ARTHUR TONDEUR ( 1908 - 1999) TEMOIN
DE « L'AGE DES EXTREMES »
L'historien britannique
marxiste, ERIC HOBSBAWN, a intitulé son ouvrage sur le siècle passé
, « L'AGE DES EXTREMES »
Mon père ARTHUR TONDEUR
né en 1908 et décédé en 1999, me semble être un témoin, pour
moi en tout cas, privilégié, de ce siècle.
Homme engagé, il l'est
resté , certes à des niveaux inégaux, toute sa vie; avec ses
montagnes et ses vallées, et on sait combien, au XXème siècle, les
montagnes furent abruptes et ensoleillées, et les vallées,
profondes et sombres.
Deux guerres mondiales en
l'espace de 30 ans, d'une sauvagerie encore inconnue , avec en
particulier l 'émergence puis la destruction de la
monstruosité fasciste.
L'apogée puis la
décadence du colonialisme.
Un développement sans
égal à la fois de richesses, et d' inégalités.
De grands mouvements
populaires: 1902,1913,1932,1936, la résistance, imposent de
grandes réformes sociales et politiques : le suffrage universel, la
journée des 8 heures, les congés payés, la sécurité sociale, le
développement des services publics.
Puis, et dés les années
1980, le lent et persistant grignotage de ces
conquêtes. Le capitalisme et l'économie
de marché entreprennent de reconquérir la planète.
L'espoir du communisme,
le bien commun pour tous, la naissance du, (ensuite des) « pays
des ouvriers et des paysans », puis le recul et leur
implosion .
C'est l'âge des
extrêmes.
La naissance de mon père
à BOMA, à l'époque, capitale de « l' Etat Indépendant du
Congo » est à elle seule un témoignage, même bien sûr, si
lui même n'en avait gardé aucun souvenir.
Elle témoigne de cette
époque, commencée en 1492, des grandes conquêtes coloniales, qui
se poursuivirent au XIXème et début du XXème par le partage de la
planète entre les grandes (et petites) puissances impérialistes. En
particulier, par la conquête du Congo par LEOPOLD II, qui en fit sa
propriété personnelle.
Son père FELIX GEORGES
était fonctionnaire des postes de l' « EIC » à
BOMA de 1900 à 1910.
Je reviendrai dans un
post ultérieur sur cette page de
l'histoire de la famille TONDEUR.
1909 : BOMA - ARTHUR et ses parents |
« Entre-temps,
nous avions donné à Arthur un petit frère, né le 29 janvier 1909
et baptisé le 14 février. On l'appela ''Georges'' comme son père.
Le bébé avait donc 6 mois au passage du Prince Albert et son frère
Arthur 16 mois ½. Celui-ci trottinait à côté de la voiture
d'enfant lors de notre traditionnelle promenade du soir. Au cours de
celle-ci, nous rencontrâmes un jour le Prince qui s'approcha de
nous, demanda des nouvelles des enfants, remarqua que le bébé
portait des traces de piqûres et voulut donner la main à Arthur.
Mais celui-ci se recula en donnant une tape sur la main royale...»(1)
La petite famille revient au pays en 1910, et bientôt
éclate la 1ère guerre mondiale .
«
En 1914 , a éclaté la guerre , la 1ère guerre mondiale .
Mon
père s'est engagé dans la GARDE CIVIQUE , qui élevait des
barricades sur les routes et montait la garde près des ponts.
Mais ma mère s'est opposée à ce qu'il se porte volontaire dans l'Armée Belge.
Les Allemands en casque à pointe ont rapidement envahi la Belgique.(2)
Mais ma mère s'est opposée à ce qu'il se porte volontaire dans l'Armée Belge.
Les Allemands en casque à pointe ont rapidement envahi la Belgique.(2)
En 1915, le ministère des Colonies, pour qui
travaillait mon grand père, n'ayant plus de raison d'être dans la
Belgique occupée, nomme Félix Georges dans le tranquille canton de
WELLIN, à DAVERDISSE précisément, comme inspecteur du
ravitaillement.
Ce village restera toujours pour mon père le village de
son enfance.
Il y passa 3 ans et y fréquenta, avec son frère,
l'école primaire qui comptait une seule classe pour tous les garçons
du village, classe donnée par une nonnette , Soeur Monique;
l'instituteur étant parti à la guerre.
Son initiation au
rationalisme et puis au matérialisme, lui est venue de
l'enseignement d'un professeur de sciences naturelles .
Notre
professeur de latin, de français et de sciences naturelles était
Aimé VLEMINCK, un jeune barbu que nous aimions beaucoup, car il nous
emmenait en excursions ; nous l'appelions « Papa
VLEMINCK ».
Plus
tard, il n'a plus enseigné que les sciences naturelles , dont la
botanique....
Je
me suis passionné pour la botanique.
Notre
mère était catholique, mais elle ne pratiquait plus, c'est à dire
qu'elle n'allait plus à l'église ; notre père considérait à
juste titre toutes les légendes et croyances religieuses comme des
fariboles.
Mais
il avait accepté que nous autres les enfants soyons instruits des
choses de la religion.
Ainsi,
nous allions à la messe, suivions le catéchisme, allions à
confesse et faisions notre communion...
Mais
lorsque nous avons suivi les cours de Papa VLEMINCK, nous nous sommes
vite rendus compte, mon frère et moi, que science et religion ne
faisaient pas bon ménage.
Et
nous en sommes vite venus à penser que l'Histoire Sainte et les
enseignements de Notre Mère la Sainte Eglise n'étaient que des
fables.
Aussi,
pour ma part, peu de temps après avoir reçu de l'évêque en
personne le sacrement de la confirmation, j'ai confessé au vicaire
de ma paroisse, Ste Alice, que j'avais des doutes sur la foi, ce
qui, disait le catéchisme, était un grand pêché.
