrons les yeux : les sonneries de cloches et de clairons du 11 novembre 1918 à 11h n' ont pas mis fin à la guerre mondiale, loin de là .
Comme les tremblements de terre, elle a connu ses répliques : intervention militaire contre la Russie Soviétique (1918-1922) , guerre d'indépendance en Irlande , guerre gréco- turque (1919-1922) , intervention franco belge dans la RUHR (1923-1925) et... la guerre des SAOUD pour conquérir la Péninsule arabique ou, si possible, plus que la Péninsule(1920-1925)



UNE DYNASTIE THEOCRATIQUE ET GUERRIERE
La dynastie des SAOUD a régné sur le premier royaume saoudien – état féodal théocratique - de 1744 à 1818, fondé sur l'alliance militaro -religieuse entre la dynastie SAOUD , (l'émir de DARIIYA) bras militaire et son bras religieux, Mohammed ben Abdelwahab prônant le retour à la base d'un l'islam purifié .
 le premier royaume saoudien 1744-1818
Depuis leur capitale DARIYA, près de RYIAD, les deux chefs unissent les tribus du NEJD (partie centrale de la péninsule) prennent le contrôle de Riyad en 1773, et leurs successeurs étendent leur pouvoir à une grande partie de la péninsule arabique en 1806 qui était sous souveraineté ottomane.
Ils poussent leur conquête jusqu'aux lieux saints chiites en Irak ( Kerbala) qu'ils mirent à sac et où ils feront régner la terreur .Ils prennent LA MECQUE et MEDINE où ils détruisent différentes idoles et les tombeaux de saints .
Ébranlé par le pouvoir grandissant des SAOUD, l' Empire Ottoman ne tarde pas à réagir et confia à MEHMET ALI, vice roi d'Egypte et vassal de la Sublime Porte et à son fils de libérer les villes saintes et d'anéantir le royaume, en détruisant en 1818 leur capitale Dariya.
Abdallah ben SAOUD ben Abdelaziz sera décapité à ISTANBUL.
Le but de la dynastie des SAOUD sera toujours de restaurer ce royaume et leur pouvoir absolu théocratique sur l'ensemble de la péninsule , voire plus loin si possible.

Dans les années d'avant guerre, la péninsule est le centre de rivalités et de combats incessants de 1900 à 1914 entre potentats féodaux ennemis , les Hachémites (contrôlent le HEJAZ- côte de la MER ROUGE) ,les Al RACHID ( le HAIL – au Nord) les SAOUD ( le NEJD au Centre ) ,l'émir du KOWEIT, l'émir du YEMEN et quelques autres.

Le tout sous un fond de rivalités entre les puissances impérialistes : les Anglais établissent le contrôle maritime du Golfe persique ( ADEN, OMAN, BAHREIN) pour en faire une mer britannique et les Allemands entreprennent de participer à la construction de chemins de fer DAMAS - MEDINE et BERLIN - BAGDAD.
L'enjeu est stratégique, le contrôle de la route des Indes, et économique, les premiers puits de pétrole sont découverts en Iran.


1914-1918 :  DOUBLE JEU DES ANGLAIS, DOUBLE JEU DES SAOUD

Quand éclate la guerre, l'Empire ottoman, allié des Allemands, demande à l'émir Abdel Aziz SAOUD de l’appuyer. 
Ce dernier se dérobe , et promet de ne pas empêcher de fournir de la nourriture aux troupes turques et laisse les caravanes militaires turques traverser son territoire depuis la Syrie vers l ‘Asir et le Yémen ;
En même temps, un traité est signé avec les Anglais à DARIN le 26 décembre 1915  : les Anglais s’engagent à protéger les territoires des SAOUD contre la promesse de ce dernier qu’il aiderait les Alliés .Le Nejd va recevoir des subsides mensuels d’une valeur de 5 mille Livres Sterlings et des armes .
Néanmoins, Abdelaziz ben SAOUD refusera de déclarer la guerre aux Ottomans, et louvoiera entre les 2 belligérants., maintenant contacts et visites aux 2 camps.
Les Anglais ( jouant sur tous les tableaux) scellent une alliance avec le chérif de la Mecque de la dynastie hachémite Hussein, ennemi des Saoud , qui lancera la grande révolte arabe contre l'Empire Ottoman.avec en échange, la promesse de régner sur un grand état arabe.... resté il est vrai indéfini.
Mais ils avaient déjà reconnu et aidé le pouvoir saoudien sur le NEJD !
On comprend bien là ce que signifie l'expression «  la perfide Albion » !!
De son côté, le chérif Hussein invite à se battre à ses côtés contre l’ennemi commun, les Turcs. Abdel Aziz répond positivement. mais, ....
ses troupes ne s'affronteront qu' épisodiquement en 1915 de temps à autre aux AL RACHID – au Nord - valets des Ottomans., mais sans résultat.
... « ce qui va dissuader l’émir de Riyad pendant deux ou trois ans de s’engager dans de grands conflits. »
Le temps sans doute que les Ottomans capitulent en novembre 1918 sous les coups des troupes anglaises et arabes – et qu' il puisse passer aux choses sérieuses , réaliser SES PROPRES objectifs.
Double, voire triple jeu donc dans la Grande Guerre
  • des Alliés de l'Entente et en particulier de l'Angleterre, qui jouent toutes les cartes en même temps  , et compte bien de la confusion ainsi installée , tirer les marrons du feu . - promesses et soutien aux Saoud – émir du NEJD (RYADH)
- promesses et soutien à Hussein - émir de La Mecque
- promesses et soutien aux sionistes - ( déclaration Balfour)
- traité secret Sykes Picot avec les Français
  •  des Saoud ,qui restent au balcon et ne s'engagent  aux côtés d'aucun des deux  camps; Ils  signent un traité avec les Anglais contre monnaie sonnante et trébuchante, sans néanmoins se joindre à la grande bataille contre l'empire ottoman et même en maintenant avec celui ci des contacts d'allégeance .
    LES 10 GUERRES DES SAOUD

En fait, les SAOUD ont leurs propres objectifs :
 - conquérir au moins toute la péninsule arabique

- établir le wahhabisme comme seule interprétation de l'Islam

- et à cette fin , s'emparer des lieux saints. 

De 1900 à 1934 , ils mèneront systématiquement une dizaine de guerres – toujours sanglantes – et on l' a vu parmi elles , la grande guerre 1914-1918 ne sera qu'un intermède et peu de coups de feu furent tirés contre les Ottomans.
Guerre pour conquérir le NEJDJ, partie centrale de la péninsule, 2 ou 3 guerres de conquête du Nord , guerre à l'Est ,vers le Golfe Persique, pour soumettre par le feu et le sang, la région chiite ( AL HASA), guerre au Koweit, conquête de l'Asir,( sud de la Mer Rouge) guerre contre le Yemen (1934)
Mais les conflits décisifs seront les 2 guerres du HEJAZ  (1919 et 1924): conquérir et arracher à son rival HUSSEIN, chérif de LA MECQUE, cette région riche, stratégique ( contrôle de la Mer Rouge – avec un grand port Djeddah) et surtout région des lieux saints de l'Islam- MEDINE et LA MECQUE.
Le drapeau de l'ARABIE SAOUDITE ( un message de paix?)
Les Anglais- qui avaient tous les fers au feu ,choisiront comme vassal les SAOUD et envoyèrent HUSSEIN , descendant d'Hachem le grand père du prophète, gardien reconnu depuis 10 siècles des lieux saints , l'inspirateur arabe de la grande révolte de 1916-1919 en exil à Chypre.
Il avait refusé, semble t-il ,à la fois de reconnaître – en échange d' aides militaires - les intérêts de Londres dans son fief du  Hejaz , et le mandat britannique sur la Palestine, incluant la création d'un Foyer National juif .

C'est cette  imposture militaro- religieuse dont la roublardise et l'ardeur guerrière ,étaient dirigées non pas tant contre l' occupant ottoman, que contre les autres royaumes féodaux de la péninsule, et contre tout mouvement de libération arabe, toute libération de l'esprit aussi,  qui eut  les faveurs du nouveau maître des lieux : l'Empire Britannique.
La conquête des lieux saints , avec l'appui britannique, donna de facto aux SAOUD et à leur idéologie wahhabite une place de choix dans le monde musulman.
Le statut de "premier état arabe indépendant "(!!) au Moyen Orient lui créera aussi un certain prestige
Remarquons que la conquête saoudienne est préalable à la découverte du pétrole 1938 , et que ce sont bien les Britanniques qui ont été l' appui déterminant à cette conquête.
Puis fut découvert le pétrole , et ... les SAOUD, protégés depuis 1945 par la puissance militaire américaine sont toujours là, plus que jamais, pouvoir théocratique, policier , absolutiste d'un pays
Manifestation pour défendre le bloggeur RAIF condamné au fouet
semi colonial et semi féodal , à la fois profondément féodal dans ses structures de pouvoir politique mais à la pointe dans la gestion du capitalisme semi colonial.
Les SAOUD en 2015, à Riyad, c'est un peu comme les CAPET et l'Inquisition installés à l' Elysée , avec un mélange d' Edit de Nantes, de procès à la Jean CALAS ( protestant assassiné pour hérésie par le supplice de la roue en place de Toulouse . (1762)  d'une part et d'autre part les tours  de BOUYGUES , de GOLDMAN SACHS  et  de TOTAL à La Défense .
C'est bien un mélange de féodalisme et de capitalisme mondialisé


