Action combinée du "Gang des Vieux en colère", des CSC Seniors et des Pensionnés et Prépensionnés FGTB -Gare centrale Bruxelles- contre la suppression par la SNCB du tarif senior (février 2024) |
On dit souvent que l’on juge la qualité d’une société à la place qu’elle accorde à ses jeunes et à ses aînés.
La vie dans le système ultra-libéral de l’argent roi, avec des pensions légales parmi les plus basses d’Europe, est difficile pour la grande majorité des seniors. Nous avons fait face à l’explosion des factures de l’énergie suivie d’une hausse insupportable des prix du caddie. De même, la part non remboursée des soins de santé grève de plus en plus notre budget.
Ne plus pouvoir économiser, ne
pas pouvoir aider ses enfants ou ses petits-enfants s’ils sont en difficulté,
renoncer à tel ou tel voyage, à telle ou telle dépense, c’est le vécu d’une
majorité de pensionnés, alors que les
profits et les dividendes distribués par les multinationales de l’énergie, de
l’agro-industrie, de la finance ou de Big Pharma n’ont, eux, jamais été aussi
élevés !
Publicité d'AXA pour la pension complémentaire par capitalisation |
Sont alors arrivés, les gens des
assurance privées, avec leur attaché case et leur plan d’assurance- groupe. On
a appelé cela le 2ème pilier, avec des pensions à 2 vitesses :
il y avait des contrats plus ou moins intéressants ; des entreprises qui
n’avaient tout simplement pas d’assurance groupe. Une part de la somme
investie était d’ailleurs un complément d’assurance-vie et pas de pension.
Est aussi venu le 3ème
pilier, l’assurance ou épargne pension individuelle. Les assurances et banques
se sont rempli les poches avec ce juteux marché.
En même temps, la pension légale, basée
sur la solidarité de la sécurité sociale a été détricotée ; elle n’a plus
été liée au bien- être.
Personnellement, pour notre ménage plutôt privilégié de 2 pensionnés, le taux net de remplacement, rapport entre les revenus nets du travail et le montant net de nos
Action à la gare de Huy février 2024 |
Ce système libéral nous a conduit à la situation
actuelle : de plus en plus de pensionnés et surtout des pensionnées vivent en
dessous du seuil de pauvreté ; et beaucoup rencontrent des difficultés à
boucler les fins de mois.
Ce qui est une honte pour un pays riche comme la
Belgique.
La grande majorité des pensionnés sont touchés :les seniors supportent de moins en moins d’être ainsi méprisés et le font savoir : Gang des vieux en colère, CSC Seniors, Prépensionnés et pensionnés FGTB, etc.
Nos pensions en Belgique sont parmi les plus basses d’Europe occidentale.
(1)
Taux de remplacement net 2020 (Données OCDE 2020) En Belgique, un retraité touche en moyenne, en net, 61.9% de son dernier salaire net |
Pourquoi ?
Comment est-ce
possible, alors que, le département des Pensions a été dirigé, par un ministre
socialiste (PSB, puis PS ou SP - spa) pendant 31 années sur 43 ?
Sans
interruption, par exemple, de mai 1988 à décembre 2012 !
Les noms de Alain Van der Biest, Léona Detiège, Marcel Colla, Gilbert Mottard, Frank Vandenbroucke, Bruno Tobback, Marie Arena sont dans notre mémoire, avant que les libéraux ne s’emparent du département en 2012, imposent l’âge légal à 67 ans, détricotent le système de pension anticipée et de prépension et tentent, en vain, avec le triste sieur Bacquelaine de donner le coup de grâce au système de solidarité, déjà bien affaibli.
Ministres des Pensions 1977-2024 |
On appelle
cela la liaison au bien-être.
Pourtant en 1972-1973, des ministres socialistes de la Prévoyance sociale, Louis Namèche et Frank Van Acker, avaient fait voter une loi qui ajustait le montant des pensions au bien- être. Chaque année, le Parlement aurait dû définir un coefficient d’ajustement : après une augmentation de 8% en 1973, il avait été établi pour 1974 à 4%. (2)
projet de loi Namèche - Van Acker (votée le 28 mars 1973) |
C’est ressenti comme une aumône aux plus pauvres, non comme l’application du droit pour tous les seniors de vivre dans la dignité.
Actuellement,
cette enveloppe concerne un lent ajustement de la pension minimum et, pour le pensionné moyen, un one
shot de 2%, 5 ans après le début de la pension.
On ne peut comprendre cette dégradation sur le long terme de nos pensions légales de retraite qu’en analysant le rôle déterminant de la Commission Européenne dans leur lente mise à mort.
Celle-ci,
vampirisée par les lobbys des multinationales, notamment des banques et des assurances,
est à la chasse des « dépenses publiques », responsables, selon elle,
des « déficits publics ».
Et les
dépenses liées au « vieillissement » sont depuis des décennies dans son
collimateur.
Le but,
clairement avoué, est de minimiser la pension légale pour favoriser
le développement des 2ème et 3ème piliers basés sur la
capitalisation, assurance collective d’entreprise (appelée souvent assurance
groupe) ou assurance individuelle.
S’ouvrait ainsi
au secteur financier privé des banques et des assurances, le juteux marché de
la « pension complémentaire ».
J’ai connu,
dans les années 80, la pression à l’embauche pour rendre "fortement
souhaitable" la participation aux assurances groupe.
40 ans plus
tard, 24 entreprises
d'assurances et 179 fonds de pension géraient, au 1er janvier 2018, en
Belgique, quelques 80,3 milliards € de réserves acquises par 3,7 millions de
personnes !
Une résolution du Parlement Européen, sur proposition de la Commission avait été à ce sujet particulièrement claire : "le financement des pensions ne peut être entièrement laissé au secteur public, mais doit reposer sur des systèmes à trois piliers, comprenant des régimes de retraite publics, professionnels et privés, dûment garantis par une réglementation et une surveillance spécifiques destinées à protéger les investisseurs". (Résolution du Parlement européen du 20 octobre 2010 ).
En 2013, le
même Parlement européen invitait les Etats membres « à constituer des
pensions professionnelles complémentaires par capitalisation" ».
Le salaire
différé de la sécurité sociale devient un « investissement » !
Et inévitablement l’écart des revenus se creuse : ce sont les revenus les plus hauts, avec les emplois les plus stables, et les carrières les plus complètes, qui bénéficient le plus de ce système libéral ; les revenus les plus bas, les statuts les plus précaires, les carrières les plus courtes (majoritairement les femmes) sont quasi exclues de la pension complémentaire.
Ce sont les pensions à 2 vitesses : les
travailleurs pauvres deviendront des pensionnés encore plus pauvres.
La
Commission Européenne ne s’est pas seulement attaquée au montant de la pension
légale ; elle a aussi, et recommandé le recul de l’âge de la retraite, et condamner
tout système de pension anticipée ou de prépension (RCC).
Et c’est cette
orientation qui a été suivie depuis 40 ans par les gouvernements successifs et
leur ministre des Pensions (le plus souvent, on l’a vu, socialiste).
C’est
Marcel Colla qui, se conformant aux directives européennes, a cosigné l’arrêté
royal de décembre 1996 sur l’allongement de la durée du travail des femmes de
60 à 65 ans, au nom de l'égalité de traitement entre hommes et femmes (!). « Égalité »
par le nivellement par le bas.
Mais je
n’en ai vu aucun, à ma connaissance du moins, proposer l’application, avec
effets rétroactifs de la loi Namèche – Van Acker.
On le voit, les 13 ministres socialistes en charge des Pensions ont, sans état d'âme, enfourché le cheval néo libéral ; c'est sans doute le premier secteur public soumis à la privatisation, partielle sans doute, mais aux effets désastreux.
Pour contrecarrer ces politiques libérales, la première chose, c’est de redonner tout de suite sa place déterminante à la pension légale pour tous, en commençant à « rattraper » ce qui nous est dû et en redonnant aux seniors la dignité qu’ils méritent !
C’est dans
ce sens que va le programme du PTB pour ces élections du 9 juin (4) :
· Les personnes qui ont
travaillé toute leur vie ont droit à un revenu décent. Nous augmentons la
pension minimale à 1 850 euros net par personne.
· La pension légale des
salariés et des indépendants est portée progressivement à 75 % du salaire
moyen ou du revenu professionnel.
·
Nous ramenons l’âge légal de
la pension complète à 65 ans.
· Nous réinstaurons la possibilité de la pension anticipée à partir de 60
ans après 40 années de travail.
· Les personnes qui ont exercé pendant 35 ans un métier pénible doivent
pouvoir prendre leur pension plus tôt.
· Les plus de 55 ans doivent à nouveau pouvoir bénéficier
d'aménagements de fin de carrière assortis d'indemnités afin que le travail
reste faisable pour les travailleurs plus âgés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire