jeudi 4 décembre 2014

1914 -1918 : UOMINI CONTRO : LES JGS – SJW DE GAND, LE « VREDESGROEP » , RICHARD MINNE ...ET LES AUTRES.



Je continue ici ma découverte des « HOMMES CONTRE » , de ceux qui d'une manière ou une autre ont protesté dans notre pays contre la guerre impérialiste de 1914-1918.

Sur le mouvement socialiste, LENINE écrivait :
« La lutte des deux tendances essentielles dans le mouvement ouvrier, le socialisme révolutionnaire et le socialisme opportuniste, remplit toute la période qui va de 1889 à 1914. Et aujourd'hui il existe de même dans tous les pays deux courants principaux en ce qui concerne l'attitude envers la guerre...
Prenons dix États européens : l'Allemagne, l'Angleterre, la Russie, l'Italie, la Hollande, la Suède, la Bulgarie, la Suisse, la Belgique, la France. Dans les huit premiers pays, la division en opportunistes et en radicaux correspond à la division en social  chauvins et en internationalistes.
...Seuls deux pays font exception : la France et la Belgique dans lesquelles cependant l'internationalisme existe aussi, mais très faible »

L'opportunisme et la faillite de la II° Internationale - Publié en janvier 1916 dans le Vorbote n°1.

LENINE -il faut insister - n'est pas une citation obligée, mais certainement le témoin -direct ou via son parti - qui a laissé le plus d'analyses et de commentaires sur toute cette période au sein du mouvement socialiste international

CHARLES MASSART confirmera
« ... nous pouvons dire qu'en Belgique, sauf une minorité infime, les socialistes furent tous victimes de la psychose de guerre. »
Parlant du POB, il précise :  « Le conseil général était dans son UNANIMITE chauvin et nationaliste , ce qui ne doit nullement nous étonner, le nationalisme étant une des conséquences inévitables du réformisme. »....
« En fait jusqu'à la fin de la guerre, VANDERVELDE et DE BROUCKERE luttèrent pour le jusqu'au boutisme le plus effréné et, à tous les moments de la guerre , combattirent toute tentative de rapprochement avec « les socialistes «ennemis »
Evoquant la conférence de STOCKHOLM de septembre 1917  : 
« Enfin STOCKHOLM,vint et ce fut le point de de discrimination entre « jusqu'au boutistes » et « pacifistes » , entre «  majoritaires » et « minoritaires » ; il écrira en note « si je ne parle pas des réunions de KIENTHAL et de ZIMMERWALD, c'est qu 'elles furent relativement peu connues en BELGIQUE, et que les minoritaires tout au moins n'eurent pas l'occasion de prendre position. »

Ch. MASSART -  La Belgique socialiste et communiste – 1922 - Librairie de l'Humanité pp 120-128
CHARLES MASSART, camarade de JACQUEMOTTE était pendant la guerre enseignant à la CENTRALE D'EDUCATION OUVRIERE et, membre des « Amis de l'Exploité », il fut un des fondateurs du PCB.

Voilà donc le mouvement socialiste belge qui a ,lui aussi, enfin ses « minoritaires » !


LES « JEUNES GARDES »

Mais aujourd'hui, je découvre que les premiers et les plus importants groupes internationalistes « minoritaires »sont nés en FLANDRE ( GAND et ANVERS) et qu'ils se sont développés à partir de la JGS– SJW (JEUNES GARDES SOCIALISTES – SOCIALISTISCHE JONGE WACHTEN ).