LES IKHWAN  :UNE MILICE RELIGIEUSE PARAMILITAIRE

Cette conquête fulgurante de la Péninsule fut possible bien sûr en louvoyant entre les intérêts des puissances impérialistes pendant la 1ère guerre mondiale s'accommodant de l'un, pour ensuite se rallier à l'autre .
Toujours du côté du manche, les SAOUD ne seront néanmoins pas une simple carpette de l'impérialisme.
Ils poursuivront toujours leur propre but d'hégémonie politique et de conquête idéologique sur la région, s'affrontant si nécessaire, juste ce qu'il faut pour ne pas rompre le fil, aux nouveaux maîtres.
Pour ce faire, ils s'appuieront de 1913 à 1927 sur une milice religieuse paramilitaire les « IKHWAN », qui seront les supplétifs des troupes «  régulières » et précisément tireront la ficelle des conquêtes militaires et de la dictature religieuse le plus loin possible, jusqu'à devenir un monstre incontrôlable par le roi lui même qui les avait pourtant enfanté et chéri.
Ca ne vous fait penser à rien , ami lecteur... ?

Les IKHWAM sont à l'origine des guerriers bédouins sédentarisés afin de pratiquer un islam pur et rigoureux, se basant sur la doctrine wahhabite ,chose incompatible selon eux avec la vie nomade.
Le mouvement est basé sur la stricte observance des cinq piliers de l’Islam, l’obéissance absolue au chef et l’entraide totale entre les frères. Il prohibe tout contact avec les étrangers européens.. Le nombre de communautés augmente rapidement. Estimées à 52 en 1920, elles sont 120 en 1929.
En 1913, ils participent à la conquête de l'Asir où ils massacrent la population chiite.
En 1920 , dans la guerre contre le Koweit, plusieurs milliers d'Ikhwan mirent en déroute la cavalerie koweiti et l'annexion ne fut empêchée que par l'intervention d'avions et chars britanniques.
Après la bataille ils exigèrent que «  le Koweit suive les règles suivantes:évincer les chiites, adopter leur doctrine , considérer les Turcs comme hérétiques, interdire de fumer , la prostitution ... et détruire l'hôpital américain »
Ils furent le fer de lance des 2 guerres contre le Hejaz, anéantissant en 1920 l'armée hachémite, dont le régime ne fut sauvé que par les Britanniques , et en 1925, ils entrèrent , animés par la ferveur religieuse d'occuper les lieux saints, dans la LA MECQUE .


ATTAQUES CONTRE l'IRAK , TRANSJORDANIE, le KOWEIT

Mais les IKHWAM ne se contentèrent pas de conquérir , pour les SAOUD, la péninsule.                  Ils lancèrent à plusieurs reprises des raids contre la TRANSJORDANIE , sous mandat britannique, et en 1924 leurs milliers de guerriers à dos de chameau étaient à 15 km de la capitale AMMAN .
Ils ne furent arrêtés que par l'aviation anglaise.
De même en 1921, ils lancèrent un raid contre la région chiite d' IRAK, sous mandat britannique. massacrant plusieurs centaines de personnes.
Ils renouvelèrent des raids contre l' IRAK et le KOWEIT en 1928, tout en s'opposant à toute occidentalisation du royaume.
Les Britanniques, en représailles bombardent le NEJD...
 Là la corde des SAOUD peut se rompre...Le roi, après avoir ainsi tendu la corde de ses conquêtes politico- idéologiques le plus loin possible, mit fin au pouvoir de sa milice en la détruisant militairement,soutenu par l'aviation et les blindés anglais, satisfaisant ainsi ses nouveaux amis anglais et américains , mais ayant aussi montré sa puissance.

L'HISTOIRE POUR COMPRENDRE LE PRESENT : UN ETAT SEMI COLONIAL , SEMI FEODAL
Intéressant pour l'histoire est sans doute d'analyser comment ce pouvoir théocratique et féodal a pu engendrer  et instrumentaliser une milice religieuse para militaire pour assurer son hégémonie à la fois politique et idéologique.
Et de comprendre que la destruction par le bon roi IBN SAOUD lui même des IKWHAN en 1929 n'est que le reflet d'une contradiction interne à la société entre le féodalisme et le développement de la domination coloniale de type capitaliste..
Mais est ce seulement de l'histoire ?
C'est aussi un sujet de réflexion pour comprendre les évènements actuels : 
 
