CITROEN 19 novembre 1969: la gendarmerie en tenue de combat investit l'usine et arrête 67 grévistes, tous étrangers)
Je
vous avais quitté dans mon dernier post du 18 mai, ami lecteur, le 2 mars 1968,
devant l’ambassade américaine où entraînés par un groupe de percussion
dynamique, nous protestions contre la sale guerre des USA au Vietnam. (https://rouges-flammes.blogspot.com/2018/05/mon-long-mai-68-1-lalgerie-lumumba-le.html
Deux
mois plus tard, la France était traversée par la vague de mai et, à Bruxelles,
les étudiants de l’ULB,
le 13 mai, décidaient d’occuper l’auditoire Janson, haut lieu des meetings et
rassemblements de masse ; ils se proclamaient « Assemblée Libre »,
et le 22 mai, acte de rupture décisif, nous occupions pendant près de 6 semaines
les bâtiments centraux et le « grand hall » et « destituions »
le Conseil d’Administration de l’Université, sorte de cénacle auto-désigné, mélange
d’industriels et de financiers, d’hommes politiques, surtout de la droite
libérale, et d’autorités académiques.
Mai
1968 me trouva sur les bancs de la dernière année de Polytechnique (études
d’ingénieur civil)
« Sur
les bancs », c’est beaucoup dire, car j’étais loin d’être un bon étudiant,
et je passais de loin, peu soucieux de mon « avenir » et au grand dam
de mes parents, l’essentiel de mon temps à militer pour la révolution.
Sans
doute, est- ce des étudiants comme moi que mon professeur de Chimie Analytique,
décrivait en 1963 : « C. Herbo distingue trois causes
d’échec : l’inaptitude intellectuelle congénitale (sic), la paresse
intellectuelle (i. e. désir de passer des “vacances à l’Université”) et
l’inadaptation momentanée aux méthodes d’enseignement » (1)
Ou
mieux encore, cette description d’Henri Simonet, président du Conseil
d’administration de l’ULB, mis en place d’ailleurs à la suite du mouvement de
mai, homme fort du Parti socialiste : « des insatisfaits, des maoïstes et des
trotskystes, des ratés, toute une tourbe intellectuelle, d'aigris, voire
d'instables, qui relèvent plus de la psychopathologie que de l'action de la
police » ! (2)
LIAISON ETUDIANTS –
TRAVAILLEURS : DE LA CLET A UUU
Pour
moi, la liaison avec les travailleurs n’a pas été une découverte en 1968,
même si elle a pris une tout autre dimension.
Un
matin de fin décembre 1960- c'était la grande grève du million - je pris le tram 35 qui
desservait Auderghem où nous habitions, pour me rendre à la Maison du peuple
d'où partait une grande manifestation.
C'était
ma première manif, j'avais 17 ans. J’y retrouvai mon père, qui manifestait avec
la CGSP Ministères.
Ensuite,
en janvier 1961, entre les participations aux grandes manifestations contre la
loi unique, j’avais participé aux piquets de grève aux portes des facultés pour
arrêter les cours.
Nous
voulions inscrire l’Université dans le grand combat des travailleurs contre la loi unique.
En
face de nous, en « contre piquet », chargé d'assurer la
« liberté d'étudier », Herman Decroo, président des Etudiants
Libéraux et futur ministre et président de la Chambre, et ses amis.
Extrait de "La Voix du Peuple" n°6 11/02/1966 |
Par
la suite, en février 1966, nous avions assisté aux funérailles à Zwartberg au
Limbourg du mineur Jan Latos, qui, avec Valère Sclep, avait été assassiné le 31
janvier par la gendarmerie, au cours de manifestations des mineurs contre la
fermeture de leur charbonnage.
A
l’ULB, j’avais présidé un meeting de solidarité avec les mineurs où avaient
pris la parole Michel Graindorge, Jean Louis Roefs (responsable de l’Union
Etudiante Syndicale) et un représentant des étudiants flamands.
Le
7 avril 1966, nous défilions, avec l’Union Etudiante Syndicale, dans la
manifestation des ouvrières de la FN en grève pour « A Travail égal,
salaire égal ». Et, alors que nous rejoignions « La Ruche », traditionnel
lieu de rassemblement des grévistes, nous nous étions, les 2 porteurs du calicot,
fait plaquer au mur par les gros bras de la FGTB : « C’est une
réunion de femmes ici ! ; Syndicat étudiant, ha ! ha ! On connait ça ! »
En
1967, sous l'impulsion de Robert Fuss, militant des Etudiants Communistes -
UECB, des travailleurs de la Cité Universitaire (restaurant, femmes d'ouvrage
etc.) s'organisaient en comité d'action. Cela avait mis en lumière, derrière
les visages patelins de la direction de la Cité, la face cachée de
l'exploitation de ceux et celles qui nettoyaient, préparaient ou servaient les
repas, épluchaient les légumes, pour la plupart travailleur-se-s étrangers ou
femmes, peu ou pas encadré-e-s par le syndicat.
Là,
on appelait le directeur « Monsieur » comme dans les grandes maisons,
et les licenciements étaient monnaie courante, comme les discriminations hommes
femmes, les heures sup. non payés etc.
De
son côté, l’Union Etudiante Syndicale avait proclamé sa volonté de lier son
action au mouvement ouvrier : J.L Roefs, syndicaliste dans l'âme avait
tissé des liens avec des délégués et des militants ouvriers de la sidérurgie
liégeoise.