Mais,
le vicaire, un gros rougeaud, a considéré que je n'étais qu'un
gamin stupide qui croyait se rendre intéressant, et qui d'ailleurs
était bien trop jeune et ne comprenait rien à rien.
Il
m' a donné comme pénitence à réciter 3 PATER et 3 AVE, comme si
je lui avais dit avoir été trop gourmand en mangeant trop de
chocolat.
Je
me suis dit que si c'était là toute l'importance que le curé
accordait aux doutes sur la foi, j'aurais bien tort de me gêner, et
depuis lors, j'ai cessé d'aller à l'église, bientôt, imité par
mon frère Georges.(3)
NOTES DANS LA FLORE: fleurs trouvées à COGNE 1957 |
il passait des heures avec sa loupe à observer les fleurs cueillies dans ses promenades, et sa vieille flore est un véritable objet de collection, remplie de multiples notes de toutes ses découvertes.
Mais l'époque voulait
que l'on ne choisisse pas ses études en fonction de ses passions,
mais bien en fonction de la volonté du père ; un peu comme
certaines traditions imposent le choix de l'épouse...
« J'étais
fort en maths et en bien d'autres choses, sauf en Musique et en
Dessin.
Mon
père voulait faire de moi un officier, comme son frère aîné, mon
oncle ARTHUR, tué au Congo, par les Noirs lors de l'occupation de
ce pays par les Belges.
A
la rigueur, il voulait bien que je sois ingénieur.
Malgré
mon vif penchant pour les sciences naturelles, je n'ai pu que
m'incliner devant sa décision et m'inscrire à la section Latines
Mathématiques,d'où, de deux maux, il faut choisir le moindre, je
présenterais l'examen d'entrée à l' Ecole Polytechnique de
l'Université de Bruxelles, plutôt qu'à l' Ecole Militaire.
Je
suis sorti premier de cette section en 1926 et suis entré sans
problèmes en Polytech (4)
En octobre 1926 ,il
débute donc ses études d'ingénieur civil
des Mines à l'ULB.
Très vite, en 1927
semble t' il , il rejoint le GROUPE D'ETUDES SOCIALISTES , qui publie
« L'UNIVERSITAIRE » dans lequel il écrira de
nombreux articles, à côté de ceux de PIERRE VERMEYLEN, HENRI
FAYAT, JEAN BRACHET.
Le premier, communiste, dirigeant du Secours ROUGE, deviendra ensuite ministre PSB; le deuxième aussi; le troisième sera le grand embryologiste, frère de PIERRE BRACHET, volontaire des Brigades Internationales, mort en Espagne.
Le GES organise aussi un
cycle de conférences (par exemple F BRUNFAUT, député du POB) et
des visites comme la coopérative de Micheroux, ou une mine au
Borinage.
La coopérative de
MICHEROUX, partie du mouvement coopératif socialiste liégeois,
produisait des sirops, confitures etc.
La mouvance socialiste
semble être largement influencée par les marxistes communisants du
GES, tandis qu'existe parallèlement l' AGES (Association Générale
des Etudiants Socialistes), affiliée au POB. Il y a débat bien sûr
et l' AGES veut se protéger contre le « noyautage
communiste ».
L'adresse de la rédaction
47 rue des AZALEES est l'adresse de ARTHUR TONDEUR.
En 1930, parait «L'ETUDIANT MATERIALISTE » , organe des Matérialistes
Marxistes de l'Université de Bruxelles.
La rupture semble
consommée entre « L' UNIVERSITAIRE» de FAYAT fidèle au
POB, qui accuse ses adversaires politiques : « matérialistes
marxistes, avouez donc d'être communistes »
« Si par
communistes, vous entendez matérialistes marxistes, nous le sommes
évidemment »(5)
La rédaction est
« ARTHUR TONDEUR, Poste Restante , Schaerbeek 4 »
Le journal rend compte de
conférences et débats, défend les réalisations en Union
Soviétique.
Il lutte aussi « contre
les examens en bloc »
Il prendra
évidemment la défense de LEO MOULIN, jeune professeur à l'athénée
d'Uccle, et doctorant à l' ULB, après son arrestation en Italie par
la police de MUSSOLINI.
Peu de choses existent
sur l'histoire de ces groupes marxistes à l' ULB, mais il est vrai
que je ne suis pas historien, et que l'histoire passe par une
recherche approfondie des sources, ailleurs que sur INTERNET...
J'essaierai donc de
revenir sur ce point dans un futur post.
E 1927, il fait la
rencontre de MARIETTE HACCURIA , à un thé dansant des étudiantes.
Elle est étudiante en
Philologie Germanique et sera aussi présidente de l'Association
Générale des Etudiantes .
Elle écrit peu ou prou
dans « L'Universitaire ».
Née le 3 août 1909,
elle vient d'une famille d' instituteurs libre penseurs. :
«
Mon Grand Père (Léonard HACCURIA) était instituteur à VORST en CAMPINE. C'était
l'époque où tous les enfants du village, entre 6 et 12 ans étaient
dans la même classe. L'instituteur, qui avait suivi les cours de
l'Ecole Normale, jouait un rôle important dans le village, puisqu'il
avait de l'instruction. Il épousa une fille de paysans, qui
possédait des terres, c'était faire un beau mariage....
Mon
Grand Père était libre penseur; et, quand en 1883, le
Ministère de l'Instruction Publique, qui avait toujours été aux
mains des libéraux, fut conquis par les catholiques, on obligea les
instituteurs de l'école publique à fréquenter les églises avec
leurs élèves.
