UOMINI CONTRO
DES HOMMES CONTRE...
Je viens de revoir avec beaucoup d'émotion ce film de FRANCESCO ROSI en VOSTFR
Ce film est sorti en 1970 dans les salles, et je me souviens qu'il m'avait à l'époque fait forte
impression, comme d'ailleurs la plupart des films de ROSI :
SALVATORE GIULIANO, MAIN BASSE SUR LA VILLE, L'AFFAIRE MATTEI, LUCKY
LUCIANO ,CADAVRES EXQUIS, LE CHRIST S'EST ARRETE A EBOLI etc.
Un acteur culte italien des années 70 et 80 GIAN MARIA VOLONTE y joue le rôle d'un lieutenant
de conviction socialiste et ALAIN CUNY celui d'un général, sorte d'aristocrate illuminé, qui envoie
ses hommes à la boucherie , pour ensuite ordonner de fusiller ses propres soldats accusés de mutinerie.
La VO sous titrée ajoute, par delà la grandeur du sujet, le jeu brillant des acteurs, la beauté de la langue.
« Première
Guerre mondiale. Nous sommes en 1916 dans le nord de l'Italie où les
italiens se battent contre les autrichiens. Un général italien qui
vient de perdre dans un mouvement de panique une position importante
veut la reprendre coûte que coûte. Mais ce sommet de colline se
révèle imprenable... Adapté d'un roman d'Emilio Lussu, Les Hommes
contre n'est pas sans rappeler Les
Sentiers de la gloire
de Kubrick.
Le
film de Rosi est lui aussi un film militant qui dénonce la barbarie
de la guerre et ses nombreuses morts inutiles, des morts d'autant
plus révoltantes quand elles sont causées par l'obstination aveugle
d'un ou deux officiers. Les faits rapportés sont réels et il y eut
bien une mutinerie de soldats à l'été 1917 près de Santa Maria la
Longa. Les Hommes contre est sorti en 1970, en résonance avec un
certain courant pacifique et antimilitariste qui se développait
alors. En Italie, un procès pour « dénigrement de l'armée » fut
intenté mais se termina par un acquittement. Francesco Rosi est très
direct dans sa démarche, nous livrant sans fard une dure réalité
qui parle d'elle-même : tout discours devient inutile.
L'interprétation est parfaite, jamais appuyée, sans aucun accent
mélodramatique. »
(1) Le Monde.fr blog L'oeil sur
l'écran
1916.
Le lieutenant Sassu
(Mark Frechette),
jeune officier italien inspiré par un patriotisme d'étudiant,
rejoint le front contre les Austro-Hongrois dans le secteur d'Asagio,
en Vénétie. La division du général Leone
(Alain Cuny ) a
abandonné dans sa retraite un sommet important, le monte Fiore,
que le général va s'acharner à vouloir reprendre à l'ennemi.
Cependant, toutes les tentatives, mal préparées ou insuffisamment
préparées, échouent, avec de lourdes pertes. L'obstination
inhumaine du général fait enrager le lieutenant Ottolenghi
(Gian Maria Volonte),
un socialiste qui se sent proche de ses hommes et doit pourtant
suivre les ordres insensés du général Leone...
Voici
un
des films mythiques du cinéma de guerre traitant de la Première
Guerre mondiale,
et ce d'autant plus qu'il est très rare à trouver aujourd'hui. Avec
Les hommes contre..., Francesco
Rosi réalise
un pendant aux Sentiers de la Gloire de Kubrick,
longtemps interdit en France. Car le film de Rosi reçoit un accueil
houleux en Italie au moment de sa sortie : on lui intente même un
procès pour "dénigrement de l'armée", qui se termine par
un acquittement. Il faut dire que Rosi met très bien en scène le
véritable carnage subi par les Italiens en raison des directives
d'un général insensé, les scènes de combat ayant une froideur et
une brutalité qui ne les rend que plus réalistes. Le film se veut
évidemment porteur d'un message pacifiste et politique, qui prend
même si les personnages, comme le général incarné par Alain Cuny,
sont quelque peu caricaturaux. Le film est cependant inspiré d'un
livre d'Emilio
Lussu,
un Italien interventionniste qui a servi dans la Brigade
Sassari.
