dimanche 18 mai 2014

ARTHUR TONDEUR ( BOMA 1908 - MENTON 1999) TEMOIN DU XXème SIECLE

ARTHUR TONDEUR  ( 1908 - 1999) TEMOIN DE « L'AGE DES EXTREMES »

L'historien britannique marxiste, ERIC HOBSBAWN, a intitulé son ouvrage sur le siècle passé , « L'AGE DES EXTREMES »

Mon père ARTHUR TONDEUR né en 1908 et décédé en 1999, me semble être un témoin, pour moi en tout cas, privilégié, de ce siècle.
Homme engagé, il l'est resté , certes à des niveaux inégaux, toute sa vie; avec ses montagnes et ses vallées, et on sait combien, au XXème siècle, les montagnes furent abruptes et ensoleillées, et les vallées, profondes et sombres.
Deux guerres mondiales en l'espace de 30 ans, d'une sauvagerie encore inconnue , avec en particulier l 'émergence puis la destruction de la monstruosité fasciste.
L'apogée puis la décadence du colonialisme.
Un développement sans égal à la fois de richesses, et d' inégalités.
De grands mouvements populaires: 1902,1913,1932,1936, la résistance, imposent de grandes réformes sociales et politiques : le suffrage universel, la journée des 8 heures, les congés payés, la sécurité sociale, le développement des services publics.
Puis, et dés les années 1980,  le lent et persistant grignotage de ces conquêtes. Le capitalisme et l'économie de marché entreprennent de reconquérir la planète.
L'espoir du communisme, le bien commun pour tous, la naissance du, (ensuite des) « pays des ouvriers et des paysans », puis le recul et leur implosion .

C'est l'âge des extrêmes.

La naissance de mon père à BOMA, à l'époque, capitale de « l' Etat Indépendant du Congo » est à elle seule un témoignage, même bien sûr, si lui même n'en avait gardé aucun souvenir.
Elle témoigne de cette époque, commencée en 1492, des grandes conquêtes coloniales, qui se poursuivirent au XIXème et début du XXème par le partage de la planète entre les grandes (et petites) puissances impérialistes. En particulier, par la conquête du Congo par LEOPOLD II, qui en fit sa propriété personnelle.
Son père FELIX GEORGES était fonctionnaire des postes de l'  « EIC » à BOMA de 1900 à 1910.
Je reviendrai dans un post ultérieur sur cette page  de l'histoire de la famille TONDEUR.
1909 : BOMA - ARTHUR et ses parents
Retenons ici dans la BOMA coloniale en juillet 1909 ,la rencontre entre le prince ALBERT ( qui allait devenir 5 mois plus tard ,en décembre 1909, le roi ALBERT Ier) et le petit ARTHUR âgé de 16 mois :

« Entre-temps, nous avions donné à Arthur un petit frère, né le 29 janvier 1909 et baptisé le 14 février. On l'appela ''Georges'' comme son père. Le bébé avait donc 6 mois au passage du Prince Albert et son frère Arthur 16 mois ½. Celui-ci trottinait à côté de la voiture d'enfant lors de notre traditionnelle promenade du soir. Au cours de celle-ci, nous rencontrâmes un jour le Prince qui s'approcha de nous, demanda des nouvelles des enfants, remarqua que le bébé portait des traces de piqûres et voulut donner la main à Arthur. Mais celui-ci se recula en donnant une tape sur la main royale...»(1)

La petite famille revient au pays en 1910, et bientôt éclate la 1ère guerre mondiale .

«  En 1914 , a éclaté la guerre , la 1ère guerre mondiale .
Mon père s'est engagé dans la GARDE CIVIQUE , qui élevait des barricades sur les routes et montait la garde près des ponts.
Mais ma mère s'est opposée à ce qu'il se porte volontaire dans l'Armée Belge.
Les Allemands en casque à pointe ont rapidement envahi la Belgique.(2)

En 1915, le ministère des Colonies, pour qui travaillait mon grand père, n'ayant plus de raison d'être dans la Belgique occupée, nomme Félix Georges dans le tranquille canton de WELLIN, à DAVERDISSE précisément, comme inspecteur du ravitaillement.
Ce village restera toujours pour mon père le village de son enfance.
Il y passa 3 ans et y fréquenta, avec son frère, l'école primaire qui comptait une seule classe pour tous les garçons du village, classe donnée par une nonnette , Soeur Monique; l'instituteur étant parti à la guerre.

Son initiation au rationalisme et puis au matérialisme, lui est venue de l'enseignement d'un professeur de sciences naturelles .

