Je vous invite aujourd'hui à faire la connaissance d'un homme politique, militant de la région de Huy , dont l'engagement de toute une vie me semble source d'inspiration
.
JOSEPH (VICTOR) THONET, pionnier du mouvement socialiste à Huy , puis un des fondateurs du parti communiste, compagnon de prison en 1923 de Julien Lahaut et Joseph Jacquemotte, député permanent de la Province de Liège de 1936 à 1949 ( mandat interrompu de 39 à 44)
Dirigeant du Parti Communiste sous l'occupation nazie, il édite le journal clandestin de la Fédération de Huy Waremme du PC "L'Espoir" et ce dés novembre 1940.Il exerça aussi d'importantes fonctions d'organisation durant toute la guerre au sein du parti communiste clandestin.(1)
Son souvenir est toujours présent chez les anciens, mais sa mémoire a été et est très largement occultée :
Il y a bien , quelque part , perdue
sur les hauteurs de Huy, une bucolique avenue Joseph Thonet , dont on ne sait trop si elle a été dédiée par la Ville de Huy à JOSEPH (1883-1973) ou à son fils, VICTOR THONET (1914-1943) , lui
aussi dirigeant du parti Communiste, combattant en Espagne des
Brigades Internationales, commandant des Partisans armés, arrêté
par la Gestapo et fusillé à 30 ans par les nazis le 20 avril 1943 .(2)
Quant à nous , permettez que ce pauvre
petit bout de rue, nous le dédiions dans notre devoir de mémoire , au père , au fils , à la fille Micheline, à la belle fille ,Mariette, femme de Victor, toutes grandes figures de la Résistance de chez nous.
Indispensable devoir de mémoire donc ,
qui nous permet , par ailleurs de sortir de l'ombre le riche passé
de luttes ,et de combats sociaux, culturels et politiques de notre
région, dés la moitié du XIXème, siècle.
Huy
était à cette époque au centre d'une région très industrielle :
les carrières et fours à chaux des vallées du Hoyoux, de la Meuse
et de la Mehaigne, les fonderies (Nestor Martin, Porta, Dautrebande
,
Ville
éminemment ouvrière donc dans ses quartiers périphérique, mais
aussi , bien sûr , dans ses beaux quartiers, « ville de
millionnaires » de la bourgeoisie enrichie par la force de
travail des premiers. Et toujours aussi, ville de la noblesse
d'Ancien Régime tapie dans les dizaines de nobles demeures aux
confins de la ville ( châteaux d'Ahin , de la Neuville , de Vierset
etc. )
FILS
DU PEUPLE
Joseph ( qu'on appellera aussi par son
2ème prénom Victor) Thonet est né à Huy le 2 janvier 1883 d'un
père ouvrier de meunerie et d'une mère ménagère. Ils habitent rue
Sainte Catherine à Huy.
Il perd sa mère à 3 ans . Son père
travaille 11 heures par jour , de 5 h du matin à 6h du soir avec
1/2 jour de congé par semaine ,le dimanche après midi et 1 jour de
vacances par an , le jour de la Sainte Catherine.
« Dans mon enfance, ce n'était
pas la fête tous les jours à la maison... On mangeait un petit
morceau de viande le dimanche . Le vendredi, de temps en temps ,
nous mangions du stockfish, le bifteck des pauvres ...
Le beurre était réservé à mon
père pour ses tartines. Il nous en restait si peu que nous le
grattions sur notre pain. Pour aller à l'école, nous étions
chaussés de taloches , et ma soeur me confectionnait un bonnet avec
des morceaux de drap.