le pacte  ROOSEVELT - IBN SAOUD sur le QUINCY  en 1945

Deux guerres mondiales menées pour "la liberté et la démocratie" ont permis à la GRANDE BRETAGNE, pour la 1ère , et aux ETATS UNIS pour la 2ème d'installer , de protéger et de renforcer un régime féodal, théocratique, expansionniste, et qui, protecteur des lieux saints de l' ISLAM, en diffuse dans le monde entier sa propre conception, la plus sectaire et obscurantiste, la plus guerrière, la plus antipopulaire ( le roi et le chef religieux se portant garant de la tradition), le wahhabisme.
Qui sera lui même à la base du vernis idéologique , dés les années 80 et jusqu'à aujourd'hui, de tous les terrorismes dits djihadistes.
Ce régime est expansionniste et guerrier  ( ce sont ses racines mêmes) et tantôt par l'armée régulière comme au BAHREIN ou au YEMEN, tantôt par la pression politique (QATAR), tantôt par les "IKHWAN" aux différentes époques , il veut étendre son hégémonie régionale., entrant  aussi parfois en contradiction avec l'impérialisme.
Il aime aussi se targuer de sa puissance économique, principal producteur de pétrole.
Ce régime pourtant porte en lui une grande contradiction : avoir un ciment idéologique  ultra- féodal  ( qu'il diffuse et permet de diffuser dans le monde entier) et avoir une structure de classe semi féodale et semi coloniale , qui l'ancrent dans le sillage de l'impérialisme occidental.
Les fractions de la bourgeoisie compradore ( directement liée à l'impérialisme et au pétrole ) et de la bourgeoisie capitaliste bureaucratique , tantôt s'opposent et, tantôt se plient devant le féodalisme pur et dur.
Ce qui permet à nos beaux esprits tantôt de se réjouir du vote des femmes aux élections municipales(« le régime évolue  positivement») , tantôt de s'indigner des décapitations, des supplices du fouet et des interdits religieux.
Cette contradiction, évoluera mais il la portera toujours en lui , et de son sein ressusciteront toujours aussi de nouvelles forces  obscurantistes et ultra féodales (celles des IKHWAN des années 20, ou celles du djihadisme des années 2000 - AL QAIDA,  DAESH  etc. ), jamais éradiquées, toujours régénérées   , qu'un temps  il utilise pour élargir  son hégémonie régionale, et qu'ensuite il combat quand elles se  se retournent contre lui même , "valet du Grand Satan américain".

Tant qu'il n'aura pas été abattu par la lutte  démocratique des peuples arabes, avec notre soutien pour  l'isoler.











dimanche 15 novembre 2015

1914 – 1918: MAI 1915 - LA « GREVE DU PAIN » des MINEURS de LIEGE (De Ste MARGUERITE, à SERAING, HERSTAL et HUY)

En poursuivant mes investigations sur ces hommes (et femmes !) « CONTRE », ceux et celles qui se sont dressées contre la guerre de 1914-1918, une question lancinante me poursuit : mais le peuple, les travailleurs , au passé de lutte syndicale et socialiste tellement affirmé  - depuis plus de 30 ans , l'insurrection ouvrière de 1886- comment ont ils réagi à la guerre, au régime d'occupation et à la dégradation incommensurable de leurs conditions de vie ?
Le mouvement de résistance sociale est il lui aussi devenu « passiviste » attendant la fin de la guerre pour se manifester. ?
La lutte de classe a t-elle été « éteinte »  comme le disait Rosa Luxembourg ?
Les travailleurs ont ils courbé l'échine devant à la fois la diminution de leur salaire, la hausse vertigineuse des prix , le rationnement , la misère pour leur famille , et aussi la dictature militaire?
C'est l'image qui s'impose si on suit l'histoire officielle, et les émissions commémoratives.
On ne parle de grève que pour célébrer « les 51 braves » , ouvriers ajusteurs de l'arsenal de Cuesmes qui refusèrent de travailler pour l'armée allemande et condamnés à la déportation en Allemagne, entonnèrent la Brabançonne. Ils méritent, certes,  notre respect.
On ne parle de misère que pour louer l' oeuvre charitable du Comité National  de Secours et d'Alimentation, mis en place par Franki et Solvay- deux figures dominantes de la banque et de l'industrie.
On ne parle de résistance que en allusion à la résistance « patriotique », au service, par exemple, des services de renseignement anglais et les noms de Edith Cavell, Gabrielle Petit ou la hiercheuse socialiste Lucie Dejardin ont baigné mon enfance, mêlés dans mes souvenirs aux vers de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie »
Des hôpitaux et des écoles portent leur nom.
Leur héroïsme fut sans nul doute admirable. Et les nombreux civils fusillés portent à jamais le témoignage de la barbarie des guerres impérialistes.