Cette unité avait la particularité de comprendre des régiments
sardes. C'est l'expérience de la guerre de positions très dure
contre les Austro-Hongrois dans les collines et montagnes autour
d'Asagio en 1916-1917 qui inspire à Lussu son roman, Un an sur les
hauteurs, en 1938.
http://historicoblog3.blogspot.be/2012/08/les-hommes-contre-1970-de-francesco-rosi.html
À noter qu'avec 2 800 soldats fusillés pour mutinerie, abandon de poste, mutilation volontaire ou désertion, l'Italie détient le record de 14-18 (Grande Bretagne 1 800, France 2 500 condamnations dont 600 exécutées). »
En cette année de « célébrations » du
centenaire de la grande boucherie de 1914, il faut voir (ou revoir)
ce film qui rend l'honneur à des hommes qui se sont levés contre,
ou ont été broyés par, le tsunami nationaliste, militariste et et
chauvin, au nom de la patrie, tels les lieutenants OTTOLENGHI et
SASSU dans UOMINI CONTRO.
Quelle
chaîne de TV va oser l' introduire dans les programmes
« patriotiques » de ce mois d'août ?
Citons aussi
« LES SENTIERS DE LA GLOIRE »
de STANLEY KUBRICK
Film américain, il s'attaque lui aussi au sujet tabou , les fusillés pour l'exemple en 1915 dans
l'armée française.
Lors
de la guerre de 1914-1918, tandis que le conflit s'est enlisé depuis
longtemps dans la guerre de tranchées, l'état-major français
décide une offensive quasiment impossible sur la « colline aux
fourmis ». Repoussé par le feu ennemi, le 701e régiment,
commandé par le colonel Dax, doit se replier. Le général Mireau,
chef de l'offensive, demande alors de traduire en conseil de guerre
le régiment pour « lâcheté ». Malgré l'opposition de
Dax, trois hommes tirés au sort seront condamnés à mort et
exécutés. Dax avait entre-temps soumis au général Broulard, chef
de l'état major, les preuves que le général Mireau avait fait
tirer sur sa propre armée pendant l'attaque. Broulard révoque
celui-ci et propose son poste à Dax en croyant que celui-ci avait
agi par simple ambition. Dax refuse.
...Le
film s'inspire de faits réels. Près de 2 000 soldats ont été
réellement fusillés « pour l'exemple » par l'armée
française au motif de « lâcheté devant l'ennemi ». Le
général Revilhac a effectivement voulu faire tirer sur son propre
régiment bloqué dans les tranchées lors d'un assaut impossible,
puis il a fait exécuter quatre soldats en mars 1915, qui seront
réhabilités en 1934. Même l'épisode du soldat sur une civière
qu'on ranime pour le fusiller a bien eu lieu.
CENSURE A BRUXELLES
Ce
film a une histoire chargée en Belgique, puisque sous pression du
gouvernement français, il a été interdit d'écran à BRUXELLES en
1958 pendant quelques semaines.
En fait, en févier 1958, les critiques bruxellois sont
invités par la maison de production « les Artistes Associés »
à donner leur avis sur l'opportunité d'une projection.
Avis favorable et sortie du film.
Mais,
très vite, des officiers de réserve français et quelques belges
viennent manifester ; la police doit intervenir
.
S'ensuivent
des coups de téléphone anonymes, des menaces au directeur de salle,
une intervention de l'Ambassade de France auprès du Ministère des
Affaires étrangères belge, et du bourgmestre de Bruxelles, qui
aurait la possibilité d'interdire les projections.
Retrait
du film de l'affiche, manifestation silencieuse des étudiants de
l'ULB et du Libre Examen.
Menaces
à l'égard des journalistes favorables à la sortie du film.
Les
autorités du cinéma en FRANCE exigeront des producteurs américains
que le préambule suivant soit projeté avant le film :
"Cet
épisode de la guerre 1914-1918 retrace la folie de certains hommes
pris dans son tourbillon. Il constitue un cas isolé en contraste
total avec la
vaillance historique de la vaste majorité des soldats français,
champions de l’idéal de liberté que, de tous temps, le peuple
français a fait sien »
Il
a aussi, sous pression du gouvernement de PARIS été interdit de
projection en SUISSE jusqu'en 1970!!
100
ans après 1914 , rappelons nous qu'en 1958 encore, ce qui remettait
en cause le « caractère patriotique » de la grande
boucherie, menée au nom de la liberté (!) était censuré et que ce film n'a été
autorisé en FRANCE qu'en 1975 !!
A
sa sortie, LE FIGARO osait écrire :«
Il faut être aveugle pour ne pas voir que ce film outré, d’un
sentimentalisme facile, bien plus qu’un film contre la guerre (et
qui n’est pas contre la guerre !) est un film contre la France »
Passera
t' il sur nos écrans en cette année de centenaire ?
A lire l'excellent récit du blog « HISTOIRE et POLITIQUE » de mai août 2009
« Quand la France surveillait les écrans belges : la réception en Belgique des Sentiers de la
gloire de Stanley Kubrick » de Catherine Lanneau
http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=08&rub=autres-articles&item=48,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire