C'était , le 9 février, que ,
il y a 50 ans , un mercredi, la grève des 3800 femmes de la FN de
1966 a vraiment commencé.C'est le premier arrêt de travail, en guise d'avertissement.
« C'est une ouvrière du grand
hall la vieille Germaine qui donne le ton : elle fait un drapeau
d'un balai et d'un chiffon rouge et entraîne ses compagnes derrière
elles." ( MT COENEN "La grève des femmes de la FN en 1966" p110)
Ce blog pour rappeler,inlassablement, à la veille des grandes commémorations de la grève des femmes le rôle de la principale activiste du mouvement GERMAINE MARTENS ,- je reproduis ci dessous à nouveau les principaux extraits d'une interview donnée en 1974;
et pour transmettre le témoignage d'une militante, active dans le soutien à la grève, l'avocate
liégeoise CECILE DRAPS.
J'ai aussi corrigé mon blog précédent- en fonction des remarques et observations principalement de Cécile . voir http://rouges-flammes.blogspot.be/2016/01/fevrier-1966-herstal-la-greve-des.html
Ce blog pour rappeler,inlassablement, à la veille des grandes commémorations de la grève des femmes le rôle de la principale activiste du mouvement GERMAINE MARTENS ,- je reproduis ci dessous à nouveau les principaux extraits d'une interview donnée en 1974;
et pour transmettre le témoignage d'une militante, active dans le soutien à la grève, l'avocate
liégeoise CECILE DRAPS.
J'ai aussi corrigé mon blog précédent- en fonction des remarques et observations principalement de Cécile . voir http://rouges-flammes.blogspot.be/2016/01/fevrier-1966-herstal-la-greve-des.html
GERMAINE( de profil) devant le 1er rang du cortège qui rejoint l'assemblée à La Ruche (17/02/1966) |
LA « PETITE GERMAINE » RACONTE :
« Quand nous avons reçu notre feuille de paie du mois de janvier 66, et qu'on a vu que l'augmentation n'y était toujours pas, nous avons compris qu'il fallait arrêter nos machines. Nous sommes allées dans tous les ateliers et nous avons poussé sur les boutons pour arrêter la production. »( C'était le mercredi 9 février 1966 - NdlR)
Nous
avons appelé à une réunion générale . Quand toutes les
femmes ont été dans la salle , les délégués sont venus et nous
leur avons dit qu'il fallait satisfaction pour nos salaires.
Ils
nous ont répondu : « Attendez, on va discuter avec
les patrons .»
Dans "L'AVENIR" du 1er février 2016 |
Et
nous sommes retournées à nos machines bien décidées à faire
ainsi .
Et
8 jours après, nous sommes retournées en assemblée ; et comme
il n' y avait toujours rien, nous sommes parties en grève
[...]
Nous étions quelques femmes à nous voir souvent à l'usine dans les groupes ( les unités de production) et aux toilettes .
PHOTO D'ATELIER: GERMAINE, la 1ère à gauche (photo Y. MERVEILLE) |
Comme
on ne voyait rien qui changeait, nous parlions beaucoup de grève
entre nous, et avec les ouvrières.
Nous
étions connues des ouvrières depuis des années ; je parlais
dans toutes les assemblées syndicales et je poussais les autres à
parler.
C'est
nous qui avons arrêté les machines et appelé toutes les ouvrières
à la réunion . J'en ai même battu une qui ne voulait pas
arrêter.
On
ne s'appelait pas Comité d'Action à l'époque, mais nous étions
vraiment un groupe d'ouvrières qui agissions ensemble.
Quand
la grève a été déclenchée, - (le
mercredi 16 février NdlR) nous avons pris le nom de Comité
d' Action ...
C'est
nous autres les ouvrières du Comité d'Action qui sommes allées
partout pour faire la solidarité, et faire connaître la grève de
la FN.
[...]
Nous
avons été aux ACEC HERSTAL et chez SCHREDER et nous les avons fait
partir en grève par solidarité .
Nous
avons été souvent aux ACEC de CHARLEROI, qui sont partis en grève
.
Nous
avons été dans tout CHARLEROI, avec le micro, pour appeler à la
solidarité.»
Interview
de Germaine Martens dans le périodique « La Parole au Peuple" n°15 janvier
1975)
CECILE DRAPS TEMOIGNE:
3/03/2012 St JOSSE (50 ème anniversaire de l'indépendance algérienne) CECILE DRAPS(1ère à g) -avocate du FLN ; à dr.Suzy ROSENDOR, "porteuse de valises" |
Toute jeune avocate, elle faisait partie de ces
courageu(ses)x avocat (e)s, qui avaient constitué, pendant la guerre d'Algérie, les collectifs de
défense du FLN , en France mais en Belgique aussi
Ce qui n'était pas sans risques :
tous les activistes qui soutenaient le FLN, et en particulier les
avocats des collectifs étaient sous la menace de représailles
mortelles de « La Main Rouge » , organisation terroriste
créée par les services spéciaux français, qui a assassiné en
Belgique le professeur liégeois LAPERCHE, et tenté d'assassiner le
professeur Pierre LEGREVE ; les mêmes
services secrets ont assassiné à Paris l'avocat français du
collectif de défense Me Ould Aoudia .
Aujourd'hui- elle a 83 ans - et est restée fidèle à ses convictions de toujours. Rare femme à être avocate à la Cour de Cassation, elle a d'autre part signé en 2014 l'appel à soutenir les listes PTB Go. En février 1966 , au moment de la
grève des femmes, Cécile est , avocate à LIEGE, militante du
Parti Communiste Wallon. Elle
se souvient parfaitement de ce qui a été un des moment des plus
marquants dans sa vie militante.
Elle insiste :
La grève des femmes est
vraiment venue de l'intérieur de l'usine , de la révolte des 3000
ouvrières, avec ce noyau combatif déterminé et militant, autour de
Germaine.
A ce moment là , Germaine
n'était membre d' aucun parti- elle rejoindra , je pense, le PCW , mais après la grève.
Il faut relativiser le
rôle du « Parti Communiste Wallon ».
Nous n'étions qu'une
poignée . Parmi nous, notamment Jean DERKENNE, qui est resté toute sa
vie un militant fidèle à ses idéaux ; d'autres ont, par la suite
rejoint le PS.
Nous avons été aux
portes de l'usine tout au début de la grève , et nous avons
rencontré alors Germaine et ses camarades.
Notre rôle a été
essentiellement un rôle de soutien logistique à leur mouvement, et bien sûr aussi de soutien moral et politique, parce que au début, les pressions de la structure syndicale étaient très fortes pour qu'elles reprennent le travail.
J'ai eu l'idée de faire
une affiche , et c'est un copain qui l' a dessinée.
Il se fait que cette
affiche – simple, belle,accrocheuse, - correspondait parfaitement
à la revendication des femmes, qui s'en sont emparées.
Nous les avions collées
sur des dizaines de panneaux et les avons amenées pour les
manifestations . Et 3000 femmes dans la rue avec plein de panneaux
avec la même affiche accrocheuse , ça impressionne !
Certains responsables des
centrales syndicales , au début ne voulaient pas de cette grève et
poussaient à la reprise du travail ; ils ont
malencontreusement voulu empêcher les femmes de prendre ces
panneaux, mais c'était peine perdue.
Cela correspondait
parfaitement aux besoins des femmes en grève de s'exprimer, et c'est
ce qui en a fait l'affiche - symbole , restée dans l'histoire.
Nous nous rencontrions
chez Germaine à Saint Nicolas avec ses camarades et c'est elles qui
parlaient pour rédiger le texte des tracts du Comité d'Action, que
nous imprimions.
Nous les accompagnions –
comme chauffeur notamment – aux autres usines pour les
diffuser , au nom du Comité d'Action.
Les gamins au VAL SAINT LAMBERT( année inconnue) |
Je les ai accompagnées
aussi à Charleroi, aux ACEC, je pense que c'était le jour du
démarrage de la grève là-bas .
C'était vraiment ce noyau
du Comité d'Action – une petite dizaine d'ouvrières- qui était
l'âme militante de cette grève- même si elles n'étaient jamais
invitées à parler à la tribune des grandes assemblées, mais
Germaine prenait souvent la parole.
C'était elles qui étaient
en tête des rassemblements et qui étaient reconnues par l'ensemble
des ouvrières comme les leaders naturelles.
Le Comité de grève n'est
venu que plus tard , quand il est apparu que les femmes tiendraient
bon sur leur revendication, ne reprendraient pas le travail contre
quelques promesses et que la grève serait longue(
proposé à la 3ème assemblée générale des grévistes le 28
février,le comité de grève et constitué officiellement à
l'assemblée du 3 mars NdlR) .
25 avril, plusieurs membres du Comité de grève dans la marche sur Liège( ph MTC p151) |
Personnellement, je n'ai
jamais rencontré Charlotte HAUGLUSTAINE ( la présidente du comité de grève NdlR), et si elle a pris la
parole à la tribune de l'assemblée, bien que j'aie assisté à
plusieurs assemblées, je ne peux pas mettre un visage , aperçu
depuis le fond d'une salle de 3000 ouvrières, sur son nom.
L'Union des Femmes qui a
signé l'affiche – et dont le nom était dés le début sur de
nombreux panneaux n'était pas un groupe particulièrement structuré
et militant.
C'était des femmes
engagées et reconnues, qui avaient donné leur nom pour populariser
des revendications spécifiques aux femmes – comme l'égalité des
salaires.
Il y avait effectivement
Melle HANNEVART, connue pour son soutien à l'Espagne républicaine et sa mission d'observatrice sur la ligne de front dans la guerre de Corée en 1952.
Yvonne JOSPA communiste–avait fondé pendant la guerre, l'association secrète du Comité de défense des Juifs qui
sauvera de la déportation des milliers d'enfants juifs.Elle sera
également l'une des fondatrices du Mouvement contre le
racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (M.R.A.X.)
Et n'oublions pas Elena HAZARD , femme engagée d'une grande sincérité et d'une grande compétence ( qui a été un temps journaliste à « La Voix du Peuple" hebdo du PC Grippa).
Yvonne JOSPA militante communiste. Fondatrice du MRAX |
Et n'oublions pas Elena HAZARD , femme engagée d'une grande sincérité et d'une grande compétence ( qui a été un temps journaliste à « La Voix du Peuple" hebdo du PC Grippa).
Les femmes du Comité d'Action, dont GERMAINE, sont allées à BRUXELLES, pour la célébration de la Journée des Femmes du 8 mars, organisées par l'Union des Femmes et y ont rencontré ces personnalités.
(J'ai personnellement un souvenir d'une salle enthousiaste au Shell Building le 13 mars– les femmes du Comité d'Action y étaient follement applaudies et fleuries NdlR)
Le comité de femmes surtout bruxelloises "A travail égal, salaire égal" sera lui créé plus tard ( le 21 avril 1966 NdlR))
En fait, la rencontre entre les femmes du Comité d Action et la poignée de militant(e)s du PCW - Union des femmes, s'est faite, parce que nous étions là, militant(e)s engagé(e)s, enthousiastes et mobilisé(e)s 24h sur 24, et que nous avons répondu tout de suite et vite, au besoin qu'elles avaient d'exprimer leurs revendications , de les faire connaître , de les crier dans la rue ,
au besoin aussi d'étendre
leur mouvement aux autres usines, alors que ceux la mêmes qui
auraient dû être à leurs côtés, freinaient des 4 fers.
( Ce n'était
donc pas une tentative de groupes extérieurs communistes
irresponsables de noyauter la grève , comme cela a souvent été
présenté , à tort. NdlR)
En fait, nous les avons
aidées à prendre possession de la rue (manifs répétées de
l'usine à « La Ruche » pour les assemblées) ,qui était
de fait le lieu de rassemblement et de mobilisation , puisqu'il n' y avait
pas de piquets.
Et nous leur avons tout de suite apporté un soutien moral et politique.
Mais, en tous les cas, c'est elles qui ,à 100 %, traçaient la voie.
Mais, en tous les cas, c'est elles qui ,à 100 %, traçaient la voie.
HERSTAL : GERMAINE en tête , le poing levé ( flèche bleue) |
Note: curieuse évolution d'une photo
En sélectionnant la photo d'en tête de ce blog : je m'aperçois que elle a été coupée, et qu'il y a une version B avec Germaine Martens , et une version A sans Germaine ( publiée notamment dans le livre de MTC p115, par ailleurs ouvrage intéressant très complet sur la grève)
VERSION B GERMAINE est en tête |
Version A GERMAINE a été coupée |
Je viens de sauvegarder ce document. Merci du partage.
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