LA RESISTANCE SOCIALE A T ELLE EXISTE ?
Mais la résistance sociale, le mouvement pour le pain, contre la vie chère, le chômage et la misère , imposés aux travailleurs par la « grande guerre de classe » dans toute l'Europe, en France comme en Allemagne, en Russie comme en Italie, a t-il seulement existé dans notre pays ?
La réponse est OUI , mais il a été et est toujours occulté.

Qui a entendu , en ces années du centenaire parler des mineurs de Liège en grève pour le pain et des femmes de mineurs du Centre,  en marche vers la Kommandantur à Mariemont en 1915, et, en 1916,  des marches de la faim des femmes d' ouvriers chômeurs de Gand , des ménagères d'Anvers , des actions pour imposer les prix du beurre et du lait à Liège , Beyne Heusay  ou Verviers , des blocages des convois de vivres vers l'Allemagne ?

Deux professeurs de l'Université de Gand , qui étudient la question expliquent :
« ... Bien que il existe des monographies sur Gand et Courtrai sous l'occupation, ces événements sont complètement frappés par l'oubli...
La pauvreté fut bien suivie par toute une série d'autorités, mais elles ont préféré n'en laisser aucune trace .
Les archives du bourgmestre Braun ... s'étendent sur les manifestations mémorables ( dignes de mémoire ? ) les agitations anti allemandes et les manifestations flamingantes .
Pourtant c'eut été une importante priorité que d'archiver celles des travailleurs affamés »
« Durant les quatre années de l'occupation allemande , le citoyen ordinaire devait soudain mettre au frigo toute revendication sur le travail, une alimentation satisfaisante et ses droits politiques »
(Giselle Nath)(*)


« Concernant la Belgique pendant la 1ère guerre mondiale, il y a le cliché d'une nation unie qui a
substitué à toutes ses contradictions internes la résistance à l'envahisseur détesté.
Mais en réalité, le pays , occupé, restait sous haute tension, du fait de la pénurie de vivres.
Cela a mené à des protestations actives , qui sont restées dissimulées dans les replis de l'histoire » (Antoon Vrints)(**)

Avec mes modestes moyens d'historien amateur , mais curieux et passionné , je dévore la toile et essaie d 'apporter ma petite contribution pour défaire ces replis volontairement refermés sur une page de l'histoire, essentielle pourtant, de notre mouvement ouvrier.
Et les résultats sont du plus grand intérêt- pour vous aussi, je l'espère-  ami lecteur.
En espérant que demain,  les historiens du peuple détricotent le voile qui depuis 100 ans occulte cette page d'histoire.

LA LUTTE POUR LE PAIN
Les mineurs de Wallonie, avaient déjà une solide expérience d'organisation de la lutte sociale , avec une forte conscience de classe.
Leurs mouvements avaient jalonné les 30 ans d'essor du mouvement ouvrier depuis 1886, et ce y compris leur participation massive aux grèves générales politiques pour le suffrage universel.
De plus au terme de cette première année de guerre, ils étaient en position de force pour se battre pour les conditions de vie de tous les  travailleurs : la mine tournait – on avait besoin de charbon, et c'était même pour l'occupant d'une importance stratégique.
Contrairement aux autres industries, comme par exemple la sidérurgie, dont la production chutait et qui allait être entièrement démantelée par l'occupant allemand pour fournir de la mitraille à leur propre industrie- avec la mise au chômage de dizaines de milliers de sidérurgistes.
Les mineurs furent donc le fer de lance de la résistance sociale.
C'est le pain qui est au centre de la sous alimentation des familles ouvrières : il est rationné , et c'est le Comité National de Secours et d'Alimentation et  la Commission for Relief in Belgium, qui fixe le niveau des rations.
Créées par des représentants de la grande bourgeoisie Franki et Solvay, le CNSA regroupait les notables de l'élite politique d'avant guerre, de l'échelon national à l'échelon local.
Derrière la façade d'oeuvre paternaliste de bienfaisance il y avait chez eux la conscience qu' il fallait en gérant l'approvisionnement en vivres « maintenir le calme dans la population ouvrière »
Les représentants du POB, se rallièrent au CNSA.
Et le CNSA servira ainsi aussi de lieu de contact à la préparation de l'après guerre, et à l'intégration définitive du POB dans la gestion du pays.
 
La ration de pain a d'abord été fixée à 250g /jour/personne, puis au 1er mai 1915, elle est portée à 300g soit 3 pains/ personne tous les 10 jours.
Pour les travailleurs, c'est insuffisant, et s'ils veulent subvenir aux besoins de leur famille, ils doivent compléter par du pain acheté en boulangerie , où les prix ont flambé - ils doivent le payer 1,5 voire 1,9 f/kg- alors que le prix maximum fixé par l'autorité occupante avait été en août 14 de 0,30 f/kg !
Sources de ce blog : "la Metropole d'Anvers" et "l'Echo belge" mai - juin 1915
Le récit de ces journées est extrait des articles de "La Métropole d'Anvers" des 30/05, 8/06 et 15/06/1915 (avec toutes les réserves d'usage sur l'objectivité du récit et notamment sur la violence des grévistes)

« CREVER SOUS LES BALLES VAUT MIEUX QUE MOURIR DE FAIM »

puits Ste Marguerite aujourd'hui
Le 17 mai 1915 , ceux de Sainte Marguerite arrêtent spontanément le travail, et en une semaine, la grève s'étend aux autres puits : La Haye, Aumônier, Espérance, Bois d' Avroy, Val Benoît.
Les mineurs organisent à Hollogne une marche de la faim vers l'administration communale .
« Armés de pierres et de briques, les grévistes accueillirent durement les agents de police impuissants devant ce débordement de colère populaire ; les palissades du chemin de fer furent démolies .
L'équipe de nuit ne put se rendre à son travail.
« Crever sous les balles vaut mieux que mourir de faim »   criaient les mineurs
Et bientôt, dans le centre ville, l'émeute gronda.
Des boulangeries et des charcuteries furent saccagées et pillées . Le commissariat de la rue Hullos fut bombardé à coups de pierre.
Les agents firent usage de leur sabre et blessèrent assez sérieusement plusieurs manifestants.Un inspecteur de police et quelques subalternes durent être évacués vers un poste de secours voisin.
A Ans et à Glain, on se battit sérieusement , ainsi que dans quelques rues du centre, tel rue Sainte Marguerite.
Rue Ste Marguerite 1913
Des soldats,  (allemands évidemment) l'arme au pied,occupèrent les rues en effervescence.
Bref, un tableau mouvementé, des cris, des huées , des pierres lancées, des bagarres sanglantes, et bien entendu des arrestations.
Au charbonnage Sainte Marguerite, les ouvriers qui se rendaient à l'ouvrage furent molestés, et un porion dut être dégagé par la police , sabre au clair .
Quant aux magasins, si ils ont été pillés, c'est parce qu'ils avaient fixé des prix trop élevés»
Une délégation de mineurs fut reçue par le bourgmestre Kleyer, qui les appela au calme, et leur signifia que les prix des denrées alimentaires avaient été fixés en octobre 1914, par les autorités communales, mais que depuis, le prix des céréales fournies par le comité américain avait grimpé en flèche.
Elle fut aussi reçue par le président de la députation provinciale de la province de Liège, Mr Grégoire , qui rapidement se concerta avec patrons charbonniers  et  le CNSA.

plan des charbonnages de la région de Liège 1906

« A SERAING, CE FUT COMME UN SOULEVEMENT DE LA VILLE»
Ce récit , extrait de "La Métropole d'Anvers" du 15 juin 1915 s'inspire d'une interview de Isi Delvigne , échevin POB de Seraing,  au journal hollandais "Rotterdamsche Post"
Le 19 mai, la grève commença à Seraing au puits Many d'Ougrée- Maryhaie. Les mineurs se rendirent au puits Vieille – Marihaye, ensuite au puits Fanny, puis au Thiers Potet , tous puits de la société Ougrée - Marihaye. Ils descendirent dans le puits et ordonnèrent à leurs camarades de cesser l'ouvrage et de remonter immédiatement.

 Sans plus hésiter ils se rendirent au puits Collard dans l'enceinte des établissements Cockerill, aux Six Bonniers et à Ougrée Centre.
A quatre heures, ils se retrouvèrent devant l'hôtel de ville de Seraing.
Entretemps, la colonne des grévistes avait pénétré dans les fabriques d'Ougrée et en avait chassé tous les ouvriers ; ils avaient franchi les murs entre Ougrée et Cockerill, chassa tout le monde hors des usines Cockerill, et se répandirent dans la ville , par la rue Cockerill qui fut bientôt remplie de grévistes.
La tempête se déchaîna : un groupe d'ouvriers brisa une vitrine en miettes.
Les boulangeries, les boucheries, les épiceries furent assaillies, ainsi que certains magasins d'étoffes et de confection.
Ceci se produisit vers 4 heures ; les magasins fermèrent boutique .
Les patrouilles allemandes étaient présentes, mais ne savaient pas comment agir dans ces circonstances extraordinaires en temps de guerre, et elles n'intervinrent qu'à quelques endroits sans suite à déplorer.
Une délégation de grévistes rencontra à l'hôtel de ville le bourgmestre Putzeys et l'échevin – POB- Isi Delvigne .
3 revendications sont présentées :
  • diminution du prix du pain et d'autres vivres essentiels
  • augmentation des salaires
  • suspension de l'exécution des jugements par lesquels on retenait une partie du salaire à des locataires indigents qui ne payaient pas
Remarquons que ces revendications sont des revendications pour toute la classe ouvrière – la ration de pain- et expriment la solidarité de classe de ceux qui ont gardé leur travail avec les travailleurs pauvres .
Le lendemain, le conseil communal, de Seraing ,
«  réuni d'urgence le 20 mai 1915, en présence de l'effervescence qui s'est manifestée la veille et de la série de desiderata déposés par plusieurs délégations de la population
émet le voeu de voir :
c
  • 1) le Comité National de Secours et d'Alimentation intervenir auprès de la Commission hispano - américaine pour qu'elle étudie le moyen de majorer la ration journalière en pain , tout au moins pour la population ouvrière
  • 2) les autorités supérieures ( les allemands ndlr) de prendre des mesures pour diminuer le prix des denrées de première nécessité vendues par le commerce libre
  • 3) le conseil estime en outre que la suspension pendant la durée de guerre de l'exécution des jugements portant expulsion des locataires nécessiteux s'impose
Le conseil croit de son devoir de signaler que les difficultés actuelles ne pourraient que s'aggraver si les déprédations déplorables qui se sont produites hier se renouvelaient.
Il fait appel au sang froid de la population pour qu'elle reste digne dans les circonstances tragiques que traverse la Patrie.


Le 20 mai, la grève s'étend à Herstal – le travail est arrêté aux puits Bacnure et Gerard Cloes (un des puits de Grande Bacnure )

La grève de Seraing eut aussi des répercussions dans la région de Huy : des cortèges de grévistes ont parcouru le Condroz et surtout la Hesbaye, jusqu'à Warnant, Couthuin, Hannut. Ici et là, ils sollicitent du pain, du lait, des pommes de terre
Les mineurs de  Flone et de Halbosart à Villers le Bouillet avaient aussi débrayé .
 Pour prouver que rien n'a vraiment évolué depuis 100 ans, par belles ou par laides, en temps de guerre ou en temps de paix,  dans la tentative de criminaliser les grèves,  savourez cher lecteur ce commentaire de la Meuse l' Echo de Liège, journal paraissant sous la censure allemande en date 31/05/1915.


HUY  - De notre correspondant

« La Hesbaye et le Condroz ont reçu la visite de nombreuses bandes de grévistes venues de la banlieue de Liège.

Leur arrivée semant la terreur parmi les populations rurales, se répandit dans nos campagnes comme une trainée de poudre.

Dans quelques villages, les habitants organisèrent même la résistance, décidés à protéger leurs biens.

Dans la plupart des communes, fermes et magasins, furent mis à contribution et durent souvent abandonner aux chômeurs les vivres et l'argent qu'ils réclamaient. ( chômeurs ou grévistes ? ndlr)

A Abbée Scry notamment , une bande  composée de 47 grévistes , armés de gourdins,  s'installe dans la cour de la ferme D.  , et réclame impérieusement du fermier,  du pain, du beurre, du lait et de l'argent.

Après s'être copieusement restaurés, ils s'apprêtaient à visiter d'autres communes quand l'annonce d'une patrouille allemande vint les disperser et mis fin à des scènes aussi regrettables .


VICTOIRE DE LA GREVE !

Des réunions eurent lieu entre les patrons charbonniers- dont Gustave Trasenster, directeur général de la Société anonyme d'Ougrée-Marihaye, le CNSA ( Paul Van Hoegarden, sénateur libéral et président de la section provinciale du Comité National de Secours et d’Alimentation) et les autorités communales et provinciales
Ils décidèrent de s'approvisionner en Hollande, à Maastricht, de 30000 pains par jour pour fournir aux mineurs dans chaque entreprise une quantité supplémentaire de 300g /journée de travail au prix coûtant.
Mineurs de sainte Marguerite  années 1890
Première victoire de la grève
Deuxième victoire : le 5 juillet, la ration de pain fut portée pour tout le monde à 330g/jour/habitant- un pain tous les 3 jours, et le 6 août à 400g.
Mais le 27/8/1915, le CNSA la diminue à nouveau à 330g !
Troisième victoire : l'administration allemande fixe un prix maximum de vente pour les boulangers à 0,50f/kg.
Des incidents eurent encore lieu ici et là des boulangers refusant le nouveau prix de vente. Certains refusèrent de cuire le pain, produisant uniquement de la pâtisserie. Inévitablement, quelques pavés volèrent encore dans les vitrines, même si les boulangers eux mêmes pouvaient être victimes de la spéculation sur le prix de la farine.