« En 1919, je suis entré en 7ème à l'Athénée de SCHAERBEEK, où mon frère m'a suivi, un an après.
Notre professeur de latin, de français et de sciences naturelles était Aimé VLEMINCK, un jeune barbu que nous aimions beaucoup, car il nous emmenait en excursions ; nous l'appelions « Papa VLEMINCK ».
Plus tard, il n'a plus enseigné que les sciences naturelles , dont la botanique....
Je me suis passionné pour la botanique.
Notre mère était catholique, mais elle ne pratiquait plus, c'est à dire qu'elle n'allait plus à l'église ; notre père considérait à juste titre toutes les légendes et croyances religieuses comme des fariboles.
Mais il avait accepté que nous autres les enfants soyons instruits des choses de la religion.
Ainsi, nous allions à la messe, suivions le catéchisme, allions à confesse et faisions notre communion...
Mais lorsque nous avons suivi les cours de Papa VLEMINCK, nous nous sommes vite rendus compte, mon frère et moi, que science et religion ne faisaient pas bon ménage.
Et nous en sommes vite venus à penser que l'Histoire Sainte et les enseignements de Notre Mère la Sainte Eglise n'étaient que des fables.
Aussi, pour ma part, peu de temps après avoir reçu de l'évêque en personne le sacrement de la confirmation, j'ai confessé au vicaire de ma paroisse, Ste Alice, que j'avais des doutes sur la foi, ce qui, disait le catéchisme, était un grand pêché.
Mais, le vicaire, un gros rougeaud, a considéré que je n'étais qu'un gamin stupide qui croyait se rendre intéressant, et qui d'ailleurs était bien trop jeune et ne comprenait rien à rien.
Il m' a donné comme pénitence à réciter 3 PATER et 3 AVE, comme si je lui avais dit avoir été trop gourmand en mangeant trop de chocolat.
Je me suis dit que si c'était là toute l'importance que le curé accordait aux doutes sur la foi, j'aurais bien tort de me gêner, et depuis lors, j'ai cessé d'aller à l'église, bientôt, imité par mon frère Georges.(3)

NOTES DANS LA FLORE: fleurs trouvées à COGNE 1957
La passion de la botanique ne le quittera jamais : plus tard, en voyage, il stoppait net la voiture, en disant : "stop, fleur intéressante" ;
il passait des heures avec sa loupe à observer les fleurs cueillies dans ses promenades, et  sa vieille flore est un véritable objet de collection, remplie de multiples notes de toutes ses découvertes.
Mais l'époque voulait que l'on ne choisisse pas ses études en fonction de ses passions, mais bien en fonction de la volonté du père ; un peu comme certaines traditions imposent le choix de l'épouse...

« J'étais fort en maths et en bien d'autres choses, sauf en Musique et en Dessin.
Mon père voulait faire de moi un officier, comme son frère aîné, mon oncle ARTHUR, tué au Congo, par les Noirs lors de l'occupation de ce pays par les Belges.
A la rigueur, il voulait bien que je sois ingénieur.
Malgré mon vif penchant pour les sciences naturelles, je n'ai pu que m'incliner devant sa décision et m'inscrire à la section Latines Mathématiques,d'où, de deux maux, il faut choisir le moindre, je présenterais l'examen d'entrée à l' Ecole Polytechnique de l'Université de Bruxelles, plutôt qu'à l' Ecole Militaire.
Je suis sorti premier de cette section en 1926 et suis entré sans problèmes en Polytech (4)

En octobre 1926 ,il débute donc ses études d'ingénieur civil des Mines à l'ULB.
Très vite, en 1927 semble t' il , il rejoint le GROUPE D'ETUDES SOCIALISTES , qui publie « L'UNIVERSITAIRE » dans lequel il écrira de nombreux articles, à côté de ceux de PIERRE VERMEYLEN, HENRI FAYAT, JEAN BRACHET.


Le premier, communiste, dirigeant du Secours ROUGE, deviendra ensuite ministre PSB; le deuxième aussi; le troisième sera le grand embryologiste, frère de PIERRE BRACHET, volontaire des Brigades Internationales, mort en Espagne.
Le GES organise aussi un cycle de conférences (par exemple F BRUNFAUT, député du POB) et des visites comme la coopérative de Micheroux, ou une mine au Borinage.
La coopérative de MICHEROUX, partie du mouvement coopératif socialiste liégeois, produisait des sirops, confitures etc.
La mouvance socialiste semble être largement influencée par les marxistes communisants du GES, tandis qu'existe parallèlement l' AGES (Association Générale des Etudiants Socialistes), affiliée au POB. Il y a débat bien sûr et l' AGES veut se protéger contre le « noyautage communiste ».
L'adresse de la rédaction 47 rue des AZALEES est l'adresse de ARTHUR TONDEUR.
En 1930, parait «L'ETUDIANT MATERIALISTE » , organe des Matérialistes Marxistes de l'Université de Bruxelles.
La rupture semble consommée entre                « L' UNIVERSITAIRE» de FAYAT fidèle au POB, qui accuse ses adversaires politiques : « matérialistes marxistes, avouez donc d'être communistes »
« Si par communistes, vous entendez matérialistes marxistes, nous le sommes évidemment »(5)
La rédaction est « ARTHUR TONDEUR, Poste Restante , Schaerbeek 4 »
Le journal rend compte de conférences et débats, défend les réalisations en Union Soviétique.
Il lutte aussi « contre les examens en bloc »
Il prendra évidemment la défense de LEO MOULIN, jeune professeur à l'athénée d'Uccle, et doctorant à l' ULB, après son arrestation en Italie par la police de MUSSOLINI.
Peu de choses existent sur l'histoire de ces groupes marxistes à l' ULB, mais il est vrai que je ne suis pas historien, et que l'histoire passe par une recherche approfondie des sources, ailleurs que sur INTERNET...
J'essaierai donc de revenir sur ce point dans un futur post.

E 1927, il fait la rencontre de MARIETTE HACCURIA , à un thé dansant des étudiantes.
Elle est étudiante en Philologie Germanique et sera aussi présidente de l'Association Générale des Etudiantes .
Elle écrit peu ou prou dans « L'Universitaire ».
Née le 3 août 1909, elle vient d'une famille d' instituteurs libre penseurs. :

«  Mon Grand Père (Léonard HACCURIA) était instituteur à VORST en CAMPINE. C'était l'époque où tous les enfants du village, entre 6 et 12 ans étaient dans la même classe. L'instituteur, qui avait suivi les cours de l'Ecole Normale, jouait un rôle important dans le village, puisqu'il avait de l'instruction. Il épousa une fille de paysans, qui possédait des terres, c'était faire un beau mariage....
Mon Grand Père était libre penseur; et, quand en 1883, le Ministère de l'Instruction Publique, qui avait toujours été aux mains des libéraux, fut conquis par les catholiques, on obligea les instituteurs de l'école publique à fréquenter les églises avec leurs élèves.
Mon Grand Père refusa. Les curés dans leur prêche disaient « Des instituteurs sans Dieu, délivrez nous Seigneur »Mon Grand Père fut révoqué, et il ouvrit une petite école avec 6 ou 7 élèves.
Mais le curé refusait l'absolution, aux parents de ces élèves, quand ils confessaient leur pêché ; et les parents souvent se dégonflaient.
Bien sûr, mon Grand Père n'était pas le seul à avoir subi ces persécutions. Elles furent à l'origine du climat anti religieux que j'ai connu chez mes parents durant toute ma jeunesse . »(6)

En 1933, ARTHUR et MARIETTE se marieront : ce seront nos parents à mes 3 frères et moi.


En 1995, ARTHUR TONDEUR décrira son parcours dans une

 « LETTRE A JEAN CAMION » : (7)

« Bien cher, tendre et vieil ami,
...L'évocation de nos premières rencontres notamment à BOUILLON, au domicile de tes parents, réveillent la nostalgie de nos vertes années.
Tu nous supplies de de raconter notre vie, que tu connais peu...
Je suis né le 15 mars 1908 à BOMA (ZAIRE)
1932
Proclamé ingénieur civil des mines en juillet 1931, j’ai été appelé « sous les drapeaux » en août, au SRA ,caserné à Brasschaat et incorporé au peloton de candidats sous–lieutenants de réserve, essentiellement constitué d’universitaires francophones alors que les conscrits du rang étaient déjà exclusivement flamands.
Cette circonstance m’a valu ultérieurement en juin 40 d’être renvoyé dans mes foyers, alors que les unités wallonnes ou francophones étaient emmenées en captivité dans les stalags et oflags allemands.
Au cours de l’été 1932, le parlement a voté d'importants crédits pour la remise de pièces d'artillerie loure sur voie ferrée (420, je crois)entreposées à BRASSCHAAT.
A cette occasion, j’avais écrit à Paul LIBOIS, assistant de Mineur à l’ULB, faisant un parallèle entre les dépenses (militaires) somptuaires et la médiocrité de l’ordinaire de la troupe.
C’était l’époque des grands mouvements de grève et des vastes manifestations entraînées par la misère résultant de la grande crise économique de 1929.
La police judiciaire était sur les dents. LIBOIS, prévoyant sa visite à son domicile avait quitté les lieux, laissant à son intention un petit mot sarcastique: « si vous voulez trouver quelque chose, cherchez dans la poubelle! »
Les braves flics l’ont pris au mot et ont fouillé soigneusement les ordures. Or Libois y avait jeté ma missive, de peu d’intérêt. Ne trouvant rien d’autre à se mettre sous la dent, les flics en ont fait tout un plat.
Et quand la batterie SRA est rentrée du champ de manoeuvres d' Elsenborn,  j’ai été privé de mon grade de maréchal des logis, et replacé soldat. On a installé mon lit dans un magasin de matériel et d’accessoires où j’ai terminé mon temps de service complètement isolé du reste de la troupe.
Restait à trouver du travail. Pas facile à cette époque, surtout pour un “matérialiste marxiste”. Mais, comme il est dit dans l'ouvrage de GOTOVITCH,(8) mon père était un fonctionnaire du ministère des colonies, attaché à la direction des postes et communications. A ce titre, il avait été désigné comme représentant de l'Etat au conseil d'administration des Chemins de fer vicinaux du Congo.
Usant (ou abusant) de son influence, il avait obtenu que cette société m’engage à son service, en qualité de dessinateur industriel. Elle était prête à m'envoyer comme ingénieur en Afrique, mais Mariette ne l'entendra pas de cette oreille.
Proclamée entre temps docteur en Philologie Germanique, elle s'était vue proposer une charge de professeur au Lycée Emile Jacqmain de la Ville de Bruxelles, et entendait bien exercer son métier.
En conséquence, j'ai été engagé en qualité de dessinateur industriel dans les bureaux bruxellois de VICICONGO.

1936
J‘avais entre temps adhéré au Parti Communiste, et lorsqu’en 1936, dans la foulée du Front Populaire en France et du Frente Popular en Espagne, les employés de banque et des compagnies d’assurances se sont mis en grève, j’ai cherché à entraîner les employés et employées du groupe de la Banque Nagelmaekers dont dépendait Vicicongo; je me suis fait mettre à pied avec le préavis légal.
Aux élections législatives de 1936, le PC avait obtenu neuf députés et son fondateur, Joseph Jacquemotte a jugé le moment venu de lancer un quotidien pour poursuivre et amplifier l’œuvre du «Drapeau Rouge» hebdomadaire, auquel je collaborais bénévolement.
Le parti m’a proposé d’y entrer comme rédacteur appointé au salaire d’un ouvrier qualifié, en même temps que Jean Lagneau (11) et quelques autres. J’y tenais la rubrique de politique étrangère, sous le pseudonyme de PARISET, qui n’était autre que le nom de jeune fille de ma grand-mère paternelle.
Sur quoi , le Parti m'avait proposé de m'engager dans les Brigades Internationales pour aller combattre Franco, Hitler et Mussolini. J'avais répondu, que si le Parti m'en donnait l'ordre, je le ferais ; mais il n'a pas insisté.
Entre temps, nous avions eu deux fils : Jean-Jacques en 1935 et Michel en 1938.
J’y suis resté, (à la Voix du Peuple), jusqu’en août 39, quand la mobilisation m’a rappelé sous les drapeaux. J'en étais plutôt satisfait, car cela me dispensait de défendre plus avant le pacte germano-soviétique, dont le représentant de l’Internationale Communiste, un hongrois Denis , que les militants bruxellois irrévérencieusement avaient surnommé « Lippe Kassuut » m’avait longuement exposé le bien-fondé, sans emporter mon intime conviction.
Renvoyé dans mes foyers, après la campagne des 18 jours et une quinzaine en captivité du côté d' OOST - EEKLO, j'étais sans travail.
Nous avons quitté l'appartement que nous louions à KOEKELBERG, pour emménager chez mes parents à SCHAERBEEK. Mes frères et soeur mariés, étaient tous trois partis au CONGO.
La commune de Schaerbeek constituait en toute hâte un service de ravitaillement, pour distribuer les timbres d'alimentation et de rationnement. En tant qu'ancien et brillant ancien élève de l'athénée communal,  j'y fus engagé en tant que commis.
1941
Le 21 juin 1941 , nous étions invités, les enfants, Mariette et moi chez une collègue à elle, dans le Brabant Wallon.
C’est là que nous avons appris par la radio, l’agression de Hitler contre l’Union Soviétique.
Rentrés dare-dare en ville , nous nous sommes informés: la Gestapo s’était effectivement présentée,  le matin même, à notre domicile pour m’arrêter.
Ne me trouvant pas au gîte, elle avait emmené mon père comme otage: enfermé à la prison de St Gilles, il serait libéré si je me rendais.
Hébergé pendant 3 jours chez mon vieux parrain, et bien qu’ Edgar Lallemand, ex directeur de «La Voix du Peuple», rencontré par hasard sur une plate forme de tram me l’ait vivement déconseillé, j’ai fini par me rendre.
En effet, la situation à la maison était difficile; ma mère s’était cassé les deux poignets dans une chute malencontreuse et avait les bras dans le plâtre. Mariette, tenue par ses cours et par le soin de nos garçons, ne pouvait suffisamment pourvoir aux besoins du ménage.
Enfermé à mon tour à St Gilles, d’où mon père fut effectivement libéré, je fus dés le lendemain transféré au camp de BREENDONK avec deux autres militants communistes (dont BORREMANS, qui fut par la suite Ministre des Travaux Publics dans le gouvernement Pierlot en 1944-45.) 



 GOUACHES  DE  WILCHAR(9)
détenu n°1939 à BREENDONK





GOUACHES  DE  WILCHAR
détenu n°1939 à BREENDONK


Par un caprice des nazis, je fus enfermé dans une chambrée où j'étais le seul « aryen », avec notamment Paul MC LEVY, puis transféré dans une autre chambre peuplée principalement de communistes, et subsidiairement de quelques trafiquants du marché noir.
Deux mois après, je ne pesais plus que 45 kg et avais eu quelques crises d’épilepsie.
 


Les SS chargeaient alors des détenus de me charger dans un wagonnet et de me ramener sur la place d’appel où l’on me déversait comme un ballot, la langue pendant entre les dents, les yeux révulsés et poussant des cris inarticulés.

Pendant ce temps, Mariette multipliait les démarches pour obtenir ma libération. (...) 
Parlant à l’époque parfaitement l’allemand, elle avait fait imprimer spécialement des cartes de visite avec son titre de «Doktor in Germanische Philologie», qui ne laissaient pas d’impressionner les petit-bourgeois SS de la Gestapo. 
La Croix Rouge par ailleurs était intervenue.
 GOUACHES  DE  WILCHAR
détenu n°1939 à BREENDONK
Ainsi, la Gestapo jugea-t-elle bon de lâcher un peu de lest et sept détenus dont j’étais furent transférés à l’hôpital militaire d’Anvers. Tous étaient des plus mal en point; et des sept deux moururent dans les 48 heures, d’épuisement , l'un la nuit même de son hospitalisation, l'autre, un fonctionnaire récalcitrant, un peu de ma taille, qui ne pesait plus que 37 kg.
Je fus effectivement libéré, fin octobre après être repassé par le camp de Breendonk.
 
Interrompons ici,cher lecteur la "lettre à Jean Camion" pour donner la parole à ma mère , MARIETTE HACCURIA  sur cette période critique de leur vie, qu'elle raconte à ses petits enfants:

« En 1941 , une épreuve bien plus grande nous attendait. Et Grand Père a bien failli y laisser sa peau.
Les hitlériens occupèrent la Belgique; et leur police faisait la chasse aux juifs, aux communistes, aux franc-maçons et aux gitans. Ils enfermèrent votre Grand Père dans le camp de BREENDONK, près de MALINES.
Les prisonniers devaient accomplir de lourds travaux et recevaient une nourriture très insuffisante; aussi se mirent ils à manger n'importe quoi: Grand Père se mit à manger des épluchures crues de pommes de terre, ce qui est très mauvais pour la santé. Un jour, en creusant le sol, il découvrit un nid de grosses fourmis et se mit à les manger en les écrasant entre ses doigts.
A ce régime là, il devint vite très malade, ne pesant plus que 45 kg ; et il fut envoyé dans un hôpital militaire allemand à ANVERS, qui était dirigé par des médecins militaires, et pas par des policiers nazis ; de sorte qu'il fut bien soigné
Nous avons eu plusieurs fois l'autorisation de lui rendre visite à l'hôpital; il y avait, bien sûr, toujours un soldat en armes qui le surveillait. La première fois, nous l'avons à peine reconnu, et il a fondu en larmes en disant : « ah, mes petits garçons... »
Nous lui apportions ce que nous avions de plus précieux comme friandises, et des fleurs ; d'abord des oeillets rouges, et quand on les a interdits comme « fleurs révolutionnaires », on lui apporta des lis du Japon, non interdits car le Japon était l'allié d'Hitler.
Ce fut sa chance, cet hôpital militaire. Pendant qu'il y était, tout le groupe arrêté en même temps que lui fut envoyé dans un camp de concentration allemand.
A la fin de la guerre, ils furent embarqués sur un bateau ATHENA en rade d' HAMBOURG.Ce navire fut bombardé par les Alliés et la plupart des prisonniers furent massacrés ; ceux qui voulaient s'échapper à la nage furent massacrés à coups de fusil. » (10)

« LETTRE A JEAN CAMION » (suite)
Profil  d' A.TONDEUR par Jean Lagneau -1943 (11)
Je fus effectivement libéré fin octobre après être repassé par le camp de Breendonk.
Je repris mon service de commis du ravitaillement .
Mais mon père, soucieux de me tirer de l’ornière où selon lui, je m’étais embourbé, me signala un concours de recrutement d’ingénieurs au Corps des Mines,dont la première épreuve avait lieu fin décembre. »
 
Il ne fut pas reçu à ce premier concours, ni pour l'exposé de culture générale, ni pour les épreuves techniques.Il réussit dans la foulée un concours de secrétaires d'administration auquel il fut reçu et affecté au Ministère des Affaires Economiques, service des brevets d'invention.
Enfin il se représenta à un nouveau concours au Corps des Mines, après avoir fait un stage d'un mois au charbonnage de Beringen ; il y fut reçu premier et affecté au 3ème arrondissement des Mines à Charleroi dés juillet 1943.

« En avril, un troisième fils, Maxime était né. Après quelques semaines     dans une pension de famille, je trouvai une villa à louer à Marcinelle, au bois d’  Hublinbu, où nous   emménageâmes tous les cinq.
   Mariette obtint d’une préfète compréhensive de réduire ses          prestations- et sa rémunération- à 2/3 d’horaire, tous ses cours étant regroupés sur 2 jours. Elle prenait deux fois par semaine le train de Charleroi Bruxelles et retour. Journées harassantes, mais le reste de la semaine, elle était libre! »


1944
 En 1944, à la Libération, j’abandonnai mon service une dizaine de jours pour me joindre à la rédaction du nouveau quotidien communiste, “Le Drapeau Rouge”. J’avais collaboré sous l’occupation à la rédaction, et dans une faible mesure, à la diffusion du clandestin “Radio Moscou”, ce qui me valut d’être reconnu « résistant de la presse clandestine ».


En 1948, un quatrième fils, François nous est né.
J’avais adhéré, dés sa reconstitution à la CGSP, affiliée à la FGTB, et j’avais repris contact avec le parti à Charleroi.
On m’ y proposa d’organiser une fédération des Amitiés Belgo Soviétiques, ce que j’acceptai bien volontiers, ayant fait partie avant guerre du comité national des « Amis de l'URSS » 
Cette activité publique n’était pas de nature à favoriser mon avancement.
En 1956, je demandai et obtins d'être muté à l'administration des mines à Bruxelles. (...)
1960
Pendant l’hiver 1960-61, je participai à la grève générale des services publics contre la loi unique du gouvernement Eyskens. Les fonctionnaires de mon rang étaient rares parmi les grévistes. J'y rencontrai néanmoins Georges LEBURTON, dont le frère devint un temps Premier Ministre.
La CGSP m’avait délivré une carte de « militant d’honneur »(...) 

 
Je fus nommé directeur du Fonds national de garantie pour les dégâts miniers de 1962 à 1969 , puis finalement sous le ministre Simonet, Inspecteur général des mines, titre que je suis toujours autorisé à porter à titre honoraire.
Entre temps, Mariette avait pris sa retraite anticipée en 1963.
Arrivé à l’âge de la retraite, en 1973, je vendis notre maison d’Auderghem et nous acquîmes le “chalet des Figuiers”, à Menton, où nous vivons toujours. J’y ai, nous y avons passé, finalement plus du quart de notre longue existence. »


QUELQUES SOUVENIRS PERSONNELS  ( MAXIME TONDEUR)

Je suis entré à l'école communale de COUILLET en 1948 ; l'école du quartier de « la queue ».
Ca ne s'invente pas, c'était l'école de COUILLET QUEUE .
C'était un quartier populaire, et je me souviens, en 48 ou 49 des gamins  italiens , mes condisciples, pleurant face aux enfants belges qui criaient rassemblés sur leur passage : « Burro, burro » (âne en espagnol ; pourquoi insulter des italiens en espagnol, mystère!)
A l'époque, avant le Pacte Scolaire , il n'y avait pas de cours de morale, et les enfants "sans Dieu" devaient fermer leur cartable et quitter la classe, quand le curé entrait. Nous étions 3 ou 4 dans ce cas.
Mon père, pour obtenir cette dispense du cours de religion, devait remplir un formulaire, ce qui le contrariait beaucoup.
On le comprend, c'était l'école communale quand même, l'enseignement officiel !!
Il ne manquait pas d'ajouter de sa main , « en espérant que c'est la dernière fois »
Signe de l'époque, en 3ème ou 4ème, à la fête de l'école nous chantions :  « Ohé, les Bamboulas, ohé les Bamboulas , les négros du Congo.... » en dansant autour des cases  de la tribu.
J'ai eu la chance de ne pas avoir eu à chanter ça : mon instituteur Mr NEUFORT m'avait dit : « TONDEUR, vous chantez faux comme un tonneau ; faîtes seulement bouger vos lèvres », en me plaçant quand même au premier rang, fils d'ingénieur oblige...
Mon instituteur de 5ème et 6ème s'appelait Mr RANDOUX et était un curieux mélange d' excellent pédagogue de progrès, s'inspirant des méthodes FRENET, et de fervent admirateur de de l'Armée...
Nous faisions de l' imprimerie, des élocutions, (qu'on faisait graver sur disque!!) , des excursions au milieu de champs de jonquilles et de « muguet bleu », nous étudiions à partir de l'histoire locale ; c''est ainsi que je crois me rappeler que, sous la Révolution française, COUILLET s'appelait VIOLETTE / SAMBRE .
C'est quand même plus romantique d'être l'école de la QUEUE de VIOLETTE, que de COUILLET QUEUE.
En classe, avant les élections, on simulait des bureaux de vote, et moi, je voulais être le témoin du parti communiste.
Et, en voyage scolaire, on visitait des cimetières militaires

Mon père était secrétaire des Amitiés Belgo - Soviétiques pour la région de Charleroi. 
Nous recevions à la maison FERNAND JACQUEMOTTE,  le président national.qu'on appelait Fernand Jack, (qui était le neveu du fondateur du PC JOSEPH JACQUEMOTTE), .On l'appelait FERNAND JACK.(12)
Personnage hors du commun, il avait été chansonnier à"LA MUSE ROUGE" en France. 
Déporté en Allemagne  en 1941, avec JULIEN LAHAUT.  Il fut élu député de THUIN en 1946 et 1949
Et aussi MAURICE SINGER, secrétaire national des ABS devant lequel je m'amusais à faire le pitre, en disant « je fais des singeries »
Les ABS organisaient à CHARLEROI, des concerts ( DAVID OISTRAKH) ou des spectacles de ballet, comme BERESZKA ( les bouleaux).
Parfois, des artistes passaient la soirée à la maison.
Je l'accompagnais parfois aussi à des projections de films soviétiques dans la région .
Je me souviens qu'à GOUTROUX, il avait projeté un film sur STALINGRAD, dans lequel le héros, un soldat soviétique , capturé par les SS, mais déjà au courant de la victoire , qui sera le tournant de la 2ème guerre mondiale, lui criait , avant de mourir : « STALINGRAD, POLIMAIECH, STALINGRAD POLIMAIECH » (« STALINGRAD, tu as compris  ? »)
Au retour, nous nous sommes perdus dans la campagne, bloqué à un passage à niveau fermé toute la nuit...
Mon père sortait le soir, pour renouveler les cotisations des membres ABS. Il n'était pas facile à l'époque d'être ami de l'Union Soviétique, en pleine guerre froide et hystérie anti communiste .
Aussi , pour renforcer les effectifs, nous avait il fait membre , nous ses fils ...
En plus, il avait décidé de nous donner des leçons de russe, à mon frère cadet et moi, avec le manuel de NINA POTAPOVA.

J'ai un souvenir précis d' un jour de mars 1953 .
Avec l'école , nous avions assisté à l'enterrement d'un soldat de la commune, mort dans un accident en Allemagne ( L'Armée Belge avait depuis 1945 des garnisons en Allemagne.) A noter qu'en bon élève sans Dieu, je n'étais pas entré à l' Eglise.
En rentrant à midi à la maison, je trouve mon père avec une cravate noire, qui me déclare avec gravité : « JOSEPH VISSARIANOVICH est mort ! » . Nous étions le 5 mars 1953, jour de la mort de STALINE.

En 1955, je l'ai accompagné avec ma mère à MELSBROEK, qui était l'aéroport national.
Il partait pour accompagner une délégation de parlementaires belges en UNION SOVIETIQUE, parmi lesquels DUVIEUSART, ancien Premier Ministre PSC , STIEVENART député PSB  etc.
Au départ, ma mère ne put s'empêcher d'essuyer quelques larmes...
Il nous ramena de là bas des disques 78 tours du concerto de KATCHATURIAN et pour lui « Dans les steppes de l'Asie Centrale » de BORODINE , son morceau préféré.
Mon père essaya, de nous inscrire, mon frère cadet  et moi, aux pionniers, mais ma mère n'était pas chaude, et en ce qui me concerne, j 'étais assez casanier.

