dimanche 31 août 2025

GRANDES FIGURES DE CHEZ NOUS : LE DROIT A LA MÉMOIRE DES HÉROÏQUES RÉSISTANTS PAR LA PLUME DE BRASSCHAAT

 


Nous avions évoqué dans notre dernier article  la personnalité du Docteur Roosens bourgmestre de Brasschaat et sa destitution sur ordre de l'occupant nazi.


voir « ROUGEs FLAMMEs :LE DOCTEUR ROOSENS (1886-1944), BOURGMESTRE DE BRASSCHAAT, RÉSISTANT, DÉCÉDÉ AU FORT DE HUY LE 31 MARS 1944. »

https://rouges-flammes.blogspot.com/2025/08/grandes-figures-de-chez-nous-le-docteur.html


L’AGONIE DU BOURGMESTRE ROOSENS AU FORT DE HUY


Arrêté dans la rafle du 30 octobre 1943, il sera d'abord interné et interrogé à la section allemande de la prison anversoise de la Begijnenstraat. Il sera conduit en janvier 1944,  avec les autres détenus de Brasschaat, à la prison de Saint-Gilles, pour être  transféré à Huy le 3/3/1944 (matricule 5325). 

L' administration nazie, particulièrement perspicace a noté dans la colonne  "Cause d'arrestation" : "communiste ( écrit et propagande)"
Un de ces compagnons de prison , Théodor Mengal a témoigné des derniers jours de son bourgmestre :
"Quand le courage vous abandonne,  alors c’en est fini de la vie. Nous en avons ici un exemple vivant. Je comprends pleinement que le cas du Dr ROOSENS a fait forte impression sur tous. Mais  il a perdu toute force; il est dans un  état de dépression morale, et ce depuis déjà sa  détention à la Begijnenstraat"
Sa fille, Liliane, avertie de l'état de son père était, avec sa mère et sa tante, à ses cotés pour ses derniers moments:  
"Nous avons été amenées  vers une petite cellule sans lumière. A la lueur des bougies, nous avons pu voir papa allongé, mal soigné, sans voix ,ensanglanté, une demi jambe pendant du lit. 
C’était une image terrible.  Les deux sœurs l’ont alors  soigné et lavé. 
Nous avons pu encore l’embrasser et prononcer son nom. Il a du nous entendre, car de grosses larmes ont coulé sur ses joues caverneuses. Un quart d’heure plus tard, il est mort ; Maman lui tenait la main. 
Nous étions alors déjà le 31 mars 1944.
Il a été ramené à Brasschaat le dimanche des Rameaux, le 2 avril 1944. 
Sa dépouille a été exposée à son domicile. Les gens sont  venus nombreux le saluer et lui rendre un dernier hommage. Il a été enterré le 4 avril. La Gestapo et la  SiPO   surveillaient les environs."(1)


 LE FRONT DE L’INDEPENDANCE DE BRASSCHAAT

Joseph Roosens n’a donc pas été le seul citoyen de Brasschaat à séjourner à HUY.

De nombreux membres du réseau de résistance, éditeur de la feuille clandestine « Ambtelijke Berichten »  bulletin de la section de Brasschaat du Front de l’Indépendance, avaient été arrêtés, autour de la date du 30/10 1943, dans une opération de grande envergure de la Gestapo, assistée de la feldgendarmerie. 
Le 29 juillet 1942, le bourgmestre de la collaboration, Paelinckx avait tenu une réunion publique dans le parc communal sous le slogan " De l'ordre ! L'Ordre nouveau !"
Trois résistants Louis Reintjens, Henri Van den Broeck et Léon Lommaert répondirent en septembre par une brochure intitulée « L'ordre nouveau, c'est le désordre », tirée à 500 exemplaires, et distribuées, le soir, dans les boîtes aux lettres de Brasschaat. (2)
Ils étaient le noyau d’un groupe de résistance, et étaient en contact avec un commissaire de police de Brasschaat, Andries. Plusieurs officiers et agents de la police communale ont participé à ce groupe, section de Brasschaat du Front de l’Indépendance.


LA PRESSE CLANDESTINE / JOURNAUX DU FRONT DE L'INDÉPENDANCE

Ils publient leurs brochures sous le titre général « Ambtelijke berichten » (qu’on pourrait traduire par « Journal officiel ») « journal de combat        de la section de Brasschaat du Front de l’Indépendance ». Ils y publient notamment une liste noire des traîtres.
Ils éditeront 11 numéros, de septembre 1942 à octobre 1943, avec toutes les précautions, et aussi les audaces nécessaires à la rédaction, qui était très collective, à l’impression et à la diffusion
Les points délicats étaient le lieu des réunions, la machine à écrire, se fournir en papier, encre et stencils (notamment auprès du docteur Claessen).
L’impression a dû être déménagée à plusieurs reprises. La diffusion se faisait dans les boîtes aux lettres, essentiellement chez les gens connus comme des patriotes.

UNE TRAHISON

Comme souvent dans les organisations de la résistance, c’est par une trahison que le groupe tomba aux mains de l’ennemi. 
Eugène Dirckx était farouchement anti communiste et gravitait dans des organisations plutôt léopoldistes en contact avec l’Armée Secrète. Arrêté le 5 mai 1943, la SIPO (Sicherheit Polizei) lui donne le choix entre la déportation ou la délation. Il déclarera lors de son procès que c’est par anticommunisme qu’il avait agi et dénoncé les résistants du Front de l’Indépendance.
Le 18 juin 1943, Maria Hermans est arrêtée.  Dirckx l'avait reconnue dans la rue comme l'une des personnes qui lui avaient donné refuge pendant sa période de résistance. C’est par hasard qu’il reconnait le 2 octobre à Malines, Lommaers et Frans Hermans dans un commissariat.  Ils seront transférés à la Gestapo et puis à Breendonk pour interrogatoire intensif.
Ce fut le prélude à la grande rafle : dans la nuit du 29 au 30 octobre 1943, au moins une trentaine de personnes sont arrêtées à leur domicile. Pour cette opération, la quasi-totalité de la Dienststelle de la Gestapo d'Anvers aurait été impliquée, avec le renfort d'une quarantaine de feldgendarmes. Deux personnes seulement, directement impliquées dans le réseau ont échappé à l'arrestation.
Entre septembre 1943 et septembre 1944, Dirckx a été responsable du démantèlement de l'OF (Front de l’Indépendance) à Brasschaat, du NKB (3) et de la Légion Lierre, de groupes de résistance aux PTT, à l'Atheneum, à l'Arbeitsambt, à l'arsenal de Malines, des groupes Boyart, l'Honneux, Doerenbecker et Draeyers.  Au cours de l'année 1944, des groupes de Boortmeerbeek, de Malines et de Termonde en ont été victimes. Il aurait ainsi participé à 300 arrestations, dont 95 ne sont pas revenus des camps.
En juin 1950, Eugène Dirckx sera condamné à mort, mais amnistié en 1958.                        



INCARCÉRÉS A LA CITADELLE DE HUY, L'ANTICHAMBRE DE LA  MORT.


Incarcérés au secret à Anvers jusqu’au 18 janvier 1944, les résistants du Front de l’Indépendance de Brasschaat ont été transférés à la prison de Saint Gilles, 1ère étape de leur tour des camps de la mort nazis.

LA CITADELLE DE HUY : ANTICHAMBRE DE LA MORT

Au moins 11 d’entre eux ont ensuite été écroués à Huy le 3 mars 1944 ; preuve, s’il en fallait encore, que la Citadelle de Huy était bien un chaînon du système concentrationnaire nazi et l’antichambre de la mort.

Outre le docteur Jozef ROOSENS, 57 ans, décédé au Fort de HUY, le 31 mars 1944, (matricule à Huy 5325)

Alfons ANDRIES, 38 ans, commissaire de police à Brasschaat, décédé au camp de Gross Rosen le 30 mars 1945, (matr.5302),

Edgard BONHOMME, 40 ans, agent de police,  libéré de Hertogenbosch- Vüght  en juin 1944 (matr.5303),
le Docteur Fernand CLAESSEN, 48 ans, décédé dans une marche de la mort en avril 1945, (matr.5306),

Théodor MENGAL, employé communal, 44 ans, décédé au camp de Gross Rosen le 11 décembre 1944, (matr.5319),

Henri VAN DEN BROECK, percepteur à la mutualité socialiste, 33 ans, décédé au camp de Gross Rosen le 9 février 1945, (matr.5340),

Alexandre HERMANS, 47ans, libéré de Hertogenbosch- Vüght  en juin 1944, (matr.5315).

ACTE DE DÉCES DE JOHANNES HERMAN 
A DORA-MITTELBAU (25/03/1945)

Johannes HERMANS, 50 ans, décédé au camp de Dora -Mittelbau le 25 juin 1944 (matr.5316),
Franciscus MATTHYSSEN, 24 ans, transféré à Hertogenbosch-Vüght (matr.5320), 
Willem SMET, 31 ans, transféré à Hertogenbosch- Vüght (matr.5326),
Henricus WYNEN, 53 ans libéré de Huy le 10 juillet 1944. (matr.5842).





)
Franciscus HERMANS


 Membres actifs de ce réseau aussi :

 Léon LOMMAERT, incarcéré à Breendonk, qui a   survécu à l’enfer concentrationnaire. Il témoignera   au procès de Dierckx en 1950.
 L’agent de police, Ferdinand DOMS, 28 ans, décédé au camp de Gross Rosen le 30 mars 1945.
 Franciscus HERMANS, employé du gaz, (25   ans)  incarcéré à Breendonk, mort dans une marche   de la mort le 3 mai 1945,
 Maria HERMANS, (36 ans) épouse de   Fransiscus,   arrêtée le 18 juin incarcérée à Vught,   et  Yvonne  HEYLEN. Toutes deux ont survécu   aux camps.  



Alfonsine GOORMANS




Ce ne fut pas le cas d’ Alfonsine GOORMANS (34 ans) arrêtée le 30 octobre 1943,  transférée au camp de Vüght le 11 mars 1944 et  déportée ensuite à Ravensbrück ou elle mourut le 24/11/1944.









C’est aussi au cours de ces rafles de la police allemande que fut arrêté, Frans MORRIENS (1901 – 1944) (ouvrier électromécanicien ; ancien secrétaire national du Parti Communiste de Belgique (PCB) (4) qui alimentait le groupe du Front de l’Indépendance en journaux clandestins, De Roode Vaan (organe du PCB), België Vrij  (journal du F.I),  que le groupe  diffusait ainsi que d'autres titres (Volksgazet, La Libre Belgique, De Werker, etc. ). Il est mort à Dora - Mittelbau le 1er mars 1945.


Courageux-euses résistant-e-s, combattant-e-s de l’ombre !

Douze d’entre eux, au moins, ont payé de leur vie leur engagement antifasciste et patriotique.
 

"ILS ÉTAIENT 20 ET 100, ILS ÉTAIENT DES MILLIERS,

NUS ET MAIGRES, TREMBLANTS, DANS CES WAGONS PLOMBÉS..."(5)


La plupart ont connu le transfert, à 5 ou 6 reprises en 6 mois (!), de camp de la mort en camp de la mort, entassés dans les wagons à bestiaux pour des voyages de plusieurs centaines de km.


LE LONG MARTYRE DES RÉSISTANTS DE BRASSCHAAT
(déportation du commissaire ANDRIES)




Transférés d’abord à Hertogensbosch, camp de Vüght aux Pays Bas, ils ont de là fait le tour d’Europe des camps nazis, de Dachau en Bavière , à Natzwiller-Struthof  en Alsace et de là aux confins de la Pologne à Gross Streihlitz pour mourrir d’épuisement, de faim ou de maladie, les uns à Gross Rosen, d’autres à Dora Mittelbau ou Ravensbrück, ou encore dans les marches de la mort du printemps 1945.

A l’approche des libérateurs, Soviétiques ou Force Alliées, les SS ordonnèrent en effet, l’évacuation des camps à travers des marches forcées vers des camps situés plus à l'intérieur du territoire allemand, notamment de Buchenwald vers Dora Mittelbau ou Flossenburg au printemps 45.  

Pendant ces marches de la mort, les gardes SS brutalisaient les prisonniers. Ils fusillèrent des centaines de prisonniers qui ne pouvaient pas suivre le rythme de la marche, qui s'effondraient. Des milliers de prisonniers moururent d'hypothermie, d'inanition et d'épuisement.

11/04/1945 LIBÉRATION DU CAMP DE  BUCHENWALD
à p. de la g. 3e assis Henri GLINEUR
2e debout Jacques GRIPPA

C’est dans une de ces marches qu’est mort Franciscus HERMANS, le 4 mai 1945, à quelques heures à peine de la capitulation de l’Allemagne nazie, alors que le camp de Buchenwald avait été libéré par ses détenus eux-mêmes, le 11 avril.

 C’est aussi dans une de ces marches forcées qu’est mort le docteur Claessen de Brasschaat.


 



NACHT UND NEBEL (« NUIT ET BROUILLARD »)

Cinq des détenus du réseau du Front de l’Indépendance de Brasschaat, ont, à notre connaissance,  été classés par les nazis NN (« Nacht und Nebel ») :

le commissaire Alfons ANDRIES, le docteur CLAESSEN, l’agent Franciscus DOMS, Théodor MENGAL et Henri VAN DEN BROECK.



FICHES "NACHT UND NEBEL" DE ANDRIES, DOMS, MENGAL et
VAN DEN BROECK (A DACHAU) ET CLAESSEN (A NATZWILLER)

Le décret, concernait la déportation de détenus considérés comme des ennemis du Reich.

En juin 1941, la guerre prend un virage décisif avec le déclenchement du plan Barbarossa contre l'URSS, qui oblige à alléger partiellement les troupes d'occupation à l'Ouest et focalise tous les efforts de l'appareil de guerre nazi. Ce combat, décisif ne peut être conduit que si ailleurs, dans les zones occupées depuis 1940, règne la sécurité.

Dès leur arrestation, les résistants entrent dans "la nuit et le brouillard", et personne ne doit plus avoir, dès lors, connaissance de leur sort. Ils doivent disparaître sans laisser de trace. Marqués d’un grand NN, ils sont emmenés en Allemagne. Ils n'auront connaissance de leur statut qu'après la guerre.

"Le Führer est d'avis que les peines de privation de liberté et même les peines de réclusion à vie sont, pour de tels actes, regardées comme des signes de faiblesse. Un effet de frayeur efficace et durable ne peut être obtenu que par la peine de mort ou par des mesures propres à maintenir les proches et la population dans l'incertitude sur le sort des coupables. Le transfert en Allemagne permet d'atteindre ce but."

Tout contact avec le monde extérieur (colis, lettres, visites) est interdit. Aucune information ne doit être donnée en cas de décès ou d'exécution. 

Les derniers messages des prisonniers exécutés ou décédés ne seront pas envoyés, leur éventuel testament sera confisqué, les corps seront enterrés sans aucun nom sur leur tombe.

Les multiples transferts accentuent le « brouillard » de leur disparition.

Le Tribunal international de Nuremberg décida en 1946 que les disparitions qui eurent lieu dans le cadre du décret NN devraient être considérées comme des crimes de guerre.

Près de 5000 Belges de Flandre et Wallonie seront marqués NN. 258 seront exécutés, beaucoup périront dans les camps, quelques-uns en reviendront, et pourront témoigner, comme Paule Mévisse, à laquelle je tiens ici à rendre hommage, comme collègue de ma mère au Lycée Jacqmain. (6)

Au camp de Natzwiller en Alsace, par où sont passés les camarades de Brasschaat marqués NN, la barbarie de leur traitement est décrite ci-dessous 


L'APPEL A NATZWILLER

 :« Ils sont affectés au transport de lourdes pierres pour la construction de la cave à pommes de terre.

A midi, ils ne sont plus que 8 à tenir encore debout. Frappés, mordus par les chiens, ils doivent néanmoins poursuivre leur travail, malgré les plaies ouvertes. Le traitement est le même pour les autres qui travaillent au terrassement autour des baraques de l'avant-camp, près de ce qui devient le "ravin de la mort".

Marqués physiquement, ils n'ont pas droit au Revier (infirmerie), 

Les blessés ne peuvent rester dans le bloc et doivent partir chaque jour au travail où ils restent étendus, alors que les SS s'acharnent sur eux. Le soir, ils sont portés au camp par des camarades en meilleur état. »(7)

 

GROSS ROSEN, CAMP DE LA MORT

Gross Rosen est un nom peu connu parmi les camps de la mort.

A l’origine destiné aux déportés polonais, y ont été envoyés des prisonniers de guerre soviétiques, des Français de zone occupée et du Nord-Pas-de-Calais, ainsi que des Belges extraits des prisons allemandes où ils étaient détenus. Les prisonniers « NN » y sont internés dans les blocs 9 et 10, qui peuvent contenir jusqu’à 1 000 détenus chacun. Ils subissent des conditions effrayantes de manque d’hygiène et d’épuisement qui conduisent rapidement à la mort.

Les résistants du Front de l’Indépendance de Brasschaat, le commissaire André Andries, Ferdinand Doms, Théodor Mengal, et Henri Van den Broeck y sont morts.

Le témoignage suivant, d’un détenu de Ciney, Joseph Dawagne,(8) nous permet de réaliser quelles ont été les dernières heures de ces héroïques camarades de Brasschaat.

« Départ précipité pour la Silésie, près de la frontière polonaise, dans le camp de concentration de GROSS ROSEN.

Au régime d’un litre de soupe à midi, infâme amalgame de choux, navets ou rutabagas flottant dans une eau troublée, et le soir, un bout de pain immangeable tout vert. Le matin, rien !

Nous sommes astreints à un travail de 12 heures par jour. Soit dans les carrières, soit à monter des baraquements, voire transporter des cadavres au crématorium.


CARRIERES DE GROSS ROSEN
Les prisonniers qui y travaillaient avaient une espérance
de vie de 5 semaines.

Ce que j’avais enduré jusqu’alors me parut léger avec ce que je souffrais en ce moment.

Une preuve ? Il mourrait dans notre camp de 200 à 250 détenus par jour, beaucoup de juifs, femmes et enfants. Le sort de ces derniers fut plus cruel encore que le nôtre.

J’ai passé tout l’hiver dans ce bagne, par un froid terrible sans bas, ni écharpe, ni pull-over. Nous devions même laisser nos chaussures à l’extérieur puis entrer au baraquement, avec l’inévitable distribution de coups. Il y en avait pour tous.

A cette époque, j’avais les jambes couvertes de plaies, et un compagnon râlait à quelques mètres de moi. Le kapo me passe sur les jambes pour ce tour d’inspection. J’en souffre horriblement, je me débats.

De rage folle, le kapo se précipite sur le moribond, et froidement le tue. Nous restons pétrifiés d’horreur.

J’ai vu là les scènes les plus inimaginables, les plus atroces comme les plus brutales. J’en ai gardé un souvenir sur la jambe droite, une grosse ecchymose ; c’était un coup de crosse. Il fallait, par un froid terrible se déshabiller à l’extérieur, et, sans essuie, passer aux douches froides.

La discipline était stricte : pour un rutabaga volé ou une tentative de fuite, c’était la pendaison ou déchiqueté par les chiens..


DROIT A LA MÉMOIRE POUR LES RÉSISTANTS DE BRASSCHAAT


Après avoir découvert le passage par le Citadelle de Huy d’une dizaine de résistants par la presse clandestine du Front de l’Indépendance de Brasschaat, écroués donc le 3 mars 1944, en même temps que le docteur ROOSENS, nous avons mis en évidence leur épouvantable calvaire à travers les camps de la mort.

Qui connait ccs 11 Brasschaatois qui ont séjourné à Huy? A part le nom du Dr Roosens gravé sur une stèle au pied du Fort , et à qui la commune de Brasschaat a donné le nom d’une place, où est évoquée la mémoire de ces combattants par la plume  de la Résistance ?

Certes, leur nom est cité dans « Le Livre d’Or de la Résistance » ; hommage est rendu à Antonina Goormans dans le Bel Memorial (9) et à Franciscus Hermans sur le site de Helden van het verzet (10).

Mais y a - t-il quelque part une rue commissaire Andries, une place Docteur Claessen, un square Theodor Mengal ou une école Frans Morriens ?

Y a-t-il un Musée de la Résistance où leur courageux combat est illustré ?

Même leur photo est introuvable sur la toile,

La nuit et le brouillard ne se seraient- ils pas encore levés ?

Il est temps de les sortir de l’oubli, et d’honorer leur mémoire.

D’autant plus que l’exemple de ces combattants de la Liberté oubliés du Nord du pays

peut être un puissant message d’unité et de solidarité de tous contre le fascisme et l’extrême droite.

Beau projet pour une coalition 8 mai à Huy -  Waremme, non?



 NOTES

(1) Frans Bellens :"Les bourgmestres de Brasschaat au XXe siècle" (Burgemeesters van Brasschaat in de XXste eeuw). 1994 p71

(2) Gert Deprins  : La presse clandestine à  Anvers (Sluikpers. Antwerpen, 1940-1944) Université de Gand - Mémoire pour l'obtention du grade de licencié en histoire 2003-2004 - on line: http://www.ethesis.net/antwerpen_sluikpers/ant_sluikpers_inhoud.htm

 (3) Mouvement National Royaliste. Mouvement de résistance à Bruxelles et en Flandre, le plus à droite des mouvements de résistance.

(4) Frans MORRIENS :https://maitron.fr/morriens-frans-christian-pseudonymes-smit-august-arthur-dbk/, notice MORRIENS Frans, Christian. Pseudonymes : SMIT August, ARTHUR (DBK) par José Gotovitch, version mise en ligne le 5 juillet 2010, dernière modification le 17 juin 2024.

(5) "Nuit et Brouillard" : Chanson de Jean Ferrat (décembre 1963)  https://www.youtube.com/watch?v=yvH3ty1LzPY   

(6) Paule Mevisse nait en 1912. Professeure en langues germaniques au Lycée Jacqmain, elle se mobilise pour les Républicains lors de la Guerre d’Espagne. Bien que n’ayant jamais été membre du Parti communiste, elle en est sympathisante et fréquente des amis communistes. En 1941, elle entre en contact avec les Partisans armés et devient active dans la Résistance tout en continuant à enseigner. Elle cache des Juifs et des communistes, des Partisans armés recherchés, transporte des sommes d’argent, de faux timbres de rationnement. Son appartement sert à de nombreuses réunions des chefs Partisans. 

 Elle est arrêtée le 23 juillet 1943, en même temps qu’un grand   nombre de partisans et de dirigeants communistes. Après un   emprisonnement de trois mois à la prison de Saint-Gilles, elle est   déportée en octobre 1943 en Allemagne où elle passe par différentes   prisons en tant que détenue N.N. Elle connaît la dureté des prisons   d’Essen, Mesum et Kreuzburg, jusqu’à son procès à l’été 1944   lorsqu’elle est condamnée à deux ans de prison. Ensuite, ce sont les      prisons de Gross Strehlitz, Oppeln et enfin Dessau d’où elle parvient   à s’évader en compagnie d’une détenue française lors des     bombardements en mars 1945. Rapatriée en Belgique à la fin du   mois   de juin 1945. Elle est accueillie en héroïne au Lycée Jacqmain où, très affaiblie, elle reprend les cours dès la rentrée de septembre 1945.

 (7)Robert Steegman "Nacht und Nebel, destinés à disparaître sans laisser de trace ; thèse de référence sur le camp de Natzweiler; Chemins de mémoire - Ministère des Armées. on line :

https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/nacht-und-nebel-destines-disparaitre-sans-laisser-de-trace  

(8)Témoignage de Joseph Dawagne de Ciney in Cahier Denuit- Somerhausen   RBHC 1994-1 2e partie; on line:

https://www.journalbelgianhistory.be/fr/system/files/article_pdf/cahiers_denuitsomerhausen_1994_1_part2.pdf  

(9)https://belmemorial.org/photos_antwerpen/brasschaat/GOORMANS_Alphonsine_Elisabeth_Francisca_10111.htm

(10) Helden van het verzt : on line https://www.facebook.com/HeldenvanhetVerzet/photos/franciscus-hermans-brasschaat-gaswerkman-gehuwd-verzetsgroep-onafhankelijkheidsf/1093571592595562/?_rdr



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