JEHAY : Le château des barons van den Steen ( acquis par la Province en 2000) |
Aujourd'hui, je vous propose de nous
promener en Hesbaye à Jehay ,dans la région d'Amay et de Huy , et de remonter dans
le temps jusqu'aux aux années de la Révolution liégeoise.
(1789-1795)
Qu'en connaissons nous ? Le
château de Jehay, bien sûr ; l'abbaye de la Paix Dieu et
l'abbaye de Flone. Ajoutons y la collégiale Ste Ode et St George à
Amay et même la ferme de Malgueule à Jehay.
Voilà l'essentiel du patrimoine
historique , et nous mettons là le doigt sur le patrimoine issu des
classes dominantes de l'Ancien Régime ; la noblesse et le
clergé.
Abbaye de Flone |
Collégiale Ste Ode et St George Amay |
Abbaye de la Paix Dieu |
HAUT CLERGE ET NOBLESSE
Le château et la seigneurie, propriété
des comtes de Merode, une des plus grandes familles princières de
Belgique (toujours par ailleurs bien présente aujourd'hui),
deviendra en 1716 propriété d'une autre famille noble les van den
Steen ( avec un petit « van » )-, et ce jusqu'à son
acquisition par la Province de Liège en 2000. La ferme de Malgueule
était elle aussi leur propriété.
Blason des seigneurs de Jehay |
L' abbaye de la Paix - Dieu était
domaine de moniales de l'ordre de Cîteaux et celle de Flone des
chanoines de Saint Augustin jusqu' à leur confiscation en 1796-97
par la République Française ( nous étions alors ,ne l'oublions
pas, le département de l'Ourthe) et leur revente ensuite comme biens
nationaux.
Amay fut une seigneurie ecclésiastique,
domaine du chapitre des 9 chanoines de la collégiale, lui aussi
propriétaire de nombreux biens et terres et bénéficiant de
nombreux privilèges.
Noblesse et haut clergé étaient on le
voit étroitement liés, chanoines , moines et moniales étant
souvent des mêmes familles de la noblesse, accumulant les richesses
pour leur seule jouissance, exploitant le travail des paysans , les
soumettant à de multiples taxes , réglementations, obligations et
sanctions , la corvée, le cens, la dîme , dont le seul but était
de les enrichir et de renforcer leur pouvoir .
Hoensbroeck: Le tyran de Seraing |
En
plus, dans l'état ecclésiastique de la principauté de Liège, le
haut clergé, « l'état premier » détenait de fait le
pouvoir politique – le prince évêque choisi parmi les siens (le
chapitre cathédral des chanoines de Saint Lambert) avant d'être
nommé prince
par l'empereur germanique et évêque par le pape
Il
était hégémonique , même par rapport à « l'état noble »
sensé représenter les seigneuries, donc les seigneurs et LEURS
manants (!).
Quant
au « Tiers état », sensé représenter la population
des 23 bonnes villes de la principauté, et donc leurs bourgeois artisans et ouvriers, il était dénué de tout
droit sous le règne dictatorial autocratique et réactionnaire du
prince de Hoensbroeck (prince
évêque de 1784 à 1792, appelé par les Liégeois « le tyran
de Seraing ».)
PAYSANS
DE HESBAYE : MISERE ET OPRESSION
Du côté des classes opprimées
, la situation était tout autre.
« Rarement
dans la région, l’habitation du manant était construite en
matériaux durables. On ne voyait guère que charpentes et
maçonneries légères, torchis, chaumes propices aux
incendies.
Voilà qui explique qu’à Jehay, il ne reste pas de cette époque une seule maison paysanne. Primitivement, le château était entouré de masures desservies par des ruelles.(1)
Voilà qui explique qu’à Jehay, il ne reste pas de cette époque une seule maison paysanne. Primitivement, le château était entouré de masures desservies par des ruelles.(1)
Ferme de Malgueule (ex propriété du baron) |
Par suite d’achats, d’échanges
plus ou moins volontaires et de saisies, les de Mérode avaient
éloigné ces voisins encombrants, ce qui leur permis de créer les
jardins, d’élargir le grand étang et de tracer les magnifiques
avenues...
Les châtelains ne se faisaient pas
faute, à l’occasion, d’incorporer à leurs terres les chemins
publics. »
Le peuple rural était partout pauvre
et misérable : à part quelques fermiers propriétaires de leur
ferme , la plupart des 341 habitants -76 feux- de Jehay ( en 1736)
travaillaient pour les fermes du seigneur ou travaillaient un jardin
ou lopin de terre pour lequel ils payaient bail au château ou à la
cure.
Et
la vie était singulièrement dure au paysan, dans la campagne
hesbignonne.Il y avait aussi beaucoup d'indigents mendiants
, infirmes, impotents ou innocents.
Certains habitants du village , des
paysans-ouvriers en quelque sorte, avaient un métier , maçon,
manoeuvre, tisserand, scieur, ardoisier briquetier, charpentier,
qu'ils exerçaient dans les bourgs voisins .(2 )
Le seigneur était tout puissant et
avait en quelque sorte pouvoir de justice et de police sur ses
sujets.
C'est ainsi qu' en 1787, à Jehay, un
voleur auteur d'un vol sans effraction,fut enfermé dans la prison du
château , la garde du château étant renforcée, sur ordre du baron
, nuit et jour, par 12 hommes armés
La « cour » , siégeant au
château et présidée par le baron lui même, le condamne à 25
coups de fouet.
«
La lecture de la sentence ayant été donnée dans la grande salle,
en présence de la population réunie, on remit le condamné au
maître des œuvres. Puis le cortège reprit sa marche et conduisit
le prisonnier au lieu du supplice, vis-à-vis de la brasserie
banale » Là,
il fut fouetté, puis chassé.( 3 )
Autrefois,chacun faisait sa bière pour
sa consommation quotidienne, comme on fait le café , en faisant
passer l'eau chaude sur l'orge ou le malt, en y ajoutant un peu de
houblon pour le parfumer.On évitait ainsi de boire de l'eau de
qualité douteuse ,qui était source d'épidémie.
La brassine banale était une des prérogatives les plus importantes que le seigneur s'attribuait. Les manants étaient obligés d'aller brasser à cet endroit ; ils ne pouvaient aller acheter ailleurs ni revendre de la bière que le receveur de la " brassine banale " n'aurait contrôlée.
Les seigneurs de Jehay veillaient à conserver ce droit très ancien.
Allée Sud du château face à la brassine ??. |
Ils le maintiendront à travers toutes les époques quelque soit la
famille seigneuriale. Le droit de banalité constituait une sorte d'impôt, un moyen de ressources sans doute, mais il mais il marquait aussi une attitude d'autorité que les seigneurs ne laisseront jamais décliner.
Elle était devenue
à ce point symbolique d'autorité que l'exécution des châtiments
corporels infligés aux condamnés avait lieu en face de cet
édifice.
Fatalement, pour plus d'une raison, la population associait ce bâtiment à l'autorité du seigneur et le détestait.
Fatalement, pour plus d'une raison, la population associait ce bâtiment à l'autorité du seigneur et le détestait.
Elle était devenue
à ce point symbolique d'autorité que l'exécution des châtiments
corporels infligés aux condamnés avait lieu en face de cet
édifice.
Fatalement, pour plus d'une raison, la population associait ce bâtiment à l'autorité du seigneur et le détestait.
Le peuple devenu libre signifia l'abolition de la brassine banale.
Les révolutionnaires tentèrent d'incendier le château et ils saccagèrent la brassine. (4 )
Fatalement, pour plus d'une raison, la population associait ce bâtiment à l'autorité du seigneur et le détestait.
Le peuple devenu libre signifia l'abolition de la brassine banale.
Les révolutionnaires tentèrent d'incendier le château et ils saccagèrent la brassine. (4 )
LA
REVOLUTION LIEGEOISE ( 1789-1795)
Pour
les classes opprimées, ouvriers, paysans,petits artisans, la vie en
1788-1789 est très dure : le prix du pain avait augmenté
et
il y eut un chômage important , donc la misère ,dans les villes.
L’ensemble du peuple était aussi révolté par le fait que les
possédants exportaient le blé à l’étranger, ce qui aggravait la
disette dans la principauté. En 1787-1788, trois quarts de la
récolte de blé furent exportés.
Dans la riche campagne de
Hesbaye, où les activités semi-industrielles étaient rares, les
communautés villageoises
se réunissaient en assemblées générales et dressaient des cahiers
de doléances, où le
clergé était pris pour cible. ( 5 )
Suite
à la disette de
grains, après le rude hiver 1788-1789, parmi les paysans du
Condroz naissait un mouvement contre la dîme due à l'Eglise. Le
peuple se rendait de village en village, demandant l'abolition des
privilèges des seigneurs et du clergé. Des bandes y exercent leur
piraterie, et s'emparent du grain qu'ils jugeaient superflu pour le
distribuer aux indigents.
Les
évènements révolutionnaires français, (prise de la Bastille)
persuadèrent la bourgeoisie de lancer un mouvement
populaire pour contraindre le prince-évêque à réaliser de
profondes réformes.
La
Révolution liégeoise est un événement historique des plus
complexes , faite d'un enchevêtrement d'intérêts qui
dépassent de loin le seul affrontement de classe à Liège, entre
d'une part la bourgeoisie assistée du prolétariat , les révoltes paysannes,et d'autre part les classes dominantes de
l'Ancien régime ,la noblesse et le haut clergé .
Interviennent de manière décisive et
militairement dans le rapport de force ,d'une part la France
révolutionnaire, proclamée République le 21 septembre 1792 , et
d'autre part les multiples composantes et organisations féodales du
Saint Empire germanique, sorte de colosse aux pieds d'argile , miné
par les rivalités entre l'Autriche des Habsbourg et la Prusse des
Hohenzollern, qui toutes deux interviendront militairement à leur
manière et en pleine rivalité, dans la principauté.
Quelques dates comme aide mémoire
:( 6 )
1ère période révolutionnaire :
18 août 1789- janvier 1791
1ère restauration de l'ancien
régime : janvier 1791 – novembre1792
2ème période révolutionnaire :
nov 1792-mars 1793
2ème restauration : mars 1793 –
juillet 1794
3ème période révolutionnaire :
juillet 1794- octobre 1795
Rattachement à la France :
1795-1815
AUGUSTIN
BEHOGNE
L AN 1719 : la ferme DONY |
Il était un paysan cultivé,
relativement aisé , acquis aux idées des Lumières .
Citons maintenant Arthur
Bovy, historien local ( 7 ) :
« Il
s’empressa de s’inscrire au club des patriotes d’Amay, où
il débuta par de virulentes attaques contre la juridiction des
chanoines.
A Jehay , il ne
cessait de remontrer aux manants que depuis des siècles, ils étaient
écrasés de servitudes, de corvées, de dîmes et de redevances de
toutes sortes, sans parler du haut prix des denrées, qu’en
prévision des années déficitaires les censiers ne se faisaient
aucun scrupule d’accaparer. Il allait répétant à tout venant que
l’heure était arrivée de secouer le joug odieux.
Le
18 août 1789, la révolution éclate à Liège.
LA
REVOLUTION A JEHAY
Entre le 19 et le 26 août, alors
que le baron était à Seraing, les chefs de la rébellion ( Behogne
et trois villageois ndlr) à la tête d’une trentaine d’hommes,
se rendirent au château, tambour battant.
Un des leaders , La
Jeunesse, remit à la baronne épouvantée une requête réclamant
l’abolition de la brassine banale (...) Puis, il fit connaître
qu’il se proposait de délivrer gratis, pendant deux jours, de la
bière à quiconque présenterait un certificat de civisme. Pendant
plusieurs semaines, le village fut en effervescence.
Dans
la nuit du 26 au 27, l’évêque Hoensbroeck se réfugie en
Allemagne, le baron de Jehay l’y accompagne, laissant au village le
champ libre à Behogne et à ses acolytes La Jeunesse, Cordonnier
et Loumage.
Le
village de Jehay, comme les autres communautés hesbignonnes,
s’administra lui-même. Il n’avait jamais connu d’autres
autorités que son seigneur et son curé.
Vers la fin d’août 1789, des
opérations électorales eurent lieu. Elles se déroulèrent, à
Jehay, au milieu d’un grand enthousiasme. Behogne et ses amis ne
manquèrent pas de célébrer bruyamment le nouvel ordre des
choses.
Il fallut bientôt déchanter. .
Il fallut bientôt déchanter. .
Le 12 janvier 1791, le prince-évêque
Hoensbroeck rentrait à Liège derrière les troupes de l’Empereur
Léopold II et remettait en vigueur l’ancienne constitution.
Neuf jours plus tard, le baron revint à Jehay pour y afficher, sur l’église et sur le batty, le décret d’amnistie. Behogne et ses amis en étaient exclus. Il avait d’ailleurs disparu.
Neuf jours plus tard, le baron revint à Jehay pour y afficher, sur l’église et sur le batty, le décret d’amnistie. Behogne et ses amis en étaient exclus. Il avait d’ailleurs disparu.
On
le revit au village quand arrivèrent les troupes de la République
française de Dumouriez, dans les derniers jours de 1792.
OFFICIER
MUNICIPAL :
Nommé
officier municipal (échevin)et membre du comité régional de salut public,
Behogne se multiplie.
Par un clair dimanche de ce mois de décembre 1792 , il monte dans le clocher de l’église et sonne la cloche du ban pour assembler les habitants sur le batty, où il leur annonce la déchéance du prince-évêque et la réunion du pays à la République française. ...
Par un clair dimanche de ce mois de décembre 1792 , il monte dans le clocher de l’église et sonne la cloche du ban pour assembler les habitants sur le batty, où il leur annonce la déchéance du prince-évêque et la réunion du pays à la République française. ...
On
le rencontre partout ; dans les fermes du
château de Jehay,
de Malgueule,
de Hepsée, de Warfusée et dans les villages des environs, il
réquisitionne du grain et des fonds pour l’armée.
Carte de Ferraris des Pays Bas autrichiens(1770-1778) on y repère le château, la ferme "Malgeul", la brassine, et sans doute la ferme Dony |
CONDAMNE A MORT ET DECAPITE
Hélas,
le réveil fut terrible.
Le 5 mars 1793, les Autrichiens réoccupaient la capitale, et le comte de Méan, le nouveau prince-évêque, remontait sur son trône. Le baron rentrait à Jehay.
Le 5 mars 1793, les Autrichiens réoccupaient la capitale, et le comte de Méan, le nouveau prince-évêque, remontait sur son trône. Le baron rentrait à Jehay.
Behogne
avait encore disparu. Mais tandis que ses deux comparses les plus
compromis, Cordonnier et Loumage se dérobaient à toutes les
recherches, lui-même fut pris à Herstappe et amené à Liège.
La cour des Echevins de Liège, prononça des peines d’emprisonnements et de bannissements et cinq condamnations à mort, dont celle de Behogne.
Un seul témoin rapportera ce jugement dans ses mémoires : François Garnier, le jardinier du château, fidèle parmi les fidèles du baron . Behogne est accusé d'être le principal instigateur des désordres qui secouent la commune, lui imputant toute une série d'actions exécutées dans le seul but de soulever la population,et renverser l'ordre établi : pillage du moulin de la Paix - Dieu, violence et injures contre l'abbesse, arrogance à l'encontre de la baronne, appropriation de terres, proclamation du rattachement à la France.
Mais écrit l'historienne Anne Stiernet, "quelle valeur accorder au jardinier, adversaire acharné de la cause révolutionnaire" (8)
.L’ancien régime prit fin au village de Jehay, sur une vision d’horreur.
Le 26 mars 1794, à sept heures du matin, le condamné y fut ramené. On sonna pour la dernière fois la cloche du ban, et les habitants se rassemblèrent sur le batty, au pied du gros tilleul, devant la brassine banale.
La cour des Echevins de Liège, prononça des peines d’emprisonnements et de bannissements et cinq condamnations à mort, dont celle de Behogne.
Un seul témoin rapportera ce jugement dans ses mémoires : François Garnier, le jardinier du château, fidèle parmi les fidèles du baron . Behogne est accusé d'être le principal instigateur des désordres qui secouent la commune, lui imputant toute une série d'actions exécutées dans le seul but de soulever la population,et renverser l'ordre établi : pillage du moulin de la Paix - Dieu, violence et injures contre l'abbesse, arrogance à l'encontre de la baronne, appropriation de terres, proclamation du rattachement à la France.
Mais écrit l'historienne Anne Stiernet, "quelle valeur accorder au jardinier, adversaire acharné de la cause révolutionnaire" (8)
.L’ancien régime prit fin au village de Jehay, sur une vision d’horreur.
Le 26 mars 1794, à sept heures du matin, le condamné y fut ramené. On sonna pour la dernière fois la cloche du ban, et les habitants se rassemblèrent sur le batty, au pied du gros tilleul, devant la brassine banale.
A
huit heures, le bourreau fit faire plusieurs fois le tour de la
placette à son prisonnier, puis sous les yeux de la population
muette d’épouvante et d’indignation, il le décolla à la hache.
Ainsi mourut, comme un malfaiteur, Augustin Behogne, coupable de
délit d’opinion et de turbulence. (Quelques
semaines)
plus tard, on l’aurait porté en triomphe, comme un héros »(7 bis)
Nous sommes depuis le 1er octobre 1795 partie de la République française, - et le baron van den
Steen s'est à nouveau exilé depuis juillet 94.Son "jardinier - homme de confiance" veille sur ses biens .
Une fête civique est célébrée à l'abbaye de la Paix Dieu le 7 août 1796 : bonnet phrygien, arbre de la Liberté, statues représentant la Liberté et la Loi, discours anti royaliste: la symbolique révolutionnaire est bien présente.
Ce jour aussi, le peintre Léonard de France organisa une cérémonie d'hommage à Augustin Behogne .
Remarquons ici qu'il ne reste rien de ce révolutionnaire impétueux et courageux, qui s'est battu et est mort pour nos libertés , pas même une plaque commémorative! A Verviers pourtant, le martyr Chapuis a sa statue, et à Huy, Bouquette son monument...
Par contre, Mr le baron, lui... Même le bon jardinier François Garnier repose au château sous une pierre tombale.
LA PAROLE A UN "PRO ANCIEN REGIME "
Nous sommes depuis le 1er octobre 1795 partie de la République française, - et le baron van den
1796 Fête civique au château photo (8) |
Une fête civique est célébrée à l'abbaye de la Paix Dieu le 7 août 1796 : bonnet phrygien, arbre de la Liberté, statues représentant la Liberté et la Loi, discours anti royaliste: la symbolique révolutionnaire est bien présente.
Ce jour aussi, le peintre Léonard de France organisa une cérémonie d'hommage à Augustin Behogne .
Remarquons ici qu'il ne reste rien de ce révolutionnaire impétueux et courageux, qui s'est battu et est mort pour nos libertés , pas même une plaque commémorative! A Verviers pourtant, le martyr Chapuis a sa statue, et à Huy, Bouquette son monument...
Par contre, Mr le baron, lui... Même le bon jardinier François Garnier repose au château sous une pierre tombale.
LA PAROLE A UN "PRO ANCIEN REGIME "
Il
est rare devant l'acte d'accusation contre
l'Ancien Régime et ses méfaits, de pouvoir donner la parole à ses partisans .
Et
pourtant : la magie du net m' a fait découvrir ces
lignes, d'un abbé Dupierry, qui j'imagine ne cesseront de vous surprendre...(9)
« La
domination des princes évêques, la plus paternelle qui se puisse
concevoir, disions-nous, rendait à leurs sujets la vie très douce.
Le
prince évêque de Velbruck avait représenté Liège à Paris. Doux
et tolérant de nature, une fois monté sur la trône, il laissa
faire; c'était l'empoisonnement lent et sûr des classes
dirigeantes.
Son successeur, de Hoensbroeck.
valait mieux. Mais il ne vit pas tout la danger, fut indécis alors
qu'il fallait agir et devint la première victime de l’émeute.
(...)
A Huy, la ville est sous la coupe du
Citoyen Bouquette, un ouvrier dinantais, au verbe haut; il ne craint
pas de monter dans la chaire de la collégiale et d'appeler à
l'émeute le ban et l'arrière-ban de la plèbe : on a tout à
redouter de semblables meneurs.
De l'autre côté, un paysan de
Jehay, le citoyen Behogne, terrorise véritablement son coin; à ses
diatribes incendiaires, il ajoute des sévices, extorque de l'argent,
spécialement des religieuses de la Paix-Dieu, menacées de la pire
façon.
Heureusement que l'on touchait à la
délivrance; précédés de chariots chargés de dépouilles opimes
(trophées ndlr), les
Français fuyant devant la nouvelle offensive autrichienne, partirent
le 5 mars 1793.
Le
prince-évêque de Méan, rentré dans sa ville, proclama bien une
nouvelle et très large amnistie, mais il eut été de la dernière
inconséquence de ne pas sévir, et sévèrement, contre les fauteurs
de troubles.
Le citoyen
Bouquette paya d'audace, fut appréhendé par la maréchaussée,
condamné à mort par les échevins de Liège et exécuté sur la
grande place de Huy, le 25 mars 1794.
Si nous en faisons mention, c'est que Bouquette fut le dernier décapité, dont la tête fut exposée aux fourches patibulaires; celles-ci étaient sur Falhize et les gens d'Antheit purent. à l'aspect de ce poteau portant la tête coupée, méditer sur les suites des révolutions.(sic !)
Monument à Jean Denis Bouquette Huy |
Si nous en faisons mention, c'est que Bouquette fut le dernier décapité, dont la tête fut exposée aux fourches patibulaires; celles-ci étaient sur Falhize et les gens d'Antheit purent. à l'aspect de ce poteau portant la tête coupée, méditer sur les suites des révolutions.(sic !)
A Jehay. le citoyen Behogne fut appréhendé également.
Le
pays ne se remet pas d'aplomb, il reste agité. Il y a des
conciliabules secrets de révolutionnaires locaux; le prince- évêque
est forcé d'augmenter les contingents de police. de faire multiplier
les patrouilles. »
UNE
REVOLUTION INACHEVEE
La
révolution liégeoise, on le voit, ne fut pas une « binamé
révolution », comme on la présente souvent, mais un véritable
affrontement des classes opprimées contre les 1% d'oppresseurs du
haut clergé et de la noblesse.
Mais
même si les paysans se soulevèrent ici et là à l'appel de
révolutionnaires comme Behogne, même si les ouvriers et artisans
des villes, à Liège , Verviers et ailleurs partirent à l'assaut de
l'Ancien Régime, c'est la bourgeoisie des villes , qui menait la
danse , elle, la classe ascendante qui voulait le pouvoir. Elle
voulait se délivrer des multiples chaînes que les structures
féodales mettaient à l'expansion de sa « liberté » de
produire, de commercer , d'accumuler du capital et d'exploiter
« librement« le prolétariat.
En
définitive, c'est elle qui en sortit victorieuse.
vente des biens nationaux de la Paix Dieu - photo (8) |
Et remarquons que si le haut clergé, symbole du pouvoir absolu dans la Principauté fut la première victime du flux révolutionnaire – ses biens furent confisqués , pour être revendus comme biens nationaux et ses congrégations dissoutes – la noblesse , elle ne s'en tira pas trop mal.
Une sorte d'alliance de classe, voire de fusion, de la bourgeoisie montante avec la noblesse d'Ancien Régime caractérisera la Belgique pendant tout le XIXème siècle et bien après encore.
On
l'a vu , la famille van den Steen de Jehay conserva ses propriétés.
En 1802, l'amnistie lui sera accordée et en 1806, le baron est nommé maire de la commune de Jehay !
Son fils ,qui s'était, à 13 ans ,exilé avec son père , fut en 1830 élu à l'unanimité sénateur pour l'arrondissement de Waremme, lors des premières élections de la jeune Belgique. En 1832, il est nommé gouverneur de la province de Liège. D'autres van den Steen furent élus ,ici et là ,bourgmestres .
Même le plus haut clergé s'y faufila sans problèmes , puisque le dernier prince évêque de Liège, François- Antoine-Marie- Constantin de Méan , partisan acharné de la restauration réactionnaire de l'Ancien Régime en 1793 et responsable de la répression et de l' exécution des révolutionnaires Chapuis à Verviers, Bouquette à Huy et Behogne à Jehay, fut désigné en 1817 par Guillaume Ier des Pays Bas comme archevêque de Malines , honoré comme un grand personnage de l' Etat.