Est arrivée l' année 1956, année de grands bouleversements.
1956, c'est l'année du XXème Congrès du PCUS ,et du rapport secret de KHROUCHTCHEV sur STALINE , qui allait durablement ébranler le mouvement communiste et beaucoup de  communistes.
C'est aussi l'année de la catastrophe du BOIS DU CAZIER à  MARCINELLE et mon père faisait partie des sauveteurs.
Il nous laissera partir ,au mois d'août en vacances, pour nous rejoindre plus tard.
Il n'en a rien dit, dont je me souvienne, mais on peut supposer que sa course pour sauver des vies , ses descente répétées dans l'enfer, l'ampleur du drame -262 morts- et aussi  la colère des familles contre la direction de l'Administration des MINES elle même, n'ont pas été faciles à vivre pour lui, engagé aux côtés des travailleurs.
Et puis , c'est l'année où toute la famille, nous avons déménagé à BRUXELLES : mes 2 frères aînés y étudiaient, ma mère y enseignait, mon père y demanda sa mutation.
Mais, du coup, il cessait de « descendre à fosse »,comme il disait, avec les yeux cernés du noir de la mine; et de fonctionnaire de terrain, il devenait un fonctionnaire de bureau.
Quant à mon  frère et moi, nous n'avions qu'à changer d'école, quitter nos amis, et débarquer , en ce qui me concerne, en courtes culottes en 4ème latin math à l'Athénée d'Uccle.
Ce fut aussi l'année de SUEZ : NASSER avait nationalisé le canal et les anglo- français ,appuyés par ISRAEL, envoyèrent un corps expéditionnaire à PORT SAID.
1956, c'est aussi BUDAPEST, où les chars russes intervinrent pour mater une insurrection armée anticommuniste .
A l'Athénée, j'avais un professeur de français très à droite, et il organisait des collectes de vêtements pour les réfugiés hongroi  ; mon père, fidèle à son habitude, avait écrit dans mon journal de classe « d'accord, si il y réciprocité pour les victimes des bombardements anglo -français à PORT SAID »

Nous fûmes tous impressionnés par le premier SPOUTNIK, satellite artificiel lancé en 1957, dont une copie fut exposée, l'année suivante à l'EXPO 58.
A l'expo 58, mon père nous emmena aussi au pavillon hongrois pour y demander une analyse par un géologue d'un morceau de roche, je crois.
A l'époque, « le camp socialiste » lui apparaissait, comme l'avant garde dans les sciences, la technique, l'éducation, la santé, la culture.
Il n'empêche, cette période- là , post 1956 ,fut moralement difficile à vivre pour lui. 
 Cela ne l'a pas empêché de me soutenir face à la Direction des Etudes quand, en rhéto, nous avions hérité d'heures de colle pour avoir chahuté l'envoyé de l'Ecole Militaire venu faire la promotion de la carrière des armes. Comment osaient-ils ?

En décembre 1960 , j'étais jeune étudiant en 1ère candi d'ingénieur.
Un matin de fin décembre- c'était la grande grève- je pris le tram 35 qui desservait AUDERGHEM où nous habitions, pour me rendre à LA MAISON DU PEUPLE d'où partait une grande manifestation.
C'était ma première manif, j'avais 17 ans.
J'y retrouvai , par hasard, mon père, venu de son côté, et qui était en grève avec la CGSP Ministères.
Mon père et ma mère (en tant qu'enseignante, syndiquée à la CGSP) firent tous les deux la grande grève pendant plusieurs semaines.
En 1961 , février ou mars , je rejoignis les EC ( Etudiants Communistes à l'ULB), un des dirigeants, directeur de « EN AVANT » était JOSE GOTOVITCH , puis en 1962,  parrainé par 2 membres,  j'adhérais au Parti Communiste.
Il y avait aussi MICHEL GRAINDORGE, JEAN PUISSANT, JACQUES NAGELS et tant d'autres. JM CHAUVIER dirigeait les JC à la rue St CHRISTOPHE..