Mon
Grand Père refusa. Les curés dans leur prêche disaient « Des
instituteurs sans Dieu, délivrez nous Seigneur »Mon Grand Père
fut révoqué, et il ouvrit une petite école avec 6 ou 7 élèves.
Mais
le curé refusait l'absolution, aux parents de ces élèves, quand
ils confessaient leur pêché ; et les parents souvent se
dégonflaient.
Bien
sûr, mon Grand Père n'était pas le seul à avoir subi ces
persécutions. Elles furent à l'origine du climat anti religieux que
j'ai connu chez mes parents durant toute ma jeunesse . »(6)
En 1933, ARTHUR et
MARIETTE se marieront : ce seront nos parents à mes 3 frères
et moi.
« Bien cher, tendre et vieil ami,
...L'évocation
de nos premières rencontres notamment à BOUILLON, au domicile de
tes parents, réveillent la nostalgie de nos vertes années.
Tu
nous supplies de de raconter notre vie, que tu connais peu...
Je
suis né le 15 mars 1908 à BOMA (ZAIRE)
1932
Proclamé
ingénieur civil des mines en juillet 1931, j’ai été appelé
« sous les drapeaux » en août, au SRA ,caserné à
Brasschaat et incorporé au peloton de candidats sous–lieutenants de
réserve, essentiellement constitué d’universitaires francophones
alors que les conscrits du rang étaient déjà exclusivement
flamands.
Cette
circonstance m’a valu ultérieurement en juin 40 d’être renvoyé
dans mes foyers, alors que les unités wallonnes ou francophones
étaient emmenées en captivité dans les stalags et oflags
allemands.
Au
cours de l’été 1932, le parlement a voté d'importants crédits
pour la remise de pièces d'artillerie loure sur voie ferrée (420,
je crois)entreposées à BRASSCHAAT.
A
cette occasion, j’avais écrit à Paul LIBOIS, assistant de Mineur
à l’ULB, faisant un parallèle entre les dépenses (militaires)
somptuaires et la médiocrité de l’ordinaire de la troupe.
C’était
l’époque des grands mouvements de grève et des vastes
manifestations entraînées par la misère résultant de la grande
crise économique de 1929.
La
police judiciaire était sur les dents. LIBOIS, prévoyant sa visite
à son domicile avait quitté les lieux, laissant à son intention un
petit mot sarcastique: « si vous voulez trouver quelque chose,
cherchez dans la poubelle! »
Les
braves flics l’ont pris au mot et ont fouillé soigneusement les
ordures. Or Libois y avait jeté ma missive, de peu d’intérêt. Ne
trouvant rien d’autre à se mettre sous la dent, les flics en ont
fait tout un plat.
Et
quand la batterie SRA est rentrée du champ de manoeuvres d'
Elsenborn, j’ai été privé de mon grade de maréchal des logis, et replacé soldat. On a installé mon lit dans un magasin de
matériel et d’accessoires où j’ai terminé mon temps de service
complètement isolé du reste de la troupe.
Restait
à trouver du travail. Pas facile à cette époque, surtout pour un
“matérialiste marxiste”. Mais, comme il est dit dans l'ouvrage
de GOTOVITCH,(8) mon père était un fonctionnaire du ministère des
colonies, attaché à la direction des postes et communications. A
ce titre, il avait été désigné comme représentant de l'Etat au
conseil d'administration des Chemins de fer vicinaux du Congo.
Usant
(ou abusant) de son influence, il avait obtenu que cette société
m’engage à son service, en qualité de dessinateur industriel. Elle
était prête à m'envoyer comme ingénieur en Afrique, mais Mariette
ne l'entendra pas de cette oreille.
Proclamée
entre temps docteur en Philologie Germanique, elle s'était vue
proposer une charge de professeur au Lycée Emile Jacqmain de la
Ville de Bruxelles, et entendait bien exercer son métier.
En
conséquence, j'ai été engagé en qualité de dessinateur
industriel dans les bureaux bruxellois de VICICONGO.
1936
J‘avais
entre temps adhéré au Parti Communiste, et lorsqu’en 1936, dans
la foulée du Front Populaire en France et du Frente Popular en
Espagne, les employés de banque et des compagnies d’assurances se
sont mis en grève, j’ai cherché à entraîner les employés et
employées du groupe de la Banque Nagelmaekers dont dépendait
Vicicongo; je me suis fait mettre à pied avec le préavis légal.
Aux
élections législatives de 1936, le PC avait obtenu neuf députés
et son fondateur, Joseph Jacquemotte a jugé le moment venu de lancer
un quotidien pour poursuivre et amplifier l’œuvre du «Drapeau
Rouge» hebdomadaire, auquel je collaborais bénévolement.
Le
parti m’a proposé d’y entrer comme rédacteur appointé au
salaire d’un ouvrier qualifié, en même temps que Jean Lagneau (11) et
quelques autres. J’y tenais la rubrique de politique étrangère,
sous le pseudonyme de PARISET, qui n’était autre que le nom de
jeune fille de ma grand-mère paternelle.
Sur
quoi , le Parti m'avait proposé de m'engager dans les Brigades
Internationales pour aller combattre Franco, Hitler et Mussolini.
J'avais répondu, que si le Parti m'en donnait l'ordre, je le
ferais ; mais il n'a pas insisté.
Entre
temps, nous avions eu deux fils : Jean-Jacques en 1935 et
Michel en 1938.
J’y
suis resté, (à la Voix du Peuple), jusqu’en août 39, quand la
mobilisation m’a rappelé sous les drapeaux. J'en étais plutôt
satisfait, car cela me dispensait de défendre plus avant le pacte
germano-soviétique, dont le représentant de l’Internationale
Communiste, un hongrois Denis , que les militants bruxellois
irrévérencieusement avaient surnommé « Lippe Kassuut »
m’avait longuement exposé le bien-fondé, sans emporter mon intime
conviction.
Renvoyé
dans mes foyers, après la campagne des 18 jours et une quinzaine en
captivité du côté d' OOST - EEKLO, j'étais sans travail.
Nous
avons quitté l'appartement que nous louions à KOEKELBERG, pour
emménager chez mes parents à SCHAERBEEK. Mes frères et soeur
mariés, étaient tous trois partis au CONGO.
La
commune de Schaerbeek constituait en toute hâte un service de
ravitaillement, pour distribuer les timbres d'alimentation et de
rationnement. En tant qu'ancien et brillant ancien élève de
l'athénée communal, j'y fus engagé en tant que commis.
1941
Le
21 juin 1941 , nous étions invités, les enfants, Mariette et
moi chez une collègue à elle, dans le Brabant Wallon.
C’est
là que nous avons appris par la radio, l’agression de Hitler
contre l’Union Soviétique.
Rentrés
dare-dare en ville , nous nous sommes informés: la Gestapo s’était
effectivement présentée, le matin même, à notre domicile pour
m’arrêter.
Ne
me trouvant pas au gîte, elle avait emmené mon père comme otage:
enfermé à la prison de St Gilles, il serait libéré si je me
rendais.
Hébergé
pendant 3 jours chez mon vieux parrain, et bien qu’ Edgar
Lallemand, ex directeur de «La Voix du Peuple», rencontré par
hasard sur une plate forme de tram me l’ait vivement déconseillé,
j’ai fini par me rendre.
En
effet, la situation à la maison était difficile; ma mère s’était
cassé les deux poignets dans une chute malencontreuse et avait les
bras dans le plâtre. Mariette, tenue par ses cours et par le soin de
nos garçons, ne pouvait suffisamment pourvoir aux besoins du ménage.
Enfermé
à mon tour à St Gilles, d’où mon père fut effectivement libéré,
je fus dés le lendemain transféré au camp de BREENDONK avec deux
autres militants communistes (dont BORREMANS, qui fut par la suite
Ministre des Travaux Publics dans le gouvernement Pierlot en
1944-45.)
GOUACHES DE WILCHAR(9)
détenu n°1939 à BREENDONK
GOUACHES DE WILCHAR
détenu n°1939 à BREENDONK
GOUACHES DE WILCHAR(9)
détenu n°1939 à BREENDONK
GOUACHES DE WILCHAR
détenu n°1939 à BREENDONK
Par
un caprice des nazis, je fus enfermé dans une chambrée où j'étais
le seul « aryen », avec notamment Paul MC LEVY, puis
transféré dans une autre chambre peuplée principalement de
communistes, et subsidiairement de quelques trafiquants du marché
noir.
Deux
mois après, je ne pesais plus que 45 kg et avais eu quelques crises
d’épilepsie.
Les SS chargeaient alors des détenus de me charger dans un wagonnet et de me ramener sur la place d’appel où l’on me déversait comme un ballot, la langue pendant entre les dents, les yeux révulsés et poussant des cris inarticulés.
Pendant
ce temps, Mariette multipliait les démarches pour obtenir ma
libération. (...)
Parlant à l’époque parfaitement l’allemand, elle avait fait imprimer spécialement des cartes de visite avec son titre de «Doktor in Germanische Philologie», qui ne laissaient pas d’impressionner les petit-bourgeois SS de la Gestapo.
Parlant à l’époque parfaitement l’allemand, elle avait fait imprimer spécialement des cartes de visite avec son titre de «Doktor in Germanische Philologie», qui ne laissaient pas d’impressionner les petit-bourgeois SS de la Gestapo.
La Croix Rouge par ailleurs était
intervenue.
GOUACHES DE WILCHAR détenu n°1939 à BREENDONK |
Je
fus effectivement libéré, fin octobre après être repassé par le
camp de Breendonk.
Interrompons ici,cher lecteur la "lettre à Jean Camion" pour donner la parole à ma mère , MARIETTE HACCURIA sur cette période critique de leur vie, qu'elle raconte à ses petits enfants:
« En
1941 , une épreuve bien plus grande nous attendait. Et Grand Père a
bien failli y laisser sa peau.
Les
hitlériens occupèrent la Belgique; et leur police faisait
la chasse aux juifs, aux communistes, aux franc-maçons et aux
gitans. Ils enfermèrent votre Grand Père dans le camp de
BREENDONK, près de MALINES.
Les
prisonniers devaient accomplir de lourds travaux et recevaient une
nourriture très insuffisante; aussi se mirent ils à manger
n'importe quoi: Grand Père se mit à manger des épluchures
crues de pommes de terre, ce qui est très mauvais pour la santé. Un
jour, en creusant le sol, il découvrit un nid de grosses fourmis et
se mit à les manger en les écrasant entre ses doigts.
A
ce régime là, il devint vite très malade, ne pesant plus que 45
kg ; et il fut envoyé dans un hôpital militaire allemand à
ANVERS, qui était dirigé par des médecins militaires, et pas par
des policiers nazis ; de sorte qu'il fut bien soigné
Nous
avons eu plusieurs fois l'autorisation de lui rendre visite à
l'hôpital; il y avait, bien sûr, toujours un soldat en armes
qui le surveillait. La première fois, nous l'avons à peine reconnu,
et il a fondu en larmes en disant : « ah, mes petits
garçons... »
Nous
lui apportions ce que nous avions de plus précieux comme friandises,
et des fleurs ; d'abord des oeillets rouges, et quand on les a
interdits comme « fleurs révolutionnaires », on lui
apporta des lis du Japon, non interdits car le Japon était l'allié
d'Hitler.
Ce
fut sa chance, cet hôpital militaire. Pendant qu'il y était, tout
le groupe arrêté en même temps que lui fut envoyé dans un camp de
concentration allemand.
A la fin de la guerre, ils furent embarqués sur un bateau ATHENA en
rade d' HAMBOURG.Ce navire fut bombardé par les Alliés et la
plupart des prisonniers furent massacrés ; ceux qui voulaient
s'échapper à la nage furent massacrés à coups de fusil. » (10)
« LETTRE A JEAN CAMION » (suite)
Profil d' A.TONDEUR par Jean Lagneau -1943 (11) |
Mais
mon père, soucieux de me tirer de l’ornière où selon lui, je
m’étais embourbé, me signala un concours de recrutement
d’ingénieurs au Corps des Mines,dont la première épreuve avait
lieu fin décembre. »
Il ne fut pas reçu à ce premier concours, ni pour l'exposé de culture générale, ni pour les épreuves techniques.Il réussit dans la foulée un concours de secrétaires d'administration auquel il fut reçu et affecté au Ministère des Affaires Economiques, service des brevets d'invention.
Enfin
il se représenta à un nouveau concours au Corps des Mines,
après avoir fait un stage d'un mois au charbonnage de Beringen ;
il y fut reçu premier et affecté au 3ème arrondissement des Mines
à Charleroi dés juillet 1943.
« En avril, un troisième fils, Maxime était né. Après quelques semaines dans une pension de famille, je trouvai une villa à louer à Marcinelle, au bois d’ Hublinbu, où nous emménageâmes tous les cinq.
Mariette obtint d’une préfète compréhensive de réduire ses prestations- et sa rémunération- à 2/3 d’horaire, tous ses cours étant regroupés sur 2 jours. Elle prenait deux fois par semaine le train de Charleroi Bruxelles et retour. Journées harassantes, mais le reste de la semaine, elle était libre! »
En
1944, à la Libération, j’abandonnai mon service une dizaine de
jours pour me joindre à la rédaction du nouveau quotidien
communiste, “Le Drapeau Rouge”. J’avais collaboré sous
l’occupation à la rédaction, et dans une faible mesure, à la
diffusion du clandestin “Radio Moscou”, ce qui me valut d’être
reconnu « résistant de la presse clandestine ».
En
1948, un quatrième fils, François nous est né.
J’avais
adhéré, dés sa reconstitution à la CGSP, affiliée à la FGTB,
et j’avais repris contact avec le parti à Charleroi.
On
m’ y proposa d’organiser une fédération des Amitiés Belgo
Soviétiques, ce que j’acceptai bien volontiers, ayant fait partie
avant guerre du comité national des « Amis de l'URSS »
Cette activité publique n’était pas de nature à favoriser mon avancement.
Cette activité publique n’était pas de nature à favoriser mon avancement.
En
1956, je demandai et obtins d'être muté à l'administration des
mines à Bruxelles. (...)
1960
Pendant
l’hiver 1960-61, je participai à la grève générale des services
publics contre la loi unique du gouvernement Eyskens. Les
fonctionnaires de mon rang étaient rares parmi les grévistes. J'y
rencontrai néanmoins Georges LEBURTON, dont le frère devint un
temps Premier Ministre.
Je
fus nommé directeur du Fonds national de garantie pour les dégâts
miniers de 1962 à 1969 , puis finalement sous le ministre
Simonet, Inspecteur général des mines, titre que je suis toujours
autorisé à porter à titre honoraire.
Entre
temps, Mariette avait pris sa retraite anticipée en 1963.
Arrivé
à l’âge de la retraite, en 1973, je vendis notre maison
d’Auderghem et nous acquîmes le “chalet des Figuiers”, à
Menton, où nous vivons toujours. J’y ai, nous y avons passé,
finalement plus du quart de notre longue existence. »
QUELQUES SOUVENIRS PERSONNELS ( MAXIME TONDEUR)
J'ai un souvenir précis d' un jour de mars 1953 .
Avec l'école , nous
avions assisté à l'enterrement d'un soldat de la commune, mort
dans un accident en Allemagne ( L'Armée Belge avait depuis 1945 des
garnisons en Allemagne.) A noter qu'en bon élève sans Dieu, je
n'étais pas entré à l' Eglise.
En 1955, je l'ai accompagné avec ma mère à MELSBROEK, qui était l'aéroport national.
Est arrivée l' année 1956, année de grands bouleversements.
QUELQUES SOUVENIRS PERSONNELS ( MAXIME TONDEUR)
Je suis entré à l'école
communale de COUILLET en 1948 ; l'école du quartier de « la
queue ».
Ca ne s'invente pas,
c'était l'école de COUILLET QUEUE .
C'était un quartier
populaire, et je me souviens, en 48 ou 49 des gamins italiens
, mes condisciples, pleurant face aux enfants belges qui criaient
rassemblés sur leur passage : « Burro, burro » (âne
en espagnol ; pourquoi insulter des italiens en espagnol,
mystère!)
A l'époque, avant le
Pacte Scolaire , il n'y avait pas de cours de morale, et les enfants
"sans Dieu" devaient fermer leur cartable et quitter la classe, quand
le curé entrait. Nous étions 3 ou 4 dans ce cas.
Mon père, pour obtenir
cette dispense du cours de religion, devait remplir un formulaire, ce
qui le contrariait beaucoup.
On le comprend, c'était
l'école communale quand même, l'enseignement officiel !!
Il ne manquait pas
d'ajouter de sa main , « en espérant que c'est la dernière
fois »
Signe de l'époque, en
3ème ou 4ème, à la fête de l'école nous chantions :
« Ohé, les Bamboulas, ohé les Bamboulas , les négros du
Congo.... » en dansant autour des cases de la tribu.
J'ai eu la chance de ne
pas avoir eu à chanter ça : mon instituteur Mr NEUFORT m'avait
dit : « TONDEUR, vous chantez faux comme un
tonneau ; faîtes seulement bouger vos lèvres », en me
plaçant quand même au premier rang, fils d'ingénieur oblige...
Mon instituteur de 5ème
et 6ème s'appelait Mr RANDOUX et était un curieux mélange d'
excellent pédagogue de progrès, s'inspirant des méthodes FRENET,
et de fervent admirateur de de l'Armée...
Nous faisions de l'
imprimerie, des élocutions, (qu'on faisait graver sur disque!!) ,
des excursions au milieu de champs de jonquilles et de « muguet
bleu », nous étudiions à partir de l'histoire locale ;
c''est ainsi que je crois me rappeler que, sous la Révolution
française, COUILLET s'appelait VIOLETTE / SAMBRE .
C'est quand même plus
romantique d'être l'école de la QUEUE de VIOLETTE, que de COUILLET
QUEUE.
En classe, avant les
élections, on simulait des bureaux de vote, et moi, je voulais être
le témoin du parti communiste.
Et, en voyage scolaire, on visitait des cimetières militaires
Mon père était
secrétaire des Amitiés Belgo - Soviétiques pour la région de
Charleroi.
Nous recevions à la maison FERNAND JACQUEMOTTE, le président national.qu'on appelait Fernand Jack, (qui était le neveu du fondateur du PC JOSEPH JACQUEMOTTE), .On l'appelait FERNAND JACK.(12)
Personnage hors du commun, il avait été chansonnier à"LA MUSE ROUGE" en France.
Déporté en Allemagne en 1941, avec JULIEN LAHAUT. Il fut élu député de THUIN en 1946 et 1949
Nous recevions à la maison FERNAND JACQUEMOTTE, le président national.qu'on appelait Fernand Jack, (qui était le neveu du fondateur du PC JOSEPH JACQUEMOTTE), .On l'appelait FERNAND JACK.(12)
Personnage hors du commun, il avait été chansonnier à"LA MUSE ROUGE" en France.
Déporté en Allemagne en 1941, avec JULIEN LAHAUT. Il fut élu député de THUIN en 1946 et 1949
Et aussi MAURICE SINGER,
secrétaire national des ABS devant lequel je m'amusais à faire le pitre, en
disant « je fais des singeries »
Les ABS organisaient à
CHARLEROI, des concerts ( DAVID OISTRAKH) ou des spectacles de
ballet, comme BERESZKA ( les bouleaux).
Parfois, des artistes
passaient la soirée à la maison.
Je l'accompagnais parfois
aussi à des projections de films soviétiques dans la région .
Je me souviens qu'à
GOUTROUX, il avait projeté un film sur STALINGRAD, dans lequel le
héros, un soldat soviétique , capturé par les SS, mais déjà au
courant de la victoire , qui sera le tournant de la 2ème guerre
mondiale, lui criait , avant de mourir : « STALINGRAD,
POLIMAIECH, STALINGRAD POLIMAIECH » (« STALINGRAD, tu as
compris ? »)
Au retour, nous nous
sommes perdus dans la campagne, bloqué à un passage à niveau fermé
toute la nuit...
Mon père sortait le
soir, pour renouveler les cotisations des membres ABS. Il n'était
pas facile à l'époque d'être ami de l'Union Soviétique, en pleine
guerre froide et hystérie anti communiste .
Aussi , pour renforcer
les effectifs, nous avait il fait membre , nous ses fils ...
En plus, il avait décidé
de nous donner des leçons de russe, à mon frère cadet et moi, avec
le manuel de NINA POTAPOVA.
J'ai un souvenir précis d' un jour de mars 1953 .
En rentrant à midi à la
maison, je trouve mon père avec une cravate noire, qui me déclare
avec gravité : « JOSEPH VISSARIANOVICH est mort ! » .
Nous étions le 5 mars 1953, jour de la mort de STALINE.
En 1955, je l'ai accompagné avec ma mère à MELSBROEK, qui était l'aéroport national.
Il partait pour
accompagner une délégation de parlementaires belges en UNION
SOVIETIQUE, parmi lesquels DUVIEUSART, ancien Premier Ministre PSC ,
STIEVENART député PSB etc.
Au départ, ma mère ne
put s'empêcher d'essuyer quelques larmes...
Il nous ramena de là
bas des disques 78 tours du concerto de KATCHATURIAN et pour lui
« Dans les steppes de l'Asie Centrale » de BORODINE , son
morceau préféré.
Mon père essaya, de
nous inscrire, mon frère cadet et moi, aux pionniers,
mais ma mère n'était pas chaude, et en ce qui me concerne, j
'étais assez casanier.
Est arrivée l' année 1956, année de grands bouleversements.
1956, c'est l'année du
XXème Congrès du PCUS ,et du rapport secret de KHROUCHTCHEV sur
STALINE , qui allait durablement ébranler le mouvement communiste et beaucoup de communistes.
C'est aussi l'année de la
catastrophe du BOIS DU CAZIER à MARCINELLE et mon père faisait
partie des sauveteurs.
Il nous laissera partir
,au mois d'août en vacances, pour nous
rejoindre plus tard.
Il n'en a rien dit, dont
je me souvienne, mais on peut supposer que sa course pour sauver des
vies , ses descente répétées dans l'enfer, l'ampleur du drame -262 morts- et aussi la
colère des familles contre la direction de l'Administration des
MINES elle même, n'ont pas été faciles à vivre pour lui, engagé
aux côtés des travailleurs.
Et puis , c'est l'année
où toute la famille, nous avons déménagé à BRUXELLES : mes
2 frères aînés y étudiaient, ma mère y enseignait, mon père y
demanda sa mutation.
Mais, du coup, il
cessait de « descendre à fosse »,comme il disait, avec les yeux cernés du noir de la mine; et de fonctionnaire de
terrain, il devenait un fonctionnaire de bureau.
Quant à mon frère
et moi, nous n'avions qu'à changer d'école, quitter nos amis, et
débarquer , en ce qui me concerne, en courtes culottes en 4ème
latin math à l'Athénée d'Uccle.
Ce fut aussi l'année de
SUEZ : NASSER avait nationalisé le canal et les anglo- français
,appuyés par ISRAEL, envoyèrent un corps expéditionnaire à PORT
SAID.
1956, c'est aussi
BUDAPEST, où les chars russes intervinrent pour mater une
insurrection armée anticommuniste .
A l'Athénée, j'avais un
professeur de français très à droite, et il organisait des
collectes de vêtements pour les réfugiés hongroi ; mon
père, fidèle à son habitude, avait écrit dans mon journal de classe
« d'accord, si il y réciprocité pour les victimes des
bombardements anglo -français à PORT SAID »
Nous fûmes tous
impressionnés par le premier SPOUTNIK, satellite artificiel lancé
en 1957, dont une copie fut exposée, l'année suivante à l'EXPO 58.
A l'expo 58, mon père
nous emmena aussi au pavillon hongrois pour y demander une analyse
par un géologue d'un morceau de roche, je crois.
A l'époque, « le
camp socialiste » lui apparaissait, comme l'avant garde dans
les sciences, la technique, l'éducation, la santé, la culture.
Il n'empêche, cette
période- là , post 1956 ,fut moralement difficile à vivre pour
lui.
Cela ne l'a pas empêché de me soutenir face à la Direction des Etudes quand, en rhéto, nous avions hérité d'heures de colle pour avoir chahuté l'envoyé de l'Ecole Militaire venu faire la promotion de la carrière des armes. Comment osaient-ils ?
Cela ne l'a pas empêché de me soutenir face à la Direction des Etudes quand, en rhéto, nous avions hérité d'heures de colle pour avoir chahuté l'envoyé de l'Ecole Militaire venu faire la promotion de la carrière des armes. Comment osaient-ils ?
En décembre 1960 ,
j'étais jeune étudiant en 1ère candi d'ingénieur.
Un matin de fin décembre-
c'était la grande grève- je pris le tram 35 qui desservait
AUDERGHEM où nous habitions, pour me rendre à LA MAISON DU PEUPLE
d'où partait une grande manifestation.
C'était ma première
manif, j'avais 17 ans.
J'y retrouvai , par
hasard, mon père, venu de son côté, et qui était en grève avec
la CGSP Ministères.
Mon père et ma mère (en
tant qu'enseignante, syndiquée à la CGSP) firent tous les deux la
grande grève pendant plusieurs semaines.
En 1961 , février
ou mars , je rejoignis les EC ( Etudiants Communistes à
l'ULB), un des dirigeants, directeur de « EN AVANT »
était JOSE GOTOVITCH , puis en 1962, parrainé par 2 membres, j'adhérais au Parti Communiste.
Il y avait aussi MICHEL
GRAINDORGE, JEAN PUISSANT, JACQUES NAGELS et tant d'autres. JM
CHAUVIER dirigeait les JC à la rue St CHRISTOPHE..
Là encore,avec mon père,
nous nous rencontrions aux meetings, sans concertation, notamment à
LA MADELEINE après les élections de 1961, qui avaient vu un progrès
du PC.
Je défilais sur
l'estrade , avec les jeunes, pour saluer les dirigeants bruxellois, REMY
GILLIS, JEAN BLUME, JACQUUES GRIPPA etc., en chantant le chant de la FMJD :
« Une seule espérance nous rassemble et nous dicte sa
loi... Nous voulons bannir la peur, la guerre pour toujours...»
Mon père me confia :
« Il y a un élan , un peu comme en 46 »
Mais, en 1963, exclusions
et scission au sein du Parti Communiste : une grande partie de
la Fédération Bruxelloise, des étudiants, et aussi des petits
groupes à LIEGE, MONS, LA LOUVIERE, CHARLEROI (avec HENRI GLINEUR,
ancien sénateur et ancien mayeur de ROUX) se rangent derrière les 4
exclus du XIIIème congrès (GRIPPA, RAINDORF, DELOGNE et MASSOZ)
L'enjeu était « de
taille » : le « marxisme léninisme » derrière
le Parti Communiste Chinois ou le « révisionnisme
kroutchévien ». Cela allait devenir pour la presse le "PC tendance Moscou", ou "tendance Pékin" !!!
Mon père et moi, nous
trouvions de part et d'autre de la barrière , parfois dans des
rencontres tendues, comme cette réunion de cadres à la rue St
CHISTOPHE, où nous étions allés, nous les « grippistes»
huer et crier des slogans contre « les révisionnistes »
La consigne d'alors, des
plus stupides, était , de part et d'autre, de « ne plus se
parler, ni se serrer la main », tous « ennemis du Parti »
que nous étions !
Ce soir là, je ne suis
pas rentré à la maison, j'ai découché, ce qui a provoqué la
colère paternelle.
Heureusement, à la
maison, mes parents étaient des gens raisonnables et sensés.
Et ils s'inquiétaient
plus pour mes déboires dans mes études, que pour mes « déviations »
idéologiques.
Nous nous retrouvions
encore, dans les grandes manifestations contre la guerre au VIETNAM –
il était membre assidu de l'UBDP (Union Belge pour la Défense de la
Paix)
C'est l'invasion de la
TCHECOSLOVAQUIE par les troupes du PACTE DE VARSOVIE en 1968, qui a
tiré un trait pour lui sur 40 ans de fidélité au Parti Communiste,
et de fait aussi à l' UNION SOVIETIQUE.
Il a quitté le Parti,
s'est engagé, quelque temps , avec JM CHAUVIER, dans le soutien aux
« dissidents » tchèques, et en voyage professionnel à
PRAGUE, il a déposé une gerbe et s'est recueilli sur la tombe de
JAN PALACH, étudiant en Histoire, qui s'était immolé par le feu le
16 janvier 1969, pour protester contre l'invasion de son pays.
Plus tard, il
suivra avec intérêt, mais d'assez loin - ils avaient déménagé dans le Midi de la France- la PERESTROIKA et la
GLASNOST de GORBATCHEV.
Plus tard encore, il
n'aura que quolibets et sarcasmes pour le grand dirigeant de la "nouvelle" RUSSIE des oligarques et des popes, ELTSINE.
Voilà quelques souvenirs très partiels sur l'engagement d'ARTHUR TONDEUR.
Voilà quelques souvenirs très partiels sur l'engagement d'ARTHUR TONDEUR.
Mon père était un
homme discret, qui ne se confiait pas beaucoup et partageait peu, en
famille en tout cas, ses convictions et ses engagements.
Ma mère quant à elle,
voulait éviter, je pense, que ses fils se fourvoient dans une voie
aussi, pour elle, improbable .
N'oublions pas qu'elle a
failli, en 1941 perdre pour toujours son ARTHUR, père alors de ses 2
enfants, qu'elle est parvenue à arracher des mains des
tortionnaires SS de BREENDONK.
Ce n'est qu'avec la
lettre à son ami, CAMION, que j'ai découvert de nombreux épisodes
de leur vie politique.
Et ce n'est par exemple
qu'il y a 3- 4 ans, que j'ai appris que mes parents avaient accueilli
à la maison , en 1937 - 38 un petit JOSE, enfant de
républicains espagnols, qui dormait dans le divan, et qui prenait
les jouets de mon frère aîné.
En plus, ils n'ont gardé
pour ainsi dire aucun vieux papier, aucune archive, brûlés,
j'imagine, lors de l'Occupation et, par la suite, éliminés lors des
déménagements.
Voilà le portrait d'un
modeste acteur de l'âge des extrêmes, ARTHUR TONDEUR.
Ce n'était pas un
héros .
Il a toujours eu un
tellement grand respect de la famille et tant d'affection pour les
siens, pour ses parents, idéologiquement si loin, mais si
proches dans son coeur, pour ses frères et soeur, tous trois partis
à la colonie, pour sa propre famille, sa femme MARIETTE et nous
ses enfants, qu'il n'aurait jamais accepté de sacrifier quiconque à
ses engagements politiques, les plus nobles soient ils.
Ce n'était pas un héros,
mais c'était un homme profondément bon et sincère, un homme
engagé, intelligent et passionné, marxiste, communiste, comme il y
en a eu des millions au XXème siècle.
C'était tout simplement
mon père et donc un peu « mon » héros.
MAXIME TONDEUR
NOTES
(1) Mémoires de Felix Georges TONDEUR:10 années au CONGO Microsoft Word - FTondeur - 1900Tondeur.pdf
(2)ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(3) idem
(4) idem
(5) L'étudiant matérialiste n°3 1930
(6) ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(7) JEAN CAMION, ami d'ARTHUR TONDEUR rencontré à l'ULB http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/c/camion-jean.html
(8) JOSE GOTOVITCH: Du Rouge au Tricolore - éditions LABOR 1992 p 564
(9) LES ARTISTES DE BREENDONK - WILCHAR http://www.breendonk.be/fr/index.asp?ID=Artists
(10) ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(11)Maurice Orcher Resistant et Martyr (1919 - 1944): Jean Lagneau (1914 -1944)
(3) idem
(4) idem
(5) L'étudiant matérialiste n°3 1930
(6) ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(7) JEAN CAMION, ami d'ARTHUR TONDEUR rencontré à l'ULB http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/c/camion-jean.html
(8) JOSE GOTOVITCH: Du Rouge au Tricolore - éditions LABOR 1992 p 564
(9) LES ARTISTES DE BREENDONK - WILCHAR http://www.breendonk.be/fr/index.asp?ID=Artists
(10) ARTHUR et MARIETTE TONDEUR : Souvenirs racontés à leurs petits enfants par Grand Père et Grand Mariette - cassette
(11)Maurice Orcher Resistant et Martyr (1919 - 1944): Jean Lagneau (1914 -1944)
Merci pour ce bel article qui m'a beaucoup appris et ému ! Jean-Denis Tondeur
RépondreSupprimerLeiden, 12 februari 2017
RépondreSupprimerVotre website est très intéressant sur l'histoire sociale de Belgique. Surtout que votre mère impressioné les Allemand avec son titre Doktor in Germanische Philologie Votre mère a écrit une dissertation intitulé M. Haccuria-Tondeur, « De moderne bewerkingen in verzen van Reinaert de vos ». Cette dissertation n’est pas disponible dans une bibliotheque universitaire en Belgique , de Pays-Bas ou ailleurs dans le monde….La dissertation est une fois cité dans le livre très connu de J.W. Muller, Van den vos Reinaerde (Leiden, 19942), p. 87. Sur Google books.
L’étude est peut-être intéressant pour les étudiants universitaire de la littérature Renardienne et les membres de Reynaertgenootschap en Sint-Niklaas, parce-que le thème adaptations de Roman de Renart c’est aujourd’hui en vogue. En avril il y a une colloque « Metamorfosen van een literaire vos » organisé par l’université Anvers en le Reynaertgenootschap.
Avec mes remerciements,
Jan de Putter