Parallèlement
aux délibérations en Assemblée Libre, centrées sur le renouvellement du pouvoir
de l'Université, (3) l’Assemblée avait proclamé « l’Université ouverte à
la population » : c’était le foyer
de « contestation » pour tous les sympathisants dans la
population hors Université, sensibilisés par le Mai français
MAI 1968 : L'ASSEMBLEE LIBRE DES ETUDIANTS |
Elle
avait aussi mis en place d'une part une commission de liaison avec les
travailleurs de l'ULB dont l'animateur était Robert Fuss, qui avait
pris contact avec les nettoyeuses et les manoeuvres, assez délaissées par le
syndicat et élaboré avec eux un cahier de revendications
D'autre
part, une Commission Liaison Etudiants Travailleurs (CLET) avec des militants
ouvriers de Bruxelles et Charleroi (Fons Moerenhout de Nestor Martin, Léon Stas
de Glaverbel et bien d’autres)
En
octobre 1968, à la rentrée universitaire, se constitue UUU,
Usines-Université-Union, une organisation, ou plutôt un mouvement de la gauche
radicale à Bruxelles, qui regroupera des intellectuels universitaires, ou issus
d’instituts supérieurs, des militants de la gauche radicale étudiante post mai,
des syndicalistes étudiants issus de
l’UES, parmi lesquels mon frère François, et des militants, qu’on appellera les
« mao-spontex », dont j’étais, issus du
parti communiste dit « pro chinois » ou "grippiste".
C’était un regroupement « sans parti »
de la « gauche radicale », qui se donnait comme objectifs, au sein de
l’Université, de combattre l’Université bourgeoise, de s’opposer à la
« participation » réformiste, de proposer dirions - nous aujourd’hui une
« tout autre Université » et, dans le monde du travail, de soutenir
les luttes ouvrières.
UUU
avait aussi des relations étroites avec les militants flamands du SVB (Louvain)
et du GSB (Gand) notamment par l’intermédiaire de Robert Fuss, présent aux
meetings et manifestations en Flandre.
Et en 1969- 1970, les luttes ouvrières explosèrent en Belgique, avec comme phare, la grève des mineurs du Limbourg en janvier 1970, et des grèves à Ford Genk, Caterpillar, dans le textile à Gand ; dans la région bruxelloise les combats des travailleurs de Citroën à Forest (novembre 69, novembre 70), Michelin à Leeuw Saint Pierre (février et juin 70), Nestor Martin à Ganshoren (février 70) et des Forges de Clabecq (juin 70).
Des
historiens qualifieront ces mouvements de « Mai ouvrier » (4).
Ce
qui a des vertus de communication, en se référant ainsi à l’extraordinaire Mai ouvrier
et étudiant français, mais ce qui n’a pas de pertinence de date.
On
l’a vu, le mouvement étudiant en Belgique, a démarré avec la révolte de janvier
1968 à Louvain elle-même réplique du mouvement de mai 1966 contre les évêques ;
il s’est étendu de mai à juillet à l’Université, à certains lycées et aux milieux
artistiques de Bruxelles, pour rebondir à l’Université de Liège en octobre 68-
février 69 et s’épanouir à Gand en mars 69, avec le « Maartbeweging ».
De
même, dans le monde du travail, si des secousses préliminaires avaient frappé à
Zwartberg et à la FN en février1966, le mouvement dit « des grèves
sauvages » démarra en 1969, pour exploser en 1970 avec les mouvements
cités ci-dessus, et se poursuivre jusqu’en 1973 - 1974, avec la grande grève
des dockers d’Anvers et une nouvelle grève au Limbourg.
Cette
belle expression du « mai ouvrier » je la retiens personnellement
quand même, parce qu’elle exprime le mieux ce qui fut un aspect fondamental de
ces années (69-71), c’est la rencontre entre le monde ouvrier en lutte et les
étudiants qui avaient choisi le camp des travailleurs.
Et
cette rencontre, pas toujours facile, parfois conflictuelle, mais toujours
riche d’enseignements fut incontestablement le point de départ d’un renouveau
de la gauche radicale en Belgique. (5)
A
toutes ces luttes ouvrières de la région bruxelloise, les militants de UUU et
de nombreux étudiants y ont participé : présence et participation aux
piquets, discussions avec les travailleurs, brochures et meetings d’information
et de soutien vers l’université, appels à manifester contre la répression.
C’est
dans ce cadre que j’animai le groupe de soutien de UUU à la lutte des ouvriers
de Citroën à Forest, où je venais de déménager. Dans ce groupe, il y avait
aussi Isabelle Eustaze, hélas décédée, il y a peu.
1969-1970 : LE « MAI
OUVRIER » A CITROEN – FOREST
Je
me permets de m’étendre assez longuement et dans les détails, dans les lignes
qui suivent, sur les luttes des travailleurs de Citroën, d’abord parce que ce
fut pour moi un moment intense ; ensuite parce que peu de traces sont
restées de ces journées, pourtant tellement instructives sur l’affrontement
entre le patronat et les travailleurs - au contraire de la lutte des « Michelin »
qui a suscité nombre de
publications, du comité ouvrier lui-même et de
nombreuses études reprises en notes (6); enfin en hommage à mon cama
Hubert Hedebouw, ouvrier à la chaîne chez Citron, avec qui j’ai partagé les grands moments de ces combats, et avec qui ,
50 ans plus tard, après mon long éloignement de la lutte politique, je partage à
nouveau, ceux d’aujourd’hui.
L'USINE DE FOREST |
Et
puis, c’est quand même, aujourd’hui encore, plein d’enseignements sur certaines
méthodes patronales d’extrême droite, non pas au XIXème siècle, mais il y a à
peine 50 ans !
Et
c’est aussi, une illustration de ce qu’a pu être dans les conditions des années
68, dans la région bruxelloise, la solidarité ouvriers – étudiants.
Citroën,
rue Saint Denis à Forest, était à l’époque une usine de montage automobile, où un
millier de travailleurs assemblaient des 2CV, des DS et des camionnettes. Puis
vinrent les « Meharis ».
80%
des ouvriers à la chaîne étaient immigrés de 17 nationalités, dont des Italiens,
des Grecs, et des Espagnols, alors que la maîtrise, fort nombreuse, était
essentiellement belge, de même d’ailleurs que la délégation syndicale.
En
ce début 1969, les affaires marchent bien, les ventes de voiture augmentent.
Pour
les travailleurs, c’est synonyme de production accrue, donc d’augmentation des
cadences de production : « on
travaille beaucoup plus pour des salaires qui augmentent à peine »
En
quelques mois, avec la reprise de l’activité, la production était passée de 80 à
100, puis 160 voitures /jour !
Le tableau ci-joint montre d'ailleurs que dans les années 68-72,la production a doublé!
Le tableau ci-joint montre d'ailleurs que dans les années 68-72,la production a doublé!
Les "cadences infernales" en chiffres de véhicules produits: 1èrecol:année;2ème:2CV ;3ème:camionnettes;4ème:Mehari; dernières col:total et total cumule(7) |
Mais,
le but des patrons n’étant pas de produire et vendre des voitures, mais bien, à
travers cette activité, d’extorquer au prolétaire le maximum de surtravail non
payé, et de réaliser ainsi le profit immédiat maximum, ni l’embauche, ni les
salaires ne suivaient !
D’ailleurs,
en ce qui concerne les salaires et la durée du travail, tout était régi par des
conventions collectives signées au niveau national, pour 2 ans (1969-1970) entre
partenaires sociaux, Fabrimétal, l’ancêtre de Agoria et les centrales syndicales
de la métallurgie, conventions qui interdisaient toute revendication et toute
grève en dehors des « avantages » accordés.
Augmentation
des cadences, embellie économique pour les entreprises, conditions de travail n’étaient
donc pas prises en compte par ces accords dits « de paix sociale » qui
exerçaient une véritable dictature sur les salaires, et tentaient de transformer
le plus possible les représentants du personnel de délégués de combat en
gestionnaires de la paix sociale.
C’était
en quelque sorte, une tentative d’OPA du patronat sur les organisations
ouvrières, concoctée au lendemain de la grande grève du million, dans le cadre d’un
gouvernement « travailliste » PSC- PSB.(8)
Dictature
des conventions collectives, complétées par la mise en place de ce que Marx
appelait le « despotisme de fabrique »
A Citroën,
« pour réaliser les cadences avec le minimum d’ouvriers, la direction fait
régner une sauvage dictature, et ce par l’intermédiaire de tous les chefs, chef
du personnel, chef comptable, chef chronométreur, et une armée (une 100aine
pour 800 ouvriers) de contremaîtres, de
brigadiers et de chronométreurs.
Chaque ouvrier a sa fiche avec photo
et les contremaîtres y inscrivent les remarques sur le comportement de chacun. Une
liste noire est constituée avec tous ceux qui n’acceptent pas ces conditions
inhumaines.
La tactique de la direction est de licencier
tous ceux qui ne savent pas suivre ou qui rouspètent »( 9)
LA GREVE DE SEPTEMBRE 1969 : TOUS
ENSEMBLE !
En
septembre 1969, ce double carcan (paix sociale et despotisme de fabrique) saute
une première fois, et les ouvriers des chaînes de montage arrêtent le travail, entraînant
derrière eux, toute l’usine.
Ils
refusent les injonctions de reprendre le travail pour permettre la négociation.
« Ils exigent
-
En
ce qui concerne l’organisation du travail : l’expulsion d’un contremaître
connu pour son attitude sauvage, avoir des remplaçants pour aller au WC, que c’en
soit fini avec des délégués syndicaux qui aient des postes privilégiés comme
chronométreur (ce qui les mettait en position de
conflit d’intérêt !), un contrôle
efficace et rigide des chronométreurs.
-
Un
vêtement de travail dans les 6 mois !
-
Augmentation
de 10% salaire pour tous »
Globalement,
ils obtiendront satisfaction sur certains points, mais aussi beaucoup de
promesses non tenues. (comme par exemple, l’affichage quotidien du nombre de
voitures à produire)
UUU
écrira : « La grève de
septembre a rassemblé tous les ouvriers, flamands, wallons, étrangers. Ce fut
un exemple que l’unité ouvrière à la base, la détermination à ne pas se laisser
embobiner par les arguments patronaux et par les pleurnicheries légalistes des
délégués syndicaux, l’utilisation de la seule arme des ouvriers, l’arrêt de
travail, sont payantes. Ce que des
réunions interminables de discussion entre patrons et syndicats n’avaient pu
obtenir, quelques heures d’arrêt de travail immédiat de toute l’usine l’ont
donné » (10)
19 NOVEMBRE 1969 : LA
GENDARMERIE DANS L’USINE !
Qu’à
cela ne tienne ! Les patrons lâchent difficilement quelque chose d’une
main sans tenter dans la foulée de le reprendre immédiatement de l’autre.
Leur
objectif était d’augmenter la cadence à 210 voitures par jour, et pour ce
faire, ils devaient d’abord frapper un grand coup, écraser toute forme de
rébellion, éliminer les « meneurs » inscrits sur leur liste noire.
Le
premier visé, un ouvrier italien, Dominique. Il refuse une mutation de place à
la chaîne ; il est licencié sur le champ.
« Si Dominique ne peut pas
travailler, c’est la grève immédiate !»
Et
comme Dominique, refusant courageusement son licenciement se représente à son
poste de travail, la direction, immédiatement, appelle la police de Forest !
Nous sommes le 19 novembre 1969.
Dans
l’usine, c’est la grève immédiate !
Le
bourgmestre libéral de Forest, Wielemans, (PLP était le nom des ancêtres du MR),
patron par ailleurs de la brasserie du même nom, intervient en personne, et,
écoutez ses paroles, ami lecteur, elles sont, 50 ans plus tard, tout aussi
édifiantes et révoltantes ;
-
« Vous
devez travailler »
-
« Dominique,
Dominique »
- "Si
vous ne reprenez pas le travail pour 12h20, vous serez expulsés à la frontière"
Et
c’est alors que la police communale se retire derrière l’usine, et que la
gendarmerie, en tenue de
combat, appelée par le bourgmestre, investit l’usine,
menaçant les travailleurs avec leur fusil !
19 nov 1969: la gendarmerie, en tenue de combat, emmène une travailleuse |
Certains
chefs aux ordres, désignent alors aux gendarmes 67 travailleurs-euses à arrêter!
Obligés
de passer devant un tribunal d’exception composé du directeur, du directeur du
personnel et de la chef comptable, celle-ci désigne tour à tour 24 d’entre eux
qui sont licenciés sur le champ.
Emmenés
à la caserne de la gendarmerie, rue de Louvain, comme des délinquants, ils
seront libérés avec des menaces : « la
prochaine fois, tu seras expulsé du pays ! »
Cela
s’est passé dans mon pays, dans ma commune ! Et franchement, je ne jurerais pas
que, 50 ans plus tard, ça ne pourrait pas se reproduire !
SOLIDARITE OUVRIERS ETUDIANTS
L’extraordinaire
intervention policière à l’intérieur de l’usine allait évidemment faire des
vagues qui allaient secouer à la fois le personnel politique ( le ministre de l’Intérieur
Harmegnies, responsable de la gendarmerie, est un socialiste carolo, maïeur de
Marcinelle, où ce genre d’intervention ne pouvait que choquer des syndicalistes
et même des militants PSB), et les organisations syndicales, comme par exemple la
FGTB, où des militants qui luttaient pour la reconnaissance des droits des
travailleurs étrangers ne pouvaient que se dresser, à la fois contre la
passivité de leur représentation et contre cette répression ciblée.
Cela
fera des vagues jusqu’au Parlement, où le député du Parti Communiste Gaston
Moulin interpellera fermement le ministre et où un ordre du jour sera voté le 2 décembre
1969, par
127 voix contre 29 députés du PLP et deux abstentions (11)
Le
27 novembre 1969, les syndicats FGTB et CSC, sortant sous la pression, enfin du
bois, organisent donc à Forest meeting et manifestation de protestation.
A
l’Université, UUU était très actif : diffusion d’une enquête Citroën,
meeting d’information, appel à la manif, en commun avec l’UES (Union Etudiante
Syndicale) et la JGS (Jeune Garde Socialiste).
Le
jeudi 27, donc,
« - les ouvriers de Citroën
sont sortis en masse de l’usine, aussi bien belges, flamands et wallons, que étrangers.
- des ouvriers de petites entreprises
avaient, de leur propre initiative, débrayé.
- les étudiants étaient venus très
nombreux (un millier d’étudiants de l’ULB, de Louvain, des écoles sociales
etc.) La veille, avaient eu lieu à l’ULB et à Louvain des meetings regroupant
plusieurs centaines de personnes.
- des délégations syndicales de Nestor
Martin, MBLE, Forges de Clabecq, ACEC s’étaient jointes au rassemblement.
Dans un froid glacial, la
manifestation qui suit le meeting est combative ;
« Citroën solidarité ! »
« Réintégration oui, répression non ! » « Solidarité
ouvriers étudiants » « A bas l’état policier ! »
Pour la première fois, une
manifestation aussi nombreuse regroupait ouvriers et étudiants en soutien au
combat des camarades licenciés. (12)
La
pression ainsi exercée, la menace d’une nouvelle grève, soutenue cette fois par
les centrales syndicales, aura raison des patrons de Citron, et les 24
licenciés seront réintégrés, bien que déplacés de poste. Blanco, le « meneur »
espagnol sera muté au garage de la place de l’Yser, aujourd’hui transformé en
musée.
LA CADENA
Après
la bourrasque de novembre, le groupe UUU se met au service des ouvriers en
éditant une feuille d'usine en 3 langues (La Chaîne, De Keten, La Cadena) bourrée
de nouvelles de l’usine, brocardant les chefs
les plus despotiques, y ajoutant quelques caricatures, par ailleurs d'orientation radicalement
anti syndicale.
LA CADENA novembre 1970 |
La
Cadena était vraiment une feuille d’information et de revendications venant des
ateliers ; malheureusement je n’ai retrouvé aujourd’hui la trace que de 2
numéros (sur plus d’une dizaine ?)
Très
vite, La Cadena devint très populaire. Les travailleurs ressortaient pour en avoir
des exemplaires ; ils faisaient des signes enthousiastes depuis les
fenêtres. Très vite aussi, la police intervient contre
les militants extérieurs. Et on joue alors au chat et à la souris dans les rues de Forest
pour leur échapper. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai été emmené au
commissariat !