Les privations et la misère
préparent admirablement à la lutte contre le régime
capitaliste... »(3)
Le quartier Sainte
Catherine était un des quartiers ouvriers de Huy où étaient
établies nombre d'entreprises, des fonderies, trois ateliers de
construction et une boulonnerie, qui occupait gamins et gamines en
bas âge. « Quand l'inspecteur du travail venait, on
les cachait dans des tonneaux à boulons... et le patron recevait son
certificat de bonne conduite »
Les
papeteries Godin occupaient aux portes de Huy et Marchin , entre
Sainte Catherine et Fleury ,
1200 personnes dont nombre de femmes
qui venaient de tous les villages avoisinants et qui avaient des
conditions de travail et de salaire terribles. (Si un employé gagnait
90 f /mois, un ouvrier à peu près pareil , 2,25 à 3fr/jour, les
femmes , elles gagnaient à peine la moitié 1,25 à 1,5 fr/jour )
En hiver, par mauvais temps, elle ne pouvaient pas
rentrer et logeaient chez l'habitant dans des conditons d'hygiène et
de salubrité terribles. »
A l'école primaire, il découvrira, à
l'école d'application rattachée à l' Ecole Normale, avenue
Chapelle, les mauvais traitements infligés aux élèves par
certains maîtres particulièrement brutaux :coups de baguette,
enfermement dans une armoire etc...
Dans la nouvelle école primaire de la
Chaussée Saint Mort, au contraire, il trouvera une direction d'école
de grande qualité et pleine d'humanité, et il y terminera ses cours
primaires parmi les 3 premiers.
Mais , comme la plupart des fils de la
classe ouvrière, il devra travailler dés ses 14 ans .Il sera
employé aux écritures chez un avoué, ce qui lui fera découvrir, à
travers les actes à recopier, « les dessous de la vie et
les moeurs plutôt bestiales de notre humanité », ainsi
que « l'hypocrisie de la bourgeoisie. »
Il suivra en même temps pendant 5
ans, en cours du soir, des études de dessin industriel à l' Ecole
Industrielle de Huy .
collection M. Launoy |
![]() |
Inondation Grand Place à Huy Date inconnue |
Son père, pour rentrer de son travail
, dut faire le tour par la Sarte , redescendre par Gabelle et
marcher longuement avec de l'eau jusqu'à la poitrine. Sa santé
devait par la suite se dégrader irrémédiablement. Il mourra alors
que Joseph avait à peine 14 ans.
Celui ci sera alors élevé par sa
grande soeur et sa grand mère, dans de très grandes
difficultés matérielles .
LES
JEUNES GARDES SOCIALISTES ( JGS)
CONTRE LA CONSCRIPTION
A 14 ans, en 1897, Joseph Thonet adhère
aux Jeunes Gardes Socialistes de Huy, ce qui allait déterminer le
cours de toute sa vie.
Il y adhéra le jour de l'inauguration
du nouveau siège de la boulangerie coopérative « Les
Prolétaires Hutois » rue de l'Industrie (aujourd'hui,
rue de l 'Amérique)
Ils étaient 2 employés de bureau à
oser s'afficher JGS, tant la mentalité petite bourgeoise poussait
les petits employés à s'identifier à leur patron et à s'imaginer
être un « moncheu » privilégié , alors qu'ils étaient
en fait des miséreux en col et cravate, comme les ouvriers en sabots
et blouson !
Les JGS avaient été fondés à Huy en
1894 et après 3 ans comptait déjà 100 membres.
Souvenirs de J Thonet (3) |
Ils étaient rattachés à la
Fédération hutoise du POB.
Les JGS avaient été fondés en
Belgique en 1890 , comme organisation de jeunesse intégrée dans le
POB.
Leur premier objectif était la lutte
antimilitariste , contre l'intervention de l'armée dans les grèves
ouvrières et aussi bien sûr contre la conscription .
Chaque année, un tirage au sort
désignait les conscrits qui devaient faire leur service militaire.
Les fils de familles bourgeoises
pouvaient pour 1600 francs racheter leur mauvais tirage à un
« remplaçant » . Ainsi, seuls les enfants de la classe
ouvrière et de la paysannerie pauvre devaient partir à la caserne
pendant 2, 3 voire 4 longues années.
A Huy, le jour du tirage, les Jeunes
Gardes organisaient un cortège depuis l 'ancienne Maison du Peuple ,
rue des Foulons, jusqu'au Vieux Tribunal et distribuait leur journal
antimilitariste « Le Conscrit ».
Ils organisaient aussi des
« protestations officielles de jeunes qui refusaient de
participer au tirage : Joseph Thonet raconte :
« Je refusai aussi moi
même de tirer mon numéro en déclarant :« Je proteste
contre cette infâme loterie militaire » Les gendarmes
m'empêchèrent alors de sortir et c'est le bourgmestre qui tira à
ma place un mauvais numéro »
LE COMBAT DES
IDEES :GAUCHE RADICALE, GAUCHE REFORMISTE .
La Jeune Garde
Socialiste n'était pas seulement une organisation d'action ,
mais aussi un creuset d'éducation aux idées du socialisme .
Les réunions se
tenaient tous les samedi soir avec chaque fois à l'ordre du jour une
question de doctrine ou d'idéologie, par exemple un chapitre du
Capital de Marx ( il en existait un seul exemplaire à Huy!), ou un
livre « Cent ans après ou l'an 2000 » de Bellamy ,sorte
de voyage dans le futur , en l'an 2000 (!) , dans une société sans
classes , ou un débat passionné sur un projet de construction d'un
phalanstère.
![]() |
Georges Hubin - député POB Huy de 1898 à 1946 |
Et ce , dans le
cadre d'un certain renouveau des idées libertaires radicales après
la trahison de la grève de 1902 par la direction du POB (voir plus
loin)
Soumis
à une virulente critique des « brebis galeuses qui semaient
la division dans les consciences ouvrières » par Georges
Hubin, Thonet prit alors ses distances avec l'anarchisme militant
pour étudier le « socialisme de lutte de classe », se
rapprochant du marxisme
La
création à Huy d'un cercle «L' extension universitaire »
contribua pour beaucoup au développement des idées progressistes
dans l'avant garde hutoise , jeune et ouvrière. Cours et
conférences donnés par des professeurs de l'ULB ou de l'Université
Nouvelle abordaient sujets scientifiques , philosophiques et sociaux
( théorie de l'évolution, origine des mondes , espèces animales
etc.)
Y
assistaient jusqu'à des centaines de personnes dont des professeurs
et intellectuels de la région, des ouvriers d'avant garde et... la
plupart des JGS.
LE COMBAT CULTUREL : « LA
PROLETARIENNE » , « LES ENFANTS DU PEUPLE »
![]() | |||
"Nouvelle" Maison du Peuple (1907) r. Griange | |||
La section « Les
Enfants du Peuple » de Huy regroupait 40 à 50 garçons et
filles qui présentaient des spectacles de chansons et de théâtre .
Créée par un JGS,
Jean Farcy ils mirent en scène par exemple, les principaux épisodes
de la Commune de Paris. Elle organisait aussi des voyages à travers
tout le pays et des représentations jusqu'à Paris, Cologne ou
Amsterdam!
On le
voit, la Jeune Garde Socialiste à Huy, comme dans la plupart des
régions fut dans ces années d'avant guerre, une admirable école de la lutte de classe .
"Nous
étions comme les précurseurs des générations nouvelles .Nous y apprenions à combattre la routine , les préjugés, à
nous retremper dans l'activité quotidienne de la lutte de
classe.Nous regardions d'ailleurs beaucoup plus que d'autres vers
l'avenir.
Nous y avions acquis par l'étude et
la discussion un niveau de connaissance et de maturité politique qui
n' existait guère en dehors de nous.Nous désirions devenir des
socialistes conscients" (3)
1902
: GREVE GENERALE POUR LE SUFFRAGE UNIVERSEL
![]() |
Peinture : 'Louvain 1902', du collectif Forces Murales, 1951 (Louis Deltour, Edmond Dubrunfaut, Roger Somville). Coll. Institut d'histoire ouvrière, |
Avril 1902, le combat pour le suffrage universel se développe avec
une intensité révolutionnaire dans tout le pays. Depuis 1893, la
précédente grève générale, les citoyens sont soumis au vote
plural: tous les citoyens -hommes de plus de 25 ans, ont le droit de
vote, mais ceux qui – plus riches- paient plus d'impôts ou qui ont
des titres de propriété, ou qui ont un diplôme supérieur ont
droit à des voix supplémentaires : les ouvriers n'avaient
qu'une voix, mais les bourgeois pouvaient cumuler jusqu'à 3 voix !
Dés
lors , à l'occasion du dépôt d'une proposition de loi ( socialiste
-libérale) portant révision de la constitution en vue du suffrage
universel, les mouvements et manifestations ouvrières se déployèrent
dans tout le pays.
Si le
POB dans un premier temps appela au calme ,sans prendre la direction
politique du mouvement , laissant l'initiative à ses branches
syndicales, le gouvernement et la bourgeoisie préparaient leurs
troupes, gendarmerie , police, garde civique ( milice bourgeoise en
charge du maintien de l'ordre) , et même l'armée, à l'affrontement
de classe.
![]() |
Bruxelles 12 avril 1902 2 morts |
La
gendarmerie tira à Bruxelles le samedi 12 avril - 2 morts ! ;
et à Louvain, le 18 avril, 6 ouvriers tombèrent sous les balles de
la Garde Civique et 14 furent blessés !
Et à
Huy ?
« Ce
sont les ouvriers carriers de la vallée du Hoyoux et de la Mehaigne
qui prirent l'initiative de la grève . En colonnes serrées , à
plusieurs centaines, ils arrivèrent en ville pour entraîner dans le
mouvement les travailleurs de la métallurgie et des autres
établissements. Ils étaient tous armés d'un gourdin qu'ils
portaient à l'épaule comme un fusil.
A
cette époque,chez nous, c'étaient les carriers qui étaient à la
pointe du combat...
Dans
la région liégeoise, c'étaient les mineurs, ailleurs, c'étaient
les métallurgistes.
La
gendarmerie était mobilisée. Les pandores étaient à cheval et
portaient encore leur bonnet à poils.
Arrivée
à Regissa, la colonne de carriers se heurta à une brigade de
gendarmes...
Les
gourdins s'abattirent sur les gendarmes et les chevaux. En un clin
d'oeil , les gendarmes furent désarçonnés...
Arrivés
à la limite de la ville, chaussée des Forges, les carriers se
heurtèrent à un commissaire de police , porteur de son écharpe
tricolore : « Au nom de la loi, retirez-vous ! »
Les
carriers s'emparèrent de l'écharpe, la hissèrent sur un gourdin et
continuèrent leur chemin . »
Thonet,
lui se joignit au cortège des carriers , venant de Moha, Huccorgne ,
Vinalmont , qui rejoignait Huy par la rue Entre - deux - portes et
fusionna avec le premier cortège, chaussée des Forges.
![]() |
Usines à Zinc de Corphalie |
L'usine
à zinc de Corphalie , et tous les établissements industriels
fermèrent. La grève était générale. Huy comptait alors plus de
5000 ouvriers et ouvrières. » (3)
La grève dura près d'une semaine , émaillée
d'affrontements au centre ville provoqués par la Garde civique qui
mettait en joue les grévistes - en réaction, le domicile de
son commandant particulièrement provocateur, rue Montmorency fut
mis à sac!- ,émaillée aussi , d'actions radicales , menées par
les JGS, comme le sectionnement de câbles téléphoniques.
Le député socialiste, Georges Hubin , élu en 1898,
qui était à la tête des carriers à Regissa , fut lui condamné à
6 mois de prison ferme .
Mais
le 20 avril 1902 , le Conseil Genéral du POB donnait l'ordre de
reprise du travail, sans consulter les grévistes et malgré leurs
nombreuses protestations.
En fait le Conseil National fondait sa stratégie sur
l'alliance parlementaire avec le parti libéral., représentant la
bourgeoisie « progressiste » , qui lui s'opposait à tout
recours à l'action extra parlementaire des masses ouvrières.
La grève de 1902 , si elle fut très radicale parmi les
travailleurs se terminait donc par une débâcle :
« La
classe ouvrière vaincue devait nécessairement subir une défaite
électorale ; le découragement s 'empara de nos amis . Nos
organisations politiques subirent un recul. Les syndicats
recrutaient malaisément de nouveaux membres »
Maxime Steinberg , historien communiste, écrira :
« La
conduite de la grève et plus encore l'ordre de reprendre le travail
provoquèrent un vif mécontentement dans le parti, la colère même.
Déçus et défaits, une partie des travailleurs se détournèrent
des organisations socialistes. Le P.O.B. traversa une passe pénible
: enfant pauvre du socialisme, le syndicalisme fut le plus éprouvé
: les syndicats socialistes perdirent plus de 60 % de leurs effectifs
déjà peu fournis.
L'anarchisme pensa
s'engager dans la brèche ouverte par la défaite. Moins d'un mois
après la grève, alors que le ressentiment était grand dans les
rangs socialistes, l'anarchisme put réunir à Liège, un « congrès
révolutionnaire » qui fut, pour la première fois, un succès
de participation « (4)
Rosa Luxembourg , la dirigeante et théoricienne
marxiste allemande analysera sur le fond ce grand conflit social
dans « L'expérience belge » Neue Zeit, 1902 (5 )
LES
COOPERATIVES
A 20
ans, Joseph Thonet , militant actif des JGS ,à la recherche d'un
travail, vend au porte à porte les produits d' une société
coopérative de semences et graines « Les Campagnards de
Tihange ».
Créée
à la fois pour permettre aux ouvriers qui cultivaient leur potager,
et surtout, aux agriculteurs désireux de se libérer des
fournisseurs de graines et semences qui s'enrichissaient avec ce
commerce très lucratif.
collection Michèle Launoy |
Joseph
Thonet parcourt à pied la région de Huccorgne à Amay pour
vendre au porte à porte: « J'étais heureux, je
vendais des graines socialistes » écrit
il.
Il
devient ensuite, professionnellement secrétaire comptable mi-temps
de la coopérative, en même temps que rédacteur au journal
hebdomadaire du POB hutois : « Le Travailleur ».
Installée
dans une grange de ferme à Tihange, la coopérative déménagea
vite au centre de Huy, avec un magasin rue Sous le Château et un
autre rue Neuve. Plus tard , c'est à la rue des Jardins que les
bureaux et dépôts s'établiront. Thonet y travaillera jusqu'en 1920
L'occasion
de nous pencher sur cette expérience oubliée des coopératives
socialistes.
Dans
la région de Huy , elles se sont développées dans différents
domaines (6)
- L'Imprimerie coopérative : fondée d'abord pour imprimer le journal local et échapper aux imprimeurs privés, elle élargit son activité à la vente de papeterie , à proximité de 6 établissements scolaires puis à la fabrication et la vente de sachets en papier. Véritable entreprise industrielle , elle occupe un vaste bloc d'immeubles au centre ville , en coin de rue, avec presses, machines à composer ,etc.
- Les coopératives de distribution : boulangeries, épiceries, boucheries, vente de farines, beurres etc ; avec comme but de fournir à ses coopérateurs des produits avec ristourne et d'échapper ainsi aux prix imposés sur le marché .
La plus importante fut « Les prolétaires hutois » créée en 1892 par des ouvriers d'usine ; elle commença par vendre du café, de la chicorée, et du sirop.
Ensuite, affiliée au POB, elle développa des activités de boulangerie, avec ateliers et bureaux avenue de l'Industrie ( av d'Amérique) ; elle fournissait ( à hauteur de 3000kg par jour) ses magasins à Huy , des succursales à Gives, Vinalmont, Nandrin et toutes les coopératives de la région. - Les coopératives de production : avec comme but - sans doute utopique - de substituer à une gestion capitaliste privée des moyens de production une gestion collective , coopérative , mais dans un environnement social et commercial dominé par le marché et la concurrence. Elles sont créées à l'initiative de militants socialistes des premiers noyaux syndicaux .On vit ainsi naître des carrières coopératives , des fonderies coopératives ( l'Union
Les Fondeurs Hutois auront une histoire mouvementée , signe de l'ambiguïté de cette forme coopérative : conflits entre le syndicat et la coopérative, transformation de celle ci en société anonyme ,comportement patronal de la direction « socialiste »( avec même en 1924 menace de lock out patronal dans une grève des métallos)
Joseph
Thonet , dans ses souvenirs, détaille l'action de la gauche
radicale, incarnée par les JGS, au sein des coopératives
socialistes :
« Nous
considérions ces institutions coopératives comme des organisations
de lutte , mais également comme des exemples de ce que les
travailleurs pouvaient faire en se groupant même dans le régime
capitaliste . Nous avions décidé de luter contre la passivité
le piétinement et l'hésitation des « vieux »qui
avaient peur d'avancer et ... étaient réfractaires aux réformes
progressistes tant ils avaient rencontré des difficultés pour
réunir , sou par sou ,le petit capital de départ. »
![]() |
20 ,rue des Jardins, L'ancien local des Campagnards de Tihange |
«
Quand je fus membre du CA du « Prolétaire Hutois », je
proposai la suppression du travail le dimanche dans les magasins de
détail , ce qui fut admis malgré une vive opposition des « vieux »
Les
magasiniers étaient contents ; les clients firent leurs achats
en semaine. La vente progressa en raison de la fidélité
coopérative.