Là encore,avec mon père, nous nous rencontrions aux meetings, sans concertation, notamment à LA MADELEINE après les élections de 1961, qui avaient vu un progrès du PC.
Je défilais sur l'estrade , avec les jeunes, pour saluer les dirigeants bruxellois, REMY GILLIS, JEAN BLUME, JACQUUES GRIPPA  etc., en chantant le chant de la FMJD : « Une seule espérance nous rassemble et nous dicte sa loi... Nous voulons bannir la peur, la guerre pour toujours...»
Mon père me confia : « Il y a un élan , un peu comme en 46 »
Mais, en 1963, exclusions et scission au sein du Parti Communiste : une grande partie de la Fédération Bruxelloise, des étudiants, et aussi des petits groupes à LIEGE, MONS, LA LOUVIERE, CHARLEROI (avec HENRI GLINEUR, ancien sénateur et ancien mayeur de ROUX) se rangent derrière les 4 exclus du XIIIème congrès (GRIPPA, RAINDORF, DELOGNE et MASSOZ)
L'enjeu était « de taille » : le « marxisme léninisme » derrière le Parti Communiste Chinois ou le « révisionnisme kroutchévien ». Cela allait devenir pour la presse le "PC tendance Moscou", ou "tendance Pékin" !!!
Mon père et moi, nous trouvions de part et d'autre de la barrière , parfois dans des rencontres tendues, comme cette réunion de cadres à la rue St CHISTOPHE, où nous étions allés, nous les « grippistes» huer et crier des slogans contre « les révisionnistes »
La consigne d'alors, des plus stupides, était , de part et d'autre, de « ne plus se parler, ni se serrer la main », tous « ennemis du Parti » que nous étions !
Ce soir là, je ne suis pas rentré à la maison, j'ai découché, ce qui a provoqué la colère paternelle.
Heureusement, à la maison, mes parents étaient des gens raisonnables et sensés.
Et ils s'inquiétaient plus pour mes déboires dans mes études,  que pour mes « déviations » idéologiques.
Nous nous retrouvions encore, dans les grandes manifestations contre la guerre au VIETNAM – il était membre assidu de l'UBDP   (Union Belge pour la Défense de la Paix)
C'est l'invasion de la TCHECOSLOVAQUIE par les troupes du PACTE DE VARSOVIE en 1968, qui a tiré un trait pour lui sur 40 ans de fidélité au Parti Communiste, et de fait aussi à l' UNION  SOVIETIQUE.
Il a quitté le Parti, s'est engagé, quelque temps , avec JM  CHAUVIER, dans le soutien aux « dissidents » tchèques, et en voyage professionnel à PRAGUE, il a déposé une gerbe et s'est recueilli sur la tombe de JAN PALACH, étudiant en Histoire, qui s'était immolé par le feu le 16 janvier 1969, pour protester contre l'invasion de son pays.
 Plus tard, il suivra avec intérêt, mais d'assez loin - ils avaient déménagé dans le Midi de  la France-  la PERESTROIKA et la GLASNOST de GORBATCHEV.
Plus tard encore, il n'aura que quolibets et sarcasmes pour le grand dirigeant de la "nouvelle" RUSSIE des oligarques et des popes,  ELTSINE.
Voilà quelques souvenirs très partiels sur l'engagement  d'ARTHUR TONDEUR.
Mon père était un homme discret, qui ne se confiait pas beaucoup et partageait peu, en famille en tout cas, ses convictions et ses engagements.
Ma mère quant à elle, voulait éviter, je pense, que ses fils se fourvoient dans une voie aussi, pour elle,  improbable .
N'oublions pas qu'elle a failli, en 1941 perdre pour toujours son ARTHUR, père alors de ses 2 enfants, qu'elle est parvenue à arracher des mains des tortionnaires SS de BREENDONK.
Ce n'est qu'avec la lettre à son ami, CAMION, que j'ai découvert de nombreux épisodes de leur vie politique.
Et ce n'est par exemple qu'il y a 3- 4 ans, que j'ai appris que mes parents avaient accueilli à la maison , en 1937 - 38  un petit JOSE, enfant de républicains espagnols, qui dormait dans le divan, et qui prenait les jouets de mon frère aîné.
En plus, ils n'ont gardé pour ainsi dire aucun vieux papier, aucune archive, brûlés, j'imagine, lors de l'Occupation et, par la suite, éliminés lors des déménagements.

Voilà le portrait d'un modeste acteur de l'âge des extrêmes, ARTHUR TONDEUR.
Ce n'était pas un héros .
Il a toujours eu un tellement grand respect de la famille et tant d'affection pour les siens, pour ses parents, idéologiquement si loin,  mais si proches dans son coeur, pour ses frères et soeur, tous trois partis à la colonie,  pour sa propre famille, sa femme MARIETTE et nous ses enfants, qu'il n'aurait jamais accepté de sacrifier quiconque à ses engagements politiques, les plus nobles soient ils.
Ce n'était pas un héros, mais c'était un homme profondément bon et sincère, un homme engagé, intelligent et passionné, marxiste, communiste, comme il y en a eu des millions au XXème siècle.
C'était tout simplement mon père et donc un peu « mon » héros.
                                                                                                                               MAXIME TONDEUR

NOTES
(1) Mémoires de Felix Georges TONDEUR:10 années au CONGO   Microsoft Word - FTondeur - 1900Tondeur.pdf
(2)ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(3) idem
(4) idem
(5) L'étudiant matérialiste  n°3 1930
(6) ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(7) JEAN CAMION, ami d'ARTHUR TONDEUR rencontré à l'ULB http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/c/camion-jean.html
(8) JOSE GOTOVITCH: Du Rouge au Tricolore - éditions LABOR 1992 p 564
(9)  LES ARTISTES DE BREENDONK - WILCHAR  http://www.breendonk.be/fr/index.asp?ID=Artists
(10) ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette

(11)Maurice Orcher Resistant et Martyr (1919 - 1944): Jean Lagneau (1914 -1944) 


2 commentaires:

  1. Merci pour ce bel article qui m'a beaucoup appris et ému ! Jean-Denis Tondeur

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  2. Leiden, 12 februari 2017

    Votre website est très intéressant sur l'histoire sociale de Belgique. Surtout que votre mère impressioné les Allemand avec son titre Doktor in Germanische Philologie Votre mère a écrit une dissertation intitulé M. Haccuria-Tondeur, « De moderne bewerkingen in verzen van Reinaert de vos ». Cette dissertation n’est pas disponible dans une bibliotheque universitaire en Belgique , de Pays-Bas ou ailleurs dans le monde….La dissertation est une fois cité dans le livre très connu de J.W. Muller, Van den vos Reinaerde (Leiden, 19942), p. 87. Sur Google books.
    L’étude est peut-être intéressant pour les étudiants universitaire de la littérature Renardienne et les membres de Reynaertgenootschap en Sint-Niklaas, parce-que le thème adaptations de Roman de Renart c’est aujourd’hui en vogue. En avril il y a une colloque « Metamorfosen van een literaire vos » organisé par l’université Anvers en le Reynaertgenootschap.

    Avec mes remerciements,


    Jan de Putter

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