"On doit toujours combattre le cliché " FLAMAND = FASCISTE"
" Van Ostaijen est apparu à un moment clé du mouvement flamand et de l'histoire de Belgique. Au début, il y avait beaucoup d'écrivains de la gauche dans le mouvement flamand.
Et quand je réfléchis, qu'aurais-je fait? Sans doute la même chose"
"On doit toujours combattre le cliché Flamand = fasciste , répandu à l'étranger.
Et pour cela, le meilleur moyen est de prouver que le mouvement flamand n' a pas du tout été purement à droite, et de montrer que la culture est l'affaire de tous les partis, et pas seulement des porte drapeaux catholiques ou des troubadours nationalistes [...]
Aucun Flamand aussi connu n'a développé aussi clairement un flamingantisme de gauche et [...]n' a signé la plus hilarante mise en pièces de l'infection chronique dont souffre à nouveau l'Europe: le nationalisme" Tom Lanoye (1)
Paul van Ostaijen, poète majeur de la littérature flamande est né à Anvers en 1896.
Ce post veut rendre hommage à son parcours politique de poète engagé durant les années de sa si courte vie - 32 ans , autour des années de guerre.
Il est plus que temps - 105 ans après 1914 - que, au moins, nous découvrions nos grandes figures venues d'ailleurs... de l'autre côté de la frontière linguistique et n'abandonnions pas leur mémoire aux mains des nationalistes...
(1) :Geert Buelens, Van Ostaijen tot heden. Zijn invloed op de Vlaamse poëzie. Vantilt, Nijmegen 2008 (derde druk) p 1084 http://www.dbnl.org/tekst/buel002vano02_01/buel002vano02_01_0030.php
Tom Lanoye est un romancier, poète, chroniqueur, scénariste et dramaturge belge néerlandophone
« VIVRE NOTRE PROPRE VIE »
A 14 ans, (2) en 1910, élève en 4éme gréco - latines au collège Onze-Lieve-Vrouwe ( de langue française - fréquenté par la noblesse et la grande bourgeoisie) , il rentre en rébellion contre les conceptions et les méthodes des jésuites, aussi bien , au sujet des lectures interdites, que de la prédominances à l'école des classes privilégiées, - et ce qui en découle- de la langue française.Il sera exclu du collège.
Il décrira plus tard en
1919, cette période dans les premières pages de la nouvelle « De
jongen"(le jeune homme) tout imprégnée de sa
révolte contre les jésuites et la haute caste bourgeoise.
En juin 1914, après avoir abandonné ses études, employé à la Ville d'Anvers, il participe comme
«
Quand Cor , âgé de 15 ans, fut renvoyé d'une école dirigée par les
Jésuites, le père préfet lui avait dit qu'il était un garçon bizarre;
parfois, il était comme un enfant, parfois comme un vieillard.[..]C'est
avec fierté qu'il quitta le parloir du révérend. Le préfet avait
remarqué qu'il était différent de autres."
Il s'inscrira à
l'Athénée d'Anvers Il y rejoint le « Vlaamsch Bond »,
une association de lycéensCongres d'étudiants flamingants- avril 1914 -4ème à p de la droite PvO. |
Il écrit : « l'interdiction
de lecture est d' une brutale indécence. »
« Quand nous
allons à l'école et que nous voulons progresser, c'est parce que nous
pensons pouvoir aussi vivre mieux, plus intensémént . Toutes les
écoles, tous les diplômes, tous les titres ne sont que des moyens
- oh stupide et sombre sieur Loos! -, c'est la vie qui est le but ;
et tout ce que tu trames contre cela, Monsieur, dans ton cerveau
d'abruti ne servira à rien. Nous voulons vivre notre propre
vie»
Le
préfet , le 6 juin 1914, interdit les réunions et toute rencontre
entre anciens et élèves de l'Athénée sous menace d'expulsion,
distribue les heures de retenue, menace d'appeler la police.
Les protestations des parents ne sont pas entendues .
Comme
les rencontres avec les anciens continuent le préfet fait noter les
noms par son secrétaire espion , et inflige 4 jours de colle à 7
étudiants.
La
presse s'empare du sujet , et , le 2 juillet,les étudiants
organisent une manifestation (plus de 300 ) devant le domicile du
préfet, où il est hué, sifflé, traité de tyran ; un pantin
à son effigie y est brûlé.
La
police intervient et surveille en permanence l'établissement !
Le
dimanche suivant, les étudiants se répandent dans la ville –
jusqu'à la Grand Place pour diffuser un n° spécial de leurs
journaux « La Cravache », et « Rechtuit ».
C'est
ce jour là – le 5 juillet 1914 - que devant ses camarades , Paul
van Ostaijen , posté devant l'école a lancé , en s' assurant
d'être bien vu, un pavé dans les vitres du bureau préfectoral.
Après
les examens , tout s'arrêta: nous étions à la veille de la déclaration
de guerre...
On le voit , très jeune
Paul van Ostaijen apparaît comme un esprit indépendant ,
impertinent et rebelle.
En même temps, il se
crée un personnage. Bien habillé, parfois de façon excentrique ,il
aura dans la vie nocturne d'Anvers, ses bistrots préférés ;
on l'appellera « Monsieur 1830 » ou « le dandy ».
Il organise aussi des
expositions d'art, ( «Art d'aujourd'hui » consacrée notamment
à VAN GOGH) fait des conférences artistiques (sur le peintre Kurt
Peiser, dont 11 toiles avaient été saisies par la parquet comme
licencieuses), commence à composer ses premières poésies ,
qui seront rassemblées dans son premier recueil « Music
Hall »;
(2) sur la biographie de PvO:
Gerrit Borgers, Paul van Ostaijen. Een documentatie : http://www.dbnl.org/tekst/osta002verz03_01/osta002verz03_01_0032.php
(3) (voir"De jongen":http://www.dbnl.org/tekst/osta002verz03_01/osta002verz03_01_0032.php)
BART DE WEVER, EEN RUITENBREKER ?! UN "CASSEUR DE VITRES"?!
(3) (voir"De jongen":http://www.dbnl.org/tekst/osta002verz03_01/osta002verz03_01_0032.php)
BART DE WEVER, EEN RUITENBREKER ?! UN "CASSEUR DE VITRES"?!
Mais avant d'aller plus
avant à la découverte de Zot Polleke, comme l'appelaient certains
de ses
camarades, refaisons on bond en avant dans le temps, 100 ans plus tard
camarades, refaisons on bond en avant dans le temps, 100 ans plus tard
Ce 16 mai 2014, était
inaugurée la nouvelle salle « ATHENA » de l 'Athénée Royal d'Anvers . Onze
ans plus tôt, la salle , datant des
années 1880, avait été détruite dans un incendie ; elle a
été restaurée. L'Athénée Royal d'Anvers aujourd'hui |
Occasion aussi, de
rappeler qu'en 1885 déjà, avait été fondé à l'Athénée un
« Vlaamsche Kring », qui avait rassemblé un nombre
impressionnant de figures légendaires du mouvement flamand.
Au cours d'une conférence
du célèbre poète et prêtre Guido Gezelle à Tielt, en septembre 1885 ,
le cercle plutôt orienté libre - penseur flamingant
s'était déplacé depuis Anvers.
GUIDO GEZELLE |
Casseurs
de vitres, « Ruitenbrekers » , un tract anonyme parut par
la suite à Anvers , : « soyons fiers de ce nom ;
étudiants[...]soyez des casseurs de vitres au plein sens du terme. »
(signé) « Des casseurs de vitres d'Anvers »
(1885)
Mais
si j'ai fait, ami lecteur, cette diversion historique, c'est pour
pouvoir lier le passé au présent, et ajouter un nouveau personnage
à la belle histoire des « casseurs de vitres »,
interrompue par la guerre , nous l'avons vu, fin juillet 1914.
16 mai 2014 : le bourgmestre s'empare d'un pave... |
Et le lance "symboliquement" par la fenêtre |
Après l'attaque de Gezelle en 1885, après le vrai pavé de van Ostaijen en 1914 , voilà un grand numéro d'artiste en ce mois de mai 2014 : Bart De Wever lui même, bourgmestre d'Anvers, premier ministre de l'ombre , lancera lui aussi son pavé, symboliquement bien sûr , et entouré d'un ruban rouge !!
C'est par ce geste qu'est inaugurée la nouvelle salle de l'Athénée le 16 mai 2014 !