En 1802, l'amnistie lui sera accordée et en 1806, le baron est nommé maire de la commune de Jehay !
Son fils ,qui s'était, à 13 ans ,exilé avec son père , fut en 1830 élu à l'unanimité sénateur pour l'arrondissement de Waremme, lors des premières élections de la jeune Belgique. En 1832, il est nommé gouverneur de la province de Liège. D'autres van den Steen furent élus ,ici et là ,bourgmestres .
Même le plus haut clergé s'y faufila sans problèmes , puisque le dernier prince évêque de Liège, François- Antoine-Marie- Constantin de Méan , partisan acharné de la restauration réactionnaire de l'Ancien Régime en 1793 et responsable de la répression et de l' exécution des révolutionnaires Chapuis à Verviers, Bouquette à Huy et Behogne à Jehay, fut désigné en 1817 par Guillaume Ier des Pays Bas comme archevêque de Malines , honoré comme un grand personnage de l' Etat.
Et
nombre de descendants de la vieille noblesse ont occupé
d'importants fonctions dans l'appareil d'état du Royaume de Belgique, gouvernement,
fonction publique, officiers d 'armée , magistrature , ou ont
reconverti leur bien en capital.
D'ailleurs
, preuve du prestige que l'on veut toujours accorder , au XXIème
siècle (!!) à "l'état noble"
, les plus grandes
fortunes de Belgique aujourd'hui sont nobles ou anoblies ; 11%
de familles nobles détiennent 56% de la fortune totale des 500
familles les plus riches : parmi ces 54 familles- 8 sont nobles
« d'Ancien Régime » comme le vicomte van
Spoelberch , (Mr Inbev) , et 48 sont anoblies : les barons
Solvay, Janssen, le comte Paul Boël , les barons Collinet , Jef
Colruyt et Albert Frère etc.etc (10 )
Chateau des vicomtes van Spoelberch à Wespelaer |
Sans
oublier, bien sûr, primus inter pares , la famille des
Saxe Cobourg Gotha !
On
le voit, ami lecteur la révolution d' Augustin Behogne est loin
d'être achevée !
Ah !
ça ira, ça ira ,ça ira les aristocrates à la lanterne.
Ah!
ça ira, ça ira, ça ira ,les aristocrates, on les aura !
"L'histoire de toute
société jusqu'à nos jours
n'a été que l'histoire de luttes de classes.
Homme libre et
esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande
et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition
constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte,
tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une
transformation révolutionnaire
de la société tout entière, soit par la destruction des deux
classes en lutte."
Karl Marx – La Manifeste
du parti communiste – 1848
Sur la révolution liégeoise, voir aussi ROUGEs FLAMMES février 2017:
et les nombreux blogs de Hubert Hedebouw "hachhachhh" dont:
Sur JEHAY, remarquable site des plus complets et riches : "Hyperpaysage de Jehay"
http://www.hyperpaysagedejehay.be/plan-site.htm
http://www.hyperpaysagedejehay.be/plan-site.htm
NOTES
(1)Arthur Bovy :jehay sous l'ancien régime :http://www.hyperpaysagedejehay.be/ancien-regime.htm
(3) ibid
(4)A. Bovy :la brassine banale http://www.hyperpaysagedejehay.be/brassine.htm
(5)Eric Toussaint "La révolution liégeoise de 1789" mai 2007
(6)
Chronologie complète de La révolution liégeoise dans :http://perso.infonie.be/liege06/12douze0.htm
(7) (7 bis)Arthur Bovy :"1789 - Augustin Behogne, un hesbignon malchanceux"
http://www.hyperpaysagedejehay.be/1789.htm
(8) Anne Stiernet :"1789 à Jehay et à la Paix-Dieu. Scènes de la Révolution liégeoise ...( d'après les souvenirs de François Garnier, jardinier du château)"
(8) Anne Stiernet :"1789 à Jehay et à la Paix-Dieu. Scènes de la Révolution liégeoise ...( d'après les souvenirs de François Garnier, jardinier du château)"
(9)Histoire d' Antheit et de sa paroisse Abbe Dupierry
(10)L'Echo 8 mars 2017
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