Deuxième mesure : alors que « les
magasins fermaient tard le soir à 8h30, voire à 9 h, je proposai de
les fermer progressivement à 6 heures du soir., ce qui fut réalisé.
Nous
proposions aussi des augmentations de salaire , et le grand débat se
fit sur les vacances annuelles.
Jusque
là, les ouvriers n'avaient droit à aucun jour de vacances, alors
que les bourgeois allaient « se reposer » 2 ou 3 mois à
la mer ou à la Côte d'Azur.
C'est pourquoi , nous avions proposé au « Prolétaires
Hutois » , puis dans les autres coopératives, 6 jours de congé
par an , avec salaire payé pour les ouvriers et employés. »(3)
Les années passèrent .
Un temps secrétaire de la Fédération JGS de Huy
Waremme , membre actif du POB, à ce titre , et comme administrateur de
coopératives, Joseph Thonet fut élu au Comité fédéral Huy Waremme du
POB , devint secrétaire fédéral Huy Waremme , et puis trésorier
fédéral, tout
en se positionnant toujours comme un socialiste de combat .Jusqu'en 1920-21, il fut gérant des "Campagnards de Tihange"
A
suivre : A HUY , SUR LES TRACES DE JOSEPH (VICTOR) THONET
(1883-1973), FILS DU PEUPLE (2) :De 1914 à 1945, du POB au PCB
NOTES
GOTOVITCH, José : "VictorThonet (1883-1973)", Bruxelles CArCOB 2016
http://www.carcob.eu/IMG/pdf/biographie_victor_thonet.pdf

il semble que la confusion ait été faite , pour l' avenue Joseph Thonet ,entre le père et le fils. (date de naissance du père , date d'exécution du fils, éléments de biographie mélangés...)
(3)Joseph Thonet :Mémoires et souvenirs, Bruxelles, s.d.
1. Mon enfance ; 2. Mon adolescence; 3. Ma jeunesse; 4. Jeune Garde socialiste; 5.Les débuts du mouvement ouvrier dans la région hutoise; 6. Mon activité au sein du POB; 7/ Souvenirs de propagande socialiste; 8. Souvenirs d'autrefois; 9. 1914-1918;10. 1914- 1918 suite; 11. 1919; 12. Les Amis de l'Exploité; 13. 1921; 14. Le premier appel du P.C.B.; 15. Mes prisons: à Forest en 1923; 16. En Cour d'Assises du Brabant du 9 au 26 juillet 1923; 17. Mes prisons: à Liège en 1930; 18. Mes prisons: à Liège en 1932; 19. La Cour d'Assises de Liège des 13 et 14 décembre 1933; 20. Mes prisons: à Namur en 1934; 21. La grève générale pour les congés payés en 1936; 22.Députation permanente de Liège; 23. La guerre de 1940-1945;
(4) Maxime Steinberg:
"À l'origine du communisme belge : l'extrême gauche révolutionnaire d'avant 1914, Fondation Joseph Jacquemotte, 1985."
(5) Rosa Luxemburg : L'expérience belge Neue Zeit 1902
(6) Sur les coopératives et sur l'histoire du POB en région hutoise voir
Rufin DION : Histoire du socialisme dans la région hutoise 152 p
Imprimerie coopérative Huy Date inconnue
Rufin DION : Histoire du socialisme dans la région hutoise 152 p
Imprimerie coopérative Huy Date inconnue