C'est pourtant ce monsieur , "Ruitenbreker"2014 (!!) qui interdit les manifestations devant
l'hôtel de ville , comme un sit- in contre ses déclarations à
caractère xénophobe au sujet des « Marocains d'Anvers »
"Qui
veut manifester à Anvers doit le demander au moins 3 semaines à
l'avance [...]Réagir immédiatement à des déclarations de De
Wever est devenu impossible."
Quand
300 manifestants pénètrent Grand Place, ils sont encerclés par des
centaines de policiers armés et emmenés au poste et soumis aux 'sanctions administratives communales »
Il représente aujourd'hui ce monde de la bourgeoisie, de l'oligarchie et de l'ordre tout
ce que Paul van Ostaijen haïssait!
Gageons que "Zot Polleke" , dans sa tombe
a dû avoir une furieuse envie
d'aller lancer
un pavé - fut il entouré d'un ruban rouge -
dans les fenêtres à l'hôtel de ville du bureau
de "Menheer de Burgemeester !"
ce que Paul van Ostaijen haïssait!
Gageons que "Zot Polleke" , dans sa tombe
Liberté d'expression made in De Wever |
un pavé - fut il entouré d'un ruban rouge -
dans les fenêtres à l'hôtel de ville du bureau
de "Menheer de Burgemeester !"
NATIONALISME , INTERNATIONALISME, LE DIFFICILE CHEMIN.
Après l'invasion
allemande,et un bref exode aux Pays Bas pendant le siège d'Anvers, PvO écrit dans « De Vlaamsche Gazet », l'édition
anversoise de « Het Laatste Nieuws », journal publié ,
comme toute la presse non clandestine sous le contrôle allemand.
Dans deux de ses
premiers articles , il rend hommage à deux écrivains français
tombés au front : « Péguy voulait la guerre, la
guerre l'a pris ; Alain-Fournier ne la voulait pas, et la guerre
l'a quand même fauché. »
Vlaamsche Gazet 28/11/1914 |
nous voulons cependant
lui rendre hommage. Il sera d'autant plus fort dans ces
circonstances qui nous ont rendu son peuple tout, sauf sympathique. » ( "De letterkunde beproefd 28/11/1914)
Un article non publié
de décembre 1914 exprime son point de vue :
« Nous avons
toujours bien vu le danger , aussi bien du pangermanisme, que du
pangallicisme....
ceux qui ont dit que
que nous devrions plus pencher vers l'Allemagne , parce que nous
serions germains sont, avec ces principes, des siècles en retard.
[...] seul le peuple existe, pas la tribu.
Flamands et Allemands
sont deux peuples, qui peut être , ont eu des origines
communes, mais qui sont maintenant deux peuples qui n'ont plus rien en
commun l'un avec l'autre . Cela a été et reste notre point de
vue. » ( cité dans Borgers op cité)
On le voit , la guerre n'entraîne pas le jeune poète
anversois, ni dans le chauvinisme belge et la haine des peuples au
nom de la patrie belge attaquée, ni dans un nationalisme flamand
germanophile, au nom des racines communes.
Il mettra en avant sa conception- très théorique- du nationalisme internationaliste.
Il critique le « germanisme » des cercles activistes extrêmes (Jong Vlaanderen), qui s'attirent la sympathie des cercles réactionnaires allemands avec l'idée d'un héritage germanique commun, rejetant ainsi plusieurs siècles d'histoire, et repoussant aussi la sympathie des Allemands libéraux et des Hollandais
« Nous devons ouvrir tout grand nos fenêtres de tous les côtés » Et il veut s'inscrire dans le développement culturel en Europe, qui par delà la guerre, et par delà les frontières. construit un nouvel internationalisme . Mais en même temps, il appelle à un développement commun Flandre - Pays Bas , la Grande Néérlande!
D' autre part, dans
une série de 28 articles à caractère historique «
Sur la préhistoire du mouvement flamand » van Ostaijen
analyse ( "à, travers le prisme du "flamingantisme") l'histoire de la Flandre de l'occupation autrichienne à 1815
et décortique particulièrement la période du rattachement à la
France 1792 et la Convention puis de 1794 à 1815 ( le Directoire et
l'Empire) qu'il caractérise comme « un nouvel absolutisme »,
qui selon lui, à part à Liège, n'a pas eu le soutien des peuples et
« batave » et belge...
(4) voir Nasionalisme en het nieuwe geslachthttp://www.dbnl.org/tekst/osta002verz01_01/osta002verz01_01_0002.php#2
Over het tragiese van de beweging Enige kanttekeninge http://www.dbnl.org/tekst/osta002verz01_01/osta002verz01_01_0003.php
UN ACTIVISTE
Il mettra en avant sa conception- très théorique- du nationalisme internationaliste.
Il critique le « germanisme » des cercles activistes extrêmes (Jong Vlaanderen), qui s'attirent la sympathie des cercles réactionnaires allemands avec l'idée d'un héritage germanique commun, rejetant ainsi plusieurs siècles d'histoire, et repoussant aussi la sympathie des Allemands libéraux et des Hollandais
« Nous devons ouvrir tout grand nos fenêtres de tous les côtés » Et il veut s'inscrire dans le développement culturel en Europe, qui par delà la guerre, et par delà les frontières. construit un nouvel internationalisme . Mais en même temps, il appelle à un développement commun Flandre - Pays Bas , la Grande Néérlande!
Il
oscille, on le voit ,entre
un nationalisme
grand néerlandais - bien présent dans le mouvement activiste, - et qui
pour certains est une alternative à l'annexion par le Kayser- d'une
part, et une
ouverture universaliste à la culture et à tous les peuples européens ; il
apprécie très largement la littérature française et est imprégné de la pensée universaliste d'un pacifiste allemand Kurt Hiller.
Celui ci a fondé un mouvent Aktivism , qui
défend des idées voisines de celles de Romain Rolland sur le rôle de
l'esprit et des intellectuels : "remplir la fonction de "politicien de
l'esprit" (4)Préhistoire du mouvement flamand - Ons Land 1917-1918 |
(4) voir Nasionalisme en het nieuwe geslachthttp://www.dbnl.org/tekst/osta002verz01_01/osta002verz01_01_0002.php#2
Over het tragiese van de beweging Enige kanttekeninge http://www.dbnl.org/tekst/osta002verz01_01/osta002verz01_01_0003.php
UN ACTIVISTE
Paul van Ostaijen sera dés 1915 un "activiste"
Le
mouvement activiste est un mouvement politique
flamand qui a refusé l'Union Sacrée en ce qui concerne les
revendications flamandes et voulait profiter de l'instabilité causée
par la guerre pour tenter de les faire progresser, y compris, pour
les principaux dirigeants, en se ralliant à la politique impérialiste de
l'Allemagne .(Flamenpolitik appliquée par le gouverneur général
militaire, l'aristocrate prussien Von Bissing)
Au contraire des « passivistes », prêts à
mettre tout au frigo jusqu'à la fin de la guerre, par loyauté vis à
vis du gouvernement du Havre et de la monarchie.
Mouvement
à différentes
facettes : les premiers, en octobre 1914 à Gand, à sortir du bois sont
les pan -germanistes, favorables ouvertement à une Flandre
indépendante, annexée à l'Empire allemand, à la disparition totale du
français en Flandre et la rupture totale d'avec la Wallonie.
A la tête de ces "Jong-Vlaanderen", un pasteur hollandais Jan Derk Domela farouche soutien du pan germanisme et du Kayser. voir De Schaepdrijver "De Groote oorlog" Amsterdam 2013
Parmi les activistes, il y aura aussi des révolutionnaires socialistes ( Van Extergem), des partisans d'un simple fédéralisme, des sociaux démocrates (Joris et "De Nieuwe Tijd), des démocrates libre penseurs (Roza de Guchtenaar) des libéraux (Augusteyns) ou d'autres qui s'éloignèrent refusant la collaboration avec l'occupant ( Baudoin Maes)
A la tête de ces "Jong-Vlaanderen", un pasteur hollandais Jan Derk Domela farouche soutien du pan germanisme et du Kayser. voir De Schaepdrijver "De Groote oorlog" Amsterdam 2013
Parmi les activistes, il y aura aussi des révolutionnaires socialistes ( Van Extergem), des partisans d'un simple fédéralisme, des sociaux démocrates (Joris et "De Nieuwe Tijd), des démocrates libre penseurs (Roza de Guchtenaar) des libéraux (Augusteyns) ou d'autres qui s'éloignèrent refusant la collaboration avec l'occupant ( Baudoin Maes)
Parmi les activistes,
une frange de jeunes intellectuels, progressistes, en révolte contre
le monde ancien de conventions bourgeoises, de censure, de
domination de la langue française aussi.
Révolte pour l'émancipation sociale et culturelle de la Flandre, et révolte aussi pour leur propre développement personnel.
Révolte pour l'émancipation sociale et culturelle de la Flandre, et révolte aussi pour leur propre développement personnel.
Ils ne pouvaient se
reconnaître dans la mobilisation patriotique derrière la triade
Monarchie, Noblesse, Grande Bourgeoisie et dans le nationalisme
« belgicain ».
Citons,
outre PvO, Lode
Craeybeckx, (futur bourgmestre SP d'Anvers), Firmin Mortier( futur
directeur du Théâtre Royal Flamand) , les poètes Victor Brunclair et
Gaston Burssens et tant d'autres.
La
direction du mouvement activiste
sera néanmoins , toute la durée de la guerre exercée par des bourgeois
catholiques, la plupart professeurs, hommes de
lettres ou fonctionnaires, germanophiles (Borms, De Clerck, etc.), sorte
d'élite flamande de droit divin. Nationalistes. ils agiront
surtout pour être reconnus par les Allemands ,et pour assurer leur
propre pouvoir sur une
Flandre indépendante auto - proclamée. Ils créeront un "Raad van
Vlaanderen"en février 1917, proclameront ,en dehors de toute légitimité
démocratique,
en mars 1917, la gestion séparée de
la Flandre (incluant Bruxelles) et de la Wallonie ( capitale Namur) et
proclameront même l'indépendance totale de la Flandre que
l'administration allemande présentera en janvier 1918 comme "autonomie"
de
la Flandre.
Pendant que les peuples flamand comme wallon subissaient , outre la mort au front de l'Yser , la faim, la misère et le chômage à l'arrière ainsi que les réquisitions pour le travail en Allemagne .
Tous les activistes seront poursuivis en 1919-1920 dans des procès politiques souvent en cour d'Assises et condamnés à de lourdes peines ( à mort, 50, 20 , 15 ans etc.) , mais elles ne seront pas appliquées., et seront commuées en peines de prison.Camille Huysmans qualifiera cette répression de "furie fransquillonne". (5)
De son côté , la bourgeoisie belge – particulièrement la bourgeoisie flamande fransquillonne- n' avait pas baissé la garde et "activait"un nationalisme belgicain anti-flamingant : le mouvement flamand était globalement soupçonné de trahison pour les "boches".
Pendant que les peuples flamand comme wallon subissaient , outre la mort au front de l'Yser , la faim, la misère et le chômage à l'arrière ainsi que les réquisitions pour le travail en Allemagne .
Tous les activistes seront poursuivis en 1919-1920 dans des procès politiques souvent en cour d'Assises et condamnés à de lourdes peines ( à mort, 50, 20 , 15 ans etc.) , mais elles ne seront pas appliquées., et seront commuées en peines de prison.Camille Huysmans qualifiera cette répression de "furie fransquillonne". (5)
De son côté , la bourgeoisie belge – particulièrement la bourgeoisie flamande fransquillonne- n' avait pas baissé la garde et "activait"un nationalisme belgicain anti-flamingant : le mouvement flamand était globalement soupçonné de trahison pour les "boches".
Par exemple, des rumeurs
accuseront van Ostaijen de vouloir publier un nouveau périodique,
payé par les Allemands. Il répond :
« Van Ostaijen
n'a jamais reçu d'argent allemand sauf quand son salaire lui a été
payé par la Ville en monnaie allemande.(oh ! moments
délicieux...)
Van Ostaijen n'a
jamais eu l'intention d'éditer un journal...Votre informateur est un
menteur ou un idiot...
Tout
ceci n'est que joyeusement méprisable et méprisablement joyeux »
(en français.)
(5)voir par exemple le procès de Jef Van Extergem :http://rouges-flammes.blogspot.be/2014/12/1914-1918-uomini-contro-kameraad-jef.html
(5)voir par exemple le procès de Jef Van Extergem :http://rouges-flammes.blogspot.be/2014/12/1914-1918-uomini-contro-kameraad-jef.html
"WEG MET HET CARDINAAL" - "A
BAS LE CARDINAL"
En 1917, se produit l' affaire Mercier
Le cardinal Mercier |
Il est le représentant parfait de cette triade des
classes dominantes : le haut clergé, la noblesse et la grande
bourgeoisie.
Il a toujours été opposé à la création d'une
Université flamande à Gand, comme il a toujours freiné au maximum
le dédoublement des cours à « son » UCL (Université
Catholique de Louvain), qu'il contrôle
Je me permets ici de le citer assez longuement
dans une déclaration de 1906, qui vaut son pesant d'or !:
« Quiconque
comprend le rôle de l’Université ne peut raisonnablement
prétendre que le français et le flamand doivent être mis sur un
pied d’égalité dans l’enseignement universitaire.
Et
comme chacun est homme plus encore que Belge, c’est-à-dire, comme
les intérêts généraux de la civilisation sont supérieurs aux
intérêts particuliers d’une nation, la culture du français doit,
pour ceux qui sont appelés à jouer un rôle dans le mouvement
universel de la pensée et de l’action, primer celle du flamand.
Les
Flamands qui voudraient flandriciser une université belge n’ont
pas réfléchi au rôle supérieur auquel doit prétendre une
université. Si leurs revendications étaient accueillies, la race
flamande serait du coup réduite à des conditions d’infériorité
dans la concurrence universelle. Les raisons, qui nous font repousser
l’idée d’une université flamande en Belgique, nous engagent
aussi à nous opposer à l’introduction du flamand comme langue
unique ou principale dans l’enseignement des humanités. » Instructions générales des évêques de Belgique septembre 1906 (6)
Déclaration
hallucinante aujourd'hui dans le contexte d'une Belgique fédérale -
mais qui reflète bien la mentalité des classes dominantes de l'époque.
Ons Land -"L'affaire Mercier" article de PvO |
Le 16 septembre 1917, il vient en procession à Anvers ;
Une quarantaine de jeunes l'accueillent par des sifflets
et les cris de « Weg met het cardinaal » , tandis qu'un
autre groupe, de fransquillons et de « rastaqouères » (
dixit PvO), l'acclament.
Alors que les partisans du cardinal ne sont évidemment
pas inquiétés, cinq manifestants (repérables par leur petit lion
à la boutonnière) sont arrêtés, et verbalisés au commissariat.
En janvier 1918 , ils seront condamnés à 3 mois de prison. C'est en mars 1920 que la cour d'Appel confirmera ce jugement , qui sera amnistié en juillet 1921.
En janvier 1918 , ils seront condamnés à 3 mois de prison. C'est en mars 1920 que la cour d'Appel confirmera ce jugement , qui sera amnistié en juillet 1921.
PvO
quitte la Belgique en octobre 1918 , pour échapper à la campagne
annoncée de répression par le gouvernement du Havre contre les
« activistes » .
Il sera à Berlin pendant la révolution spartakiste,
sans y participer directement malgré ses sympathies
révolutionnaires.
Avec son ami Firmin Mortier, il visitera néanmoins
l'hôtel où Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht furent assassinés,
et ils participeront à des meetings du USPD. (scission de gauche du
parti socialiste (social chauvin) SPD)
En novembre 1920, dans le cadre des poursuites contre
les activistes pour « atteinte au moral des soldats et de la
population », 9 mois de prison seront requis contre lui pour sa
collaboration au journal « De Antwerpsche Courant »
Rentré à Anvers en 1921, il sera appelé au Tribunal
Correctionnel , qui reportera le procès à une date indéterminée.
On peut supposer que la condamnation d'un
poète flamand qui commençait à être connu aurait fait tache.
(6)(cité
dans Kris Deschouwer, «Comprendre le nationalisme flamand») http://popups.ulg.ac.be/1374-3864/index.php?id=285
ECRITS
POLITIQUES : SOCIALISTE, COMMUNISTE
C'est de Berlin , en 1920 que, malgré qu'il se soit
complètement immergé dans l'activité littéraire et artistique de
la capitale allemande, il expose ses idées politiques sur le
mouvement flamand.
D'abord
dans une « Lettre
ouverte à Camille Huysmans » : (7)(
De Toorts 24 avril 1920)
Il répond à Camille Huysmans.
Celui ci , écarté de la direction nationale du POB pour son pacifisme pendant la guerre, se retire à Anvers, où il tente de recoller les morceaux du parti en y rassemblant les flamingants modérés , même ancien activistes.
Il doit pour ce faire se démarquer du "Front partij", parti flamingant naissant, issu du mouvement des tranchées , plutôt catholique. Ce parti ne serait pas social, mais purement linguistique , au contraire du POB qui verrait le caractère social et populaire du mouvement flamand
Van Ostaijen se définit comme socialiste.
"Il y a devant moi depuis un an le dilemme : adhérer au POB ou au Frontpartij
Certainement , à Mons chez Pierard ( un des députés socialistes des plus chauvins), j'aurais peu de chances d'être accepté, Chez vous [...]à Anvers,ça irait mieux pour moi;Mais peut être, à Gand , chez Anseele, n'ai je non plus aucune chance."
Le socialisme du POB change entre la rue Haute ( à Bruxelles) et Rijkevorsel (commune proche d'Anvers)
Celui ci , écarté de la direction nationale du POB pour son pacifisme pendant la guerre, se retire à Anvers, où il tente de recoller les morceaux du parti en y rassemblant les flamingants modérés , même ancien activistes.
Il doit pour ce faire se démarquer du "Front partij", parti flamingant naissant, issu du mouvement des tranchées , plutôt catholique. Ce parti ne serait pas social, mais purement linguistique , au contraire du POB qui verrait le caractère social et populaire du mouvement flamand
Van Ostaijen se définit comme socialiste.
"Il y a devant moi depuis un an le dilemme : adhérer au POB ou au Frontpartij
Certainement , à Mons chez Pierard ( un des députés socialistes des plus chauvins), j'aurais peu de chances d'être accepté, Chez vous [...]à Anvers,ça irait mieux pour moi;Mais peut être, à Gand , chez Anseele, n'ai je non plus aucune chance."
Le socialisme du POB change entre la rue Haute ( à Bruxelles) et Rijkevorsel (commune proche d'Anvers)
[...] Est ce cela un parti ? »
A choisir entre le POB et le Vlaams Front
Partij, il choisirait le deuxième . Il regroupe des chrétiens, mais
s'ils sont « a-socialistes », c'est parce que personne ne
leur a encore apporté une conscience en accord avec leurs
espérances.
Il reproche au POB de n'avoir jamais considéré le problème flamand comme un problème social, alors que « le programme de Erfurt (référence programmatique de la social démocratie allemande) déclare que le socialisme combat toute oppression, qu'elle soit d'une classe, d'un parti , ou d'une caste contre un peuple.
Le
POB accepte ce principe pour les autres, pour les Tchèques, mais pas
pour les Flamands ! Il reproche au POB de n'avoir jamais considéré le problème flamand comme un problème social, alors que « le programme de Erfurt (référence programmatique de la social démocratie allemande) déclare que le socialisme combat toute oppression, qu'elle soit d'une classe, d'un parti , ou d'une caste contre un peuple.
Certains
de vos collègues flamands et la plupart de vos collègues wallons
pensent que le peuple flamand n'est pas opprimé.
Qui
dois je suivre, le POB ou le programme d' Erfurt ?[...].
Je
suis socialiste, et j'estime que la solution du problème flamand
fait partie des intérêts du socialisme.
Les
dirigeants socialistes auraient dû écouter la parole de August
Bebel :« une langue de classe, quelle arme merveilleuse
pour la lutte de classes!"
Le
POB n'offre que confusion, et assène, à ceux qui le lui reprochent,
le coup de massue : « Le POB a été patriote. »
Mais
il n'y a plus rien de l'élan des débuts du socialisme . »
1920 : Ho Chi Minh au congrès communiste de Tours |
Il donne comme exemples l'instauration de soviets polonais dans la Pologne – en 1920 encore russe- preuve de la reconnaissance du droit à l'auto détermination du peuple polonais, et aussi le soutien de la Russie soviétique aux mouvements nationaux d'Asie (Inde et Egypte)
Il s'y affirme communiste. il considère le suffrage
universel , adopté en novembre 1918 ,comme une couche de vernis
démocratique maintenant la domination du clergé et du capital. Il y oppose « la dictature du prolétariat »
Il
revient sur le problème flamand :
« En
Flandre, la différence de classe va avec la différence de langue.
Laermans Les émigrants 1896 |
2%
de fransquillons dominent au moyen du clergé, les paysans, et au
moyen de la social démocratie le prolétariat.
Bien
sûr , le travailleur wallon est aussi exploité[...],mais l'ouvrier
flamand est surexploité, comme travailleur d'abord et
aussi comme ouvrier manoeuvre , non qualifié ;
il ne peut s'élever dans l'échelle sociale qu'en assimilant la culture française [...] et seuls quelques uns peuvent le faire -, ça coûte aussi de l'argent. »
il ne peut s'élever dans l'échelle sociale qu'en assimilant la culture française [...] et seuls quelques uns peuvent le faire -, ça coûte aussi de l'argent. »
« La
social démocratie n'a pas voulu voir le problème flamand, ils n'en
ont jamais fait une question de principe[...]
et sur la question flamande, les socialistes wallons sont sur la même position que le haut clergé et la bourgeoisie!
et sur la question flamande, les socialistes wallons sont sur la même position que le haut clergé et la bourgeoisie!
[...]le
communisme peut trouver dans le mouvement flamand un grand facteur
pour élargir son influence : d'abord de par l'oppression
nationale de nature socio-économique , et ensuite de par le
mécontentement croissant qui a conduit à une rupture de confiance
d'avec l'état belge , déjà durant la guerre 14-18.
La
prise de conscience flamande s'est faite en opposition au
nationalisme créé par l'état belge ; elle doit aller sur le
chemin de l'internationalisme, de l'action internationale de masse
pour un état international- sans distinction nationale mais avec la
protection de toute les différences ethniques. »
Texte étonnant, largement méconnu aujourd'hui, sorte
d'appel au mouvement communiste en gestation à s'emparer des
revendications flamandes en leur donnant à la fois un caractère
internationaliste et un caractère de classe.
Il illustre les grands débats qui traversent la
nouvelle gauche issue de la guerre dans les 2-3 années 1918-1920,
qui mèneront , à la formation du parti
communiste.
Ce texte est un
aboutissement de son évolution politique : d'un nationalisme fortement
teinté d' universalisme, des années 1916-1917, il s'inscrit en
1920- sous l'influence des révolutions russe et allemande, on peut le suppose r- dans le courant socialiste
et communiste.
Cet article est aussi un rare texte sur la question nationale, posée en termes de classe.
Cet article est aussi un rare texte sur la question nationale, posée en termes de classe.
Sans aucun doute,
il a été loin d'avoir une place centrale dans les discussions
idéologiques au sein des différents groupes qui participeront à la
fondation du parti communiste ( parlementarisme ou pas, participation
aux syndicats ou pas, soutien au mouvement flamand ou pas)
Il
est resté au
niveau de la réflexion théorique. Et on peut se dire ,avec respect et
modestie, en le lisant, que ce qui fit défaut sans doute à ces groupe
de jeunes poètes et intellectuels flamingants révolutionnaires , issus
de l'activisme, c'est à la fois le lien avec la pratique sociale et la
rencontre avec la théorie marxiste.
Paul van
Ostaijen n'a pas, par la suite, pris la place dans le combat
politique, au parti communiste ou ailleurs, que ses écrits
politiques auraient pu laisser présager.
Poète
et artiste avant tout, individu intelligent plus que militant engagé,
c'est dans la poésie qu'il fera sa révolution : poète de l'
expressionnisme, il publiera : « Het Sienjaal »,
« Bezette stad », « De
feesten van angst en pijn »
Mais
très vite la maladie –la tuberculose - s'emparera de lui :
il meurt au sanatorium d' ANHEE en 1928 à 32 ans !(8) http://www.dbnl.org/tekst/osta002verz01_01/osta002verz01_01_0012.php
La tombe de Paul van Ostaijen au Schoonselhof Anvers |
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Poême : A une Maman (extraits)
Son fils est mort au champ de bataille.
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