J'ai le souvenir des JGS de mon époque, le début des années 60, qui défilaient le 1er mai et aussi dans les marches anti atomiques. Uniforme bleu, cravates rouges, ils brandissaient le fusil brisé, et scandaient « L'ARMEE AU MUSEE » ou « CUBA SOCIALISTE » et surtout le fameux « QUITTONS L'OTAN » ponctué des 3 lettres « J.G.S ».
Sous la direction de la 4 ème Internationale trotskyste,  dans la ligne du journal « LA GAUCHE », ils apparaissaient comme plus anti impérialistes que nous, jeunesse et étudiants communistes à qui la direction du PC interdisait ce mot d'ordre , sans doute trop radical dans le cadre de la coexistence pacifique  américano-soviétique!
J'ai encore en mémoire le visage d'un MATHIEU D. , à la fois camarade et « adversaire » militant des plus convaincus et chaleureux.
On se retrouvait dans pas mal d'actions anti fascistes et anti où impérialistes,  malgré les opinions différentes sur tant de sujets.
Ils furent, d'ailleurs, comme les JGS internationalistes de GAND, 50 ans plus tôt, exclus du PSB en 1964.

Etonné et curieux , interpellé par HERWIG LEROUGE dans son article d E.M: « Le Groupe de la paix, de Gand, dont le poète Richard Minne était membre, exigea en 1918 la fin de la guerre et la solidarité avec la Révolution d’octobre. » 
je plonge sur « la toile » et découvre des dizaines de références en néerlandais !
Je mobilise ma connaissance de la langue et mon dictionnaire, et ...demande l'indulgence de mes camarades néerlandophones...
Je découvre un monde dont j' ignorais tout où se bousculent les noms OSCAR VAN SOMPEL, ouvrier du textile, le poète RICHARD MINNE, le peintre et sculpteur JOZEF CANTRE, le syndicaliste KAREL HUTSE, les ouvriers GASTON et ALFONS MATTHYS. etc. etc.
Ce sont ceux de GAND, mais il y a ceux d' ANVERS - qui mêlent combat flamand ,lutte pour la paix et la révolution – avec JEF VAN EXTERGEM, PAUL DE GROOT, etc., un groupe JGS à BRUXELLES , un groupe à HUY autour de JOSEPH THONET...
Il y a bien sûr aussi JOSEPH JACQUEMOTTE et ses camarades des « AMIS DE L'  L'EXPLOITE », la gauche syndicale bruxelloise du POB, mais leur histoire nous (m') est plus connue.

Je rêve qu' une exposition, une seule parmi les centaines, qui aux 4 coins du pays, commémorent la grande guerre, une exposition, célèbre un jour ces internationalistes du refus de la guerre , ceux qui , avec toutes leurs différences et leurs divergences , ont dit « NON,  GUERRE A LA GUERRE »
Fidèles en cela aux résolutions de l' INTERNATIONALE, au CONGRES DE BALE de 1912
Et cela aussi bien en FLANDRE qu'en WALLONIE, où je crois ne pas être le seul – 100 ans après (!) - à ignorer tout de cela.

Et si je poste ces quelques lignes, ce n'est pas pour m'ériger, moi en historien d'une période cruciale de mon pays, - je n'en ai ni les moyens, ni les compétences - mais pour , modestement, éveiller : avec l'espoir que des historiens progressistes s'emparent toujours plus de ce sujet et continuent à dire la vérité , non pas une vérité académique, pour les colloques et les revues, mais pour tous les militants, ouvriers, intellectuels, enfants des écoles et étudiants qui avalent jour après jour les vérités « officielles »  sur la grande guerre.

1916 DE ZIMMERWALD - KIENTHAL A GAND

https://archive.org/stream/SecondeConfrenceSocialisteInternationaleDeZimmerwaldTenueKienthal/Kienthal#page/n9/mode/2up
1916, c'est le tournant de la guerre, non pas militaire, mais idéologique : le chauvinisme patriotique commence à reculer. Les massacres au front, la faim et la misère à l'arrière réveillent les consciences . Grèves et mouvements de soldats se multiplient dans la plupart des pays.
En avril 1916 s'était tenue la 2ème conférence internationale des socialistes à KIENTHAL
Son appel du 1er mai 1916 «  AUX PEUPLES QU'ON RUINE ET QU'ON TUE » est un texte, en pleine guerre, d'une force révolutionnaire toute particulière.
Aucun représentant socialiste de BELGIQUE n'était présent ni à ZIMMERWALD, ni à KIENTHAL.
Le 1er mai 1916, c'est aussi la date de la manifestation contre la guerre à BERLIN, POTSDAMMER PLATZ, avec KARL LIEBKNECHT et ROSA LUXEMBOURG

Sur le POB, ZIMMERWALD, KIENTHAL , STOCKHOLM, voir
HERWIG LEROUGE  :ETUDES MARXISTES - 106 -2014: Le mouvement socialiste et la première guerre mondiale



Les JGS de GAND s'étaient reconstitués en janvier 1916 , et avaient été informés du mouvement ZIMMERWALD- KIENTHAL par un camarade hollandais, qui assurait la rubrique  « UIT HOLLAND » dans le journal JGS, et aussi par un militaire allemand.
Dés mai 1916, ils émettent une critique sur la position de ANSEELE concernant la participation du POB au gouvernement du HAVRE  (EMILE VANDERVELDE, ministre d'Etat depuis août 1914, est officiellement ministre du gouvernement en janvier 1916), critique que VOORUIT, le journal du POB, paraissant à GAND sous la censure allemande et sous la direction d' EDWARD ANSEELE, ne publie pas.
COMPTE RENDU DU MIDDENCOMITEIT 5/10/1916
ftp://digital.amsab.be/archives/BE_AMSAB_032_BWP_BSP_Gent-Eeklo/verslagboeken_middencomiteit_gent/verslagboek_middencomiteit_gent_1916-1917.pdf 
Mais en septembre 1916, ce sont leurs conférences marxistes à la BRUGSEPOORT qui sont remises en causes : ils y présenteraient des auteurs marxistes allemands, et la censure allemande leur impose son autorisation préalable ; de son côté, le MIDDENCOMITEIT du POB fait part du refus de ANSEELE de leur contenu qui favoriserait des minoritaires hollandais anti parti.
Ce comité était responsable de la direction journalière de POB de GAND et donc très important. Il regroupait des représentants des organisations et associations affiliées au parti , dont les JGS.
Le 14 janvier 1917, est publiée la motion sur LA PAIX ( VREDESMOTIE)
Le capitalisme est désigné comme cause de la guerre. Les travailleurs portent les plus lourds sacrifices humains.Il faut au plus vite baisser les armes. :

« LES JEUNES GARDES SOCIALISTES DE GAND, en assemblée générale ce 14 janvier 1917, sous la présidence de JOZEF CANTRE, vote dans l'unité la motion suivante et exprime le souhait qu'elle soit rendue publique au plus vite :
A ses différents congrès, l' INTERNATIONALE SOCIALISTE s'est déclarée de manière répétée contre la guerre ; toutes les guerres ayant seulement comme inévitable conséquence, le développement de la production capitaliste.
La classe ouvrière doit non seulement endurer les sacrifices humains les plus lourds sur les champs de bataille ; mais aussi dans les pays neutres, elle subit le plus dur, de par la crise économique, qui l 'accable aussi bien physiquement que moralement.
C'est pourquoi, l' INTERNATIONALE avait décidé, que si une guerre se déclenchait, malgré l'opposition du prolétariat, de renouer les liens internationaux et faire tout ce qui est possible pour au plus vite mettre fin à la guerre.
Dans tous les pays ravagés, grandit, jour après jour, nombre de voix socialistes, qui appellent les gouvernements à conclure la paix et d'arrêter au plus vite la massacre.
L' organisation des jeunes de l' INTERNATIONALE , ayant approuvé sans réserve les décisions de
l' INTERNATIONALE, c'est pourquoi, en ce qui les concerne, la JEUNE GARDE SOCIALISTE de GAND , réunie en assemblée générale de ce 14 janvier 1917, ensemble avec le mouvement pour la paix dans tous les pays, exprime sa volonté que les armes se taisent au plus vite. »

Cette AG des JGS s'est tenue à « ONS HUIS » la Maison du Peuple de GAND et a été annoncée par VOORUIT le journal du POB paraissant légalement sous l'occupation allemande.
Mais si la réunion en tant que telle ne dérangeait pas ANSEELE , seul maître après Dieu de la fédération de GAND, c'est le contenu , qu'il ne pouvait apprécier.
Le 21 janvier , VOORUIT publie un avis de la Direction du Parti : « un journal [De NIEUWE GAZET van GENT] parait avec une motion en faveur de la paix, votée dans une assemblée générale (...) à « ONS HUIS » (...) par des JEUNES GARDES, affiliées au parti .
Nous devons déclarer n'avoir rien su de cette assemblée, et encore moins être au courant de l'ordre du jour soumis à la discussion de cette soi-disant assemblée générale des JGS. »

On le voit , pour ANSEELE, les JGS devaient être remis à leur place.
Pourtant , leur manifeste n'appelait pas à la transformation de la guerre en révolution prolétarienne.
Mais, le 24 janvier 1917, l'accès à une séance du « MIDDENCOMITEIT » leur fut refusé.
L'accès aux locaux socialistes leur fut irrévocablement interdit.
ANSEELE déclara les JGS dissous et donna mission de créer un nouveau groupe « loyal ».
COMPTE RENDU DU MIDDENCOMITEIT

Les JGS de GAND avaient aussi reçu en décembre 1916 l'autorisation de publier un mensuel « ROODE JEUGD ».
Mais le premier numéro ne parut qu'en août 1917, d'abord suite à des problèmes d'organisation, mais il n'est pas impossible que ANSEELE, en personne soit intervenu directement auprès de la censure allemande et du major HEITZ, pour l'interdiction de la publication et qu'il ait trouvé là une oreille complaisante.
Mais ce n'était encore là que le début : fin mai 1917 , les JGS ont diffusé un manifeste dans la population, sur la base de la « VREDESMOTIE », mais qui , pour la première fois, portait une condamnation des socialistes des pays de L'ENTENTE .
VOORUIT a précisé que « cela n'avait rien à voit avec le parti» , de même lors de la parution du 1er numéro de « ROODE JEUGD » le 12 août 1917.
De même lors de la création du « VREDESGROEP » en janvier 1918.

ROODE JEUGD rendra compte de cette rupture radicale avec la direction gantoise du POB.
« Les JGS comptent 350 membres, malgré le bannissement infligé par une petite clique qui se proclame direction du Parti, qui traite tout dans le secret, qui n'ose pas une seule fois convoquer une réunion du parti pour parler de la paix , et qui trouve plus courageux de jeter la confusion dans les esprits au moyen de rumeurs mensongères au sujet de notre motion et de nos manifestes diffusés ici et à même l'étranger
(...)
Toutes les tentatives de contact, toutes les tentatives de courrier de la part des JGS seront sans réponse.
«  Pas de réponse. Ainsi, nous savions que ... « que clairement et au moins de manière non déguisée, LE CITOYEN ANSEELE NE VEUT PAS PARLER DE LA PAIX,  »

La direction socialiste essaiera de compromettre le groupe minoritaire, en les accusant d' orientation activiste. Cela dura jusqu'à décembre 1917 pour que ce soit clair parmi les jeunes, mais après, ils rejetèrent l'accusation : « ROODE JEUGD restera pure et rouge... » Pour eux le RAAD VAN VLAANDEREN est composé d'intellectuels flamands sans mandat, qui certes peuvent promettre de défendre les revendications prolétariennes, mais qui jamais ne les réaliseront. L''émancipation des travailleurs ne peut être que leur propre oeuvre.
Ces insinuations ont la vie dure ; à notre époque encore- ici en 2006- on trouve des petites phrases :
-la « Volks drukkerij » (imprimerie de VOORUIT) refusa d'imprimer ROODE JEUGD. On ne sait pas qui le fit. »
-« Les vendeurs du journal étaient accueillis avec hostilité par la population, qui trouvait louche que ces jeunes ne soient pas poursuivis par les Allemands »
-« Ce manifeste (ONS STANDPUNT) fut imprimé par SV MERCURIUS. Via PRIMO (FRANS PRIMO, activiste socialiste), les Allemands  payèrent la facture»
voir « Het activistisch avontuur »- Daniel VANACKER – Academia Press 2006 (pp 246-248)
 Toujours la même allégation qu'il y a 100 ans , aux 4 coins de l' EUROPE : les révolutionnaires internationalistes des pays de l'ENTENTE  sont accusés de trahison de la patrie!!
 LENINE fut traité d' "agent allemand", et LIEBKNECHT fut accusé d'être un "vulgaire traître à la solde de  l'ENTENTE" !

Je me permets d'insister sur les dates : le noyau internationaliste , « zimmerwaldien » de GAND s'est développé dans la foulée des conférences de ZIMMERWALD et KIENTHAL ; son acte de rupture politique – la motion sur la paix – est posé avant avant que n'éclate la révolution russe (mars 1917) et avant le projet de conférence de STOCKHOLM , initié par KAMIEL HUYSMANS.


1918 DE VREDESGROEP : PAIX IMMEDIATE, SOUTIEN A LA REVOLUTION D' OCTOBRE .
En janvier 1918 deux ans déjà après la reconstitution de la section gantoise des JGS, se crée le VREDESGROEP DER SOCIALISTISHE PARTIJ, qui élargit le mouvement aux camarades socialistes plus anciens qui s'étaient joints aux jeunes.
ROODE JEUGD explique :
« La direction du Parti boycotte toute expression pour la paix des membres du parti et refuse opiniâtrement, avec un zèle qui mériterait une meilleure cause de donner la parole aux camarades du parti, pour pouvoir ensuite dire que personne ne souhaite la paix.
Cette situation ne peut durer : la direction du parti fait un mauvais usage de son pouvoir du moment.
Le parti socialiste est un parti démocratique ; c'est à dire que tous les membres du parti, de toute orientation ont aussi le droit de donner leur opinion dans le parti.
....
Etant donné que beaucoup de membres du parti favorables à une paix immédiates se voient refuser de faire connaître leur opinion dans les organisations, les journaux et les locaux du parti, nombre de jeunes et d' anciens, parmi les plus expérimentés propagandistes, n'ont pas d'autre issue que de fonder un « VREDESGROEP DER SOC. PARTIJ »

Ecrit par K. HUTSE, R. MINNE et M . MACHTELYNK, ils publient un manifeste « ONS STANDPUNT »
Le groupe s'affirme radicalement en rupture avec la direction du parti ,  « devenue sourde, muette et aveugle» et qui « porte la responsabilité d' avoir abandonné le prolétariat en ces heures d'extrême besoin, ,où il s'agissait de transformer ses paroles en actes, où il s'agissait de la vie de dizaines de milliers de travailleurs. »
Le groupe se prononce pour une paix immédiate, :
....« ce que nous défendons, c'est la ligne socialiste de la paix.
Non pas AVEC, mais CONTRE le gouvernement belge.
A nos côtés nous avons les partis minoritaires dans tous les pays.
Le POB officiel, qui voit tout à travers les lunettes de l' ENTENTE, ne sait se situer que pour ou contre les intérêts de l' ENTENTE. Sa sagacité ne va pas plus loin.
Dans les partis minoritaires de l' ENTENTE, il ne voit que trahison ; dans la lute des « Indépendants » allemands contre l'impérialisme allemand, il ne voit que ralliement à l' ENTENTE !.....
Et, fait important, il proclame , sans réserves, « son soutien vigoureux aux courageux camarades bolcheviques, à leur niveau avancé dans le socialisme. A travers des difficultés jamais rencontrées, abandonnés et mêmes vilipendés par presque toute l'Internationale ouvrière, harcelés et pris à la gorge par tout le capitalisme international , ils ont transformé le régime sanguinaire de l'autocratie tsariste en une vraie république socialiste, communiste des travailleurs, avec l'égalité des hommes et des femmes, la liberté d'association, la journée des 8 heures, et la propriété collective des moyens de production, qui est le but final de notre combat socialiste. »

LE DOUBLE VISAGE DU PERE ANSEELE
STATUE DE ANSEELE PAR JOZEF CANTRE. .LE SCULPTEUR ETAIT  LUI MEME UN ANCIEN DES  JGS
Au moment de l'invasion allemande , GAND est classé par l'occupant dans l' ETAPPENGEBIED       ( arrière proche du front qui est sur l' YSER) qui est placée sous administration militaire.
EDWARD ANSEELE, la légendaire figure du POB , un des pères fondateurs , celui qui fut en 1894 le 1er député socialiste en BELGIQUE (élu à LIEGE) est resté à GAND où il est échevin, veillant à l approvisionnement surtout en alimentation et en charbon de la population et à ses conditions de vie, gérant les coopératives etc.
VOORUIT, le journal socialiste continua à paraître, dirigé par ANSEELE, sous la censure allemande.
Ses déplacements étant limités du fait du statut militaire de la région, il se distinguait ainsi ,des VANDERVELDE,  DESTREE,  DE MAN , qui furent, du HAVRE à MILAN et a MOSCOU, les porte voix de l' UNION SACREE et du jusqu'au boutisme.
Il était lui le gestionnaire pragmatique, l'homme du terrain.
Au moment où , sous la pression de la révolution russe, il fut question , à l'initiative de CAMILLE HUYSMANS, de la réunion internationale de STOCKHOLM, où se rencontreraient les socialistes de tous les pays ( ENTENTE, EMPIRES CENTRAUX et NEUTRES) pour discuter de la « paix », ANSEELE  se prononça POUR .
Il fut décidé au MIDDENCOMITEIT de GAND que la zone occupée de la BELGIQUE devait y être représentée par 6 délégués.
Mais le CONSEIL GENERAL du POB, plus jusqu' auboutiste que jamais, refusa toute discussion avec l'ennemi, fut il « socialiste » ; et ANSEELE, bien sûr, s'inclina .
Et même temps qu'il s'était ainsi forgé une image de « pacifiste », il pourchassait, nous l'avons vu d'une main de fer la gauche internationaliste anti guerre des JGS et du VREDESGROEP .
Et en novembre 1918, c'est EDWARD ANSEELE, qui sera l'homme de confiance à la réunion de LOPPEM avec le roi ALBERT I , qui instaurera un gouvernement d' UNION NATIONALE, proclamera le suffrage universel immédiat – toutes mesures prises pour contrecarrer toute menace révolutionnaire, et assurer la paix sociale. Il sera nommé ministre des Travaux Publics.
En 1919, Monsieur le ministre fera le ménage chez lui et fera exclure du POB les membres du VREDESGROEP . 


Sur l'ensemble de ce post sur le groupe de GAND voir:
« De Groote Oorlog bekeken door een pince-nez 

Edward Anseele, het socialisme en de bezetting van Gent » (pp 130-139)

WILLEM DEDOBBELEER   -Academiejaar 2006-2007 – Universiteit GENT
Eindverhandeling voorgelegd tot het behalen van de graad van Licentiaat in de Geschiedenis 
 

LEO MICHIELSEN: DE INTEGRATIE VAN DE BWP   
http://www.marxists.org/nederlands/michielsen/1976/geschied/18.htm


RICHARD MINNE
Parmi les responsables du VREDESGROEP, un poète RICHARD MINNE .
Né en 1891 dans une famille petite bourgeoise de GAND, sa passion pour la poésie,lui fut transmise par son professeur de néerlandais de l' Athénée de GAND ,RENE DE CLERCQ, lui même poète de langue flamande, qui l'encourageait déjà à faire des rimes...
Quelques professeurs de l'Athénée assuraient leurs leçons en néerlandais ; mais beaucoup de cours étaient donnés en français.
"C'était fifty-fifty " raconte MINNE  "Nous avions la moitié des cours en néerlandais. A côté de cela , il y avait évidemment la section unilingue francophone  où les fils de la grande bourgeoisie y recevaient leur savoir.Ils nous manifestaient le plus grand mépris; pour eux, nous n' éxistions pas."
L' ATHENEE DE GAND fut en fait , dans les années d'avant-guerre un creuset d' idées contestataires, socialistes et flamingantes, parfois en mélange.
Prise de conscience des discriminations sociales dés l'école, mais c'est surtout le développement du mouvement ouvrier à GAND, et les luttes sociales dans la MANCHESTER flamande qui renforcèrent les convictions de RICHARD MINNE.
A 20 ans il, rejoint la JEUNE GARDE SOCIALISTE ( SJW) ,groupe antimilitariste, marxiste,qui mena campagne notamment contre le système du tirage au sort pour désigner les conscrits.
La suite on la connaît : la guerre, le VREDESGROEP, l'exclusion du POB.
Cet internationaliste combattif aurait aussi été un certain temps  membre de la section gantoise des "Amis de l'Exploité" ( voir De vrijheid nog veroveren) qui sera une des composantes du futur Parti Communiste.
MINNE n' alla pas plus loin dans l'engagement révolutionnaire., et se plongea dans la poésie.
En 1931, il retrouva la route de VOORUIT où il tint une rubrique « In 20 lijnen ». , puis  dans KOEKOEK, le magazine satirique de VOORUIT : « Les lettres DE PIERKEN »
Dans ces lettres, un gamin du peuple KIEKJE, présente son regard sur la société flamande, et attire surtout l'attention sur l'église catholique et la montée du fascisme.

Son professeur de l'Athénée, RENE DE CLERCQ, qui avait choisi l' activisme se rangea derrière le RAAD  VAN VLAANDEREN et se réfugia aux Pays-Bas en 1918.
Il fut condamné à mort par contumace , par la Cour d'Assises du Brabant  le 17 avril 1920...
Son camarade VAN SOMPEL fonda le PARTI COMMUNISTE et fut un des accusés du procès du "grand complot" en 1923, contre la direction du tout jeune PC. Ils seront acquittés.
Quant à Jozef CANTRE , sculpteur renommé, c'est lui qui conçut la statue à GAND de son ancien adversaire EDWARD ANSEELE...  

sur RICHARD MINNE 


VRIJHEID (R. MINNE)
Wanneer uit bange - wreede nachten,
eens lichten zal de zonne - lach;
wanneer uit bittre menschenklachten,
eens dagen zal de vrijheidsdag,

en geestdrift in de morgen - luchten
van vrijheid zwanger – hangen zal,
bij 't luid gegalm der strijdgeruchten,
uit schaamle hut, en krot en stal...

Dan zal, o licht, o vrijheid - zegen;
Dan zal uw naam niet meer een schijn,
maar vrijheid uit den nood gestegen,
dan zal de vrijheid, vrijheid zijn!

Je me suis permis (!) ici une traduction des plus libres libre de mon crû ( n'ayant pas trouvé de traduction autorisée) Elle ne demande bien sûr qu'à être corrigée.  Je ne sais pas trop si je suis resté fidèle à la fois, à ce que le poète a voulu exprimer et à la langue néerlandaise( M T)

Quand de la cruelle et terrible nuit
 Jaillira l'éclaircie,
Quand des amères complaintes des hommes
Se lèvera  un jour libre

Et quand la ferveur, porteuse de liberté,
Se mêlera  , dans la brise du matin,
Aux puissants cris de lutte montant
Des baraques , des taudis , des étables...

Alors,sois bénie, ô lumière, ô liberté.
Ton nom ne sera plus illusion.
Mais ,liberté issue de la misère,
Tu seras alors LA LIBERTE



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