NOVEMBRE 70 : APRES LA
GENDARMERIE, LA MILICE PATRONALE !
Après la grève de novembre
1969, on avait dit « on se revoit dans un an. » pour demander le
13ème mois. Et effectivement ,1 an après, on a reposé la question du 13ème
mois. ( Hubert Hedebouw)
Mais
ce qui a déclenché la colère ouvrière, c’est une nouvelle liste de « catégories »,
dans laquelle chaque travailleur était classé sur des critères subjectifs et
personnels dans le but bien sûr d’individualiser chacun et d’empêcher tout
combat collectif. C'est en fait un salaire "à points":au salaire moyen est ajouté une petite somme variable correspondant à l'ancienneté, à la pénibilité.C'est le contremaître, qui décide des points de chacun.
Dessins dans "Notes critiques à propos des luttes à Citroën 69-71" groupe "lutte de classe" mars 1972 |
Le
vendredi 6 novembre 1970, les ouvriers débraient contre les nouvelles
catégories, pour un 13ème mois et contre les licenciements de ceux
qui ne savent pas suivre : « les
ouvriers ne sont pas des bêtes ; c’est au patron à baisser les cadences »
A
la tête du mouvement, les ouvriers marocains. Véritable pied de nez aux patrons
de Citroën : ils avaient cessé d’embaucher des grecs et des espagnols, en
général anti - fascistes et trop politisés à leur goût et « préféraient »,
pour leur traite de prolétaires, les marocains, qu’ils espéraient plus dociles…
Le
2éme jour, le lundi, la grève se poursuit, massive ; mais les travailleurs
sont intrigués par le manège de 4 personnages en salopette bleue, et à l’accent
français : « tu dois reprendre
le travail, sinon tu auras des ennuis » ; « pense à ta
femme et à tes gosses ! » ; « si tu n’es pas content,
rentre dans ton pays ! »
Il
est vite apparu qu’il s’agissait de « barbouzes » envoyés par la
maison- mère de Paris, d’abord pour briser la grève et ensuite pour organiser avec
certains éléments de la maîtrise-maison une milice privée. je
Ce
matin - là, ils avaient tabassé des militants UUU qui distribuaient des tracts en
soutien à la grève.
Les
distributions se feront dés lors dans les trams !
Le 3ème jour, "ils
ont alors installé tout un dispositif militaire, en collaboration avec la
police de Forest ; ils bloquent l’entrée avec des barrages de containers
et la menace de lances d’incendie, et filtrent ainsi l’accès aux ateliers :
30 travailleurs sont ainsi bloqués !"( Hubert Hedebouw)
A l’intérieur, alors que la
grève se poursuit, ils patrouillent et éjectent l’un après l’autre tout contestataire.
Ils jettent à un ouvrier licencié ses affaires personnelles dans la rue, par
une fenêtre.
« 7 à 8 personnes sont arrêtées par la police,
emmenées au commissariat de Forest et relâchées un à un. Mais à l'extérieur,
une douzaine de types nous sont tombés sur la bosse ; les français de la
milice Citroën, avec des gars du club de karaté de l'usine.
Les
camarades étudiants avaient rappelé le maximum de troupes :et ce fut une
bagarre généralisée »
Les jours suivants, avec
des camarades licenciés, nous faisons des tentatives de retourner autour de
l'usine, mais la milice patronale et la police patrouillaient et c'était
inaccessible.
Ils patrouillaient aussi, dans
leur DS immatriculée en France (75) autour d'un local où se réunissaient les
travailleurs licenciés, rue Coenraets, pour pourchasser les militants et leur
péter la gueule.
(13)
Le
jeudi, une vingtaine d’ouvriers sont encore éjectés des ateliers, en tout 115 auraient
ainsi été chassés manu militari ! 69 seront licenciés…
Face
à une telle répression violente par une milice patronale, fait jamais vu dans le mouvement ouvrier d'après guerre, le vendredi 13 ( jour porte malheur ?), la
grève est brisée !
Le samedi
14 novembre, un meeting de solidarité se tient à Saint Gilles, avec des
camarades licenciés de Citroën, de « Mijnwerkersmacht » (Force des
Mineurs) du Limbourg et d’Arbeidersmacht de Sidmar.
Mais
la protestation n’a pas l’ampleur de celle de 1969. Cette fois, malgré le
scandale absolu de la milice patronale, les centrales syndicales ne bougeront pas ;
que du contraire, elles se retrancheront dans un anti-gauchisme virulent, alors
que pourtant, la Ligue des droits de l’homme était intervenue.
Et 3
mois après la grève, le 29 janvier 1971, des étudiants distribuant des tracts à
la sortie de l’usine seront agressés et blessés.
Plainte
sera déposée pour constitution de milice privée devant le tribunal correctionnel,
par l’avocate Cécile Draps au nom d’ouvriers licenciés, qui se sont portés partie
civile. Et les barbouzes furent quand même partiellement condamnés. (15)
On
l’a vu, toutes les grèves et arrêts de travail de 1969-1970 à Citroën ont été
des grèves « sauvages » non reconnues par les centrales.
Cela
a été la réalité de nombreux conflits, en particulier au Limbourg, où les
mineurs s'en sont même pris à des permanences syndicales de l' ACV.
Certains
mouvements, comme à Michelin, s’ils se sont affrontés eux aussi aux délégués
et à leur centrale, jusqu’auboutistes de la paix sociale, et s’ils ont, eux
aussi, été victimes de l’intervention musclée et violente d’une milice
patronale qui a brisé l’occupation d’usine en juin 1970, avaient néanmoins un certain
soutien « souterrain » d’un courant d’opposition syndicale au
sein de la Régionale FGTB.
Le
plus dramatique a sans doute été l’abandon par la Centrale des Métallurgistes
du Brabant de deux de ses meilleurs délégués aux Forges de Clabecq, le délégué principal
Sabbe et son adjoint Desantoine, tous deux communistes, licenciés pour faute
grave après la grève sauvage de juin 1970, et par la suite, pourchassé, comme Sabbe,
dans ses nouveaux emplois, ou chassé de son domicile, maison d’usine, comme
Desantoine.
La
répression patronale des grèves sauvages a été très féroce, mais le lâchage par une poignée de dirigeants des
centrales syndicales, n’a pas été triste !
Et pourtant, que nous montraient- ils ces « sauvages » des années 70 ?
Ils
nous montraient que, avec l’évolution industrielle des années 60, des couches
entières de la classe ouvrière étaient peu prises en compte par certaines centrales
professionnelles.
1966 : Germaine en tête des grèvistes de la FN: "pour faire trotter nos délégués" |
Nous
allons « faire trotter nos délégués » chantaient elles, même si leurs
délégués étaient tous des hommes…(16)
Mais
dans beaucoup de petites entreprises, le rapport de force n’était pas celui -
là ; et on a parfois vu des ouvrières, en colère, déchirer leur carnet
syndical !
La
même chose avec les travailleurs étrangers : les discriminations à leur participation
aux élections sociales n’ont été levées définitivement qu’en 1974.
Ce qui a causé des situations loufoques comme
à Citroën : 80% d’étrangers, mais tous les délégués sont belges et, par la
force des choses, plutôt hors du travail à la chaîne ou à des postes de maîtrise.
Relativement mal placés donc pour se faire les porte - parole des grecs,
espagnols, marocains ou turcs soumis aux cadences infernales et au despotisme d’atelier.
J’ai
par la suite, embauché à la chaîne à VW Forest, retrouvé la même situation.
Là,
le patron ne voulait pas d’un « nouveau Citroën » et n’embauchait que
des belges, wallons comme flamands, de 18 à 30 ans.
Les
salaires y étaient plutôt plus élevés qu’ailleurs, et la direction y soignait, en
apparence du moins, les « relations humaines » : chefs souvent
amènes et sympa,
service social, grande
cantine avec des bons repas, mesures fréquentes des poussières par des médecins
etc.
Mais
cela n’empêchait pas le ras le bol des cadences, de « la production avant
tout », du « si on ne suit pas, on vole à la porte » ou du « en
cas de retards ou d’absences, même pour maladie avec certificat, dehors ! »
Et
cette génération de jeunes « plein l’cul » ne se retrouvait pas non
plus dans sa représentation syndicale, formée souvent plus pour cogérer la paix
sociale que pour combattre.
Et
là aussi, à plusieurs reprises, c’est par la « grève sauvage », en juillet 1971 et en novembre 1973 (quand la cadence
est passée de 205 à 225 voitures par jour - surtout
qu'on venait de 180 !), que le ras le bol s’est exprimé.
Et
là aussi, la réponse a été le licenciement d’une dizaine de jeunes travailleurs.
jugement de la cour du travail dans "Ceux de Clabecq" G.Martin EPO |
Cela
s’apparentait quand même à une sévère atteinte au droit de grève, dès lors que
tout conflit déclenché en dehors des conventions signées pour 2 ans, était considéré
comme « illégal ».
Il suffit
pour s’en convaincre de lire un extrait du jugement de la cour de travail de
Bruxelles sur le recours du délégué principal de Clabecq, Alphonse Sabbe, pour
licenciement abusif : « cette
grève se développa en marge des dispositions légales, conventionnelles et
réglementaires ; cette collaboration à une action irrégulière peut être un
motif grave de rupture immédiate… » (17)
Ce
qu’ils nous ont donc appris ces « sauvages » du « mai ouvrier »
et ce que, bon an, mal an ils ont aussi apporté au mouvement ouvrier et syndical,
c’est la voie du combat, et non de la résignation, la voie de la lutte tous
ensemble, hommes et femmes, belges et étrangers, jeunes et anciens, et non des
discriminations.
Et leur combat allait nécessairement secouer les structures syndicales.
En ce sens ils et elles, ont été des lanceurs et lanceuses d’alerte, qui ont payé cher leur engagement, et qui ne peuvent que continuer à nous inspirer.
Et leur combat allait nécessairement secouer les structures syndicales.
En ce sens ils et elles, ont été des lanceurs et lanceuses d’alerte, qui ont payé cher leur engagement, et qui ne peuvent que continuer à nous inspirer.
Cet
hommage aux pionniers des années 60 et 70 n’évite pas, pour moi, le devoir de
réflexion sur notre approche à l’époque (je pense ici à UUU, évoqué dans ce
post) des syndicats dans les grèves sauvages.
Indiscutablement,
nous nous étions positionnés aux côtés des travailleurs, nous
avions défendu, popularisé leurs revendications, combattu la répression dont ils étaient victimes, apporté la solidarité des étudiants. Nous avions choisi notre camp.
avions défendu, popularisé leurs revendications, combattu la répression dont ils étaient victimes, apporté la solidarité des étudiants. Nous avions choisi notre camp.
Mais
nous avons aussi très vite commencé à « théoriser » sur la nature du
syndicat.
Historiquement,
organisation de combat et de défense des travailleurs, nous en avions fait
globalement une des faces de l’appareil d’état, un « appareil idéologique
d’état » à combattre et à abattre.
Nous
appuyant unilatéralement sur une seule période historique, les années post
60-61, et généralisant les cas particuliers - il est vrai particulièrement nombreux
- de collaboration de classe, à toutes les situations présentes et à venir, le
décrivant comme un monolithe réactionnaire exempt à tout jamais de contradictions
internes, nous l’avons décrit comme un appareil de trahison des travailleurs.
En
occultant notre propre responsabilité de révolutionnaire, qui aurait dû être de
combattre aussi en leur sein, l’hégémonie des partis de la bourgeoisie, d'aller à contre-courant et d’ œuvrer à faire
patiemment basculer le rapport de force; en quelque sorte de "faire trotter nos syndicats ». Clair que ce ne ne devait pas être facile ; et moi qui, à un moment ai baissé les bras, je ne peux que reconnaître le mérite de ceux qui, pendant toutes ces années, y ont œuvré et y œuvrent encore aujourd'hui.
« La
Cadena » écrivait en novembre 1970: « Le syndicat est contre les ouvriers. C’est
nous qui le payons pour faire le jeu du patron ; ce n’est plus qu’une
société de commerce où sont marchandés les intérêts des ouvriers ! C’est
un traître et on n’a plus rien à espérer de lui »
Personnellement,
il m’a fallu la confrontation avec l’impasse où un tel discours idéologique
conduisait, et la rencontre avec une équipe de militant-e-s engagé-e-s, dans le syndicat, toutes personnalités remarquables, pour
comprendre que, au sein des syndicats mêmes, des gens, toujours au combat, se battaient becs et
ongles sur des positions de classe ; eux aussi étaient réprimés, voire
parfois licenciés et broyés par leur propre « structure », et que de toute
évidence ils n’étaient ni des traîtres, ni les complices de traîtres.
Eux
aussi ont été des pionniers, des lanceurs d'alerte!
Et
quand je me retrouve, 50 ans plus tard, à un piquet de grève ou dans les manifs
à Bruxelles, je ne peux m’empêcher de
penser : « Heureusement qu’ il y a toujours les syndicats ! »
NOTES
(1) cité dans :Solvay Business School 1903-2003 Edité par Muriel Constas Didier Devriese Kim Oosterlinck
(2) cité dans :ARTICLE DE MARCEL LIEBMAN - COMBAT 30 AVRIL 1970 ftp://digital.amsab.be/pubs_serials/Combat_1961-1992/1970/1970-17.pdf
(3) sur le mouvement de mai 68 à l'ULB, voir Serge Govaert: "C'était au temps où Bruxelles contestait" collection POL-HIS 1990
(4)voir Rik HEMMERIJCKX : "Mai 68 et le monde ouvrier en Belgique" dans "Contester dans un pays prospère" Anne Morelli et José Gotovitch Bruxelles 2007
(5) Sur l'histoire de la gauche radicale et du PTB : voir Herwig Lerouge "La commune de Louvain"
https://lavamedia.be/fr/la-commune-de-louvain/
Quant à UUU qui portait les espoirs de la gauche radicale post 68 à Bruxelles, elle se divisa idéologiquement fin 1971 entre "mao - spontanéistes" de "La Parole au Peuple"(1972-1977) et "marxistes - léninistes" de l'UCMLB. (1972-1976)
(6) sur Michelin
* "Michelin gonfle, l'ouvrier crève" brochure du comité ouvrier de Michelin 1970
* "Le procès Michelin" Secours rouge international sd
* Dongkyu Shin : "Main d'oeuvre immigrée et revendications qualitatives- la grève sauvage chez Michelin en 1970 https://www.journalbelgianhistory.be/en/system/files/article_pdf/Michelin%20Leeuw-Saint-Pierre.pdf
*CRISP CH n°491:
Le conflit social a l’usine Michelin (fin 1969 - mi 1970) dans le contexte des grèves sauvages
https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1970-26-page-1.htm
NOTES
(1) cité dans :Solvay Business School 1903-2003 Edité par Muriel Constas Didier Devriese Kim Oosterlinck
(2) cité dans :ARTICLE DE MARCEL LIEBMAN - COMBAT 30 AVRIL 1970 ftp://digital.amsab.be/pubs_serials/Combat_1961-1992/1970/1970-17.pdf
(3) sur le mouvement de mai 68 à l'ULB, voir Serge Govaert: "C'était au temps où Bruxelles contestait" collection POL-HIS 1990
(4)voir Rik HEMMERIJCKX : "Mai 68 et le monde ouvrier en Belgique" dans "Contester dans un pays prospère" Anne Morelli et José Gotovitch Bruxelles 2007
(5) Sur l'histoire de la gauche radicale et du PTB : voir Herwig Lerouge "La commune de Louvain"
https://lavamedia.be/fr/la-commune-de-louvain/
Quant à UUU qui portait les espoirs de la gauche radicale post 68 à Bruxelles, elle se divisa idéologiquement fin 1971 entre "mao - spontanéistes" de "La Parole au Peuple"(1972-1977) et "marxistes - léninistes" de l'UCMLB. (1972-1976)
(6) sur Michelin
* "Michelin gonfle, l'ouvrier crève" brochure du comité ouvrier de Michelin 1970
* "Le procès Michelin" Secours rouge international sd
* Dongkyu Shin : "Main d'oeuvre immigrée et revendications qualitatives- la grève sauvage chez Michelin en 1970 https://www.journalbelgianhistory.be/en/system/files/article_pdf/Michelin%20Leeuw-Saint-Pierre.pdf
*CRISP CH n°491:
Le conflit social a l’usine Michelin (fin 1969 - mi 1970) dans le contexte des grèves sauvages
https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1970-26-page-1.htm
(7) http://www.citroenet.org.uk/foreign/belgium/belgium3.html
(8) Extrait de la convention collective des fabrications métalliques 1969-1970
« Si néanmoins une grève partielle ou totale, ou un lock out se produit dans une entreprise sans que les règles de la conciliation aient été respectées par les membres des organisations signataires, ces dernières s'engagent à mettre immédiatement tout en œuvre pour faire reprendre le travail dans un délai maximum de trois jours ouvrables. Si le travail n'est pas repris dans ce délai, les organisations signataires s'engagent à n'accorder aux travailleurs ou à l'employeur en cause ni leur appui, ni un soutien financier.
En contrepartie du respect des engagements souscrits par les organisations syndicales, Fabrimétal verse, à trimestre échu, à un compte intersyndical, une allocation correspondant à 0, 6 % des salaires bruts [...]
(8) Extrait de la convention collective des fabrications métalliques 1969-1970
« Si néanmoins une grève partielle ou totale, ou un lock out se produit dans une entreprise sans que les règles de la conciliation aient été respectées par les membres des organisations signataires, ces dernières s'engagent à mettre immédiatement tout en œuvre pour faire reprendre le travail dans un délai maximum de trois jours ouvrables. Si le travail n'est pas repris dans ce délai, les organisations signataires s'engagent à n'accorder aux travailleurs ou à l'employeur en cause ni leur appui, ni un soutien financier.
En contrepartie du respect des engagements souscrits par les organisations syndicales, Fabrimétal verse, à trimestre échu, à un compte intersyndical, une allocation correspondant à 0, 6 % des salaires bruts [...]
Si
les organisations syndicales apportaient, contrairement à leurs engagements, un
appui ou un soutien financier aux travailleurs en grève dans une entreprise,
l'allocation serait réduite par cas de grève selon les modalités suivantes: le
montant de la réduction est calculé à raison de 125 F par ouvrier ayant cessé
ou ayant dû cesser le travail et par jour d'arrêt; cette somme est portée à 250
F après le vingtième jour de grève. »
En outre, la LOI DU 5 DECEMBRE 1968 SUR LES CONVENTIONS COLLECTIVES ET LES COMMISSIONS PARITAIRES stipule que :
Article 31. La convention rendue obligatoire lie tous les employeurs et travailleurs qui relèvent de l'organe paritaire et dans la mesure où ils sont compris dans le champ d’application défini dans la convention.
(9) "Enquête CITROEN" UUU novembre 1969
(10) ibid
(11) Annales parlementaires - Chambre des représentants: séance du 2/12/1969 pp 22-29
(12) brochure UUU : "Citroën , la lutte continue" 4-5 décembre 1969
(13) Dessins dans "Notes critiques à propos des luttes à Citroën 69-71" groupe "lutte de classe" mars 1972
(14) UUU " histoire d'une milice privée " 4/02/1971
(15) Sur les milices patronales à Peugeot et Citroën, en France : nombreuses références sur le net;
Par ex:https://npa2009.org/content/les-milices-patronales-fascistes-et-truands-au-service-du-capital
https://www.humanite.fr/histoire-il-y-40-ans-les-assassins-de-la-cft-636895
https://www.legrandsoir.info/fini-le-couscous-et-le-ricard.html
En outre, la LOI DU 5 DECEMBRE 1968 SUR LES CONVENTIONS COLLECTIVES ET LES COMMISSIONS PARITAIRES stipule que :
Article 31. La convention rendue obligatoire lie tous les employeurs et travailleurs qui relèvent de l'organe paritaire et dans la mesure où ils sont compris dans le champ d’application défini dans la convention.
(9) "Enquête CITROEN" UUU novembre 1969
(10) ibid
(11) Annales parlementaires - Chambre des représentants: séance du 2/12/1969 pp 22-29
(12) brochure UUU : "Citroën , la lutte continue" 4-5 décembre 1969
(13) Dessins dans "Notes critiques à propos des luttes à Citroën 69-71" groupe "lutte de classe" mars 1972
(14) UUU " histoire d'une milice privée " 4/02/1971
(15) Sur les milices patronales à Peugeot et Citroën, en France : nombreuses références sur le net;
Par ex:https://npa2009.org/content/les-milices-patronales-fascistes-et-truands-au-service-du-capital
https://www.humanite.fr/histoire-il-y-40-ans-les-assassins-de-la-cft-636895
https://www.legrandsoir.info/fini-le-couscous-et-le-ricard.html
(16) Sur la grève des femmes de la FN : Marie Thérése COENEN: « La grève des femmes de la FN en 1966 , une première en Europe » POL-HIS 1991
Et "ROUGEs FLAMMEs : https://rouges-flammes.blogspot.com/2016/01/fevrier-1966-herstal-la-greve-des.html
(17) Sur la grève aux Forges de Clabecq de juin 1970, voir "Ceux de Clabecq" pp34-43 Gilles ¨Martin EPO 1997
Et "ROUGEs FLAMMEs : https://rouges-flammes.blogspot.com/2016/01/fevrier-1966-herstal-la-greve-des.html
(17) Sur la grève aux Forges de Clabecq de juin 1970, voir "Ceux de Clabecq" pp34-43 Gilles ¨Martin EPO 1997
merci, Maxime. Ca me ravive des souvenirs. Dans le bon sens: ça me rajeunit de 50 ans!
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