LE POB : « AJOURNER  TOUTE  IDEE  DE REVENDICATION ET DE LUTTE »

Le 1er Mai 1915, les « syndicalistes socialistes » avaient annoncé la couleur, en droite ligne dans l'orientation de la direction unanime du POB : l'Union Sacrée .

« Dés le début de la guerre, les syndicats socialistes sont intervenus pour que « fut ajournée momentanément toute idée de revendication et de lutte »
A l'occasion du 1er Mai, ... ils estiment qu'il ne peut être question de chômer à l'occasion de la fête traditionnelle su travail.
En conséquence, les syndicats socialistes et indépendants croient devoir modifier leur mot d'ordre habituel et conseiller le travail à tous les ouvriers . »              Affiche rouge placée le 27 avril 1915


Et le 21 mai 1915, une affiche rouge de la Commission syndicale des syndicats socialistes et indépendants  est apposée :

«  Le travail à la suite d' événements déplorables vient d' être interrompu dans beaucoup d'établissements de notre région.
Toutes les organisations ouvrières regrettent vivement ces grèves désordonnées qui sévissent actuellement.
Elles prient les autorités communales patronales, commerciales et privées de mettre d'urgence en pratique ... la réduction du prix des denrées alimentaires : le pain, les pommes de terre, le lard, et tout ce qui est de première nécessité à l'alimentation de la classe ouvrière.
Les patrons charbonniers s'engagent à faire l'impossible pour fournir300g de pain par jour à leurs ouvriers
Nous pouvons encore espérer qu'ils examinent la question du point de vue des des salaires et du nombre de journées de travail à faire, si la situation actuelle s'améliorait ;
Les délégués des organisations ouvrières font appel au sang froid, à la raison, au bon sens des ouvriers e à leur amour du pays pour qu'ils réfléchissent à la situation malheureuse et déplorable qui peut leur être faite par ces troubles et qu'ils reprennent le chemin du travail .
Ils conjurent les ouvriers, les patrons et tout le monde de mettre tout en oeuvre pour que tous conflits et malheurs soient évités .»

Peu à peu, désavoués par ceux qui auraient dû les soutenir et  se porter à  leur tête, les courageux mineurs de la région de Liège reprirent le travail , forts quand même de leur  victoire sur la ration de pain et forts de la démonstration, que , même sous l'occupation militaire, avec les baïonnettes allemandes dans les rues, avec l'interdiction  des  rassemblements de plus de 3 personnes, SEULE LA LUTTE PAIE.
N'ont ils pas été aussi des héros ?

AOUT 1915
A CHARLEROI AUSSI , LES MINEURS EN GREVE POUR LEUR SALAIRE     Dans VOORUIT, journal du POB de Gand,  du 23/08/1915, on peut lire :

«  Cette semaine les mineurs des puits St Charles et St André – charbonnages du Poirier à Montigny sur Sambre sont partis en grève.Ils se sont ensuite rendus aux puits St Zoé et autres pour appeler au débrayage. ;
Quand ils sont allés vers les charbonnages du Mambourg, ils firent face à 150 soldats allemands , qui gardaient l'entrée de la mine et leur en interdisaient l'accès. Suivant les puits, la grève est plus ou moins répandue.
Les mineurs réclament une hausse des salaires , semblable à celle obtenue dans les bassins du Centre et du Borinage : 30 à 40 centimes en plus ( par heure ou par jour?)
Un meeting s'est tenu à la Ville – Basse à Charleroi, mais la police et les soldats allemands ont dispersé la foule . On parle de grève aussi à Marcinelle . »


- Sur la résistance sociale en 1914-1918 voir
 (*)Giselle Nath : »Stad in de storm- Arbeidersvrouwen en het hongerjaar 1916. Ugent 2011 http://ojs.ugent.be/hmgog/article/view/1063/1069

 (**)Antoon Vrints : « Sociaal protest in een bezet land -Voedseloproer in Belgiê tijdens de Eerste Wereldoorlog » Tijdschrift voor Geschiedenis- 124e jaargang, nummer1 pp30- 47

Sur le passé charbonnier de Herstal, voir
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/balade-au-bernalmont-sur-le-sentier-des.html

- affiches de Liège de 1914-1915 Ville de Liège et autorités allemandes                                                                                        http://dgtl.kbr.be:8881//exlibris/dtl/d3_1/apache_media/L2V4bGlicmlzL2R0bC9kM18xL2FwYWNoZV9tZWRpYS8xMDM0MTk=.pdf