Huy
C'était dans une petite ville dont les pierres bourgeonnaient
et
fleurissaient au soleil, ou se ratatinaient sous la pluie.
Celle
ci en avait adouci la taille , fané les dentelles et les fleurs.
On
eût dit que le temps avait usé la voix des cloches et les airs de
carillon ;
puis
les sonneries rebondissaient un matin comme des volées d'hirondelles
joueuses.
La
fontaine happait , dans les jets d'eau , les couleurs de l'arc en
ciel le jour,
et
les lumières des fenêtres le soir.
La
Rose de la Collégiale, toute une saison, absorbait les rayons du
soleil,
et
l'église semblait en gonfler d'aise.
On
passait brusquement sous un portail ou sur un pont
où
se trouvaient des arbres et de l'eau ;
on
gravissait une rue, on suivait une allée sage,et , de deux côtés
ou tout au bout,
vous
souriaient de vieilles maisons ridées, vêtues à l'ancienne mode ,
et
les pavés sonnaient clair comme dans aucune ville du pays [...]
Jean TOUSSEUL – extrait de « Le retour » Paris 1930 pp 7-8
A
l'école primaire, mon anthologie de français était émaillée de
ses écrits , qui servaient d'ailleurs souvent de sujets de
dictée.
J'en
garde l'image d' un écrivain régionaliste, avec une très belle et
très attachante plume ; comme HUBERT KRAYNS , il a ancré ses
romans dans le tissus de sa région , dans les hommes et les
paysages de sa région.
En
l' occurrence pour Jean Tousseul, (1) dans la douceur des bords de MEUSE
autour de Seilles et d' Andenne , pas très loin de Huy , mais aussi
dans l' extrême dureté du labeur de ses travailleurs.
Il
fait partie des « Cent Wallons du siècle » sélectionnés
par l'Institut Jules Destrée.
Il
fait surtout partie de nos écrivains oubliés ; d' ailleurs il
n'y a plus dans nos écoles d'anthologie de français... et il s'y
donne par ailleurs moins de dictées.
En
ces années de centenaire de 1914-1918, il nous faut aussi
célébrer, outre le prolétaire écrivain, un autre JEAN TOUSSEUL :
le pacifiste, arrêté en
décembre 1918 et emprisonné pendant 4 mois , à la prison Saint Leonard, puis à Saint Gilles..
![]() |
EXPO ANDENNE 2016 |
L'année
dernière , en décembre 2016, c'est le Service de Cohésion sociale
de la Ville d 'Andenne qui réalisait au Centre Culturel une
très belle exposition : « Jean Tousseul : La
plume au service de la mémoire »
![]() |
EXPO IHOES 1990 |
Notons aussi le magnifique effort de la Ville d'Andenne qui met en ligne les oeuvres de Jean Tousseul, les rendant ainsi accessibles à tous (3)
Et
j'y ai découvert, au delà de la description des coteaux de Meuse,
un ouvrier des carrières, fils d'ouvrier des fours à zinc de
Sclaigneaux, OLIVIER DEGEE .
Devenu
écrivain autodidacte, il prendra en 1916 le nom de plume de JEAN
TOUSSEUL, et décrira la réalité sociale de son temps.
OLIVIER
DEGEE, OUVRIER CARRIER , ECRIVAIN MILITANT.
Nous
sommes au pays des carrières de calcaire, des mines d'oligiste, des
fosses à terre plastique, des fours à chaux, des moulins de
minerai, des usines de produits réfractaires : SCLAYN,
SCLAIGNEAUX, ANTON, SEILLES, ANDENNE, mais aussi MOHA, VINALMONT,BARSE ENGIS etc.
Des
fonderies sont venues s'installer aussi sur les berges, mais la vie
des chantiers où l'on abat les roches de calcaire, anime toute la
région
« Mon
père qui n'avait jamais vécu à la campagne eut à choisir entre un
champ qui nous eût nourris et l'usine ; Il choisit celle ci :
deux fois par semaine, il allait se faire cuire24 h devant les fours
à zinc de la vallée.
C'est
ainsi que je ne le vis guère durant mon enfance. » - JEAN
TOUSSEUL : « La route incertaine »
Lui
même , en 1908 , à 18 ans , est engagé comme ouvrier carrier aux
CARRIERES ET FOURS A
CHAUX DE LA MEUSE
à SEILLES.
«Allez! Carriers
arrachez par le fer et la dynamite, le calcaire à la terre , le
danger permanent, mais oublié sur la tête – avez-vous le temps
d'y songer ? Chargez votre caisse, poussez la jusqu'aux taques
où l'on vous donnera un « vide », chargez la encore,
donnez cent mille coups de maquette, détachez ce bloc qu'il faut
fuir, dépecer et charger, par cent livres d'un coup.
Allez
carriers, jusqu'au soleil couchant, jusqu'au soir de la vie, jusqu'à
la destruction complète de l'être, qui très tôt , « n'en
voudra plus ».
Luttez,
comme des bêtes âpres au gain, pour nourrir de vos sueurs de galère
et de sang, le cabaretier obèse qui est en train de devenir maïeur
en cultivant ses salades et sa flemme»
Extrait
de « Les carriers »(1913) publié dans « La
mort de petite Blanche » - Huy 1918
Dans
« L'Adolescenr » ( février 1918), il décrit aussi avec
beaucoup de vérité, et de manière largement autobiographique, le
travail des carriers et des chaufourniers :

Pierre
apportait de l'eau dans les fosses et remuait le charbon avec une
houe.L'eau
gelait dans ses sabots. L'homme par gestes rythmés et larges de sa
pelle couvrait le lit de moellons avec la houille humide .
Parfois
une pierre s'en échappait dans une détonation.
Les gaz montaient des gueulards. Le gamin était ivre.Il avait les jambes molles, le fond du palais sec, la langue dure comme un caillou. »
Les gaz montaient des gueulards. Le gamin était ivre.Il avait les jambes molles, le fond du palais sec, la langue dure comme un caillou. »
...
Extrait
de « La mort de petite Blanche (Biographie d'un
traîne-misère) » - Huy 1918
Plus tard (1920), il décrit le travail des mineurs :
« L'aimez
vous cette houille irréductible , sur laquelle , dans vos royaumes
noirs, tombent votre sueur et votre sang.
Songez
vous qu'elle réchauffe les petites mains gelées de vos gosses, vos
membres rhumatisés, vos femmes en couche, la pièce lumineuse et
accueillante des soirs d'hiver ?
Qu'elle
mord les machines, et qu'en la dévorant comme vous le faîtes, vous
préparez un monde béant, qui cherchera autre chose pour se chauffer
et se mettre en mouvement ?
Vous
êtes grands, Mineurs, vous êtes les dieux noirs de notre âge, car
vous savez vaincre la terre : la nébuleuse primitive étincelle
à la pointe de votre rivelaine * ; vous transformez le soleil !
Et le monde entier avec votre gymnastique opiniâtre, vos outils, vos
sueurs et votre sang.
Tous
ceux qui se chauffent n'y ont pas toujours pensé . »
Extrait
de « La mélancolique aventure - Huy 1920 p 146
* »Rivelaine » :
Pic à deux pointes et à long manche, utilisé dans les
mines pour couper ou entailler les roches tendres et en particulier
la houille
GEORGES
EEKHOUD (4) écrira une préface élogieuse pour « LA MORT DE
PETITE BLANCHE » et y retranscrit une lettre de l'auteur :
«
Voici mon histoire en quelques lignes... J'ai 27 ans.
Mon
père – il est mort le cher homme - travaillait aux fours à zinc
de SCLAIGNEAUX.
Je
fréquentai l'école primaire de SEILLES et , pendant 2 ans, l' Ecole
Moyenne d' ANDENNE.
J'étais
un mauvais élève.
Je
lisais les hommes de chez nous : EEKHOUD, LEMONNIER, PICARD et
les autres.
Je
tombai malade et, sur les conseils du médecin, je me promenai dans
les bois de mon village.
C'est
ainsi que je fis des vers. [...]
A
18 ans, j'entrai comme ouvrier aux carrières de SEILLES : Le
travail de la pierre me tuait ; je dus m'en aller.
Je
vécus misérablement de ma plume. Personne ne m'encouragea.
Désespéré,
je retournai casser des pierres . J'y suis resté .
Un
peu avant la guerre, j'entrai dans les bureaux de
l'administration.... »
Georges
Eekhoud : préface à « La mort de la Petite Blanche –
Huy - 1920
« Lorsque
je griffonnais cette page au crayon – il n' y avait ni encre, ni
plume là bas- dans une baraque des carrières de mon pays, je ne
soupçonnais guère qu 'elle serait commentée un jour par le grand
Eekhoud à l'Université Nouvelle.
Je
termine un livre de nouvelles qui paraîtra en mars prochain .
J'y
défends les pauvres, les ouvriers, les infirmes, les ivrognes,
les parias, les prostituées.
les parias, les prostituées.
J'y
maudis les mauvais riches, les cabaretiers, les gazetiers, J'y
parle surtout de mes frères d'ergastule (*), les ouvriers."
Jean
Tousseul « Lettre à G. EEKHOUD » 8 février 1918
(*ergastule,
mot d'origine latine= prison pour esclaves)
Il
décrira plus tard, en 1930, son métier d'écrivain , alors qu'il
est déjà édité et reconnu :
« J'avais vu
depuis ma plus tendre enfance ce qu'on appelle les inégalités
sociales. Je devins évidemment un écrivain militant.
Je
considère mon métier comme un apostolat . Tout écrivain qui
tient une plume accomplit un acte... chez moi cet acte est évidemment
révolutionnaire.
Dans
tout mon travail, je révélerai l'injuste misère des uns et la
criminelle opulence des autres . Je ferai ainsi mon devoir
envers mes ancêtres , ouvriers et artisans pauvres que le travail a
broyés ou vieillis avant l'âge et qui n'ont jamais vécu que dans
une sainte misère ; je prends mes matériaux dans la réalité
»
R.
Radelet : « Jean TOUSSEUL interrogé par un journaliste
en 1930 » ; paru dans les Cahiers JT n°4 1950 pp 21 -27
![]() |
CARRIERES "COLLINET" A SEILLES |
C'est
l' arrière petit fils de Léon Collinet fils le patron de Olivier Degée , le baron Rodolphe Collinet qui est l'actuel CEO de CARMEUSE,
devenue une multinationale de la chaux, présente sur les 5
continents. Les Collinet sont aujourd'hui une des plus grandes
fortunes du pays.
Comme
le titrait « L'ECHO » du 12 juin 2010 ,
« Chez
les COLLINET, on casse des cailloux depuis 150 ans. Une histoire de
famille » !!!
Précisons quand même que les "cailloux" , ce sont les milliers d' OLIVIER DEGEE
qui les ont cassés.
JEAN
TOUSSEUL , CONTRE LA GUERRE :
« On
m'a mis en prison, j'ai donc tort d'avoir raison »
4
Août 1914 : l'armée impériale du Kayser Guillaume II de
Hohenzollern déferle sur la Belgique , avec -hélas- la bénédiction
des socialistes allemands , qui en l'espace d'une nuit se sont rangés
derrière le gouvernement impérial.
La
région d' Andenne Seilles est le théâtre d'un des plus grands
massacres de populations civiles par l'armée du Kayser, les 20 et 21
août 1914.
Jean
TOUSSEUL était présent et tous les hommes de la famille de sa jeune
femme ,Madeleine Hubaux, sont massacrés.
Il
écrira plus tard:
« Je
n'ai pas fait la guerre de 14-18, mais j'ai connu la terrible
invasion de la VALLEE DE LA MEUSE. 400 de mes concitoyens ont été
tués ou carbonisés autour de moi.
J'ai
eu assez de sang froid pour échapper à six tueurs ivres .
La
guerre est une stupidité sans bornes . Et je crois que les
hommes portent la guerre en eux comme un mauvais levain. »
15/10/1938
Cette
douloureuse expérience ne l'a pas transformé en fou de guerre
jusqu'auboutiste ;
Mais
bien au contraire en fervent partisan de la paix .
Et
il n'aura pas de mots assez durs contre précisément ces
jusqu'auboutistes , souvent bourgeois bien repus et calés dans leur
fauteuil.

Il
raille les fausses nouvelles à répétition des commentateurs de
guerre et s'en prend aux « bellicistes aveugles et obèses
qui n'ont jamais vu les tranchées que dans les illustrés de
foire , qui sont tous aujourd'hui de fervents
jusqu'auboutistes »:
« D'ailleurs
de nos jours, on martyrise odieusement l'histoire
L'armée
du général X a été encerclée sept fois, et celle du général Z
décimée complètement quatre fois , plus ou moins, comme à
confesse...
Les
DARDANELLES ont été franchies huit fois , METZ est tombée cinq
fois et les RUSSES sont venus jusqu'aux portes de BUDAPEST !!!
Cette
satire de la propagande guerrière jusqu'au boutiste de l'Entente sera considérée après l' Armistice en
1918 comme « propos défaitistes »
Et,
deuxième crime : leur publication dans un journal
paraissant, comme toute la presse non clandestine, sous contrôle
allemand : « L'Echo de Sambre et Meuse »
JEAN
TOUSSEUL est arrêté le 10 décembre 1918 , et incarcéré à la
prison Saint Léonard où il occupera la cellule 158.
Il
sera transféré par la suite à la prison de SAINT GILLES.
La
démarche du pouvoir est d' assimiler tous les pacifistes , qui se
sont opposés à la guerre ou à sa prolongation, à des traîtres à
la patrie, au service de l'occupant. Parmi eux, un grand artiste Frans Masereel (5) et aussi Georges Eekhoud lui même.
La
guerre 14 - 18 a en effet généré une onde de chauvinisme et de
patriotisme ultra nationaliste, alimentée par les nationalistes
« belgicains » , mais aussi – hélas- par des
dirigeants du POB , qu'on a
appelé le « jusqu'au boutisme. » (mener la guerre jusqu'au bout)
Et
à l' Armistice, ils s'en donnent à coeur joie : arrestations,
campagnes de presse, interdictions professionnelles, condamnations,
interdictions de séjour etc.
Pourtant,
cette guerre, présentée comme une guerre pour la démocratie allait
en fait apparaître comme une guerre de brigands pour le partage du
monde et de ses richesses et,aussi comme une guerre dont profitaient
les riches pour se remplir les poches , alors que les pauvres se
faisaient tuer au front.
Jean
Tousseul écrira en 1920 :
«
Je suis convaincu , en demandant la discussion de la paix après
Stockholm, d'avoir exprimé le désir de 80% de mes frères et soeurs
- qui bêlent avec les autres aujourd'hui, parce que le peuple est
ainsi fait – et dont par surcroît les fils et les époux
constituaient 80% de notre armée » (5)
Et
cette vibrante déclaration de Vidal dans la nouvelle « L'Hote »
qu'il définit comme « une vraie page de la vie de prison,
brutale et laide , avant que Vandervelde n'intervint »
fait, à n'en pas douter , oeuvre de profession de foi de l'auteur :
« Est
il raisonnable d'enseigner la morale de Jésus et de renier Jésus
quand les riches d'un pays veulent doubler leurs capitaux ?
quand les riches d'un pays veulent doubler leurs capitaux ?
De
prêcher la guerre, de ne pas la faire soi-même et de la laisser
faire par les autres ?
De
crier « Vive la Patrie » et d'affamer ses compatriotes
(80% des nôtres ont les ventres calleux de s'être traînés devant
l'ennemi!)
-
de faire des voeux pour les soldats des tranchées, pour les
meurt-de-faim des pays occupés, pour les martyres des
camps de concentration et de souhaiter continuer la guerre ?
De
sacrifier 300000 hommes pour chasser l'ennemi d'un territoire qu'il
veut bien abandonner ? ...
Voilà
ce que j'ai écrit. Ai-je tort ? Ai-je raison ? J'ai
raison. On m'a mis en prison.
On va me condamner. Il est donc dangereux d'avoir raison .
J'ai donc tort d'avoir raison. »
On va me condamner. Il est donc dangereux d'avoir raison .
J'ai donc tort d'avoir raison. »
« L'Hôte
-Journal d'un condamné politique » dans "La
mélancolique aventure" Huy 1920 » p 48
![]() |
ROMAIN ROLLAND , prix Nobel |
Henri
Barbusse résume la démarche pacifiste de Jean Tousseul dans sa
préface à « La Mélancolique Aventure »
![]() |
HENRI BARBUSSE , prix Goncourt |
« Il
crut juste de ne pas acquiescer aux excès du militarisme et à la
prolongation inutile de la guerre, et il crut de plus que son devoir
était de dire tout haut ce qu'il pensait à ce sujet.
Le sens de sa pensée fut odieusement dénaturé.
La hideuse et ignoble accusation de "défaitisme" qui aura été pendant toute la guerre le prétexte sommaire et toujours prêt, utilisé par ceux qui n'avaient pas d'autres armes contre les idées et contre les consciences , fit une noble victime de plus.
Jean Tousseul fut emprisonné. »
Le sens de sa pensée fut odieusement dénaturé.
La hideuse et ignoble accusation de "défaitisme" qui aura été pendant toute la guerre le prétexte sommaire et toujours prêt, utilisé par ceux qui n'avaient pas d'autres armes contre les idées et contre les consciences , fit une noble victime de plus.
Jean Tousseul fut emprisonné. »
Henri
Barbusse : Préface à « La Mélancolique Aventure »
Huy 1920
Après sa libération , Jean Tousseul s'activera à développer à Liège le mouvement « CLARTE » , qui a grandi en France autour d' Henri Barbusse et Paul Vaillant Couturier et qui se développe aussi à Bruxelles et en Flandre, et qui fut le porteur de ce bouillonnement d'idées , à la fois riche et confus, de l'immédiat après guerre, qui regroupe, pacifisme, anarchisme, internationalisme, communisme , soutien à la révolution russe.
![]() |
"MONDE" de Henri BARBUSSE, EINSTEIN, GORKI, SINCLAIR etc... 1929 :TOUSSEUL en tête de revue |
Il
sera ,non sans contradictions, journaliste , employé au syndicat des cheminots, candidat sur
les listes POB à Bruxelles.
Pour, enfin, à travers une vie personnelle torturée, se consacrer entièrement à partir de 1926 à son métier
d'écrivain
.Il aura en 1937 le prix triennal de littérature, une des principales distinctions de la littérature belge d'expression française.
.Il aura en 1937 le prix triennal de littérature, une des principales distinctions de la littérature belge d'expression française.
Il
sera considéré comme un écrivain ouvrier et restera proche,
notamment de Henri Barbusse et de la mouvance des « Ecrivains
prolétariens » à travers l'hebdo « MONDE », qui
parait à Paris de 1928 à 1935.
Toujours, son pacifisme humaniste et son refus du jusqu'au
boutisme guerrier tel qu'il l'avait exprimé en 1918, restera dans ses écrits.
En
voici un large extrait , pour vous inciter à la lecture de ce grand
écrivain de chez nous...
«Clarambaux, il faut se garder ferme comme un roc... »

Tout
vint à manquer et les Allemands avaient supprimé les distributions
de soupe aux affamés du village. Tous les chevaux furent
réquisitionnés.
Comme
si cette situation n'était pas suffisamment alarmante, les Allemands
se mirent à déporter un grand nombre d'hommes valides pour
travailler en Allemagne. [...]
La
guerre était vraiment trop longue, les gens n'en pouvaient plus.
[...]
[...]
On
se mit à se disputer entre voisins pour des idées à propos de la
guerre. Les uns, « jusqu'au boutistes", voulaient qu'elle
continue, pour écraser les Allemands jusqu'au dernier , mais
d'autres, pacifistes, dont Jean se fit le porte-parole, pensaient que
la prolongation de la guerre était odieuse puisque l'Allemagne était
battue et qu'on allait encore sacrifier en vain des dizaines de
milliers d'hommes par "dignité militaire". "Il ne
faut plus qu'on tue", répétait-il.
Le
maître d'école s'était assuré ainsi de nombreux ennemis. Mais il
continuait sa campagne. Il parlait vraiment au nom de la muette
misère et de la peureuse torture des faibles. Il était
indiciblement fort dans sa solitude.
[...]
![]() |
Novembre 1918 : la retraite allemande en Belgique |
Pleurant
silencieusement, M. Nalonsart finit par dire : « Enfin, on ne
tue plus. Est-ce possible? »
Le
village redevint bruyant comme aux jours des frairies passées : des
gens couraient sur les routes, on s'embrassait.
[....]
Resté
seul avec Jean ,... M. Nalonsart lui dit :
"
Clarambaux, il
faut se garder, ferme comme un roc, malgré les marées de sottises
et de mensonges. Convaincre
son entourage serait le principal, mais, crois-moi, Clarambaux,
l'homme peut se consoler de n'y avoir pas réussi en constatant que
quatre années d'ignominies ont déferlé autour de ses idées sans
avoir d'influence sur elles.
Voilà,
lorsqu'on est vaincu, comme les meilleures des consciences le furent
depuis 1914, voilà l'unique beauté de la vie, Clarambaux".
NOTES
(1)Pour la biographie de JEAN TOUSSEUL: voir
http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/t/tousseul-jean.html et http://www.wallonie-en-ligne.net/1995_Cent_Wallons/Tousseul_Jean.htm
(2)voir:http://www.ihoes.be/PDF/exposition/Jean_Tousseul_et_le_mouvement_social_de_son_temps-exposition-fiche_technique.pdf
(3) Bibliotheca Andana http://www.bibliotheca-andana.be/?s=tousseul
(4) GEORGES EEKHOUD :(1854-1927) écrivain anversois de langue française
voir :https://rouges-flammes.blogspot.be/2014/10/1914-1918-uomini-contro-georges-eekhoud.html
(5) FRANS MASEREEL: voir:
https://rouges-flammes.blogspot.be/2014/10/1914-1918-uomini-contro-notre-grand.html
(6) Stockholm: projet d'une conférence sur la paix rassemblant les socialistes des pays belligérants et des pays neutres , mis en oeuvre par Camille Huysmans et d'autres.
voir: https://rouges-flammes.blogspot.be/2017/08/1917-uomini-contro-de-stockholm.html
(3) Bibliotheca Andana http://www.bibliotheca-andana.be/?s=tousseul
(4) GEORGES EEKHOUD :(1854-1927) écrivain anversois de langue française
voir :https://rouges-flammes.blogspot.be/2014/10/1914-1918-uomini-contro-georges-eekhoud.html
(5) FRANS MASEREEL: voir:
https://rouges-flammes.blogspot.be/2014/10/1914-1918-uomini-contro-notre-grand.html
(6) Stockholm: projet d'une conférence sur la paix rassemblant les socialistes des pays belligérants et des pays neutres , mis en oeuvre par Camille Huysmans et d'autres.
voir: https://rouges-flammes.blogspot.be/2017/08/1917-uomini-contro-de-stockholm.html